Ebe nchekwa ngalaba: Afọ 2013

aimer, oui mais pour de bon

Il y atrois modes initiatiques de la rencontre permettant l’amour .

Le meilleur estun vide soudain de l’âme dans lequel les images disparaissent, les idées et les paroles se taisent, la liberté et la clarté s’ouvrent subitement en nous de telle sorte que tout notre être est saisi. Tout devient prodigieux, profond, évident dans ce qu’il y a de distant et d’infiniment incompréhensible. Ce contact est pur souffle d’intelligence .

Une voie plus ordinaire traverse le désert dans lequel, bien que nous ne puissions rien voir, rien comprendre, rien sentir, sinon une sorte de souffrance et d’angoisse, nous sommes attirés et demeurons dans cette obscurité et cette aridité parce que c’est là seulement que nous trouvons un peu de stabilité et de paix. A mesure que nous progressons, nous apprenons à nous reposer dans cette aride quiétude, et l’assurance apaisante d’une présence réconfortante et puissante au coeur de cette expérience s’accroit de plus en plus. Se révèle dans une lumière qui est pénible pour notre nature et toutes ses facultés en marche d’être, l’attrait difficilement soutenable à devenir bien plus que ce que nous semblons être. Nous sommes alors dépassé infiniment et la pureté de cet attrait entre en conflit avec notre égoïsme, notre aveuglement et notre imperfection .

Et puis il y a la voie de la tranquillité remplie de saveur, de repos et de douceur dans laquelle, sans qu’il n’y est rien qui satisfasse particulièrement les sens, l’imagination et l’intelligence, la volonté se repose dans une profonde, lumineuse et absorbante expérience d’amour .

C’est alors que se dresse devant soi la Personne, ce support, cette âme-sœur, ce miroir, cette altérité, cette extraction hors de sa propre image, cette exigence à la ressemblance, ce par quoi j’existe dans la rencontre, ce par quoi je peux me noyer et ce par quoi je peux aussi être révélé. Faites vos jeux, faites votreje”, nécessairement dans la relation à l’autre, en essayant toutefois de ne pas trop vous attacher à l’autre .

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owu ọmụma pụrụ ịmụta

   La solitude physique, le silence extérieur et le recueillement véritable sont indispensables à ceux qui veulent mener une vie en conscience. mais comme beaucoup de choses en ce monde ce ne sont que des moyens en vue d’atteindre une fin, et si nous ne visualisons pas la fin nous ferons un mauvais usage des moyens .

Ce n’est pas pour fuir les hommes, que nous nous retirons dans le désert mais pour mieux voir le monde dans lequel nous sommes et chercher le moyen d’être plus utile. Certains qui n’ont jamais connu la véritable solitude pourront affirmer sans hésiter que la solitude du coeur est la seule qui compte et que l’autre, la solitude extérieure, importe peu. Or ces deux solitudes ne sont pas incompatibles. L’une peut conduire à l’autre .

La solitude la plus réelle n’est pas extérieure à nous, ce n’est pas l’absence de bruit ou l’absence d’être autour de nous ; c’est un abîme qui s’ouvre au fond de notre âme, un besoin de nourriture qui jamais ne peut être rassasié. Une seule voie conduit à la solitude, celle de la faim, de la soif, de la douleur, de la vulnérabilité et du désir, et l’homme qui a trouvé la solitude se retrouve vide, comme s’il était vidé par la mort. Il a dépassé les horizons, il ne lui reste plus de chemin à prendre. Il se trouve dans un pays où le centre est partout et la circonférence nulle part. Il ne voyage plus car c’est en demeurant immobile qu’on découvre ce pays .

Et c’est là, dans cette solitude, que commencent les activités les plus fécondes. C’est là qu’on apprend à travailler dans le relâchement, à accroître sa vision, à voir dans les ténèbres et à trouver, au-delà du désir, une porte qui s’ouvre sur l’infini .

Matériellement, des conditions sont nécessaires. Il faut avoir un endroit, dans la nature ou dans un local avec une pièce où personne ne pourra nous trouver, nous déranger ou simplement nous remarquer. Il faut pouvoir nous détacher du monde pour être vraiment de ce monde. Nous devons nous libérer en dénouant les liens tendus et ténus qui nous attachent par la vue, l’ouïe, l’odorat, les ressentis, la pensée à la présence des hommes. Et quand un tel endroit est trouvé, soyons satisfait mais ne nous troublons pas si nous sommes obligés de le quitter pour une bonne raison. Aimons cet endroit, retournons-y dès que possible et n’en changeons pas pour la moindre peccadille. Et dans cet endroit, respirons tranquillement, naturellement, sans précipitation, afin que notre esprit puisse se reposer, oublier ses soucis, plonger dans le silence et le secret de toutes choses .

Certains hommes évoquant la solitude intérieure pensent qu’il est possible de vivre au milieu du monde et de sa confusion. Ils admettent que la solitude extérieure est bonne en théorie, mais affirment qu’il vaut mieux sauvegarder la solitude intérieure tout en vivant avec les autres. De fait leur vie est dévorée par des activités et étranglée par des attachements de toutes sortes. Ils craignent la solitude intérieure et font tout ce qu’ils peuvent pour y échapper. Et ce qui est le plus grave, est qu’ils essayent d’entraîner les autres dans des activités aussi vaines et dévorantes que les leurs. Ce sont de grands serviteurs dela cause”, de grands créateurs de travaux plus ou moins utiles. Ils impriment des programmes, écrivent des lettres, et téléphonent pendant des heures. Ils sont ravis d’organiser des réunions, des banquets, des conférences, des cours et des manifestations. Ils animent et se dépensent sans compter. Ils pourront même réunir un grand nombre de personnes autour du thème de la solitude avec tant de sollicitude que le tumulte, les interpellations et les applaudissements ne pourront qu’écarter l’esprit de solitude de sa justesse indicible .

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Tradition et révolution

   E nwere omenala ụmụ mmadụ nke agbasaghị stagnate na gbanwee. Ha bụ ndị na-etinye onwe ha na ihe na ụkpụrụ na oge ebibie n'enweghị obi ebere. A na-ejikọta ha na ihe ndị na-adịgide adịgide na ihe – Ndị kọstọm, ụdịdị, ụdị, àgwà – nke na-apụghị izere ezere na-agbanwe na oge na-anọchi anya ndị ọzọ .

Ọ bụkwa ya omenala ndị dị ka ume anụ ahụ, nke na-eme ka ndụ dị ọhụrụ na-egbochi stagnation. Ha bụ ndị dị jụụ na udo nnupụisi megide nwụrụ anwụ .

Omenala ndị a ịdị ndụ ga-abụ mgbanwe. Ha ga na-anọ mgbe niile n'ihi na ha jụrụ ụkpụrụ na ụkpụrụ nke mmadụ chere na-etinye onwe ya n'ike .

Maka ndị ịhụ ego n'anya, obi ụtọ, nsọpụrụ, ike, omenala a dị ndụ na-agwa anyị ka anyị hụ akụkụ nke ọzọ nke ihe, ichọ ezi ihe anyị pụtara ndu, udo nke uche .

Les révolutions lorsqu’elles ne sont que politiques transforment les choses en apparence. Elles s’effectuent dans la violence. ike na-agbanwe aka, mais quand la fumée se dissipe et qu’on a enterré les morts, ọnọdụ ahụ dịkwa ka ọ dị na mbụ. Une minorité d’hommes forts arrivent au pouvoir et font disparaître les opposants, maka ebumnuche onwe. Anyaukwu, obi ọjọọ, omume rụrụ arụ, ọchịchọ, anyaukwu na ihu abụọ dị ka ọ dị na mbụ .

Njikọ aka nke a Omenala dị ndụ na mgbanwe mmadụ nwere ike ịtọ ụzọ maka a ịdị adị na-egosipụta nkwanye ùgwù nke itule ndị na-esighị ike ma na-agbanwe agbanwe mkpa ọ bụla otu mmadụ. Enweghị ike imechi njikọ a ụkpụrụ mgbe ochie ekwekọrịtara, ma ọ bụ emeghe ndị modernist niile-abịa. Nwanyị ga-eme ka ị chọrọ na-eto eto, ọ ghaghị ime ka agụụ na-agụ mmụọ nke ìgwè ahụ ịgafe elu okwu ga-agarịrị ihe okwu ndị ahụ na-akọwa. ihe omimi, n’ihi na n’ịdị umeala n’obi nke ịgbachi nkịtị, owu ọmụma ọgụgụ isi na a ụfọdụ ịda ogbenye n'ime ijikọta na ọchịchọ – engine nke mmadụ anyị ọnọdụ mmadụ-anụmanụ -, ike nke echiche pụrụ iche, kwupụta eziokwu pụrụ iche na anyị nwere miri emi n'ime onwe anyị na nke anyị maara mgbe ụfọdụ, nwa oge .

N'oge a nke nghọta nke ọnọdụ mmadụ a na-emegharị, n'etiti omenala na mgbanwe, ntoputa site na omimi nke psyche na nkpuru obi, àgwà nke lucidity na nsinammuo, na-ezute ahụmịhe dị adị na mmekọrịta nkwurịta okwu dị mkpa nke usoro nchọcha a metụtara ndị ikom nwere ezi uche, maka mmadụ niile na-eme ka ọ bụrụ .

155

ịkpọasị karịrị akarị

Elle rassemble des êtres qui n’ont rien de commun les uns avec les autres, des êtres qui sont dans l’impossibilité de se fuir eux-mêmes ou de fuir les autres .

Forcés de rester ensemble, les hommes et les femmes de la haine brûlent sur place tout en essayant de se repousser mutuellement. Ce qu’ils exècrent le plus est moins ce qu’ils voient chez autrui que la haine qu’ils sentent que les autres éprouvent pour ce qu’ils voient en eux. C’est ce que les autres leurs renvoient de leur propre image et de leurs faits et gestes qui les fait se complaire dans la haine. Ils reconnaissent chez leurs frères et soeurs ce qu’ils détestent en eux. L’égoïsme, la jalousie, l’impuissance, la terreur, le désespoir, la haine, c’est le mal .

Ce n’est pas le mal qui est une entité négative, mais plutôt l’absence d’une perfection qui devrait être. Le mal est ennuyeux parce qu’il est l’absence d’une chose qui pourrait nous intéresser corps et âme, et intellect .

Ce qui peut nous attirer dans les actes pervers, ce n’est pas le mal, mais le bien qui s’y trouve, un bien vu sous un faux aspect, dans une perspective déformée. Un bien qu’on aperçoit comme un miroir aux alouettes, qui nous fait tendre la main, mais qui n’est qu’un appât dans un piège. Et quand le piège se referme, il ne reste que le dégoût, l’ennui ou la haine .

Les gens de la haine vivent dans un monde plein de trahisons, d’illusions, de manipulations, de mensonges et d’ennui. Et lorsqu’ils essayent de noyer cet ennui par le bruit, l’agitation et la violence, ils deviennent encore davantage ennuyeux. Ce sont des fléaux pour le monde et la société .

154

iguzosi ike n'ezi ihe na ịdị umeala n'obi

 Iguzosi ike n'ezi ihe bụ ịbụ onwe gị. Ọ bụghị ikwere na ị ga-abụrịrị onye ọzọ .

Ọ bụghị iji uche ya na aru ya na ara Enterprise nke ibi na ahụmahụ onye ọzọ, ide uri ma ọ bụ ibi ndụ ime mmụọ nke nke ọzọ. Ọtụtụ mgbe ụmụ nwoke na-eme ngwa ngwa inye onwe ha mkpa site na na-eṅomi ihe na-aga nke ọma, n'ihi na ha di ume-ngwu iche n'echiche mma. Ha na-achọ ihe ịga nke ọma ngwa ngwa ma na-adị ngwa ngwa nke na ha anaghị ewere oge ịbụ onwe ha .

Iguzosi ike n'ezi ihe na-ebikọ ọnụ na ịdị umeala n'obi. Maka onye dị umeala n'obi n'ezie, omume ịbụ, Omenala na omume ụmụ nwoke abụghị ihe gbasara esemokwu. Ịdị umeala n'obi abụghị ịgbalị ịdị iche, dị ka a ga-asị na anyị maara nke ọma karịa onye ọ bụla ihe anyị bụ na ihe anyị kwesịrị ịbụ .

Kedu anyị nwere ike ịbụ onwe anyị ma ọ bụrụ na anyị na-ebi ndụ nke onye ọzọ ? Ọ na-ewekwa obi ike ịbụ naanị onwe gị, n'ikwekọ na akara aka anyị. Ọzọkwa nchegbu anyị pụrụ inwe n'ịkwụsị nguzozi, ikwu eziokwu, n'ọnọdụ ndị siri ike, ịnọgide na-abụ onwe gị na-enweghị obi ike, na-enweghị na-amanye àgwà ụgha anyị n'ụdị àgwà ụgha nke ndị ọzọ, nwere ike kụziere anyị ịdị umeala n’obi nke ukwuu .

Otu n'ime Ihe e ji mara onye dị umeala n’obi bụ na ndị ọzọ amaghị ihe ha ga-eche site na ya . Ha na-eche ma ọ̀ na-agba ara ka ọ̀ bụ na-anya isi .

Ịdị umeala n'obi nwere owu ọmụma dịka nwanne nwanyị, nke oghere enweghị ngwụcha ebe ihe niile na-eme, ọbụna yigharịrị ihe ndị e kwuru na nke ihe niile na-atụnye ụtụ, na ọbịbịa na ịga nke ọnọdụ nke uche, na ifufe nke mmuo , crumbling agụụ mmekọahụ na ebube nke onyinyo nke ya .

Iguzosi ike n'ezi ihe nwanne Athena, nganga nke ịbụ nwoke/nwanyị guzo, ijide mmanya, ịbụ vetikal, dị njikere iche ihe isi ike ihu, n'obi ebere-reflex, ka obi abụọ na ịfụ onwe ya .

153

alụmdi na nwunye nke onye na-ese ihe na ọrụ nkà

   Iberibe nke nkà bụ ọkụ eletrik na-amanye anyị ịghọta ihe zuru oke. Ha anyị jụọ anyị ụra site n'ịmanye anyị ịjụ ajụjụ .

The hụrụ na-akpọ onye na-ese ihe ka o chee ihe ọ na-ahụ na ịpị. Okwu na-ekpughe ihe nzuzo ya na kọntaktị na-apụta n'etiti mkpụrụ obi ndidi, onye nleba anya na ime onye na-ese ihe na ihe a na-azụ site n'ikwe ka akpụzi ya . Onye na-ese ihe na-abanye n'ime ihe a na-ahụ anya, ndị nwere mmetụta, nke n'ezie. Ọ na-eme ha nke ya ndụ ọ na-enye ha n’emeghị ka ha ghọọ ihe. Ọ naghị anọgide na-abụ onye mkpọrọ ọdịdị, iguzogide na àgwà nke echiche echiche. Ọ na-echekwa ikike iju anya na eziokwu site n'ịghọta mgbe niile nkewa nke na-ekewa ụwa okike na nke bụ ezie na ihe ezi uche dị na ya . Na n'azụ ọdịdị nke okike ọ na-aghọta ihe omimi nke usoro zoro ezo. Ọ na-ebuli sayensị nke nkà na ọkwa nke àgwà nke mmụọ dị ọcha. nke ọkụ ọkụ nke mkpali ya na-emepụta oge uri, na-emeghị ihe ọjọọ na-atụgharị uche karịrị mara ụfọdụ nakwa dị ka nkwa na ụzọ nke ijuanya .

Onye na-enwe mmasị, le onye na-eso ụzọ, par contagion kensinammuo, na-ejide njikọ dị n'etiti mmadụ na gburugburu ebe obibi, n'etiti mmadụ na eluigwe na ala .

Onye nka nke a nlele ugboro abụọ nke ime ya na gburugburu ebe obibi na-eweta ihe ụdị uri emegharịrị ebighi ebi. Enwere mkparịta ụka na-atụghị anya ya, agaghị ekwe omume, n'etiti onye okike, anụmanụ-mmadụ nke anụ ahụ na ngwakọta sensations na okwu. Onye na-ese ihe na-aghọ, oge nke imikpu n'ime ìhè nke ọzọ nke ụwa, ohu ihe na-eme ka ọ dịkwuo ogologo, nke ihe na-emetụta ya dị nnọọ ukwuu karịa ihe na-enye ya otuto. Ọ na-atụgharị ka ọ bụrụ ebe nchekwa zuru ụwa ọnụ, otu a na-apụghị ichetụ n'echiche nke zuru oke na ngosipụta ya. A crystallization nke ihe omume ahụ na-eweta mgbawa nke eziokwu e liri, anya n'oge a ebe chi ọbụbọ nke ihe na-eme bụ isi ihe omimi ya, dị ka ụbọchị zoro ezo nke na-adabere na ọdịdị nke okike. Na-aga n'ihu n'ọchịchọ ya, nke ọchịchọ ịmata ihe na uche nke onye na-ese ihe na-eduzi ya kwupụta echiche na echiche nke usoro ihe na-adịghị ahụ anya .

Na ihe onwunwe na-emepe dị ka rose n'oge okpomọkụ tupu mkpụrụ obi na-arụ ọrụ, ndidi na-atụgharị uche nke onye na-ese ihe. A na-edozi ihe, ọ na-anabata onwe ya ma na-ahapụ onwe ya udi. Anumanu-mmadụ, na mmekọrịta chiri anya ọhụrụ nke onwe ya na-apụ apụ iji mee ụzọ”Mmadụ”, na a eluigwe na ala akụkụ ebe mma na-egosipụta onwe ya ma dị. Onye na-ese ihe bụ a. Ọ bụ ngwá ọrụ nke ọhụrụ ume na n'ụzọ zuru ezu onwe ya. Ọ na-ekpughe ọdịdị mmadụ . Onye na-ese ihe site na mmegharị ya nke okike ndụ. Ọ na-anata ma dị ndụ. Ọ bụ mmegharị nke mmegharị tupu ịbụ ihe ma ọ bụ onye. Ọ na-amasị ya. Ọ bụ oké iche iche, abuo na otutu. Ọ bụ ọka nke uzuzu na-eleba anya na ọgbaghara na-adịghị akwụsị akwụsị nke usoro eluigwe na ala. Ọ bụ nwoke na-alụ nke ọtụtụ agbamakwụkwọ na-echere ya na njedebe nke ụlọ nzukọ ahụ onyinyo na ìhè nke njem iwu ya .

152

Quelque chose d’avant le temps

 De tant et tant d'efforts
à la mesure des sollicitations
pour garder la tête hors de l'eau
et être en ressemblance avec le visible
sans être fermé à l'invisible .

De tant et tant d'efforts
à élever la viridité
sur le pavois de nos intentions
alors que sans puissance effective
l'amour sensible fait figure de désaffection .

De tant et tant d'efforts
à se mouvoir dans ce corridor
à distinguer le bien du mal
afin de réellement voir où l'on va .

De tant et tant d'efforts
à traverser
les gués du torrent de l'illusion
sans distinguer l'origine de cette poussière d'étoiles
où être hommes et femmes liges .

De tant et tant d'efforts
à se prévaloir d'un soleil éternel
alors que les confins de notre entendement
sont scarifiés sur les autels
du mutisme et de la surdité .

De tant et tant d'efforts
passés à attendre que la pluie s'arrête de tomber
alors qu'elle est partie prenante de la fructification .

De tant et tant d'efforts
à considérer le fin du fin de notre parcours de vie
comme étant le bonheur
alors que nous sommes éternellement en marche .

De tant et tant d'efforts
à accepter que le soleil se couche
avant que les blés ne mûrissent
implorant
en quête de moisson
le retour de la faux du père .


151

se rejoindre soi-même

Il faut jeter par dessus bord
beaucoup de paresse, mais surtout beaucoup d’inhibition et d’incertitude pour
se rejoindre soi-même .

Pour toucher les autres à travers moi, je dois y voir plus clair et je dois m’accepter moi-même.

Depuis des années j’emmagasine,
j’accumule dans un grand réservoir, mais tout cela devrait bien
ressortir un jour, sinon j’aurai le sentiment d’avoir vécu pour rien, d’avoir
dépouillé l’humanité sans rien lui donner en retour .

Tous les problèmes
que je traverse et que je tente d’expliquer, me tourmente et appelle en moi
solution et formulation. Car ces problèmes ne sont pas seulement les miens,
mais ceux de beaucoup d’autres. Si à la fin de ma vie je trouve une forme à ce
qui est encore chaotique en moi, j’aurai peut-être rempli ma petite mission.

Tout cela me semble bien prétentieux.
Je me sens parfois comme une poubelle tant il y a de trouble,
de vanité, d’inachèvement, d’insuffisance en moi.

Mais corrélativement
il y a aussi une authentique sincérité et une volonté passionnée, presque
nécessaire, d’apporter un peu de netteté, de trouver l’harmonie entre le dedans et le dehors pour se rejoindre soi-même .

A la longue il se pourrait que je trouve la paix et la clarté.
Mais oui ! C’est maintenant, en ce lieu, en ce monde,
que je dois trouver la clarté, la paix et l’équilibre.

Je dois me replonger sans cesse dans la réalité, m’expliquer avec tout ce que je
rencontre sur mon chemin, accueillir le monde extérieur dans mon monde
intérieur et l’y nourriret inversement je dois continuer d’écouter au-dedans
de moi – , mais cela est terriblement difficile et c’est pourquoi j’ai ce
sentiment d’oppression au-dedans de moi .

C’est alors que je fermais les yeux. Ne plus penser.
Je traversais un moment de paix, d’accalmie.
Ma foi indéfectible en l’homme ne peut faire en sorte que je me dérobe. A
perspective de cohérence m’appelle. J’ai si tendrement à faire que je ne puis
qu’assumer pleinement mon destin et employer mes talents à soulager les maux de mes frères et sœurs .

150

par delà la frontière et le mal

La frontière entre le bien et le mal passe entre les deux rives de la rivière. Tout choix d’une rive plutôt que de l’autre ricoche et porte en lui son châtiment et son germe. Le châtiment maintient en enfer ; et le germe, cette force capable de fendre le roc, fissure le cœur. Aussi passons-nous notre vie à tergiverser sur une passerelle .

C’est le passage de l’une à l’autre rive qui reste pur mystère. Nous pourrions penser qu’il existe de chaque côté un abîme par lequel s’opère le passage à une autre dimension. Et peut-être la tentative d’échapper par tous les moyens à cette aspiration, à cette chute vertigineuse est-elle l’origine de nos pires souffrances .

Le refus acharné qu’oppose le connu à l’inconnu, le familier à l’inexploré, oblige le destin à user de violence envers nous .

Pour le foetus dans le ventre de sa mère, la fin du monde se nomme naissance. Nous appelons papillon l’anéantissement de la chenille. Toute vie est un drame cosmique qui ne finit, somme toute, pas si mal .

Passer le pont, c’est changer de nature. Voir autrement, c’est changer sa vision, c’est fissurer sa vision convenue des choses. Qu’il est douloureux de changer d’état. Cela nous fait cligner des yeux, avant de voir plus tard ces états se stabiliser .

Changer de bord brouille le regard que les autres me portent. Aussi de peur de passer pour dément, je me garde d’en parler à quiconque. Mais la vérité est à l’inverse, aussi suis-je sorti du monde qu’hallucine mon époque pour rejoindre une réalité sans temps et sans lieu. Et cette réalité est coulée de lumière, magma fluorecent qu’irisent toutes les nuances du plus sombre au plus lumineux. Et cette palette est piano des couleurs .

Et je l’ai vu comme je vois maintenant par la fenêtre éclater un été au zénith de sa majesté. J’ai vu que la matière n’était que lumière et vibration et Amour, pur Amour, Amour incommensurable .

Et je vois tous ces êtres humains aller quelque part alors qu’ils ne sont jamais partis de nulle part et n’arriveront en nul lieu où ils ne sont déja. Cette immense mise en scène sacrée et absurde me laisse à penser que les hommes sont des dieux quand, entre deux rêves, ils laissent leur regard vaguer sur le monde .

La leçon de cette métaphore de la passerelle entre deux rives est que la vie nous a été donnée, que nous nous devons de mettre le plus d’énergie possible à faire fructifier ce potentiel, le moins d’énergie possible à en souffrir et ne pas s’étonner quand ce qui semble être éternel clignote et disparaît .

149

QUELLE NUIT CETTE NUIT

 Défaite sans parole
sous le vol d'un spectre
se vidant de ses attributs .

Exil d'une seule nuit
dévorée par la toile du songe
sans que le secret ne corrompe la mémoire .

Oubli d'entre la brume et la lune
tu ne mourras pas tu ne peux mourir
toutes gloires du jour éteintes
de par les entrailles de la vallée
d'où s'élève le double son du hautbois et du saxo .

Envoûtement prolongé
aux limites d'une traversée
avant de s'abîmer dans l'obscur
où lentement se consument
chairs et ongles de l'endimanchement de la tendresse
échue en rosée de sang
avant que ne s'égare l'aube .

Écueil disposé entre les lanternes
au milieu de ces épaves
qu'un ordre mystérieux
fait accoster dans ce royaume
où le froid silex sépare la chair de la peau .

La vie est là
la vie est le lieu
la vie mienne en compagnon de ta vie
taille XXL de la médiane tracée
entre le sourire de l'enfant bleu
et la perpétuité d'un désert blond .


146