O pou uma e Gael Gerard

ne plie pas devant le sommeil

 Ne plie pas devant le sommeil
sois le joyeux pourfendeur des mystères
pour
la même scène passant et repassant
savoir dire
que l'événement est trousseau de phrases
et que dans la vieille querelle du réel et du songe
la porte est au milieu des effusions
Sentiment vague
en partie émergé
d'une nuée de mensonges
que le vent pousse vers la montagne
pour sentences lancinantes
convertir la parole échangée
en grisaille de convenance .

Sois le porc épic
des remontrance sagaces
et si le pas te presse
tel l'escargot sur sa sente luisante
remise en tes granges
le paquetage inutile des succédanées
ceins l'étoffe de lumière
va à la fête
et découvre ton cœur.


142

j’avance

     J'avance
de marbre
en première ligne
dans cette possibilité de nous rejoindre
en nos épousailles
de vérité vraie .

Je marche
mémoire d'empreinte
de ma gorge
sort l'ineffable
au crématoire des jeunes gens
refusant l'épuisement .

Et puisque la vie est "voir"
je me dissous
au rivage de la grâce
en somnolence fraternelle
découpant en fines lanières colorées
le visage tant cherché
le visage de l'enfance
le visage de tout homme en quête de lui-même .

Et si tout était affaire de silence
bien plus que de musique .


141

C’est clos mais prends garde

 C'est clos mais prends garde
là est l'insoumission de pleine lumière
là est la rectitude d'une vigilance à l'arc souple
là est le seuil des boues de grandes lessives
là est l'ambition de marcher sur les traces de ton nom
là est l'intime circoncision de la gamme des échanges élargie aux confins de l'univers
là est la responsabilité d'une conscience impeccable
là est la couture assemblant d'un fil écarlate les étoffes de chair et du verbe
là est le passage que le pas des moutons foule
rageuse conversation sur le chemin coutumier
là est la feuille d'arbre lâchée au vent d'une terre lointaine
là est la nuit des douleurs et des tentations ourlée par l'aube qui point .
Ainsi va la nef accomplissant son office
maîtresse d'exil et de vanité
jaillissement de larmes au chevet de la finitude
transmetteuse
hors le sexe la fortune et la puissance
le message qui n'use pas le cœur ni ne dessèche le sang
le message des guerriers bien plus que celui des époux
le message enflammé hors fatigue et regret
le message dévoilé par le voire et l'entendre
le message de la joie des vœux définitifs
le message de la grâce et du sourire
le message de la rosée tombée au matin de la Saint Jean
le message des fruits que l'on offre
Le message qui jamais ne se referme
la gratitude du jour .

L'homme détient les clés de son fragile équilibre .
L'homme est le créateur aussi bien de son enfer que de son paradis .


143

Petit papa

Tu n’en finis pas de partir .

Parfois quand de noirs nuages s’amoncellent et que la déroute plante son drapeau noir, ton cerveau se brouille, tu cries. Un cri au-delà de la douleur et de l’appel. Un cri aux causes abyssales. Un cri de personne humaine en proie à une rencontre improbable. Un cri qui dérange notre entendement habituel. Un cri outrancier qui veut nous montrer quelque chose. Mais quoi ? Qu’as-tu vu ? Quant à tes émotions, je n’ai pas la clé pour les décoder .

Tu erres dans ces contrées entre chien et loup, là où la grisaille d’un hiver saturé de givre grapille des images d’antanoù les vapeurs du marigot des origines modifient la conscience, pe 'a, où se croisent hallucinations et visions .

Tu es entre la vie et la mort mais la vie est la plus forte, même dans le dernier voyage, et c’est ce qui nous permet de ressentir la fragilité de cette vie, son visage unique et que fort de cette expérience ultime nous soyons de chair, d’esprit et d’âme les transcripteurs du grand mystère, nous les innocents, nous les adeptes de l’Emerveillement .

Tu cries et je t’entends au travers des couloirs de cette maison de retraite que tu n’as jamais pu faire tienne, tant ta difficulté à communiquer et à t’adapter était grande .

Ce ne sont plus desMadame !” que tu profères mais de longs gémissements qui montent du profond de ton être pour s’adresser à quelqu’un d’indéfini, que tu ne peux nommer. Te sauver d’un danger ? Te soulager ? T’aider à franchir cette épreuve, ce bouleversement de l’être qui s’enfonce dans le labyrinthe fait de traces mnésiques et d’impasses ? Tu ne sais pas quoi demander, ta main décharnée serre ma main. Tu ne me demandes même plus de revenir chez toi, à la maison .

Tes fonctions vitales se sont réduites au manger et au dormir, et quand je m’éloigne ta plainte prolongée broie ma poitrine comme dans un étau et essore mon coeur .

Quant je te quitte après t’avoir embrassé, j’ai l’impression que ce sera la dernière fois ; et puis je ne reviens pas en arrière car je ne sais pas quoi faire pour t’aider, pour te rassurer, pour te calmer. Lâchement je t’abandonne, et alors je culpabilise !

Dès que je quitte l’étage où tu résides et que l’ascenseur atteint le Rez-de-chaussée, je n’entends plus tes cris mais néanmoins ils continuent de résonner au plus profond de mon être. Je suis abandonné. Je suis laissé de côté, moi le mal nécomme toi peut-être. J’essaye de me faire à l’idée que je n’ai plus de papa, je suis triste, je suis bouleversé, une grosse boule monte de mon ventre. Je me calme, je gère la situation tout en subissant un arrachement viscéral. Tes cris me suivent quand je médite, quand je marche sous la pluie, dans le vent, sous le soleil et j’entends ta voix m’appeler, doucement, très doucement telle une caresse, ta caresse, que tu me prodiguais quand dans mon petit lit d’enfant j’avais tant de mal à m’endormir .

Tu ne demandes expressément plus d’aide, tu sembles nommément ne plus demander de nouvelles à tes enfants. Tu es seul et le brouillard qui t’enveloppe suggère l’envol des corbeaux par un matin d’été frileux dans les hauts arbres qui bordaient le canal à Briennon .

Tu es là à attendre qu’une porte ultime s’ouvre dans le mur de cette chambre que tu n’as jamais investie. Tu es le passe-murailles d’une occasion à ne pas manquer. Tu attends un dernier train qui siffle dans le lointain mais qui tarde à apparaître. Tu n’as plus rien à donner. Ce qui t’appartenait ne t’appartient plus, ce qui était ton chez soi, tu en as été dépossédé. Ton appartement a été occupé, la vaisselle du dimanche et des jours de fête a été éparpillée, même ta signature a été copiée. D’espoir, manatu. De sourires sur ton visage, manatu. La trompette dont tu jouais à été offerte à l’enfant d’une soignante. Ton dernier bagage est bouclé, et puis d’ailleurs ça fait bon temps que tu n’as plus de bagages. Tu as donné, … nous avons pris .

Parfois, dans des moments de lucidité, tu as pu demander que ça avance un peu plus vite, que la fin du tunnel s’ouvre sur la grande lumière terminale, à ce qu’on dit. Mais le sais-tu ce qu’il y a après ? J’aurai tant voulu que nous parlions de ça. J’aurai tant voulu que tu prennes cette initiativeEt c’est maintenant que j’entends, que je mesure tout ce qu’un père est en capacité de donner à ses enfants quant il a la conscience de s’inscrire dans la grande chaîne des générations et que sa propre vie, unique et sacrée, est au service de l’autre .

Peut-être que ce sera cette nuit. Peut-être dans quelques jours. Devenir froid. Que les os se cassent comme du verre. Que le sang ne circule plus. Que l’immobilité soudaine soit un soulagement après la souffrance. Que le tic tac du pacemaker fasse un bruit d’enfer dans ce corps inerte .

Le véhicule noir n’est toujours pas arrivé. Mais que font-ils donc tous ces soit-disants vivants à boire du pastis, à jouer à la belotte, à se vautrer devant la téléalors que ça gèle en bord de banquise ! ” J’attends, moi, le corbillard ! “

Je me souviens du tour de France que nous étions allé voir avec Charlot, dans les années cinquante. C’était une étape contre la montre. Le dernier coureur à passer était Anquetil qui avait le maillot jaune, et puis derrière avait suivi la voiture-balai. La fête finie, nous étions rentré par le train de Versailles pour descendre à la station du pont Mirabeau et rentrer à la maison par l’avenue Emile Zola. Je tenais à bout de bras un sachet de papier contenant quelques menus objets publicitaires que j’avais réussi à attraper aux passage de la caravane publicitaire. Il faisait beau, un soleil de juillet jouait avec les feuillages de l’avenue. J’aimais ce passage de l’ombre à la lumière et je sautais sur les plaques de fonte ajourée qui entouraient les arbres. J’étais heureux d’avoir passé un moment avec toi, papa, mon petit papaEt cette voiture-balai qui se fait attendre !

Il y a quatre ans et demi, quand maman nous a quitté, je suis resté avec toi une semaine rue de la Jarry. C’était la dernière fois où j’ai été véritablement proche de toi. Tu ne m’as jamais posé de questions autres que strictement matérielles. Jamais tu n’as pleuré. Jamais tu n’as évoqué spontanément quelque souvenir. Si tristesse il y avait tu ne me l’a pas montré. Je faisais ledélicatavec toi pour ne pas te faire entrevoir mon profond désarroi et je ne t’ai pas poussé pour que tous deux nous pleurions à propos du départ de notre femme et mère. J’avais peur que tu t’écroules. Je mesurais déjà dans le silence que tu montraisc’est toujours moi qui engageais la conversationque ton état psychique était troublé. Tu semblais ailleurs de tout ça. Ton manque d’émotion me faisait froid dans le dos. Je n’ai pas su trouver les mots qui t’auraient fait te dire, te contacter dans ta sensibilité. Je savais que tu étais déjà un peu parti .

Le 23 juin, date anniversaire de la naissance de maman, je prierai pour toi, papa. Que tu sois de ce monde ou ailleurs peu importe, tu n’es déjà tellement plus là. Ton départ, tu l’as anticipé depuis longtemps. Tu as vendu la maison de Saint-Flour comme pour clore un épisode de ta vie, comme pour brûler ses objets familiers parce qu’après toi il n’y aurait rien, rien que des étrangers qui fouilleront dans tes affaires, rien que des envahisseurs qui vont tout saccager. Tu n’as pas insisté pour que nous gardions cet ancrage familial. Tu nous as donné l’argent de la vente sans te retourner, sans prononcer de discours. D’émotions, manatu ; comme si quelque chose de toi était mort depuis bien longtemps. Tu étais déja sur le départ. Dans les semaines qui ont suivi tu as eu un grave ennui de santé dont tu t’es heureusement sorti. Et depuis tu attends la suite. Ce n’était pas ton heure. La ligne de démarcation passée, tu faisais comme s’il ne fallait pas se retourner. Question de vie ou de mort ? Fuite en avant ?

Dès lors que la terrible sénilité t’accable, que tu n’as plus ta tête, que la trinité de la dépression, d’Alzheimer et de la démence nous oblige à l’épreuve que nous devons traverser, toi et nous trois tes enfants qui sommes ainsi convoqués en tant qu’êtres de conscience et de compassion, de vulnérabilité, de transparence et de sang-froid, de réflexion et d’entendement à ce qui est ; nous nous devons d’être les témoins du grand oeuvre de la vie et de la mort pour nous soutenir dans l’accueil et l’entre aide afin de prêter main forte à ceux de nos proches qui en ont besoin. Nous ne devrions rien avoir à nous cacher. Nous devrions rester unis. Nous devrions nous parler. Les non-dits n’engendrent que repli sur soi, rejet et méconnaissance de l’autre et bien du malheur à nos enfants et petits enfants par l’ombre qu’ils jetteront sur notre mémoire collective .

Quand j’entends le glas de la finitude au clocher de l’existence, j’écoute, je vois, je suis triste, je pleure, je suis seul et ma solitude je la consomme avec mes proches, je la partage avec les miens que j’aime et qui m’aiment. Je la mâchonne, je la distille, je lamanduque”, cette option absolue de finitude, pour qu’elle me nourrisse et m’aide à croître .

Oui, je prierai pour toi, pour t’accompagner, pour te soutenir, toi papa, corps et âme associés, pour parcourir avec toi ce chemin qui va de chez toi au cimetière où demeure maman .

Papa, je te promets de faire mémoire de ton histoire de vie, et d’honorer cette esquisse existentielle qui tu m’as transmis afin de faire fructifier la vie que tu m’as donnée, afin que fleurisse cette envie de faire plus que ce qui nous a été donné. Et ce, afin que cela soit dela bonne ouvrageutile pour ceux qui nous suivront .

Il est un temps déraisonnable où l’on met les morts à table pour un dernier repas, hors faim et soif matérielles mais plein de faim et soif symboliques et spirituelles, afin de recueillir les miettes de vie qui nous permettront de grandir sur notre chemin de connaissances et de sagesse, de donner sens à sa vie et de s’effacer en osmose d’amour devant ce qui est .

Papa, dans ta démence, émane une aura où affleure, pure et limpide, une valeur profonde. L’ego brisé cède la place à l’essence humaine. Et pour celà tu es précieux .

Le 23 juin, je penserai à maman, je penserai à toi papa, je penserai à vous deux, mon frère et ma soeur, et ferai promesse de vivre ces dernières années qui me sont imparties, le plus simplement possible, dans l’écoute, la pudeur, le respect de la personnalité de chacun, le soutien et le conseil, à tous ceux qui seront en difficulté .

Nous ne devons pas nous faire de mal et avoir le courage d’échanger, d’entrer en contact avec nos proches, avec autrui, même si cela semble difficile parce pas très habituel dans notre culture familiale. Le silence s’il peut être régénérateur de soi à soi dans la méditation et la contemplation, est néfaste quant, se transformant en mutisme, il éteint la lampe de l’espoir .

Et puisque par chez nous tout fini par une chanson ou un mot gentil, disons qu’il ne faut pas peser ni sur son prochain, ni sur les autres, ni sur cette terre pleine du mystère de la création pour que nous, lesvivants en marche”, demeurions en communion avec l’Autre qui reconnaîtra que nous sommes tous frères si nous nous aimons les uns les autres .

140

au gré des ormes

 Ce carrelage fait d'hexagones rougis .
Cette allée d'arbres bruissante d'un printemps pluvieux .
L'escalier à la rambarde de fer forgé .
Ce jour par dessous la porte de la chambre qui laisse monter les éclats de voix provenant de la salle du restaurant .
Ces fenêtres avec leurs ferrures à l'ancienne .
Ce volet de bois mal fixé qui bat contre le mur quant une rafale de vent se lève .
Telle l'armoire avec sa vitre miroir d'un temps entreposé .

Être là
à l'ombre des choses en place
assis dans le fauteuil défoncé
des entrelacs d'idées mal négociées enturbannant mes pensées
souvenirs psalmodiés par une petite voix intérieure
je pris mes cliques et mes claques
boîte à images et carnet de moleskine
pour aller péleriner aux effluves d'antan .

Froidure et pluie métamorphosaient le sombre de l'air en plein après-midi
discret passage à cet état d'écoute permettant d'être dispos
pierre sur laquelle bâtir la cité des frères
Jérusalem céleste sans ses anges rendus visibles
Jérusalem juste existante pour accueillir le marcheur d'âmes
en quête d'un détour probable vers l'état prémonitoire des repentances
en quête de souffle et de lumière sur lesquels chevaucher
chercheur rendu à sa besogne
l'arceau d'un jeu de croquets alors obsolète
devant la maillet de la vacuité
le fomentateur des rencontres désirées
celles que la disponibilité sans attente permet de faire éclore
e o'o lava i itula e le masani ai
a'o alu a'e le pese maanuminumi o le timu ma lanu fefiloi mai le va o la'au o le lefulefu ma elms
i le togalaau susulu ma le manogi
faaupuga o loimata i le tautotogo
i le fetauiga o uta leo
o le aasa o le vai o lo'o soloia ma'a'a e le o vaaia
ipu o tagata tinoese .


139

Burzet

 O sina vai
tele vai
tofia i le gogolo faifai pea o le musumusu o manu
ga'o o se leo i luga o le puipui o le basalt
matāua o penina o lo'o fa'alogoina ma le pa'ō
patipati lima fulufulua i le papa toto.

Tulai mai le fa'amaoni monotonous
le ave fa'aauau
o le fa'asea fa'avasega a le ecobuages ​​o le taulaga .

E fa'aalia e le alafapeta ia lava i ona fa'aletonu
o nei uso o latou faiva alofilima
fut emportée par la burle
vers la vallée des permissivités .

Seul le son d'une cloche
par dessus le courant d'eau
manœuvre à l'appel
les hommes de la magnanerie
alors qu'il fait encore noir
par ce matin d'hiver à traverser ce pont de bois
les sabots frappant de leurs ferrures le seuil de l'atelier .

Heureux événement
que l'arrivage des ballots de soie
hérissés de mille fils irisés
hors la grossière toile de jute
à l'arrêt comme hésitante
d'entrer dans la goule
où le mâche-menu des ferrailles associé au crissement des éraflures
gargouillent du lissage des textiles fins .
Maraude instantanée
du garçon derrière le bâtiment
ramassant vivement la musette pleine
posée sur le banc poisseux du vestiaire
le temps d'un saut dans l'ombre
hors du ravin des attendus
pour se retrouver ivre libre
le cœur battant
sur la sente caillouteuse
hors la promiscuité du bas
et haut les cœurs
apporter en la chaumière sans feu
les noires stries
d'un à-jour imprimé
sur le pourtour de son visage
de châtaignes et d'oignons
oings .

Message hors âge
des floricoles levées d'esprit
des génuflexions lasses
sur le chemin des trois croix
entre le Golgotha et la finitude de Marie .

Les femmes saintes seules admises
à retenir par le bras
les mâles de passage
pour un sourire
ameutés
disparaître dans le taillis
à la recherche de l'argousier
qu'ils feront suinter
sur la pierre des fièvres
histoire de se mettre en marche
sans compte à rebours
sur le chemin coquillard .

Les femmes saintes seules admises
en progression lente
agai i le alofa ma le agalelei
ua tumu i lima o salu auro
e tusa ma le fua o faitoto‘a o fale saito maualuluga
o lo'o tanu i lalo o latou sakete
ulupoo o e ua oti
o sulugatiti ua fusia i le ie
si rouge
nai lo le oso a'e o le la
e ala i lona tisi lanu felanulanua'i
e fafagu ai le kerisimasi paia o le faauuina o le Aso Lulu Paia
o tagata fai aso
pe afai e faatagaina le peti
i luga o le sua saffron
o le solofanua efuefu a le matai o Cornille
luluina ma le fiafia
i le vaai atu i lenei falaoamata ua matua paepae
nai lo le gaoioi malosi o le maaolo
maa i le maa
e te lele ese ai
e tusa ai ma le trills a le manulele uliuli
i le vaveao
o se taeao o Me .


138

o la'u uo

Ia maua oe feiloai ua faatumulia ai au i le olioli, toi, ese mai ia te au ae e matua vavalalata lava .

Tou te ō ma a'u ma fa'afilemu a'u pe a agi le tau, mafaufauga uliuli e tulai mai o'u vanu oona ma o lo'u taui atu ua tele naua .

O lou ita mausali ina ia manatu se tasi e faafoliga ia te a'u o se manatu fa'aolaola ma fa'aola pe a pa'i atu i se moe o le mafaufau ma le agaga ou te tautevateva tali le mautonu i le lamatiaga o mea fou .

oute alofa ia oe, leai o le ata o le masalosalo, e oo lava i lo tatou taunuu faatasi i se isi paneta e leai e mafai ona tuusaunoa i tatou mai le faaalia o lo tatou manao faavalevalea i le faata o le sailia ma ia malamalama i mea uma e uiga i le olaga .

Ou te faamemelo ia te oe i tua atu o so'o se iloiloga fa'asa, ma le naunautai ma le faamemelo lautele, e oo lava i le lele tuai o se pateri i luma o o matou laasaga e le mafai ona faalavelaveina i matou .

Ae peitai o le Atua ou te iloa ou te fiafia i pati mūmū lea, faatasi ai ma lo latou lele mamafa ma mafolafola, e mafai ala mai ma se amataga faaola le moe o le vanu lea ou te maua soo e masani lava .

I luma o tatou malosi o alii tutu ua molia i avanoa e iloa ai i le lumanai, o le lalolagi, la tatou fanua o galuega, e matua tele lava, malosi ma maaleale i le taimi e tasi, mafaufau lelei, alofa ma talia, e oo lava ina tatou faalogoina le musumusu mai le amataga o le amataga .

Ua liliu lau afioga agai atu i le faanatinati e faavavau e taʻu atu le ute o mea e mafai ai ona ou faaauau lo'u ala, fa'asa'oloto mai noataga uma, aga'i i le lulu manino o lo'u togalaau loloto .

E te talia a'u ma le agalelei tele, vave ma le sa'o e le o ia te a'u taimi e faafetai ai. O le taimi lava ou te vaai ai ia te oe, Ou te feoa'i e fa'aumatia oe ma lo’u ulu ma lo’u loto, ma o le taimi lava ou te faaumatia ai au lava, i le taimi lava e te foaʻi mai ai iā te aʻu ulu mai ia te au, ona e mou atu lea, o lea ou te faatupeina .

o oe o tina, tetele tuafafine, agelu ma le fiafia o loʻu loto o loʻo ou lagona ia te oe e vave ona liua le faaaloalo i “sens” manino ma loloto i le auaunaga o la'u tautinoga o le faamaoni i lau aoaoga. Toi, la'u aū pupula .

Ona ou maua ai lea o oe e saoloto filifilia e fai ma a'u uo pe a e le filifilia lou aiga .

Ma o le a ou i taimi uma le aufana e punou ai ou mafaufauga toe fai ma le malosi e pei ona i ai e taua mo oe ia matou amanaia i latou. Le tulaga o iai nei le lalolagi faalagolago .

Ua taunuu lau savali. O lau afioga o le masiofo. O le sua o lau va'ai ua fa'aipoipo ia te a'u. O ala e te tuu i tua, Ou te aoina i latou i le maualuga o oʻu manatu ma o'u malosi faalemafaufau e tuufaatasia ai mo le taimi o se mafutaga .

O ou foliga e ua tusia i le taele o lo'u agaga ma le taimi lava e oo mai ai le manava, vave ona ou tu i luga e ave lenei pese lilo lea i le taimi o se tasi o tatou fonotaga muamua sa ou musumusu ma o ai e masani ona ou faatasi pe a Ou te sopoia lou ala .

Faailoga lau vaai pulega o nei nofoaga o le filemu ma valaau i le mataala o a mumu mataala o le talafeagai .

Afai e tupu i ma'umau sina taimi ma maua oe, e leai se faatomuaga e manaomia i le vaaiga muamua e te tuuina mai ia te au. O oe o le, O a'u o le, tino, agaga ma agaga saunia mo le galuega o loo i o tatou luma, lenei galuega tele ua lalagaina i le mafanafana tagata, d’intentions de bonté et d’exigences de compréhension quant à notre posture à tenir dans nos temps si troublés .

Et si tu partais en voyage, sache qu’ici ou ailleurs il y aura de la place pour tes disciples, pour mes frères et soeurs en toi, afin de perpétuer le feu d’entre les eaux et le crâne, et nous entretenir de ce qui reste encore à faire .

Et puisque la vie est quête et pélerinage continu, tu es le bourdon du pélerin, le précieux bâton qui me soutient et avec lequel je calligraphie dans la poussière du chemin les lettres sacrées de notre écriture universelle .

oute alofa ia oe, mon amie .

137

Juste un pas vers la sagesse

   Sagesse. Le motsagessevient du latinsapere”, d’où provient également le motsaveur”. La sagesse est l’art d’apprécier la saveur. Elle marque une attitude très concrète, très réelle, et assez éloignée d’une organisation conceptuelle élaborée. Il s’agit de trouver un art de vivre qui permette de goûter la saveur de la vie .

Comment ce concept de sagesse se relie à celui, plus occidental, dephilosophie ; car philosophie veut direamour de la sagesse”. Dans l’Antiquité les philosophes étaient des hommes dont on attendait qu’ils vivent selon leur philosophie qu’ils enseignaient. Philosopher impliquait une manière de vivre qui mette en harmonie la pensée et la vie .

Et puis au cours des derniers siècles, en Occident, la philosophie est devenue l’art de construire des systèmes de pensée, e lagolagoina i latou, e puipuia i latou ma, i totonu “talanoaga”, talanoaga, e fa'amaonia ai lo latou maualuga i lo isi. I Saina masani, tasi o aiga o le poto faalelalolagi, sa ese le mamanu ; o lea tatou fai mai lena mea “o le tagata poto e valea, leai se tulaga, e aunoa ma se mea tatau” .

Ou te manatu o le sage o se tagata e leai uiga lelei, e aunoa ma se manatu fuafuaina, e aunoa ma le tu i puipui, auā e mana‘o o ia e tatala pea i le mea moni, ia fou ma sauni mo le mea e tupu. E ala i lenei tulaga e mafai ai e le sage ona sili ia atagia mai i lē e faatuatua iā te ia. O le poto o le faafeagai lea o le poto. fa'agatete. E latalata o ia i le toafilemu .

O le au popoto “talitonu” e leai ; ua ia te ia le “o ia” .

O le “talitonuga” vient du latin “e talitonu” ma i lenei aiga o upu tatou te maua faapitoa i Falani “talitonuina”, o lona uiga o se auala e tuuina atu ai le pipii o se tasi i fa'amatalaga e le mafai e se tasi ona fa'amaonia sa'o. Ia talitonu o le tausisi i nisi o faamautinoaga .

O le “o ia” vient du latin “fides” ma i le aiga o upu e maua mai i lenei a'a o loo i ai Latina “e faatuatuaina”, o ai na avatu “faatuatuaina ” i Falani. A O le tagata faatuatua e le o se tagata e talitonu i lea mea po o lena, ae o se tagata nofoia mai totonu e le mautinoa. Ia faatuatua, o le faatuatuaina i soo se mea moni sili. Nous pouvons être habité par la confiance et la foi sans véritablement savoir quel est le fond du fond du réel .

Ne considérons pas la “talitonuga” comme une crédulité, mais comme étant d’un autre ordre niveau de conscience que lafoi .

Et sur ce chemin, nous sommes toujours en train de faire le premier pas. Quand nous faisons un pas, nous nous exposons à un déséquilibre. Nous acceptons un moment de perdre l’équilibre de l’immobilité jusqu’à retrouver un nouveau point d’équilibre, en remettant le pied par terre. Alors qu’il n’y a rien de plus rassurant que de rester immobile, avancer un pied devant l’autre, c’est prendre le risque de trébucher. C’est accepter le connu pour aller vers l’inconnu, Ma lenei, sans savoir à l’avance si cela nous réserve joie et épreuve. A celui qui se lève et marche, s’ouvrira devant lui un vaste espace, parce qu’en fonction du cap qu’il se donneque ce soit la vérité, le réel ou la sagesse –  le “marcheur vrai ne peut qu’aller de commencement en commencement par des commencements qui n’ont pas de fin.

Le “marcheur vraiest homme de ce monde. Il ne peut déroger à l’engagement qui au détour de son parcours de vie le convoquera à rentrer dans une histoire, à s’inscrire dans ce qui s’est fait ou pas encore fait avant lui et qu’il pressent qu’il faut faire. Il lui faudra prendre parti. Il lui faudra s’incarner pour contribuer à transformer le monde.

Le “marcheur vraisemble aussi en dehors du monde. Il est en lui-même, pour lui-même, l’objet de sa réalisation par une voie intérieure. Il est en prise directe avec ce qui le dépasse et inexorablement avance vers l’innomable et l’innomé. Il donne et reçoit à mesure du temps qui passe et des rencontres qu’il fait sans prêter particulièrement attention aux conséquences de ses actes. Il estprésence à ce qui est. Il est en confiance .

Le “marcheur vraien quête de sa réalisation se doit de dépasser la contradiction entrel’engagement mal’intériorité afin de se situer aux portes du temple oùsagesse” ma “connaissancesont à la fois différenciées et réunies. I le taimi lea o lana faigamalaga, e ala i se suiga vaaiga e uunaia e le faatuatua, e mafai ona sili atu i le tulaga o mea moni i tua atu lea ua le toe aoga ai lo tatou manatu. O lona uiga, mea i lo tatou lalolagi masani e foliga le talafeagai, e mafai ona aliali mai i se faafeagai i le consonance, afea matou sui resitala, pei o se tulaga fou o le mea moni .

E leai se fa'afeagai i le va o le sailiga mo totonu ma le auai i le olaga o le lalolagi. Toetoe lava tasi tulaga mo le isi ina ia matua aoga. Celui qui resterait presque toujours enfermé sur lui-même dans une espèce de quête sans fond finirait par se dessécher sur pied car il manquera de l’alimentation de la relation avec tous les êtres qui l’entourent. Et celui qui s’engagerait dans la transformation du monde sans prendre le temps d’un retour vers son intériorité profonde, celui-là au bout d’un moment pourra s’éparpiller, s’émietter, se disperser, se chosifier .

136

D’une relation l’autre

Il est admis que c’est seulement par l’expérience personnelle que nous pouvons accéder à un peu plus de connaissance .

Mettre dans un bocal tout le succédané des enseignements ne mène qu’à soumettre à l’épreuve de la saumure la pureté de la quête en ses préliminaires ; ça chauffe, ça brûle même, mais jamais ne parviendra à maturité ce chercheur des eaux obscures .

Tu n’attesteras pas de ton appartenance à quoi que ce soit, une joie illusoire pouvant se glisser entre ta parole et l’objet de ta recherche .

Sois vraiment toi. Au passage du gué, il y aura l’épreuve. Alors ne te raconte pas d’histoire. Et même, ne dis rien. Garde le silence. Vois, et tu seras vu .

Si viens à passer le voyageur aux sept chameaux chargés de tapis, de soieries, de fourrures de parfums et de pierres précieuses, et que celui-ci veuille acheter tes vieilles chaussures toutes racornies, c’est que ces chaussures n’ont pas toujours été les tiennes et qu’un autre les portera .

Il te reste alors le chemin, et sois son obligé .

Ne sois plus la victime de ta croyance à être sur lebonchemin. Les grandes choses que nous puissions voir le seront par l’entremise des proches personnes qui t’entourent. Ta femme, ton homme, tes enfants, tes amis, tes voisins, te convoqueront à cesser d’être la victime de l’autre pour t’engager sur la voie de n’attendre rien .

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La simplicité

  Autant parler de moi .

Autant parler des pierres, des fleurs et puis des arbres .

Je leur ai parlé .

O au o se vaega o lenei usoga a le au fai togalaau mai foafoaga .

Ou te iloa e tatau ona e alualu i luma ma ou lima leai, galue i le taimi nei, i le usiusitai i le mea, e faalogo, ma e leai aua le ofuina ni mea faigaluega maualuga .

Ona ou iloa ai lea o le natura e tautala, ma faalogo i ai, Na ou mauaina le filemu i totonu o le mafutaga, o lenei faatasia o le tasi ma le isi, o le isi o se minerale, se laau, se tagata manu po o tagata, po'o se mea fa'alenatura po'o le lagi e sili atu nai lo oe lava .

E mautinoa lava e le tautala le natura poʻo Farani Iapani, po o se gagana faafaatusa, ae ua faailoa mai e “resonance”. Tatou te tuu i tatou lava i se tulaga faatalitali e aunoa ma le faatali, de prière, de contemplation et le cerisier vous raconte une histoire, et le frêne, une autre histoire, et le hêtre une autre histoire encore .

Avec les chrétiens, à Pâque, on touche le mystère de la mort : s’il n’y a pas de mort, il n’y a pas de résurrection. Si j’amène ma petite fille voir l’amande en train de pourrir, je ne lui dis pas : “Regarde l’amande en train de pourrir”, tele : “Regarde l’amandier en train de naître”. Pour l’amande, c’est certainement un moment terrible, mais cette amande donne la vie. C’est le lâcher-prise, l’abandon, la confiance .

Les arbres nous donnent à grandir .

Un jour en me promenant, je croisais un pommier, avec à son pied un petit pommier pas plus haut que trois pommes en train de pousser. Je levais les yeux et vis une pomme pourrie accrochée au pommier. Je compris alors qu’il existait deux morts. Cette pomme aimait tellement sa maman qu’elle n’a pas voulu couper le cordon ombilical et est resté accroché à la branche où elle a pourri sans donner la vie. Une autre pomme, elle, est tombée. Elle a pris le risque d’aller voir ailleurs et coupant le cordon ombilical est tombé à terre ; elle est morte, mais de cette mort est né un pommier .

La nature nous apprend qu’il y a des sauts, des morts, des émondages, des ruptures dans le rythme, une obéissance nécessaire à faire avec confiance afin de retrouver l’acte premier, l’acte créateur .

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