L’œil en écueil d’être

 Tel l'œil en écueil d'être   
trace où devenir
ce qui est déjà là
en soi
si loin
aux rives insensées
de cette simplicité
où se trouver
si petit
relié au tréfonds de l'univers
par l'opercule
le décollement d'avec le monde
nous qui sommes le monde
en instance.

Bouger
sentir
ressentir
la marque de l'évolution
sur le gras des convenances
laisser échapper
en l'échancrure
le rire des rencontres
algemien
à la veillée
de notre mort
de notre naissance.

A que le monde est beau
aux moindres anfractuosités
que le silence épelle
par la soif des ridules
sur le lac immense
eaux primordiales
de passage néanmoins
que la main efface
sitôt gestation aboutie.

Demeurez
ne soyez pas de marbre
des veines figées
sachez prendre les fils de lumière
yn goed selskip
au hasard des arrimages
carène du terme échu
à la remontée des abysses
au saut du vol à voile
drapé dans la risée des embruns
couteau refermé
soc millésimé
de l'éveil en soi.


521

jody de fawn

   Jody de fawn   
trije lytse bochten en gean dan fuort
dúdlike notysjes
Glenn Gould syn piano masterpiece
yn in sirkel op 'e klaaistaf
tusken de plassen nei de stoarm
dizze frisheid dy't jo wint
út 'e skuorre
mei beide fuotten te springen
punt de romantyk
mar glimkje ear ta ear.

Wachtsje op de hûnen om har tongen bleat te lizzen
en raasde yn ûnrêst
ûnder de jûnantifoan
it stik stof naaien
in tafelkleed
in blêd
om it boerd op syn skuorren te dekken
foegje net oerienkommende stuollen ta
gean nei it prado
kies de blommen foar de tafel.

Op elke leeftyd
skjinmeitsjen dien
set de biezems fuort
lit ús de perfekte wêze
squires yn lapke klean
ûnder de postern
helpe om de dei frij te krijen
troch de fjilden
mingde klaprozen en bosbessen.

Litte wy de mienskip werom sette
oan 'e pinnen fan it ferline
lit ús ferplicht wurde ta it ljocht.


519

Passage où tout passe

 De sa main   
 haute placée   
 à la croisée des arbres   
 les fils de la vierge   
 menaient grand train   
 et grand silencee   
 de gouttelettes de rosée   
 et de lumière   
 au chant du coq   
 que le torrent accompagnait   
 de son charroi    
 d'eau et de galets mêlés.    
  
 Ouvrir la fenêtre   
 pour que matin survienne   
 myn siel   
 messagère appelée   
 et maintenant si proche    
 sous la parure des brumes   
 dais de vives couleurs levées   
 où claquent les oriflammes   
 du grand rassemblement   
 passage où tout passe   
 et nous dépasse   
 au grandir du jour qui point.    

  
  520

jano le costaud

   JANO le costaud   
renversa la table
le bougre en son irascibilité
et la bougie qui s'y trouvait
et la banalité de la soirée
partirent les invités
chancelants en ordre dispersé
le chapeau à la main.

JANO l'enfant
posé sur une chaise restée debout
les yeux accrochés au lustre
deux gros yeux pairs
pour une pipette de verre
que le chat négligemment
tentait de capter
tel le mickey des fêtes foraines
JANO pestait.

Fallait que le jour vienne
compatissant
démesurément éclatant
pour qu'en chaque recoin du palais
jaillisse richesse inoculée
une lumière aveuglante
à faire se courber les dendrites
hors la source des cellules.


518

le clapot des mots doux

   Le clapot des mots doux   
ensemencent la main des simples.
La laine des moutons
contre les picots du barbelé
signe le vent.
D'une rêverie l'autre
s'enchevêtrent les souvenirs
au gré du torrent.
Il n'est de trêve
passé le gué
que les mâchoires de l'oubli.

Mon ami le néant
a rompu les amarres
et vogue trotte menu
parmi les poussières d'étoiles
que nous ramassons
le soir
lorsque nuages et lune
retournent au combat.

Il n'est d'avenir
qu'au service du monde
lorsque tombe la pluie
pour qu'arc-en-ciel des désirs
être fidèle à son âme.


517