Kategoryargyf: Mars 2021

Myn oanpak

Gaël Jean-Claude GERARD wie in heechlearaar Skiednis en Geografy, earder, Gestaltterapeut en fotograaf.

Hy is ek dichter en is as sadanich in wurdarranger wurden, yn sêftens, yn frijheid en op syk nei wierheid. It poëtyske gebeart kin allinnich op in paad fan iensumens betocht wurde, eask oangeande foarm, fan krêft yn 'e betsjutting fan jinsels oertreffe, ljochtheid yn oanpak, dimmenens yn postuer en fêsthâlden yn ynspanning.

De dichter is der net om syn ik te befredigjen en ek net om te gean mei ien of oare konvinsjonele foarm. Il est un révolutionnaire dans la mesure où il balaie l’ordre et l’observance des habitudes de son temps. Il est un traditionaliste dans le respect qu’il montre à l’égard des anciens qui ont tracé les sentiers de l’aventure, perpétré les exercices de haute voltige de la prise de risque de la nouveauté, creusé les tunnels de l’ombre intérieure et lancer les ponts de la rencontre rugueuse avec autrui en franchissant avec force et détermination les vallées de la facilité.

Le poète aime la vie. Les joies et les peines sont le pain et le vin de ses transgressions coutumières. Il n’a de compte à rendre à personne. Peu importe que l’on se gausse derrière lui, il porte le masque des acteurs du théâtre antique seul habilité à converser avec les Dieux.

Et si parfois les chiens sont lâchés, que sa parole le dépasse, il la laisse filer vers des terres inconnues et farouches pour ensuite tâcher de composer avec les tenants et aboutissants de cette errance expiatoire ô combien nécessaire à des fins d’expurgation de sa navrance et d’adoucissement des barrières de l’oubli où l’entraîne vigueur et intuition.

Son attention l’oriente vers des orées, des imprévus, des intersignes, des analogies, des correspondances. Le poète ne peut être qu’un nouvel argonaute, un artisan du cœur pour lequel tout n’a pas été encore dit.

Ses mots sont de braise quand il fait froid et de glace lorsque le temps est à l’orage. Ses mots le prennent à revers, palpitent, giclent, glissent, hurlent, geignent et clament sa foi en l’humaine condition pour ensuite s’adoucir devant la tenue des “Mystères”, des offices et liturgies qui font se pâmer de douleur et d’aise les reposants de la langue vermeille, langue des druides, langue de Dieu, langue inouïe et imaginale des questeurs d’absolu.

Le mots n’ont pas de sens s’ils ne sont pas vécus intimement, s’ils ne sont pas pesés à l’aune de ses douleurs, à l’aune de l’enfance éternelle.

Sa vision est millimétrique et apocalyptique. Le temps et l’espace, bien présents au demeurant dans son existence quotidienne, sont intégrés dans son tempérament globalisant. Tout est là, à portée de perception, à portée de plume et l’agencement des éléments qui le bombarde par temps de chute de météorites devient à froid affaire d’acceptation, de discrimination, d’effacement et de rangement bien plus que de hasard. D’ailleurs pour lui, le hasard n’existe pas et ce qu’on appelle rencontre fortuite, coïncidence, paradoxe, synchronicité sont des traces mnésiques affluentes du passé et promesses d’un avenir imaginé marquées de la vision, du sceau de la réalité.

Les sons et les couleurs, les rythmes, les musiques et le sens même des mots sont le tutu des danseuses de l’Opéra du temps d’Edouard Degas. L’arc-en-ciel des impressions mijote en de multiples possibilités que l’avidité de l’expression ne sert pas. Le poète attend, il patiente assis sur son céans guettant l’ouverture d’une fenêtre de lumière dans le nuage de poussières qui l’aveugle, qui l’encombre, le complaît et par lequel il respire. Alors il jaillit, il naît, il voit.

Le poète n’a pas de pierre où reposer sa tête. Les étoiles lui tiennent lieu de bougies de Noël. Son engagement est ailleurs. Son sommeil est plongée en apnée. Et quant l’aube point, elle n’a pas toujours les doigts de rose. Les remugles sont là et l’enfant qui naît alors est marqué par le trait de la souffrance. Il est alors possédé par le désir inexpugnable de connaissances et l’obligation de clamer ses rencontres en beauté – mandorles de son onde porteuse – haut et fort à la face du monde des humains tout autant que dans le désert ou dans l’absolu. L’enfant-poète se laisse sculpter par ce qu’il n’est pas encore et son entendement ne peut être qu’une expérience poétique et métaphysique.

Son père, sa mère, ses fils et filles sont le jeu d’une filiation que la coupe levée haute sur le parvis du temple honore aux quatre vents de son destin l’appel de la nuit, du jour, de l’amour et de sa finitude.

Il n’est d’avenir que la marche du pèlerin de l’âme sur la voie lactée.

S’il se souvient, ce n’est que pour se marier avec le temps qui passe, avec l’oiseau sur l’arbre, le sourire d’un autre homme, d’une autre femme, d’un enfant, avec le tonnerre qui gronde et la pluie qui le nourrit. Un temps pour chaque chose. Il est le temps qui passe. Il est l’oiseau sur la branche, il est le tonnerre et la pluie. La contemplation des saisons qui tournent autour de lui le réjouit. Couple fécond que forme le poète, ce prophète-enfant-artisan, en contact avec son environnement.

Alors le silence peut s’établir, un silence fait de l’effacement de l’œuvre. Un silence au profond de notre univers qui continue sa course, inexorablement.

Ici, sur le site ” regardauvergne – la présence à ce qui s’advient “, des textes et des photos sont associés.

Les textes ont des saveurs variées. Certains sont des synthèses et réflexions sur des sujets actuels et les perspectives de recherche qui animent notre monde d’aujourd’hui. D’autres sont plus personnels et traitent de mes tentatives pour faire sens dans mes relations. Et surtout la plupart d’entre eux proviennent de ce qui s’advient en résonance poétique dans l’ici et maintenant où je suis. Au travers de ces derniers il y a jaillissement de la présence sous une forme multiréférencée et même ébouriffée qu’une certaine conformité de clarté et de rigueur dans l’expression phrasée ne saurait que partiellement convenir. In sluier sil altyd bliuwe. In sluier dy't de traagheid dy't nedich is foar it ûntbleatsjen suveret fan elke kuierjen.

De foto's komme fan in paniel dat earder konstituearre is yn it fleurige omdoarmjen fan de kuierder, dreaun troch de soarch om te observearjen, moatte, fiele, om yn resonânsje te kommen en it fotografyske objekt te tsjinjen yn in frame makke fan struktuer, fan materialen, fan ljochten, fan geometryske prinsipes en emoasjes om de gag fan wurden te omseiljen wêrfan wy te faak de ûntfanger binne. De foto's lizze stilte op.

De assosjaasje fan in bepaalde foto mei in spesifike tekst is mysterieus. It falt net ûnder de yllustraasje ek al kin der soms in bepaalde oerstallichheid ûntstean, mei finesse en humor. De foto en de tekst treffe elkoar en út har kontakt kin in tredde diminsje ûntstean, ien tredde ynbegrepen, in oare natuer dy't ús ropt ta in rebound fan refleksje. It is troch dit yn-tusken, dans cet espace vierge de piétinements où surseoir à l’arrivée d’un sens hâtif qui peut scléroser l’entendement , que nous ouvrons notre cœur et permettons la rencontre avec le cœur de l’autre. Une bouffée d’air nous donne alors le courage d’avoir envie de vivre davantage et de nous projeter dans l’émerveillement.

Rassemblons-nous, soyons les officiants de la beauté. Il se pourrait que le maçon que nous sommes ait besoin de chaque pierre pour construire cette présence à nulle autre pareille : l’amour, l’amour doudou, comme celui qui prend soin de l’autre et celui qui construit l’avenir.

De grutte misjonaris triennen

 
 
 Mei har bleate earms    
 froulju omjûn de wrâld    
 lûd en dúdlik te ferkundigjen    
 de burleske fan situaasjes.        
  
 Min foar harren    
 omdat Guignol folge troch syn hantlangers    
 begûn se te efterfolgjen    
 yn 'e grutte seal fan soarch.        
  
 Moast se sjen    
 dy grêfhearen fan 'e skuorre    
 harsels útinoar te skuorjen sûnder dat har tsjuster lijt     
 ûnder it fergulde fan it Sportpaleis.        
  
 By it taryf fan oanfallen    
 ferline en takomst    
 wat sille wy sizze oer messaging    
 makke behearprinsipes it skarlaken gebaar.        
  
 Wolle jo witte hoe't jo weromlûke út it backwater    
 froulju syn lichem    
 wylst ferrotten op 'e tinnen dakken    
 de oerbliuwsels fan harren bern.        
  
 Smoargens en griis fan net sein    
 hja bigounen hjar manen to tellen    
 hingjen oan de fette peal    
 foar de Rite of Spring.        
  
 Falsk stutsen mei pailletten    
 dizze geastige dames ruilen harren resepten    
 wolwêzen tinken oer gribiche saus    
 at vert-galant yn it swarte bosk.        
  
 Yn 't skom smiten    
 harren lichems sande ticht    
 foar de amaranth dessert    
 ein fan seizoen liften.        
  
 Kwam ûnder de tafels wei    
 it turgid orgaan fan swashbuckling    
 as de sierlike muzen    
 begûn te snijen yn plakjes.        
  
 Sâlt, peppery en simmering ta folsleinens    
 wy hienen de eare om de ein oan elkoar te heljen    
 op 'e metallyske piano fan 'e Hillige Geast    
 harkje nei de bestimde himel.          
  
 Bûge gesicht nei ûnderen    
 de rebellen en de hofmakken    
 witte hoe te knypeage    
 by reinich waar.        
  
 Yn dizze steat fan absolute ûntstean    
 trim, ferfynje, suverje wie essinsjeel    
 grutte triennen te fieren     
 de net kontrolearre pylk fan 'e Mission.        
  
 761 

It wie sinneskynwaar

 
 
 It wie sinneskynwaar  
 l'aube écartait ses lèvres d'une fissure initiale   
 je m'étais levé de bonne heure    
 et les sorcières dormaient encore.               
  
 Me mis en habits du dimanche    
 la tête fraîche   
 le corps et les sabots suédois sur le qui-vive    
 avec le projet d'aller y voir.        
  
 Mazette que cela    
 la grande armoire à glace    
 je l'avais ouverte    
 pour en extraire un vieux gilet trop petit.           
  
 Il y avait de la gourmandise       
 mais la partie était trop belle    
 aussi me suis-je rendu    
 à cette rencontre familiale en Quatre ailes bleues.        
  
 Empreint de l'innocence de l'enfant    
 et de la casquette de postier du grand-père    
 la route avait été tournicotante    
 à grands coups de klaxon dans les virages.        
  
 Ce que je voyais   
 c'est moi qui le créais        
 dans son cocon de vieilles images    
 avec point trop de consistance.    
  
 Je me suis arrêté en bord de route    
 à hauteur des bois noirs    
 dans la fraîcheur de l'altitude    
 et là ma sphère de contemplation a vrillé.        
  
 Plus de reconnaissance du passé   
 en capilotades les hardes étaient au fond du coffre    
 nu je vous dis que j'étais nu    
 et ma peau brillait dans le petit matin.        
  
 Quand à savoir où cela me menait    
 ce n'était pas de mise    
 mes cartes routières s'étaient envolées
 et le projet initial aux abonnés absents.        
  
 Le paysage était bien là    
 et c'est moi qui le regardais    
 cet écran là qui provenait bien de quelque part    
 et qui faisait irruption avec une multitude de détails.
  
 Je tournais la tête    
 de quatre vingt dix degrés    
 les bords de route étaient sombres    
 et mon regard-laser perforait l'espace.        
  
 Je le vis    
 le pourquoi du comment de la chose    
 l'insecte poilu au bec noir    
 et tout fût résolu.        
  
 de "Terrestre" était en place
 tout conspirait à ma respiration
 mais comment reconnaître et comprendre
 avec quoi j'étais confondu.



 760
    
        
  
 

Wat Tiid ôfwiist en bocht

 

 Les écrouelles que le temps rejette    
 à la corne de l'Afrique    
 ont l'attrait des recommandations concrètes    
 qu'Arthur engagea.        
  
 Plus d'attelage construit pour l'avenir    
 plus de repli identitaire sur son pré carré    
 il y a cette étrange maison connue    
 rassemblant les êtres en marge des principes.        
  
 Tout tourne dans le maelstrom    
 les noyés ne se ressemblent ni s'assemblent    
 parmi les débris où surnage la barrique    
 pour l'Unique homme de l'Espèce.        
  
 Certains sont aspirés vers le fond    
 d'autres servent de bouée de secours    
 pour que le monde devienne royaume    
 de mal en pis selon la courbure du Temps.        
  
 L'Ecologie est poussée    
 dans les excavations de la tradition romantique    
 l'Ecologie ne tracte plus    
 hors les foucades visitées par le concert politique.        
  
 Aussi j'ai repris le commerce d'antan    
 derrière l'Ecologie et l'injustice sociale    
 pour jongler entre la Nature et les intérêts humains    
 car au paradis du militantisme tous les loups sont gris.        
  
 Entre le libéralisme et le repli sur soi    
 je me suis porté en effraction    
 et basculé la ligne de front    
 du Gauche / Droite chargé d'affects.        
  
 Georges vira de bord    
 par décoction mentale    
 où tout était permis    
 fors l'honneur.        
  
 En fond de forge    
 détachons-nous de la régression    
 dont les chants de trahison et d'abandon    
 culminent avec la réaction.        
  
 J'ai installé mon étal au marché de Noël    
 pour repérer les négociations et déplacer les intérêts   
 entre les fuyants du Global    
 et les réfugiés du Local.        
  
 La boussole s'affole dans cette réorientation    
 et là point d'attitude martiale    
 mais plutôt des questions de formes et de poids du monde    
 en vue de reconstituer la masse magnétique.        
  
 Pour à défaut se fondre dans nos Valeurs    
 où une appartenance paternelle    
 sans déracinement ni "retour à la terre"    
 permettra le "retour en Terre" des zones à défendre.        
  
  
 759
   

De polariteiten fan realisaasje

 
 
 Op de brêge mei de borstweringen  
 papegaai-like chipped roughcast    
 hangsloten bloeiden    
 ûnder de streling fan in fleisige sinne.        
  
 Stimmen kamen op út 'e kusten    
 stekkende sanguines ûntsnapte   
 ûnder it libbene blêd    
 bosken by de rivier.        
  
 Wisich út 'e manchet helle    
 mei in fyn touch fan assertive greens   
 de man-skilder    
 manoeuvrere syn orkest fan kleuren.      
  
 Fytsers kamen foarby    
 yn in klap fan derailleurs    
 passend by de snelheidsbult fan it wurk    
 sûnder in wurd te sizzen caps yn plak.        
  
 De wite foarm fan 'e karbonkel    
 boarstele tsjin de Gallo-Romeinske bôgen    
 waans seewier hier    
 de marshmallow draaide op 'e weach.        
  
 De koppen fan froulju-koar    
 sprong lâns de banken    
 begelaat troch in leger fan fioelen    
 ûnder lieding fan de master ambachtsman.        
  
 Soliloquy in basfase    
 de djippe stim fan 'e man út 'e djippe lannen    
 blies op 'e swollen fan mist dy't útinoar falle    
 foar de blauwe line fan de iisfisker.        
  
 De misthoarn    
 skuorde it backstage    
 om in bondel arguminten wer te jaan    
 piquing it dekor mei in tight-knit latticework.       
  
 De man-skilder stapte werom    
 fan it fjouwerkante bakje fan alle comers    
 in piip op 'e lippen te sketsen    
 in warskôgje gnizen.        
  
 Grip it momint    
 sapiential sielen    
 op it sterke front fan metafoaren    
 yn har ûnskuldige distânsje.        
  
 Ferkenne in passaazje yn 'e bank    
 it boerke springt op 'e stiennen    
 skrassen mei de hoeven    
 it lûd fan supporters.        
  
 Sjoch lever    
 oprjochtsje de flagge fan omstannichheden    
 foar de mear klear    
 de polariteiten fan 'e realisaasje byinoar bringe.        
  
  
  758
   

Ik sil it paad rinne

 
 
 Ik sil it paad rinne    
 mei gersbollen yn 't midden    
 lâns de greiden    
 omjûn troch piketten en stikeltried.        
  
 It hynder sil ophâlde mei greiden    
 om my te kearen    
 en doch mei my nijsgjirrich en net yn in haast    
 Ik streakje har holle.        
  
 Ik sil stadich bewegen    
 mei delikens en regelmjittigens    
 sadat de skonken reagearje    
 sûnder al te folle pine.        
  
 De kuierstok    
 sil crashe sûnder haast    
 op de grûn fan ierde en grint    
 sadat it gewicht fan elke stap minder is.        
  
 Ik sil ophâlde    
 in foto meitsje    
 foargrûn, perspektyf, eftergrûn    
 yn in lykwichtige komposysje.        
  
 Ik bliuw by de mar del    
 mei sulveren wetter ûnder in flakke loft    
 mei sinnich dandelions    
 en kij weidzje lûd.        
  
 Ik sil net allinnich wêze    
 mei ideeën yn jo holle    
 mei myn azem fan frisse lucht    
 dat ik bewust ynadem en útazem.        
  
 As ik skriuw    
 der komt in foto út myn galery    
 yn it oantinken fan dit momint    
 wêr't de geast it lichem moetet.        
  
 Fan dit ûnthâlde ferline    
 Ik meitsje in hjoeddeiske ferhaal    
 dat rûkt nei maitiidsgers    
 tusken ûnthâld en oprinnende waarnimmings.        
  
 Yn 'e fierte in mearkleurich loftskip    
 lit syn bisteflammen los mei belchende noasters    
 yn lytse sprongen foarút te gean    
 boppe de ferhege reliëfs.        
  
 De kuier is foarby    
 Ik kaam werom nei de auto    
 op 'e stoel kaam foar yn stilte 
 fiel it wolwêzen fan 'e útfier.        
  
 Dêrmei draait de wrâld troch    
 de lark Lulu invisible de grisoller    
 en de Oanwêzigens folbrocht    
 dêr te wêzen.        
  
  
 757
   

Se ferliet it lân fan har berte

 

 Se ferliet it lân fan har berte
 sur une branche d'olivier
 entre les roseaux de la rivière
 et les yeux du paon
 la fixèrent pendant qu'elle prenait le courant.
  
 N'allez pas dire au jeune homme de la rive
 que s'en allait tout espoir de conquête
 et que visité par un vent mauvais
 son esprit d'enfance d'aventures et d'inventions
 coulerait vers des golfes amers.
  
 Je l'imaginais de dentelles blanches vêtue
 celle qui viendrait me prendre
 celle qui tourmenterait mes jachères
 sans l'ombre d'une raison
 m'allongeant sur un tison ardent.
  
 Lumière et beauté
 irrépressible jaillissement du cœur
 bannissant toute illusion mutilante
 dans un cri humble et discret
 nous nous sommes accomplis.
  
 Il est une nouvelle naissance
 que celle d'un charroi remontant à la source
 parmi le peu de jours qu'il nous reste
 pour qu'avec nos ailes neuves
 brûler nos yeux devant une robe gonflée.
  
  
 756
  
    

   

Quand c’est blanc c’est pas noir

 

 Tu vois c'est blanc   
 et quand c'est blanc c'est pas noir    
 même si c'est en tremblant    
 que le coutre de la charrue    
 évite la feuille de vigne    
 avant l'interception du pic épeiche    
 de ricanements et de honte ceint    
 devant la caillasse secouée   
 réalité incontournable des forces drues.   
     
 Et quand c'est blanc c'est pas noir    
 hors les métamorphoses    
 de tant de couleurs en élévation    
 lissées de leurs parures végétales et minérales    
 pour de plus amples inflexions    
 nourries par le vin qui réjouit le cœur    
 et devenir coupe de vertige    
 hors les incartades de l'esprit     
 en rémission du jeu de courte paille.        
  
 Et quand c'est blanc c'est pas noir    
 aux reflets de l'orage    
 la pomme d'Adam    
 protubérance acquise    
 par l'immobilité grave en bord de falaise    
 permettant de poser de tendre manière    
 le brassard blanc sur le bras de l'orant
 en accession verbale    
 vers la licorne des influences.        
  
  
  
 755
   

Chacun de ses membres

 
 
 Chacun de ses membres
 de bois et de feuilles accolées
 .................................................    
 mais revenons à notre sujet
 celui de s'engendrer soi-même
 par l'occupation prédatrice
 de là où nous sommes
 nous les vibrations
 animées par des fluides
 sans le regard d'autrui
 mais avec le code nous reliant à nos origines
 nous les polyglottes de voix intérieures
 aux inspirations chuchotées
 au creux d'un lignage
 que nous aménageons.
 .........................................        
 Chacun de ses membres
 de bois et de feuilles accolées
 semblait le linéament d'une vérité
 issue du soleil infini
 verbe du mystère
 éclat d'une humanité souvent interceptée
 voilée diminuée obscurcie
 par la gravité même
 de cette incubation de circonstance
 dans la cérémonie de l'écriture.
  
 Nous nous levions de bonne heure
 en observation de la fabrique du temps
 sans que les rires se muent en grognements
 nous les terroristes de la permanence
 dont la suprême béatitude
 était de surseoir
 aux règles de perfection de notre image
 pour plonger
 dans l'indicible souvenir
 de l'outil frappant tant d'années
 sans aucune parole
 sans aucun mot écrit
 à la mesure d'une empoignade
 où les extrêmes se rejoignent.
  
  
  
  
 754
   

tûzen en hûndert

tûzen en hûndert    
à notre époque    
au coin des rues    
et sur les réseaux sociaux    
il y a des mots et des images    
plein de chapardage    
à hue et à dia    
en place publique    
à ne plus retrouver son âne.        
 
Attendre les Rameaux    
être là pour l'envol de la colombe    
voir les branches de laurier joncher les rues    
brailler que le Roi est revenu    
en acceptation de la demande des marchands    
sous le sceau de la tranquillité d'esprit    
évacuer une souffrance    
les yeux ne sachant que saisir    
les plaies mal cicatrisées du savoir des hommes.        
 
S'affliger et se victimiser ?  Non    
Se rebeller et gueuler plus fort que l'autre ?  
Non    
Moutonner ni vu ni connu ?  Non    
Effrayer les corbeaux qui déchirent nos chairs ?  
Non    
Être sidéré et faire silence ?  Non    
Appliquer la loi du talion ?  Non    
Échanger sa douleur contre de la drogue ?  Non    
Attraper au collet les individus asociaux ?  Non    
Non, non, non et non !        
 
Aller cueillir les pissenlits de mars    
y joindre quelques œufs durs    
mâcher et manduquer cette salade    
sous le ciel d'une aube aux doigts de rose    
retrouver l'ami de source et de cœur    
ramasser les pépins de pomme près de la cidrerie    
et jeter les graines sur la terre encore et encore 
pour que jaillisse le pommier
entrer dans la religion du poète.        
 
 
753