Arhive de categorii: Mai 2022

Cei cincisprezece din cincisprezece

A venit ziua
apoi noaptea apoi ziua apoi noaptea
groapă fără spirit de iubire și vertij
conurile și tijele Visionului
în primirea melodioasă
de ceea ce ne udă
Cyclopede și companie
în pas cu viața.      
 
Pour un mot pour un tout   
la mort fût admise   
comme monnaie courante   
même jointe à la lune   
sous le panache des fumées   
que crachaient par saccades sèches   
les trublions de la sidérurgie   
sur un air de bien entendu.      
 
Les cloques et claques   
des sabots de bois bouchonnés de paille   
arguaient de la neige à déblayer   
aux portes de l'étable   
pour que passage des bovins   
puisse se faire au cas où   
le tombereau sortirait   
chargé d'effluves nocturnes.      
 
Il y avait du paraître dans l'Être   
et du court bouillon dans l'âtre   
quand sur le parquet aux lattes disjointes   
le père se tenant immobile   
la clope au coin des lèvres   
suscitait le passage des anges   
silence propice   
au claquement sec des coups de l'horloge.      
 
Victor s'appelait Jean-Baptiste   
du côté de Verdun   
il s'était couché dans la boue   
le visage maculé les yeux grands ouverts   
sous le ciel bas et lourd   
ponctué par la mitraille   
œuvrant à qui mieux mieux   
dans les boyaux de la tranchée.      
 
Pe a cincisprezecea a cincisprezecelea
sunt flori
că un De Profundis de altfel
nu puteam spune același lucru
vântul care bate sub ușa podului
o astfel de pasăre de faianță ciripind nebunește
în aceste vremuri de mizerie
în aceste vremuri de întoarcere la război.      
 
 
1053

Comori în inimă

Amants de profil    
de subtile manière enlacés    
vous fûtes branches à fleurs de printemps   
à fleurs de mots   
signant d'une geste grave   
le bleu d'un ciel délavé   
que les ruminants    
marmonnent avec détachement.      
 
Clopote de oi
pe draille leneş
pietre de granit trasând limite
între ţesuturile căilor parcurse
și țara narciselor
cu elan aromat
încununat de cântecul lacului
miroase a privirea ciobanului.      
 
Istoria a început din nou de secole
acea amintire cuprinde
cu o împletitură de cardabele
pe orizont
având în vedere şuieratul aerului
împotriva lacrimilor din stâncă
ca registru de primire
suflete care trec prin pământ.       
 
Cil à cil   
la paupière s'ouvrit   
grave et mélancolique   
sous les doigts de l'aube   
prompte à décoller le millepatte léger   
de sa dalle d'origine   
derniers émois d'une énergie   
provoquant dislocation des trésors de pacotille.      
 

1052


Ridicarea vălului

Il était derrière moi   
l'homme de Vitruve   
qui m'accompagne   
à me porter la rose   
la rose si précieuse   
du temps retrouvé.      
 
Pour peu j'allai rejoindre   
ma sœur la maladie   
me fondre dans le décor   
moyen d'entrer en relation   
avec la Relation   
et chose étrange me retrouver là.      
 
Il n'y a plus de Maître   
sur le chemin d'attention   
où présent à ce qui est   
la source jaillir de la montagne   
ourlée par l'éclat   
du minéral des quêtes éternelles.      
 
A contempler le ciel étoilé   
comme un Être qui est Moi   
j'écoute et suis le disciple   
de cette altérité innocente   
mon enfance des cours d'école   
à portée de voix du monde clair.        
 
Et je suis l'Eau   
dans le secret des bulles scintillantes   
frémissantes caresses   
accomplissant sur la roche grenue   
la phrase et le mot   
en prolongement de la berge conductrice.      
 
Et je suis Feu   
j'embrase et disparais   
dans la gerbe d'étincelles   
où tout se sait    
de l'implacable lueur   
au Vide des origines.      
 
Levé de bonne heure   
par vent frisé des premiers chants d'oiseaux   
j'ai partagé les gains de la nuit   
dans l'ombre de la liberté   
pour me fondre en Visage   
et atteindre gratitude.      
 
Eviter cette présence à Soi   
et c'est la Réalité qui se donne   
pour constellation des sens   
faire lien avec l'Incréé   
au Souffle d'une Conscience consciente d'elle-même 
propice au Rien des choses Venues.      
 
 
1051

L’élan de vie

Naine et fragile   
dès sa venue au monde   
elle n'avait d'yeux   
que pour les cieux.      
 
Urgemment disposée   
à la porte des mariages   
elle s'était remise à l'ouvrage   
frappant le carreau de ses doigts.      
 
Le cliquetis faisait se retourner les pèlerins   
comme neige en printemps   
la dentelle s'envolait   
telles cloches de l'instant.      
 
Même prise au dépourvu   
elle dansait les signes de la passion   
en faisant sienne la saisie des rameaux   
que le matin découvrait en clair.      
 
L'espace d'en haut   
renvoyait les couteaux   
lancés à la volée   
contre les murs gris de l'oubli.      
 
L'espace d'en bas   
d'obscurité paré   
ouvrait tout grand    
ses bras branchus.      
 
Le peuple des elfes   
cliqua sur la touche "fin"   
pour frissonnant des ailes   
suivre les variations du Réel.      
 
Libre et insomniaque   
la mère des batailles et des naissances   
évoqua les miasmes de la redite   
dans l'orbe d'un jour nouveau.      
 
Hasta luego   
l'ampélopsis entre les dents   
répandre parfums et chevelure sur les pieds aimés   
fût l'ultime braquage de l'esprit.      
 
 
1050

Voie libre

M'oblige et me contraint   
cette force du dessus   
à couvrir de ses réalisations   
l'abouti de l'ici et maintenant.      
 
M'agrègent terre à terre   
les solidarités et arpèges   
musique d'antan   
celle des ventres fumants.      
 
Pour plus de générosités   
me suis mis sur mon 31   
moi le craintif des conflits   
essence même de la société.      
 
Entre l'ordre et le mouvement   
en pointe toutes   
j'ai rivalisé d'analyses   
sans tomber dans le cauchemar.      
 
Les rails se sont rejoints   
vers la forme blanche du destin   
en passant par la Lorraine   
sans sabots ni dondaine.      
 
Marche à l'ombre des peupliers bruissants   
calme l'émoi des choses pures   
pour sagesse des contes d'autrefois   
évoquer déchirures à colmater.      
 
Ploie et me désire   
rose sans pourquoi   
à même la vie éternelle   
parsemer d'étoiles le ciel de notre ignorance.      
 
( Peinture de Frédérique Lemarchand )
 

1049

La poésie c’est tout

La poésie claque les é et les i   
sur le présent   
à pleines dents de ce qui est   
à portée de sens   
à portée de fusil   
tirée en rafales    
sur les cibles de l'imaginaire.      
 
Le poète farfouille   
farfadet de l'instant   
sur la terre noire   
des occupations malodorantes   
d'envahisseurs qui sur le tard   
ont amené le char à voile   
sur les plages du débarquement.      
 
Le poète ne rêve plus au grand soir   
il enquille les étoiles   
à la lueur de l'aube   
pour battre campagne   
avec les problèmes du jour   
la douleur des disparitions   
et faire chansons du mal-aimé.      
 
Parfois le poète range ses outrances   
pour se faire à l'idée qu'il n'y a rien à faire   
qu'on ne commande à la nature   
qu'en lui obéissant   
et qu'à tout casser   
cors et trompettes valent mieux   
que le silence des agneaux.      
 
Brave poète   
plein d'assurance d'être par ailleurs   
aigle maraudant en montagne   
fouilleur de la vie   
fomenteur de querelles entre le vent et l'âme   
abandonneur des tourniquets de l'instinct   
pour devenir passant discret du sans-souci.      
 
 
1048

La nurserie

Pomme séquoia   
devant la nurserie   
avons bu le thé   
au bas des escaliers.     
 
Phil et Mich   
tout auréolés par la bifurcation   
devant la lune   
le chêne avait ses druides.      
 
Quant à la haie du jardin   
se sont pressés les impétrants    
devant les verdures arborescentes   
des tableaux de Michel.      
 
Les candélabres allumés   
dans un ciel plein de sortilèges   
une odeur de chair brûlée   
au message inaudible.      
 
Un paysage un vrai   
pour le repos de nos yeux   
avec le rire de Dieu ou des hommes   
dans un linceul cousu aux deux bouts.      
 

1047


Petit bonhomme

Formellement recroquevillé   
dans l'allée centrale   
pour un aller simple   
sans affectation particulière.   
 
Il relevait de la parodie   
en mettant bas l'enfant lion   
moment carnassier   
de l'instinct en reproduction.      
 
Il s'en été aller   
LUI le petit bonhomme   
avec ses roues caoutchoutées   
sur la plaie béante de la vague.      
 
Plus de petit bonhomme   
la vie l'a happé   
et sa mémoire   
reconstruit l'ordre du passé.      
 
Un corps avec son sexe   
et le tour est joué   
pour un détour par la grand roue   
d'une aventure sans métaphore.      
 
Point d'exigence morale   
à la portée d'un couteau de cuisine   
il a tranché le hasard   
qui l'avait fait naître.      
 
Tout est histoire   
de l'écriture au souvenir   
les pas lents du poète   
retrouvent les sensations intimes.      
 
D'une honte l'autre   
le plus effrayant est de se croire seul   
quand on ne marche pas verticalement   
et que l'on pense vivre par images.       
 
Le premier choc passé   
pourquoi ne pas avoir demandé   
la Forme raisonnable   
de ne pas avoir été là.      
 
Dégager le trop plein   
fermer la porte du cabanon   
trouver sa place   
cette crainte de ne plus parvenir à écrire.      
 
Et si l'âme rencontrait le corps   
sera-t-elle encore le ciel de lit   
du livre d'heures   
des pensées endormies.      
 
Il faut de l'ordre   
et du désordre   
pour faire politique de contestation 
de ce qui est.      
 
A fi, je ne peux pas faire mieux   
qu'être juste, là   
en acceptation de ma venue au monde   
alors que je ne cesse d'avoir un soleil dans le ventre.     
 
Se sauver   
traverser les générations   
porte Forme   
sans trace du Souffle.      
 
C'est que je devais être destiné   
d'aller jusqu'au bout   
mû par le désir   
de dire certaines choses.      
 
La rupture brutale d'avec le monde   
permet la sophistication   
élan discipliné   
pour une quête orphique.       
 
Je crois au hasard   
mais à celui de ce qu'on en fait   
afin que le reste vienne   
de surcroît.      
 
Les mots seuls   
peuvent convaincre la mémoire   
d'être le scandale   
à faire avancer les choses.      
 
Des éléments saillants   
font signes pour la liberté   
de retrancher la gens humaine   
après tant d'années passées à fuir.      
 
Vivre   
c'est mourir un peu   
quand les mots retrouvent   
la reconstruction vécue du passé.      
 
Je cède place   
à qui saura me dire   
qu'il vient de loin   
porter la parole interdite.      
 
 
1046
 

Enchevêtrement

Le monde de la nuit   
au tic tac de l'horloge   
draine le cœur   
des acouphènes   
paraphant les doutes et douleurs   
du pauvre laboureur   
dans un imbroglio de connections      
à dépouiller le son du dessous   
pour grapher le son du dessus.      
 
De ce monde inventorié   
au Guinness de l'art minimal   
subsiste en ouverture  
la présence des rêves   
brouillés par la clameur des bavardages   
aux vestes brunes de l'esprit   
enrubannées des satisfécits   
de la distribution des prix   
du temps de Jean-Baptiste.      
 
Il y avait    
la mer se retirant   
sur le sable   
les tresses de cheveux des tondues   
crinière chevaline   
disparue dans la déferlante    
au contact de l'air et des surgeons de l'éther   
rassemblés moitié mystère   
moitié perle sombre des écueils.         
 
Au levant le rose pointait    
d'une odeur d'algues vertes    
effet de langage   
tendant sa bouche pleine   
de bulles de méthane   
au raz des cabines de bain    
lors dérivait à l'horizon   
le véliplanchiste criant au loup   
devant la vague sublime.      
 
Lui répondaient   
les coups de sifflet de la sécurité   
histrions présumés de la Relève    
perpétuant aux portes de la cité   
la peur des envahisseurs   
clique claquant de leurs bottes ferrées   
les pavés humides des ruelles sombres   
aux odeurs pestilentielles   
à couper la gorge du sans masque.      
 
Pas loin de là   
sous les dorures de la raison   
en proie aux impatiences de l'attente   
Petit Pierre guettait   
les dernières palpitations de la bougie   
compagne des veilles tardives   
passées à tordre le cou des insanités de l'oubli   
hommage rendu à celui qui à fond de calle    
chérissait le petit caillou blanc de blanc.      
 
 
1045


Le Don de la Vie

J'ai baillé   
sans me la bailler belle   
là   
en cet instant d'après l'effort   
se trouver dans le Rien   
entre ciel et terre   
à contempler l'entre-deux   
entre l'avant et l'après   
cette pleine disponibilité à Soi   
en train de se faire   
mais pas encore
dans l'interstice de la vacuité   
sensible au Souffle   
face à l'inconnu, à l'innommable, à l'irreprésentable   
face au silencieux, à l'ombre, à la claire lumière   
cette approche de ce qui fait tourner le moteur   
au Don de la Vie   
entrer en Relation avec la Réalité   
cette Présence de l'entièreté   
de la montagne au coucher du soleil   
tout autant que celle du Visage de l'Autre   
non réductible à soi   
mais qui me projette dans l'Ailleurs   
dans cette Présence qui m'accompagne.      
 

1044