زمرو آرڪائيوز: سال 2012

Le chemin de la rose

 Ce parfum de rose
 cette gentillesse du regard
 cette bienveillance de la main tendue
 sont l'amour
 de cette porte ouverte
 où être en retrait sur le trop de soi
 où être de trop sur l'aller vers et voir
 faire le bilan
 dans le silence
 aller en profondeur et en paix
 vers son épanouissement hors les peurs
 hors la peur du manque
 hors la peur de la douleur
 hors la peur d'être agressé
 lâcher les protections
 faire le tour de notre être sourd et muet
 faire l'expérience de la mise à nu
 en tolérance
 dans la légèreté du mental assagi
 vers davantage de compassion
 dans la dessaisie de l'ego
 ne pas se perdre
 devant ces rencontres où la semence d'amour
 n'est que miroir et labyrinthe
 pour revenir en maîtrise de soi
 faire le voyage
 seul
 à petits pas
 sur le chemin d'ombre et de lumière
 en donnant le change sans donner de leçon
 en se sachant frère et sœur
 pour joyeux et léger
 repartir
 à soulever l'éternelle nouveauté
 de la transmission de la tradition
 cette trace
 cette audace
 cet au-delà des mots
 ce sourire sur l'avenir
 cette obligation de confiance .


 089 

Si douce la vie

 En pays cévenol
 de brumes et de forêts mêlées
 routes toutes en virage
 murettes de pierres sèches
 traces d'un soleil
 encalminé sous la frondaison
 d'automne en sa lumière
 faite de clins d’œil
 et fardée de brusques échancrures
 par le sourire grave des nuages
 d'hiver aux glisses traîtresses
 de neige ensevelissant le fossé
 d'un printemps aux décoctions de verts naissants
 d'été et sa brûlure
 saccageant d'un geste de la  faux
 le maquis pétillant de sécheresse
 sous le ferme assaut
 d'un vent rebelle
 que l'amour chafouin
 châtaignes sous la main
 et brusque retrait
 d'un regard soutenu
 accompagne d'un trait de plume
 notre montée vers le grandir de l'Être
 pour ensemble
 enchanter d'un pâle râle
 les moutons et les chèvres
 museaux tendus
 vers l'orage approchant
 faisant de l'arc-en-ciel
 le grand mystère
 des choses dissoutes
 au-delà des serres et des corniches
 par l'appel guttural du berger
 verbe
 à ne pas distraire
 de la contemplation
 sur cette voie obligée
 pleine de lumignons improvisés
 où cheminer le cœur en paix
 vers notre naissance
 à tous semblable .


 088 

Les quatre accords toltèques

Ce sont des recommandations à suivre pour vivre plus harmonieusement, être en accord avec le profond de soi-même et faire que les épreuves vécues soient des occasions de grandir en conscience dans un monde toujours plus complexe

Ils forment un code de conduite capable de rapidement transformer notre vie en une expérience de liberté, de bonheur et d’amour .

Ils proviennent des anciens Toltèques dont les sages enseignaient aux hommes et aux femmes ce que signifiaient vivre avec clarté et de façon exemplaire comme des guerriers pacifiques .

     Le premier accord toltèque est : “que votre parole soit impeccable

La parole nous permet d’exprimer notre pouvoir créateur. C’est par elle que nous manifestons les choses. La parole n’est pas simplement un son ou un symbole écrit. C’est une force. Elle représente notre capacité à communiquer, à penser, et donc à créer les évènements de notre vie. La parole est si puissante qu’un seul mot peut changer une vie ou la détruire .

Chaque être humain est un magicien. Par notre parole nous pouvons soit jeter un sort à quelqu’un, soit l’en libérer .

Le termeimpeccablesignifie, selon son étymologie, “sans péché”. Un péché est quelque chose que nous commettons contre nous-même. Le concept du péché est ici transformé, ce n’est plus une affaire de morale ou de religion, c’est une affaire de bon sens. Le péché commence avec le rejet de soi .

Portez une parole jugeante à l’encontre de quelqu’un peut avoir pouvoir de magie noire qu’on appelle la médisance, ou la propagation de rumeurs. La médisance est devenue la principale forme de communication de la société humaine. Une vieille expression populaire dit quela misère aime la compagnie”, et les gens qui la pratiquent et en souffrent ne veulent pas rester seuls. La propagation de rumeurs est l’équivalent d’un virus informatique .

Nous pouvons évaluer le degré d’impeccabilité de notre parole à l’aulne de l’amour que nous avons pour nous-même .

     Le second accord toltèque est que : “quoi qu’il arrive, n’en faites pas une affaire personnelle

Faire une affaire personnelle de ce qu’on dit de nous, c’est donner son accord à une remarque qui peut être désobligeante. Dès lors le poison s’infiltrera en nous et nous serons piégé. Et si nous nous faisons piéger, c’est que nous nous prenons au sérieux et faisons de tout une affaire personnelle. C’est que nous nous accordons de l’importance, ce qui est une grande manifestation d’égoïsme puisque nous partons alors du principe que tout ce qui nous arrive nous concerne. Nous ne sommes pas responsables de ce que les autres font .

Si quelqu’un donne son opinion, n’en faisons pas une affaire, parce que cette personne en vérité est confrontée à ses propres sentiments et croyances, pour ne trouver rien de mieux que de nous déverser sa propre affaire personnelle. Nous devenons une proie facile pour tous ces prédateurs, tous ceux qui pratiquent la magie noire par leur parole. Ils développent ce qu’en psychanalyse on appelle la projection. Discerner ce mécanisme psychique qui ne peut que nous nuire est nécessaire .

Si quelqu’un ne nous traite pas avec amour et respect, prenons comme un cadeau qu’il nous quitte un jour .

Ayons confiance en notre capacité à effectuer les bons choix. Nous ne sommes pas responsable des actions d’autrui ; seulement de nous-mêmes .

     Le troisième accord toltèque est : “ne faites pas de suppositions

Nous nous imaginons des tas de choses et faisons des suppositions à propos de tout. Ce qui est grave c’est que nous croyons ensuite qu’elles sont la vérité. La tristesse et le drame auxquels nous avons été confrontés dans notre vie proviennent de cette habitude de faire des suppositions, de prêter des intentions à autrui et de prendre les choses personnellement .

Il vaut toujours mieux poser des questions que de faire des suppositions, parce que celles-ci nous programment à souffrir .

Nous supposons que tout le monde voit la vie comme nous la voyons. Dans chaque relation on peut se laisser aller à supposer que les autres nous connaissant, savent ce que nous pensons sans avoir à formuler nos besoins, et qu’ils feront ce qu’il faut . Et s’ils ne le font pas nous sommes blessés !

Si les autres se transforment, ce n’est pas parce que nous en avons le pouvoir ; c’est plutôt parce qu’ils veulent évoluer .

On n’a pas à justifier l’amour ; l’amour est présent ou il ne l’est pas. L’amour véritable consiste à accepter les gens tels qu’ils sont sans essayer de les changer. En communiquant clairement, nos relations vont changer, tout autant avec notre partenaire qu’avec tout le monde .

On a tous des habitudes dont on est même pas conscient. Les amener à la conscience est donc le premier pas à franchir .

      Le quatrième accord toltèque est : “faites toujours de votre mieux

Tout est vivant, tout change constamment, par conséquent notre mieux sera parfois à un haut niveau et d’autres fois à un moins bon niveau .

Si nous faisons simplement de notre mieux, nous vivrons notre existence intensément. Nous serons productif et serons bon envers nous-même parce que nous donnerons à notre famille, à notre communauté, à toute chose .

Etre dans l’action c’est vivre pleinement. L’inaction est une manière de nier la vie. L’inaction, c’est rester assis devant la télévision chaque jour pendant des années, parce que nous avons peur d’être vivant et de prendre le risque d’exprimer ce que nous sommes .

Tout ce que nous savons et faisons couramment, nous l’avons appris par la répétition. Nous sommes maître dans l’art de marcher, de conduire, de parler, de chanter ou d’écrire parce que nous nous sommes exercés .

Dans notre quête de liberté personnelle et d’amour de soi, nous devons nous lever et agir. C’est ainsi que nous assumerons notre humanité. Honorons l’homme ou la femme que nous sommes. Respectons notre corps en l’appréciant, l’aimant, le nourrissant, le lavant, le soignant. Adonnons-nous à des activités qui font du bien à notre corps. C’est par cette voie que nous toucherons plus grand que nous et communierons avec le mystère .

Que chacun de nos actes devienne un rituel pour adorer ce qui nous dépasse et nous conduit .

L’observance des quatre accords toltèques nous permettra de devenir un guerrier capable de transcender la souffrance et de ne jamais y revenir. La même chose vaut pour le bonheur. La seule raison pour laquelle nous sommes heureux est parce que nous avons fait un choix. Le bonheur, tout comme la souffrance, est un choix .

087

La souffrance





  Adhérer parfaitement à sa propre souffrance sans lui résister, c’est rendre possible qu’elle ne nous soit pas insupportable. Au fond du déchirement librement accepté nous pouvons trouver la paix et la sérénité qui dépassent toute compréhension .

Le refus de ce qui est représente toujours la tentative d’un mensonge, celle de se croire plus fort que la vérité .

Une des souffrances les plus grandes est d’être confronté aux mourants proches de nous. L’on sait que l’autre va mourir. L’on sait que ce passage est normal et naturel .

Avoir comme attitude l’acceptation sereine de la mort de l’autre, de ne pas trouver scandaleux son départ, de l’aider à réussir ce passage, nous rend simple, attentionné et humain dans la relation .

Le moment d’extrême souffrance vécue en conscience est aussi la possibilité qui nous est offerte de passer outre à notre égocentrisme, à ce qui nous aveugle, à ce montage de fausses protections qui n’est en fait qu’un amas de projections, d’introjections et d’évitements permanents .

Le travail en conscience de décryptage, de compréhension et d’expérimentation lucide de ces perturbations, qui colmatent peu ou prou la souffrance, peut conduire à l’effacement de l’identification à l’ego, et donc représenter la guérison d’un état plus ou moins halluciné .

Cet au-delà de la souffrance, tout en ne niant pas les vérités relatives qui sont sources de peur, nous invite à considérer la vérité absolue, celle de ne pas être cet ego limité mais d’êtreinfini” .

Il se peut que nous ayons peur de ce par quoi nous sommes attiré et fasciné d’une manière ou d’une autre, et à quoi nous résistons. Nous sommes captés par cet infini qui est en nous, par cet infini que nous sommes, cette grandeur, cette immensité, cette non-dépendance, cette liberté .

 La souffrance regardée en face et élevée au statut d’obligation de conscience est ce par quoi nous sommes convoqués à rejoindre, par l’infini approché dans la relation, l’oeuvre éminemment humaine de la rencontre avec son propre infini.

086

Le chemin

   Le voyage initiatique versle grandir de soi ne peut s’effectuer que par l’expérimentation vigilante et tenace de soi en contact avec les épreuves de la vie de tous les jours, sur notre chemin de conscience, vers davantage d’ouverture à notreêtre au monde. “

Ce chemin est fait d’allers et retours, d’évolutions et d’involutions où l’entropie le dispute à la néguentropie sur la scène du grand théâtre de la vie, de celle de l’homme debout en marche vers son accomplissement.

Dans cette aventure, la claire vision et la conscience des nécessaires morts et renaissances des épreuves que nous rencontrons tissent notre posture de sagesse ; posture toute à la fois faite du fruit de nos expériences accumulées, que vide et impermanente par le lâcher prise que nous devons avoir devant ces expériences. La vie est devant nous, elle se décline en conscience, sans peur et sans reproche dans la pureté du jour à venir, toujours surprenante et joyeuse.

Ce travail d’éveil à ce qui est, effectué par paliers, fait d’avancées et de chutes, entraîne notre état de non conscience vers une existentialité agie de notreêtre au monde. ” Et dans cette existentialité, dans l’esclavage intérieur de l’homme soumis, par introjections et modélisations, au mode consumériste ambiant, nous abandonnons trop rapidement notre libre-arbitre pour succomber aux chants des sirènes de notre environnement.

Dans ce combat que nous menons contre nos ombres, tentons de réduire nos prétentions et faux espoirs de chosification de l’homme, pour nous inscrire dans la quête de la dimension ontologique del’être homme, afin de ne pas rester au stade del’individu”, mais de devenir ” هڪ ماڻهو. “

085

Le QI

  Pour nous, Occidentaux, la dépression, l’anxiété, le stress sont des symptômes physiques. Nous parlons de la fatigue, de la perte ou de la prise de poids, du manque de sommeil, des battements de coeur irréguliers comme s’il s’agissait de manifestations physiques d’un problème mental. Ancrés que nous sommes dans la tradition cartésienne nous établissons une distinction nette entre le “جسماني” ۽ جي “mental”. Ces dernières années est apparu le terme depsychosomatique”  que nous acceptons avec méfiance sans trop savoir ce qu’il recouvre.

Pour les Tibétains et les Chinois c’est plutôt l’inverse : la tristesse, la perte de l’estime de soi, le sentiment de faute, l’absence de plaisir sont les manifestations mentales d’un problème physique.

Et si ce n’était ni vraiment l’un ni vraiment l’autre et qu’il n’y avait pas de différence entre la vision occidentale et cette vision asiatique, mais une tension de complémentarité paradoxale créatrice d’une nouvelle vision permettant d’appréhender la santé à un niveau décalé plus apte à solutionner la pathologie en s’appuyant sur des paradigmes libres.

Les symptômes émotionnels et physiques sont simplement deux aspects d’un déséquilibre dans la circulation de l’énergie, لي “Qi”.

جي “QiouChiest une énergie régulatrice sous-jacente qui affecte à la fois le physique et le mental. Et il y a trois façons d’influencer leQi” : la méditation qui le régénère, la nutrition et les herbes médicinales et, la plus directe, l’acupuncture .

084

L’amour

Le sentiment fondamental avec en son centre la sensibilité.

La sensibilité ; ce qui nous fait vibrer au plus profond de nous par rapport à ce qui bouge à l’extérieur de nous et aussi en nous. De moi à l’autre et de moi à moi. C’est ce qui nous alerte, nous somme d’être, ce qui excite notre curiosité et nous énergétise pour entrer en contact avec notre environnement, avec l’autre. C’est la compagne du chasseur que nous sommes et qui nous fait mieux discerner la proie, l’objet de notre intérêt, entre les mors de l’incertitude et de la croissance.

L’amour.L’amour compassion, ce voile jeté sur le gouffre de notre incomplétude. L’incomplétude, cette attitude de ne pas voir ou de ne pas vouloir voir le chaos et le vertige face à l’inconnu où nous tentons de nous mouvoir pour n’être pas seul, afin de se sentir malgré tout coexister dans un monde sans repère. Ce peut être l’amour religieux parfois apte à contempler sans agir. Ce peut être l’amour dévotionnel en aller simple vers plus grand que soi. Ce peut être aussi une attitude altruiste apitoyée par laquelle pouvoir subsister par le don porté à son prochain.

L’amour n’a pas de contraire.L’amour n’est pas la passion amoureuse qui, elle, a son envers dans la haine et l’amertume. L’amour passionnel peut devenir attachement et corrompre la libre relation d’être face à face. Il peut aussi être lié à nos pulsions et à notre désir de possession consumériste. Il est l’espoir à espérer ! Il est le naufrageur de nos possibilités à être grand et beau pour l’être en chemin que nous sommes. Par là, nous abdiquons devant plus bas que nous. Et c’est ainsi que, trop rapidement, nous devenons humus pour les générations futures sans avoir suffisamment fait fructifier nos talents. Il nous appartient d’être fort et responsable pour passer le relais dans de bonnes conditions à nos descendants.

L’amour vrai n’a pas de contraire. Il est sentiment d’unité radicale et stable. Il nous convoque à la solitude, celle de ces espaces infinis ou le temps n’existe plus. Il nous convoque à la reliance universelle, à ce qui relie toutes choses de par l’univers de manière dynamique dans un jeu perpétuel fait de développements et d’enveloppements de son énergie propre, de sa libido large, de son expansion hors de l’indicible.

L’amour est construction permanente. L’amour est destruction permanente. Il est unicité personnelle au sein de ce qui bouge et ne se perd pas en conjonctures de formes et de figures qui constituent le substrat de notre existentialité, étape nécessaire à la mise en place de notre identité permettant la lisibilité de tout engagement.

L’amour ne connaît pas la peur, l’envie, l’égoïsme, la jalousie et la haine. Il ne s’attache pas mais comprend et ressent tout. L’amour va de l’avant. Il marche sur le cadavre des illusions. Il est amoral et bouleverse les convenancescelui qui aime peut même chasser les marchands du temple !

Il n’y a pas que l’amour pour …, l’amour de …, l’amour avecIl y a l’amour sans ” هڪ ” privatif. Il nous reste alors à décliner lemourau risque de ce qui s’advient, au détour du chemin. L’ ” a-mourest voyelle invisible dans le grand discours sur l’être. Il est l’articulation syntaxique mystérieuse qui fait saigner le coeur des poètes. Il est la partie de campagne improvisée et pourtant imperturbablement rééditée !

L’amour ne se fige pas, il est intuition et orientation vers toute réalisation collective. Il est complexité croissante sans que celà nous pèse. Il est la mère de toute réalisation. Il est air pur. Il se boit et se mange à la source, sans attendre, et son souffle est aussi léger qu’une luciole sous la flamme d’un éternel rituel d’anniversaire où nous serions tous attendus. L’amour est lien social. L’amour est jeune

L’amour naissant.

083

Le frêne

 En allant vers la cité des vents
le long de cette route étroite
la croix et la bannière
à mi-ombre
cette petite femme courbée
ne payant pas de mine
sur le bord du chemin
que j'ai accueillie dans mon auto
une odeur à nulle autre pareille
un semblant de suie
sous le boisseau de cheminée
à trier la lentille
à se dire ce qu'on pense les uns des autres
à la lumière de la lampe à pétrole
cette chance de veiller
que ne l'ai-je désiré
de ne pas monter de suite dans la chambre
pour me trouver entravé dans le sac à viande
qu'elle me destinait
afin de ne pas lui donner de coups de pied
qu'elle disait.

Je roulais sur le verglas
pour me retrouver dans le fossé
immensément blanc
avec cette tâche de sang au centre du drap
il faisait froid
la fontaine était gelée
à la pioche nous cassâmes la glace
un faisan passât
pour se poser sur la barrière du jardin
un roi dans ce désert
la bise soufflait
nous décidâmes de rentrer
mes mains là
devant mon visage à imaginer la bonne surprise
de revoir encore ce vieil homme
Pigna, le réparateur d'horloges
sous le cadre des médailles exposées
l'homme à la moustache
ancêtre tutélaire
fier d'avoir survécu à l'enfer de la grande guerre
pour gènes échangés
me faire naître
au printemps
avec entre les doigts
une pousse de frêne .

082

Inconsistance, INCOMPLÉTUDE, niveaux de réalité, à propos des théorèmes de gödel

   Les théorèmes de Gödel ont pour but de fonder la logique sur une base axiomatique qui est hors d’atteinte.

Quel que soit le système d’axiomes utilisés pour fonder une théorie, il existe des propositions que l’on sait vraies mais dont la vérité ne peut pas être démontrée dans le cadre du système.

L’axiome dans une théorie est une formule de base que l’on considère vraie sans démonstration.

L’inconsistance est de pouvoir démontrer une chose et son contraire.

L’incomplétude caractérise des vérités mathématiques qu’on ne peut démontrer.

Quelque soit la richesse d’un système d’axiomes celui-ci ne peut pas égaler la capacité du contenu potentiel de la pensée.

La pensée explicite –  résultat de nos réflexions fondées sur un nombre fini d’axiomesest plus simple quela pensée complexe qui en théorie ne peut en rendre compte.

Pour sortir du dilemme d’une affirmation vraie et fausse à la fois, il faut sortir du système lui-même, se mettre en meta-position, en vision externe, en adoptant un système plus large.

La logique a ses limites ; dans tout système il existe des vérités indémontrables.

Tout ensemble fini d’axiomes suffisamment riches conduit nécessairement à des résultats soit indécidables, soit contradictoires.

Tout système logique humain est incomplet s’il se veut cohérent. La cohérence nécessite l’incomplétude.

La condition d’incomplétude que rencontre le scientifique n’est pas une défaite de la raison mais une chance pour progresser en l’introduisant à la confrontation au mystère, au mystère de connaître.

La formule d’Einstein, ” le plus incompréhensible, c’est que le monde soit compréhensible “, et la mise en évidence de laféconditéde l’incomplétude sont comme deuxsignesdu mystère du connaître dans la démarche scientifique moderne.

La vérité ne peut pas être exprimée en terme de démontrabilité.Une chose prouvable n’est pas forcément vraie et une chose vraie pas nécessairement prouvable.

Pour trouver des vérités dans un système donné il faut pouvoir s’en extraire et pour celà avoir une raison capable de créer un système dans lequel l’ancienne vérité indémontrable deviendra tout à fait démontrable.

La portée des théorèmes de Gödel a une importance considérable pour toute théorie moderne de la connaissance. Tout d’abord il ne concerne pas que le seul domaine de l’arithmétique, mais aussi toute mathématique qui inclut l’arithmétique. Or la mathématique qui est l’outil de base de la physique théorique contient, de toute évidence, l’arithmétique. Cela signifie que toute recherche complète d’une théorie physique est illusoire. Si cette affirmation est vraie pour les domaines les plus rigoureux de l’étude des systèmes naturels, comment ne pourrait-on ne pas rêver d’une théorie complète dans un domaine infiniment plus complexecelui des sciences humaines ?

La structure gödelienne de l’ensemble des niveaux de réalité, associés à la logique dutiers inclus, implique la possibilité de bâtir une théorie complète pour décrire le passage d’un niveau à l’autre et, à fortiori, pour décrire l’ensemble des niveaux de réalité .

081

L’homme religieux





L’homme religieux est un chercheur qui nécessairement rencontre à un détour de son chemin une autre dimension de conscience que celle habituellement dépêchée dans la vie courante .

D’abord rompre avec le monde social conformiste, pour être dans le retour à soi. Puis s’extraire ensuite de cette réalité égocentrique pour aborder letout autre”, “l’englobant” .

Passer dans cette autre dimension nécessite le lâcher prise, l’ouverture à ce qui est, et l’acceptation de l’incompréhensible .

Nous avons deux intelligences, une raisonnable et raisonnante, une autre intuitive. Il n’est pas possible de parler du religieux avec la seule maîtrise technique .

Or, l’être humain a envie d’aller voir de l’autre côté du décor, et ce désir, cette mutation envisagée, est nécessaire pour sa propre édification. Il y va de ce pourquoi il est sur terre. Il y va de sa naissance et de sa mort. L’appel est impérieux, souverain ; il happe inexorablement celui qui va .

D’abord, ne pas tout mélanger. Discriminer, activer son jugement critique, apprendre la juste définition, fondamentaliser le travail conceptuel. Avoir le goût du mot juste. L’expérience de la pensée doit se situer sous l’égide de l’éloignement du jugement dans un premier temps, et de l’intérêt porté à la sagesse, au savoir et à la paix dans un second temps. Seule une personne réellementprésentepeut circonscrire le jugement .

L’homme est dans le monde. Il doit vivre sa part existentielle, et pour cela il est important qu’une croyance, qu’un quelconque Dieu ne soit pas là. Il faut tuer les parents pour que les enfants puissent vivre .

La prudence de l’esprit scientifique est requise comme d’ailleurs la philosophie qui structure la pensée en mettant en place unestatiquequi n’a de sens qu’au service de l’homme de raison et pour un problème spécifique .

C’est dans ce contexte, dans le contact avec l’environnement, que l’homme peut développer sadynamique “, son aspiration à se dépasser, à percevoir plus finement ce qui émerge à sa rencontre, à faire l’expérience d’autre chose que lui tout autour de lui, quelque chose de transcendant. C’est là qu’il ressent bien plus que sa part humaine ; il atteint sa part d’au-delà de lui-même .

La meilleure manière pour l’homme de se situer à ce niveau d’au-delà de lui-même est de ne pas y être. L’homme est présent car il est invisiblement présent. Il y a Mystère .

L’homme est alors touché par la grâce, par une conviction sensible, par un fait apparemment anodin qui creuse son impact en soi et que rien n’efface, par le numineux, par quelque chose de nouveau, une vision, un rêve nocturne, ou bienle vent qui te dit”, لي “Souffle”. Il devient l’homme pneumatique, alors intimement relié à l’univers. Il expire, et inspire. Il est capable d’entrer dans le réel et d’en sortir, il est capable d’être dans la réalité et de la transcender.

Il est capable d’être le lien d’amour entre la terre et le ciel .

Il est capable d’être cet édifice, ce temple de Salomon, cette église, en cohérence et compassion avec ses semblables, en ascension et contemplation vers plus grand que lui.

L’homme devient véritablement une continuité de croissance .

080