Lit ús yn 'e rin wêze

Si peu étendus    
les projets de la nuit    
en cette continuité des choses dites    
que la mer    
retirée    
laisse perler des larmes de sel.        
 
Au petit jour    
il y aura grabuge    
entre les tenants de la cause nuptiale    
sous un cosmos    
dégageant le bélier    
des pâtures de l'infini.        
 
Ne les marions pas    
sur le timon du char divin    
soyons de mèche    
avec le promeneur   
qui nez au vent    
gravit la Sainte Victoire.        
 
Posons le bât de l'âne    
sous les oliviers sombres    
griffons le fonds du ciel    
apostrophons les enfants du village    
grattons de l'ongle noir du peintre    
la parure des mésanges alentours.       
 
A l'heure toutes    
le message est clair    
sous les simagrées de la crise    
il y a la fréquence des ondes    
en prise directe    
avec les turbulences de l'Esprit.        
   
 
 
586
 

Le confinement

Le confinement faisait désert
de ce tissu des habitudes
la forêt bruissait d'aise
avec les chants d'oiseaux
l'air était pur
et les gens malheureux.
 
Sûr que ce n'est pas là
ce n'est jamais ça
le compte n'y est pas
où nous mène-t-on ?
y'a qu'à
faut qu'on
ils ne savent pas
mais cette marche elle-même
nous constituait et nous libérait.
 
Pensée d'exode
respiration nomade
le chaud et le froid en instance
soif de transhumance
soif des grands espaces du Souffle .
 

 
 
585
 

lykwicht feather


Plume d'équilibre    
dans le cercle des Égaux    
as jo gean    
d'un corps d'Esprit contenu    
la voix crachote des mots    
en instance d'un ricochet    
que la pensée accueille.        
 
Érection d'un squelette d'amour    
sous les lambris de la nuit    
construire    
déconstruire    
la hutte des origines    
du pied    
la coutume égarée     
entre caresse et joie.        
 
 
584

In gat yn 'e bergen



Ik hie myn âlden de dyk dwaan litten
Ik stapte út 'e auto
om myn skonken te streken.
 
De bergen wiene tichtby en tige heech
op 'e boaiem fan 'e delling waard ik ferpletterd.
 
Sy binne fuortsetten
en seagen se noait wer.
 
Lette maitiid snie
fochten oer de helling
mei grutte fersterkingen fan streamwetter
dat de omheining fan it plak lûd makke.
 
Stiennen en rotsblokken ûndertekene de blik
lykas safolle haken
it lêzen fan de plakken.
 
Ik kaam de brêge oan
dy't in fûle torrent oerspande.
 
Yn de peal fan de brêge
der wie in gat
wêr kaam in tou wei.
 
ik luts.
 
Kiezelstiennen kamen,
lytse fragminten
dy't krekt fregen om út te gean.

Ik liet it tou
dy't nei binnen streamde.
 
Ik luts it tou
en nije stiennen kamen út.
 
Nei ferskate kommen en gean
fan dit opruimingswurk
heaze boerestimmen
harsels heard.
 
Ik stoppe myn aksje 
trochgean yn ferbylding.
 
Der wie in pas
in skat
in kassette
in learen beurs
gouden nuggets.
 
De tiid is foarby.
 
Ik fûn mysels yn it doarp by de brêge
lege droege stiennen huzen rûnom
troud mei bern
en myn taak as boerefokker
naam al myn tiid.
 
De bergen altyd heech
fertroud wurde
de seizoenen ynsteld
it stiennen spoar hie beswier makke
nei in smelle ferhurde dyk.
 
It gat wie der noch
ien libben wie net genôch om ljocht te smiten op it mystearje
it wie ik, dy't de hoare stimme hie
de Wite hieren
de wankele gong.
 
 
583
 

smile gitaar

 
 
 
 Visage chiffonné
 des rideaux de la nuit
 amorce d'un silence.
  
 Vierge caudine
 aux menus bras blancs
 sous la veste d'épeautre.
  
 smile gitaar
 aux lèvres purpurines
 et voix de miel.
  
 Phylactère anisé
 de notes aux yeux de braise
 sous le halo bleu
  
 Gorge franche
 aux tendons effilés
 elle est unique.

 Unité de soi 
 unité du monde 
 unité de l'invisible. 
  
  
  
 582 

Au trait d’abyssinie

 

Au trait marqué
d'Abyssinie
sur ton front fripé par la sueur
cheminant
vers celui t'attendant
sensation irisée
sur la braise
lumières ceintes
d'une torche
en beauté
dis-moi
le tout de ta musique
bel ange d'amour
fougue convertie
d'esprit en son souffle
cavale coronale
d'ambre marin
sans que se perdent
les perles
lueurs d'opale
au reflet du jour
sans que finisse
la nuit
dans l'entrelacs de nos bras.


581

Les doigts de tante Jeanne

 

Un galet roule
sous le torrent des mots
entre lèvres et sourire
telle corne de brume
écueil évité
au risque d'éveiller la caresse permise
le fruit tombe sur l'herbe
baiser d'une rencontre furtive
en accord avec le passage des nuages
d'un ordre échancré
sans regret de fine fleur
sertie d'une larme
posée déposée
sur le bois de potence
agreste entrée en matière
d'une caresse douce
faites de miel
juste le temps de la conversation
qu'il était convenu de poursuivre
en cette station des attentes
debout
au centre millésimé
d'un labyrinthe sans contrepartie
façon de concevoir l'échappée
à travers bois
voiles déchirés
par les doigts de tante Jeanne.


580

Fan hege genede

 

Fan hege genede
le corps empli
du glissement des notes claires
au sortir du silence
à l'entrée du silence
sachant capter le vent
la voilure glisse
le long des berges
un frisson de sons
dans l'élan de nos dents
croquant la parure
d'ailes séraphiques
tusken tomme en middelfinger
au clapot de la source.


579

De blauwe tit

 

Ut de izeren koai
ynpakt sied
de blauwe tit
fripe l'air
fan syn fanfleugel.

De hoarizon trillet
tusken wyt en swart
dei en nacht
it oanbod tusken himel en ierde
kombinearret skieding en ienheid.

De muorre plakjes
en stelt fan rjochts nei lofts
it elliptyske aventoer
yn in Hebrieusk skrift
fergoeding likegoed as ynienen.


( foto fan Caroline Nivelon )
578




Nachts op it foarhôf

 

De nuit
sur le parvis
notes grises au lever du jour
la rose éclot
des doigts de l'âme
esprit tutélaire
au pépiement d'un moineau
sans que le gravier crisse
en cris et rodomontades
chasse les brassées
du haut des campaniles
élevés aux siècles de misère
de nos ancêtres recouverts
d'une terre affleurant
les paniers d'osier
en remontée de la fontaine
corbeilles pleines du linge de maison
séché sur le grand fil du Pradou
dont le bâton en son milieu
soutenait le son des sabots
métronome de mes mots
sitôt le cerisier passé
à l'ordre du jour
d'un amour
de nounours éploré.


( foto fan Caroline Nivelon )
577