Massive attaque
des chutes de mots
en naissance du jour
flèches de vérité .
Cahotant en chemin
de sable et de poussière
la carriole hoquette
la mayonnaise prend .
Que m'importe les clés
l'avenir n'a de fin
que cette mise en bouche
l'espérance abrégée .
Déversoir à point nommé
le ruisseau sourcille dru
dans le ravin des emmurés
au souple écart d'un flux de mai .
S'en remettre à la vie
tirer fierté du fait exprès
ignorer le piège des offices
être l'élu inconnu .
Un sac pour cela
les mailles laissant passer
la mousse et l'élixir
de tant et tant d'amour .
A cru sur le dos de la rosse
embrasser la queue du mickey
en descendant la pente herbue
jusqu'au torrent des attentes .
Sceller la lettre et l'esprit
appel d'une nuit d'ébène
ouvrir la talentueuse bedaine
... de neige fine .
273
Ҳама паёмҳо аз ҷониби Гаэл Жерард
l’intelligence du désir de vivre
Cette nuit à venir
à vivre en chair et en pensée
à renverser les murs
pour se faire comprendre .
Se recentrer est au carrefour de belles conquêtes .
Faire apparence est putréfaction annoncée ,
levée de la porte infernale ,
artefact des anciens désastres .
Attention
le nom imprononçable
est ce tombeau mouvant aux multiples entrées
bouleversant l'homme dépenaillé .
La conscience de l'existence
accueille l'approche du réel .
Donnons à l'amour
de quoi fabriquer l'amour .
Soyons transparent .
Vidons nos larmes acceptées
Restons amoureux .
L'humanité ,
les dieux et leurs rites se rappelant à nous .
Ayons le regard vif
porté sur un monde vivant .
Sortons de l'abîme .
Créons par le cri
les étoiles nouvelles .
Nos sanglantes blessures
nous mènerons vers le langage ,
où vivre la raison en haute mer
et nier toutes croyances .
Devant l'intelligence du désir de vivre
soyons le coq des horizons avant-tracés
qu'une vie entière
représente , foi figée et instable ,
en guérison de nos paysages intérieurs .
Il m'est donné d'être .
Aux modillons du chevet le bestiaire nous est offert
frais et agreste en ses arrangements floraux ,
un seul geste ,
... Ecoute enfin ....
As-tu songé à être libre ?
271
À point d’heure en marge

Les cris des frères et sœurs qui s'étreignent
en rondes chaleureuses
aux marges d'été
des mains maigres pommadent la pâte
de fleurs des champs
nuages pommelés
trouant leur manteau de pluie
pour une écoute singulière
et bondir sur le râble
des minérales églises
que le miroir ausculte
étrange retournement
à point d'heure
d'entre les brûlantes paroles
lentes poussières dévalant le rai de soleil
l'odeur emplit la pièce
il n'est de politesse
que formes vivantes et blessures saignantes
sons et lumières à l'unisson
l'œil bibelot délivrant la cohorte du langage
saisissante sangle
enserrant le mystère irréfragable
invisible errance
traçant noir sur noir
au carrefour des conquêtes
le signe du partage à venir
sur le sac de toile
à bout de bras tenu
en guise de viatique .
269
Sylvain gérard . кор 4 – flûte andine pour un cosmonaute
Силвен .
Flûte andine à la sortie des garages
petit homme droit sur ses appuis
la bouille chafouine
et néanmoins indéfectiblement optimiste
ça balance et ça revient
cette verrue sur le nez
partie en espace
de ses harnais les tuyaux de l'air
montrent la piste du caravansérail
où s'arrêtent les chameaux de l'obscure évidence .
Elles balayaient devant leurs portes
les flèches pointues de la dérision
irrésistible amour
de tes genoux sensibles
Ô mon amour tamaris aux yeux doux .
En conversation avec la paresse
nous fûmes nus
haletants devant le grand désastre
le carnage jusqu'à la moelle
par dessus les gouffres
en agonie
les fossés comblés
par l'âcreté des égouts refluants.
Puis le temps à contre-jour fît le reste .
Le corps dénié nous éloignât
sur la pointe des pieds
père et fils morts
les oiseaux replièrent leurs ailes
plus vite se succédèrent
la forme et le sens donnés à la vie
mains et lèvres plaquées contre la vitre
à murmurer la table de multiplication
sur la buée des cœurs froids .
Mon enfant
les portes et fenêtres sont refermées
l'abîme contient le germe
des boites sans frein et sans refrain
éclatées à coups de burin
mes doigts en sang
agrippant la gouttière
ce tabernacle des eaux ligneuses
exposées au vol des étourneaux
emmenées déposées
sanglante beauté
puissantes enjambées finissant à cloche-pied
sous le pont de Grenelle
à ramasser quelques boulets de charbon dans le grand cabas noir .
Ô fils
au fil à fil
des statues de sel
que trouble la parole perdue
d'entre le visible et l'invisible
un pas sec cadenasse
le passage pneumatique de ton fauteuil roulant .
270
( Dessin de Sylvain GERARD )
Dis ! que vis-tu quand tu vis ?

Je vois, j'entends, je sens, je touche, ma gorge est sèche, il fait bon chaud . Le jour est mouillé de rosée, la lumière est blanche, les feuilles fraîches des arbres en printemps sont affamées de beauté . Et je change, à chaque seconde je change . J'évolue, je chevauche à hue et à dia le souffle de l'univers, et le monde change en moi . Je bois la résonnante transparence, et je transmets . Ma mission est de faire passer ce qui est au hasard de l'étincelle bâtisseuse . Patience, patience, mes os craquent les greniers se vident, la parole ouvre l'orifice de la gorge, je tends les voiles du coutre princier, et parfais le donné . Mon corps . Et c'est une chance que d'avoir un corps . Le corps de l'océan aux bulles d'air rendues, et c'est une chance d'être en tension aux estuaires de l'aube éternelle . C'est par la pratique personnelle, à contre-pied des accroupis de l'ombre , que rencontrer la froidure du matin, ouvre le cri de vie loin de l'amour-néant qui fût le notre . Mon être le plus cher, ce monde qui est en moi, plus grand que moi, l'autre moi . Je suis à toi . 268
Tendre la main vers le reflet vivant

Aimer ne pas dire cet horizon cette couleur , Ne pas saisir le téléphone et te connaître que par la douleur de l'absence . La nuit , aux sources mêmes du préjugé et du repli , Errer par temps de pluie sous l'orage de sang à se remémorer la plainte et le reproche . Bulle d'air éternelle tendons l'oreille jetons un regard autour de nous , Accusés de finitude triste l'avenir nous concerne nous les pourvoyeurs du dialogue avec l'autre . Aimer sans même offrir la marguerite et le bleuet sans même croquer le fruit des conflits sans le mot de bienveillance sans faire le premier pas . Garder en soi le souci rebelle d'une malle aux souvenirs que n'ouvre la conviction cadenassée au risque de vivre l'irréparable . En silence , le front contre la margelle du puits offrir le ciel et les étoiles , ба инъикоси зинда даст дароз кунед , cette grâce d'être en responsabilité . 267
Peindre ses fenêtres à l’encre bleue

Тирезаҳои худро бо ранги кабуд ранг кунед.
Чангчаи дарахти хокистарро нигоҳ доред.
Suivre les gouttes d'eau tomber du toit.
Бо ишора ба паҳлавоне, ки дар болои кӯҳи боғ нишастааст.
Puiser l'eau de la fontaine dans les seaux de zin.
Барретро ба мӯи худ гузоред.
Escalader le tertre exposé au vent du nord derrière la
maison.
Пойҳояшро ба поруи тару тоза тар кунед.
Дар бораи кулоҳҳои пашмин фаромӯш накунед.
Après l'orage faire naviguer les bateaux d'écorce de pin
sur la flaque d'eau.
Surprendre les grands parents évoquer au coin du feu mon
père et mes oncles.
Наскро дар табақи калони қаҳваранг ҷудо кунед.
Интихоб ва хӯрдани чормағзи гарм.
Ба санги зери тирезаи панҷара нишинед.
Канноди баргро дар прадоу тайёр кунед.
Чидани алаф барои харгӯшҳо.
Дастакро интихоб кунед.
Дасти худро бар чарми ноҳамвори говҳо давонед.
Ба чашмони калони ғамгини онҳо нигоҳ кунед.
Баъзан, бо онҳо гиря кунед.
Revenir de l'abreuvoir par la côte en tenant la queue de
la Mareuille.
Ба сагҳо хотиррасон кунед, Рикет ва шампан.
Гӯш кунед, ки барруи оҳанӣ ба тренераш ғарқ мешавад .
Гузариш ба кафедра бигирад панир зери шифт.
Обоварди калонро бо пирожни нон кушоед.
Бирав майро аз бочка бар сӯрох кашед.
Он роҳи тӯлонӣ ба калисои якшанбе.
Le cadre de grand-père chargé de ses médailles
militaires.
ман намедонистам , Ба ман нагуфтанд.
ки калонхо бояд хурдтараконро гамхорй кунанд.
Ман ба интиқоли ҳатмӣ меравам.
Клепсидраи вақт баръакс аст.
Хомуш.
Cette levée de poussière provenant de la route en terre
battue.
Дар шамолҳои сахт секинҳоро барои парвоз кардан омода нигоҳ доред
Ба велосипед савор шавед.
Disparaître dans la forêt de Laroussière entre pins et
genévriers.
Сухани шамолро бишнавед.
Дар каденс.
L'horloge frappe le temps de son battant de laiton
brillant comme un sou neuf.
Вақте ки ман ба онҳо занг задам, онҳо рӯй нагардонданд.
Hors la brume matinale émerge la mise en demeure de nos
ancêtres.
La terre se craquèle.
Тавассути рахнахо хотирахо баланд мешаванд.
Ман себро газам.
Дарахти себ ба сояи ман хам мешавад.
Elle parle de ces cendres répandues sur le pas des
portes.
Охирин фарёди ишқ дар беруни утоқи либоспӯшӣ.
Дар майдони сутунхои рост.
Дар рохи маргзори сабзу хуррами наслхои оянда.
Fleur parmi les fleurs le soleil ouvre et ferme ses
corolles fraîches.
La Lande de ses herbes rêches presse nos têtes contre son
sein.
Дар дур чопи куххо.
Роҳбарият аз Cantal, le Puy Mary.
Ангелус садо медихад.
Дар пеши садохои хомуш ангуштони мо хамрох мешаванд.
Vienne le temps de changer l'eau des fleurs.
265
танҳо ҳаваси будан
Au fripé des vaguelettes
le pare-vie obscurcit la vision
de coups de balai cinglants
pleurent les pierres sages .
Un vent agite d'un amble puissant
les membrures arbustives
s’agacent des gouttes d'huile
creusant les visages grimés .
Finissent prostrés les arpenteurs
aux miroirs redondants ,
de mise en séquences ,
brutale est l'attaque élémentaire .
S'essuient le museau
les chiens babines relevées
à la croisée des chemins .
Se groupent les enfants
sous la canopée
forts d'une frayeur dominée .
Les sons hurlants
deviennent charivari
en l'effilé du rêve .
Tout se tient ,
les gens ,
les esprits de la nature ,
ces voix déraisonnables ,
l'enseignement direct .
L'odeur de terre chasse la poussière ,
la peau ouvre ses lèvres ,
des nuées pisse dru le lait des dieux .
Le visible devient invisible ,
l'invisible devient monde visible .
La création est rebelle sous son masque ,
la création est belle ,
l'essence exhale un doux chant ,
je suis muet ,
la guérison opère .
Une pipe allumée ,
j'offre mon âme ,
et me tiens debout ,
en lui ,
en mon intime ,
aux confins des morts et des vivants ,
juste le caprice d'être .
266
Sylvain Gérard. кор – 3 – Le singe pensant

Ligne de partage des eaux entre l'homme et la bête passe le flux des pensées muettes sa grosse patte par dessus le souvenir en élargissement d'être à effleurer la flamme unifiante . Gare au monstre pulsions et fantasmes assortis en chacun de nous offrir la pulpe amère au plus offrant des passants de l'éveil . L'homme au chapeau et lunettes Harold Lloyd réincarné bredouille de ravissement la fleur en bandoulière les onomatopées d'une marche nuptiale vers l'autre rive apparue . ( Œuvre de Sylvain Gérard . ) 264
Eloigne toi et me viens

A l'origine , Le contact avec les puissances de l'esprit , Une porte béante , Un bouche à bouche avec l'éternité . Je conjure à sang frais Le couteau dans le ventre de mon fils , Pharaon des orages à venir . J'implore la grâce En repli de l'enfant éteint , Que claque le briquet Au sursaut d'une dernière nuit Sans bagage Avec l'infini pour ciel de traîne , Ma vie au creux des vagues froides , Le crêpe du deuil , Sur la plaine des silences Que parcourent à petits pas Les saintes femmes . 263