Архивҳои категория: Соли 2023

Le saut de l’ange

L'écriture c'est la tunique   
Que même le chat de la voisine   
Ne pourrait recouvrir de ses vibrisses.      
 
J'attends les oiseaux de décembre   
Mais où sont-ils donc ?   
Cachés dans les musées de la mémoire !      
 
Par le vasistas j'ai vérifié   
Que la montagne est belle   
Quand les nuages pommellent.      
 
Une phrase lue   
Et je bavarde   
Quatre à quatre d'étage en étage.      
 
J'attendrais bien le printemps   
N'empêche que c'est trop tôt   
Dit-on en Circassie.      
 
Le fripé du silence   
Dans les devantures de Noël   
Capte l'éloquence.      
 
Se défont les marrons   
De leurs bogues   
Bing bong ! Font-ils sur le sol.      
 
À pointer du doigt dans la direction   
Augure d'une demi-lune   
En érection vers Vénus.      
 
Légère et court vêtue   
L'innocence broie du blanc   
Et la condescendance du noir.      
 
En ballade   
Je lis et lisse   
Le corps de ma pelisse.      
 
À l'intérieur du nid   
Un rien de souvenir   
Sans penser à écrire.      
 
J'étiquette sur la porte de ma chambre   
Le plein et le délié   
De l'ombre du pommier.   
 
Confier les blessures d'enfance   
Au psy spi de l'empathie    
Module la souffrance.      
 
Que faire de la boîte aux lettres   
Si ce n'est claquer le bec   
À ce quai de gare.   
 
Sur mon carnet   
J'ai mis une date sèche   
Et prier le chameau de sortir par le chas de l'aiguille.      
 
À l'encre gris-souris   
Le papier s'offre   
À sa propre virginité.   
 
Des mains sur la rambarde   
Ont essuyé la pensée   
D'une remontée d'escalier.      
 
Emmailloté dans les langes des hôpitaux de Paris   
J'ai prié la mère-l'oie   
De m'extraire du puits.      
 
Pour boire   
Et pour manger   
Un petit sou Madame !      
 
Le lait chaud   
A coulé sur le bras de maman   
En évitant la tête de Muriel.      
 
Le temps est à l'orage   
Trois herbes folles    
Ont franchi le bastingage.      
 
Par la lucarne   
J'ai vu le cœur de Sœur Marie-Samuel   
Gravir l'escalier musical.      
 
Pour sûr   
Que la sainte couleur des braises   
Rend le poème plus seyant.      
 
Pour que le pas du gymnaste   
Précède la course   
Vers le saut de l'ange.      
 
1377

Le bouquet de la fraternité

Il est des bouquets   
Qui préparent la concorde   
Sans faire de l'ombre   
À l'insurrection des consciences   
Au temps du passage à la limite   
Du saut dans l'ouvert.      
 
Bien étrange étranger   
À qui je concède la fraternité   
Sur ce pont qui nous relie   
Cette arche d'Alliance   
Où règne la soif d'aimer le plus lointain   
Comme son prochain.      
 
Il est un temple   
Où accueillir toute forme   
Où chacun serait libre   
De prendre soin de l'autre   
Vers lequel se dirigeraient les caravanes   
Après la traversée du désert des singularités.      
 
Gardons-nous de la haine   
Passons par dessus les indifférences   
Résistons à l'onde de choc des agressions   
Pour nous rassembler   
À l'ombre du sycomore   
Et goûter les saveurs de la paix et de l'unité.      
 
Plus de pleurnicherie victimaire   
À parts égales la vie est là   
Avec ses obstacles et ses handicaps   
Auxquels l'effort et la persévérance   
Ourlent le drap de l'intégration   
La mise en demeure d'écouter son cœur.      
 
Il nous reste de grandes choses à faire   
Comme de tenir les enfants par la main   
Sans laisser s'effilocher nos mémoires   
Et par la convergence des sagesses de l'humanité   
Faire à autrui   
Tout le bien que nous voudrions qu'il nous fasse.      
 
( Photo de Julien Piedpremier ) 
 
1376

Voyage voyage

Voyage voyage   
En prévision de ce qui me précède   
Et m'habite au plus loin   
J'autorise l'automne   
De faire disparaître les feuilles du tilleul.      
 
La pluie et ses gouttes à contre-jour   
Noëlise le merisier   
À montrer ses pleurs   
Les pré-bourgeons de l'Avent   
Émerveillant les enfants.      
 
Obligé de prendre la sente   
J'ai roulé livre ouvert   
Vers le passé incontournable   
Justifiant par là   
L'embrasement des émotions.      
 
Le corps et la sueur   
Sous le soleil d'un matin persistant   
Ont modelé le palimpseste des éclosions   
Déterrant les racines généalogiques   
Accueillies comme missives précieuses.      
 
Dépassé par la production   
J'ai dû remettre à demain   
Mes tâches quotidiennes   
Pour me pencher sur le mille-feuilles   
De mon intention d'être vivant.      
 
Tout bouge   
Dans l'à-propos de l'instant   
Et passent les servants portant corbeilles   
De simples et de fruits   
Recueillis le long du chemin.      
 
1375

La lueur de la pierre de sel

Jazz   
Émis du soupirail   
Sept jours durant   
Par des mains fanées   
En quête de l'heure venue.      
 
Cortège    
Des voix ténues   
Jargonnant les amours mécaniques   
Au sortir de savantes années   
Passées à colporter les slogans de l'arrière.      
 
Naissance aux pieds brûlés   
Sur la terre des rudes conquêtes   
Homme des labours   
Aux prunelles solaires   
Au loin posé comme un phare.   
 
Demain   
Des champignonnières   
Rassembleront les pagaies de l'ombre   
L'iris des mourants   
Et la calme attente du lendemain.      
 
La lueur d'une pierre de sel   
Empagnera la soie des fichus   
Pour en faire calme affectation   
Du bruissement des âmes   
Contre la forge de la décision.      
 
Fou des grelots   
Attachés à la gorge des ours   
Le roi des fougères   
Foulera par le menu   
L'arc-en-ciel des nuances.      
 
1374
 
 

Du cœur la parole se pare

Du cœur   
La parole se pare   
Comme un chapeau sur la balancelle  
Et pourtant grave   
Par ses ajouts de secrets d'enfance.      
 
Les billes et les capsules   
Ont été torpillées   
Par l'inouï de l'apparition   
Du balatum entortillé   
Dans l'enfilade des rues.      
 
De la rue Gignoux   
À la rue Émeriau   
Par la rue du Théâtre   
Se mouvait le visage de Mère   
Au travers du couloir.      
 
Dessinant au crayon   
Les lignes de métro   
J'appuyais sur les touches du piano   
Innocent transbordement   
Vers la Liberté du pont de Grenelle.      
 
Thérèse la native   
Dans son cabas noir   
Ramassait les boulets de charbon sur le quai Mirabeau   
Âprement soutenue   
Par l'ouverture de Tannhäuser.      
 
Me voilà homme   
Par l'âge et la romance rimbaldienne   
À chercher l'enchantement simple
Alors que parole intraitable   
Le chat perd ses griffes.      
 
1373

L’oxymore compassionnel

Au zoo   
Y'a l'oxymore compassionnel   
La fente labiale   
D'un produit à l'état pur   
Le bleu du ciel.      

Le perroquet sensible   
Égraine les bulles   
Volées de longue date   
À l'enchantement divertissant   
Du slogan pascalien.      

Retirer le velum   
Calmera l'absence exaltation   
D'un petit bonheur   
En lieu et place   
D'une présence occurrente.      

Au théâtre   
L'habit fait le moine   
Comme l'oiseau des îles l'amiral   
Si peu si prêt   
Des rivières de lumière.      

De rejeter la tête en arrière   
En sifflotant un air d'opéra   
Fournit au hasard   
La perle nue   
Du culbuto des rêves.      

Je pense   
Donc j'arrive à tendre la joue   
Parole poétique adjuvante   
Pour que sardines à point   
Créer l'ordre à l'entrée du port.      


1372


D’un cœur beaucoup de choses à dire

D'un cœur   
Beaucoup de choses à dire   
Le battement   
Mais aussi le lichen   
Du passé, l'ailleurs.      
 
Moignon des humbles   
Chuchote le marcheur   
À demeure dans sa supplique   
De demander avec aisance   
Le gîte et le crayon.      
 
Calmer l'émotion   
En laissant comme adresse   
Le coin d'une étable   
Pour poser son sac   
Et dormir, un peu.      
 
Écharde douloureuse   
Sous le pied droit   
Et parler au vide   
Pour retenir de l'obscurité   
Les petits rires d'une rivière.      
 
Épousseter du vêtement   
Les images du jour   
Puis maintenir l'icône couturière   
Saillante démarche   
D'un au-delà testamentaire.      
 
Le fil de fer   
En ses accroches   
Livrera l'écorce de l'aube   
À même de défaire le ruban rose   
Des lettres vraies du lendemain.      
 
1371

Spire la pierre

Spire la pierre   
En bord de falaise   
Échancrée par le devant   
Là où nous habitions   
Tout à notre aise.      
 
Marqueur intransigeant   
D'un au-delà répétitif   
Il fût bon de muscler l'éclipse de lune   
D'une montée des eaux   
Aux turbulentes contributions.       
 
Lettre émanant   
Du cœur du monde   
Le naufragé en milieu hostile   
Évacuait d'un gargouillis   
L'intime de la narration.      
 
La vie   
La vie simple   
La vie ravaudée par instant   
Installait ses boutiques de Noël   
En place canonique.      
 
À manquer d'absolu   
Oblige le revenant   
D'adombrer l'ange de l'intelligence   
Pas à pas   
Avec de petits riens.      
 
Présence disséminée   
Entre roches et végétation   
Des milliers de noms inscrits   
Révélaient l'aller-venue   
Des papillons de l'instant.      
 
1368
 

Millésime du mime

Millésime du mime   
Mieux qu'une nymphe   
Aux désirs brûlants   
Proférant de nature   
Quelques échos orphiques.      
 
Les couvrant de sa voix   
Un courant d'éternité   
Dans l'alcôve froide   
Elle parcourut   
Et la nuit et le jour.      
 
Point de limites à la quête   
Au sortir du train fantôme, le but   
Comme un arbre   
Étrange tubulure d'amour   
Aux entrailles du vitrail.      
 
Ce serait-il agi de rassembler   
L'encre et le pinceau   
Devant le désarroi   
À manifester   
Et la peur et l'espoir.      
 
Écrire que la vie est simple   
Qu'elle file limpide   
Par l'issue qui lui reste   
Rend à l'âme de l'enfant    
Sa douceur éternelle.      
 
Du cœur   
L'émeraude jette un dernier feu   
À proximité des fraternités   
Tel le mystère   
De continuer d'avancer.      
 
1367

Sauter les dix-sept marches

S'asseoir   
Et se taire   
En contentement d'être.      
 
Compter les moutons   
À la queue leu-leu   
De l'imagination.      
 
S'époumoner à dire   
Qu'on l'a bien cherché   
En nos temps de lèche-vitrines.      
 
Et qu'à vider le porte-monnaie   
Amène bien des soucis    
Quand on aime la vie.      
 
Saperlipopette   
De la blanquette à tous les plats   
Fait le chou gras.      
 
D'un houppelande lourde   
Entre bruyères et genêts   
Guider l'esprit avant la nuit.      
 
Et de porter sur les chemins   
Les mots simples qui apaisent   
Un cœur de bon aloi.      
 
Ni roi ni reine   
Parmi les violettes   
Juste la vibration de la cordelette.      
 
Une légende   
Prête à verser dans le fossé   
Le dernier charroi de l'année.      
 
À même de se retenir   
Du bout des lèvres   
Oser le baiser charmant.      
 
Ruisselle la sueur grise   
Sur la joue à fossettes   
De l'eau courante à souhait.      
 
Pour se pencher   
Une dernière fois   
Sur ses rondes gouttelettes.      
 
D'attendre que la fenêtre s'ouvre   
Offre par le détail   
Le frisson qui précède.      
 
Tout est nu   
De la parlotte de l'inconnu   
Au moscato à la régalade.      
 
Du reflet   
L'âme frêle   
Engendre manigances.      
 
Au mâle chatoiement   
D'un matin   
Opposer le cerveau du lendemain.      
 
Le chat    
Emberlificoté dans ses lois divines   
Suçait un reste de sel.      
 
Sans que le pas coûte   
Une goutte de sang pantelante   
S'est mise à roussir de désir.      
 
À trop regarder l'aube   
Rend le pétale fragile   
Pour la fleur sans épine.      
 
Aux complaintes   
Associons quelques rêves d'enfance   
Au poudroiement des croyances.      
 
Où vas-tu de ton pas menu ?   
Danser dans le bow-window   
Où saillir la merveille.      
 
Un cœur au sang frais de l'attelle    
Priait, gémissait, avant d'offrir   
De l'air froid en soupir.      
 
Avec toi, contre toi, sans toi   
J'ai raclé la paroi des cavernes    
Sans que résignation vienne.       
 
Et pour de bon et pour demain   
L'homme créé   
Sauter les dix-sept marches.      
 
1366