La poésie Une perception globale Spontanée Du monde Du monde en nous.
C’est simple L’enfant est un poète Son imaginaire Le sens qu’il donne aux choses S’applique à un objet.
Il n’y a pas d’intermédiaire Entre l’Être Et ce qui est là Devant ce qui surgit En soi.
Hésiode et Homère Rassemblaient ce qui se disait En vers Les aèdes s’accompagnaient de musique Ils chantaient.
Les dieux Les hommes Dansaient devant la flamme Brandons de feu Brandis devant le mystère.
Puis nos ancêtres se sont organisés Pour vendre et acheter Le faire-valoir a occupé leur esprit L’écriture et le calcul ont pris date Le temps et l’espace stigmatisant les rêves.
Il a fallu être précis Pour ne pas se faire voler Pour inscrire dans le sang Le candélabre des âmes En quête de sécurité.
Les marchands et les juristes Ont organisé le savoir-faire Par l’esclavage et l’ostracisme Vidant les prisons Pour quelques jeux du cirque.
Il fallait se montrer Être beau et fort Pour manier le glaive et la parole Se soumettre aux puissants Et aux croyances religieuses d’état.
Tandis que dans les bois Par les prairies et les rivières Les montagnes, la mer et les astres Continuaient de se tenir roide Le gigantesque cactus-candélabre de la lumière.
C’est alors que l’œuvre s’est donnée à ressentir Par des mots, une musique, une sculpture, une profération Un bon moment où trouver beau ce qui exulte Un vécu de la nature Un silence hors sens utilitaire.
La poésie est signe Trace infime d’un rayon de lune Formes blanches à la tombée du jour Puissant souffle sur la mer bleue acier Et qui jamais ne se corompt.
La poésie est de passage Elle sangle le paquet-cadeau d’une lampée de miel Devenant cendre en sortie de nuit Quand au seuil de la caverne La douleur éblouissante du soleil nous saisit.
La poésie agrandit le champ de la perception En disjonctant les règles du moment Elle devient structure Et par là ses formes affirmées Permettent la rencontre entre gens cultivés.
C’est ainsi que vint le temps des alexandrins Avant que n’arrive le souffle nouveau De la libération des règles de représentation Avec les opéras et la magnificence De Heredia, Gauthier et Hugo.
Puis les poètes symboliques Battirent en brèche les luxuriances de l’extériorité Pour avec Baudelaire, Verlaine et Rimbaud Aimanter les métamorphoses de l’âme En fouillant les ombres de la psyché.
Enfin vint le temps de la libre entreprise Des surréalistes et de la poésie contemporaine En brisant les lunettes de la bienséance Pour ouvrir le vaste champ des styles culturels variés Afin que le monde rencontre le monde.
Le contraire de la poésie est de la poésie La parure endocausale et individuelle Recouvre les règles d’avant Tout converge vers le champ de la complexité La chanson crée l’agitation émotionnelle des pensées.
Dès lors en poésie au pays de la poésie Il n’y aura plus de nantis en poésie Chacun pourra écosser sa gousse Pour ajouter au ragout social un sel nouveau Et d'entrer sur les autoroutes de l'I.A.
Dès lors la poésie est morte Elle est déboulonnée de son piédestal Par les assauts du savoir-faire technique La séduction devient l’outil sécuritaire Permettant la zénitude.
Mais à bas bruit une poésie est toujours là Dans les arrières cours de l’information Chaque personne sensible peut être poète Au milieu de l’ivraie poussent les blés de l’avenir Être légitime dépend de croire en soi.
Mais la poésie c’est bien plus que les poètes La poésie est là sous nos pieds Dans les petits bouts d’allumettes De la quotidienneté consciente Tout autant que dans l’arrachage des habitudes.
La poésie est à table Dans l’abondance des mets proposés Dans le hasard de l’attention portée à ce qui est Dans le sourire de l’enfant Tout autant que dans les rides du vieillard.
Et les mots jaillissent Au travers de l’attrape-mouches des sens Des mots simples Des concepts arrogants Il y a de la place pour tout.
Le poète est agi par ce qui est là Dans cette myriade d’éléments Qu’il peut décrire et agencer En une entité mono psychique englobante Jusqu’à ce qu’épuisement s’en suive.
La prolixité des sources Propose au poète l’humilité Dans sa pratique d’artisan du verbe Lui l’intercesseur des flux sensoriels Qui partout l’assaillent.
Il est alors mûr Pour accueillir le fruit unique De l’arbre de la connaissance Marbré par la lumière de l’arbre de la sagesse Pour le déposer à même la terre des origines.
La bogne éclate Nous accueillons le nectar de l’autre, að vera En émerveillement de ce qui advient Par l’entremise d’une synchronicité Frisant l’archétype de la situation.
Le poète se retournant vers lui Prend alors soin de lui Sa sensibilité et se vulnérabilité vivifiées Pour porter la charge impartie D’être au seuil de son accomplissement.
Être en poésie C’est prendre soin de soi Lui le transfuge de la matière devenant énergie En vibration avec le flux de la vie De la naissance jusqu’à la mort.
Le souffle est là Et je le respire Car c’est la vie qui respire en nous Cette conscience de la respiration Œuvrant au va-et-vient de la fidélité à soi.
Emmenez-moi J’arrive Avec des hortensias Et un CD pour la soirée Après ce long moment Passé à vous attendre.
Une frange noire Sur le front Et mon corps se délabre Pour que déjà là Cette femme hors du commun Puisse renouer en amitié.
J’ai écrit Un long moment s’est passé Nous avions perdu nos sacs Les charognards avaient dû se servir Comme d’habitude en tout cas J’avais trop parlé.
Il faut que je vous dise Que la solitude me convient Comme vient en passant Le temps d’accoutumance pour rien Comme resserrer le licol du cheval Foire terminée.
Ce soir J’arriverai à l’heure Monterai dans le bus le premier Aurai ma place assise Car en aveugle On ne plaisante pas.
Il chantera Accompagné par le vuvusela Je déchanterai Ma colombe mon aimée Sans avoir goûté à ta pulpe Avant d’entrer dans les ordres.
J’aurai préféré Ne plus te revoir Chose dites chose faites Il est impossible pour moi De rayer de la mémoire Toute trace de rupture.
J’invente je crée Les mots saute-mouton s’embrasent Pendant la libre nuit Du haut de mon âge certain Sans écraser une mouche Sur la table de présence.
Je vous tiens en estime Vous que j’ai rencontré Ne serait-ce qu’un moment En réelle attention J’ai tendu au milieu du chemin Le ruban des commémorations.
Je rédigerai la lettre Celle à donner au facteur Quand il posera son vélo contre le mur Puis après le verre de l’amitié comme il se doit Par ces temps de chaleur Il ouvrira sans hâte sa sacoche.
À mes lèvres Ces tartines de groseilles Acidité recouverte de sucre en poudre J’ai conclu qu’il fallait partir Cueillir la framboise Pour un peu de douceur.
Je baisserai la visière de la casquette Tiendrai fermement l’œillet de poète Entre les dents Sourirai Une dernière fois Avant de tourner casaque.
Fine danse à l’orée du ciel Et Finette l’aimait Ce cadet tout droit venu de Palestine À conter larmes et morts Par les ruines accumulées Poussière à soulever du doigt Le béton hérissé de ferrailles.
Une couche grisâtre Couvrait les ruelles étroites Reflet d’une beauté passée Hors des moucharabiés Hornant façades fissurées Dentelles creuses d’une bouche édentée Bombifiée par Lucifer.
Quelque morceau de plâtre Avait permis le tracé d’une marelle Où des petites filles aux robes déchirées Virevoltaient princesses messagères Sur un terre-plein inondé de lumière Soumis au surgissement de l’alerte Plongeant les lieux dans un silence odieux.
Soudain un craquement sec Faisait s’élever des volutes de poussière Puis des cris et des gémissements Des crissements de pneu sur la terre battue Suivis de sirènes hurlantes Que les murs déchirés faisaient rebondir Comme ballons de baudruche.
Augliti til auglitis Les vélos posés contre les palissades Ils eurent le temps De contempler l’avancement des travaux Puis se dire comment ça allait chez eux S’ils avaient suffisamment à manger Et que les petits ne pleuraient pas trop la nuit.
Dans les rues désertes Un vieillard tirait sa misère D’un pas mal assuré Avec un grand cabas noir Pendant qu’un chat couleur sable Suivait à bonne distance L’homme au visage baissé.
Une pincée de matière friable Coulait grise dans une fissure À l’ombre de ce qui fût une échoppe Je m’approchais pour voir surgir La tête d’un reptile Un tout petit reptile Balançant sa langue d’un côté l’autre.
Nous avions déjà couvert d’autres lieux De désolation et d’inimaginables destructions Sans que notre respiration ne s’épuise Sans que notre sang brûle Mais jamais n’avions rencontré de telles souffrances Que même la maigre végétation sinistrée Comptait ses dernières traces de verdure.
Plus de muezzin n’appelle à la prière Du haut d’un minaret Encore debout mais chancelant Pendant qu’une ombre traverse la rue dévastée Enjambant les gravats En soulevant sa gandoura D’un geste mesuré.
Plus d’oiseau dans l’azur brûlant Les rues dégagées au bulldozer Semblaient des tranchées ouvertes après un cataclysme Des carcasses de véhicules Portes défoncées Étaient de rares touches de couleurs Dans un univers de fièvre suspendue.
Un chien passa Semblant pressé de rentrer chez lui Le museau au raz du sol Langue pendante Contournant les blocs de pierre Queue rabattue sur son corps décharné Il allait vers le soleil levant.
Quand nous reverrons-nous ? Quand nos mères se rencontreront-elles ? Quand notre père se retournera-t-il ? Quand nos enfants joueront-ils ensemble ? Quand parmi les cendres Pourrons-nous construire un campement ? Où déposer la feuille blanche du poète.
En bord de route Cette histoire de poule morte À battre sa coulpe Devant l’incivilité de l’avoir tuée Cette poule morte Gisante dans le fossé.
Quelques jours plus tard Plumes éparpillées Ce fût tendre mélopée En la forêt de Laroussière Les parents attendant Le passage de l’épicier.
Se jouer des larmes Aux Dames-des-églises-romanes Vêtues de leurs habits noirs Lapineaux dans l’herbe grasse Provocant le plaisir À petits cris de souris grises.
Cuisses ouvertes Bourgeons turgescents Entreront dans la danse Par vie crépusculaire Un chapelet d’impétrants Faisant tinter l’angélus.
Ailé élan Des gentes personnes Écran superbe Sous la soupente des amours À mourir de rire Quand tête flotte comme un lotus.
Les jeunes filles joignent bols et casquettes Mains menues Embrasant le mouchoir rouge Des rentes menstruelles Pour qu’un jour Claque du doigt la flute des vertèbres.
En rond Ces poupées incassables se redressent Barbie de réalité feinte Écartant du hasard L'indocilité Des frondaisons de l’à-plomb.
Éludées pommadées Tenant quelques brindilles Elles secouent en cadence Au niveau de l’eau L’impermanence d’une aurore en crépuscule Belle Ophélie au demeurant.
La bulle était fine Pour à la pelle Recouvrir de terre Le Miroir Humiliant la Planèze venteuse De marques de tendresse.
Au panier plein de victuailles Au bien-aimé d’une paupière fermée Rajoutons le vinaigre À grands coups de marteau Dans la flaque d’eau De tant de vies à chérir.
La Dame devint grande La soie de sa traîne Frôlant les épineux Des chaudes journées d’été À recueillir le suint des bêtes D’une seringue de bouillie blanche contenue.
Je fis chauffer les fers Dans le brasero Pour d’un geste fumant Infliger la douleur Sur le sable blanc Des dunes d'avenir.
Une nuit parfaite J’écope une dernière fois Les marches du palais Pupille dévorant l’iris Devant le sang Déposé à la louche Sur une mince couche d’ombre.
Fuite stéréoscopique Des chiens lapent les traces noirâtres Sous un soleil décollant paupière lasse Les cils arbustifs d’un regard de rien Enclavé dans la mangrove Parmi des singes fripant compulsivement Les feuilles de bananier.
Narcisses pantelantes à leurs mains terreuses Les mendiants défilent lentement Soulevant la poussière des siècles venue Au son d’une flûte carnassière Faisant sauter les insectes D’un bord l’autre Le long de la sente oblongue.
Prunelles des pruneliers Aux bassinoires noires de charbon Saisies en saillie par de raides queues S’accrochent les chardons Mirobolants cancrelats Sapant à coups de serpe Les tiges fermes des blés mûrs.
De grosses pierres barrent le site Comme choux à même les galets Caressant jusqu’à la démesure Le pelage des chiens roux J’ouvris la voie Arpentant dans les étoiles Les traces scalaires de l’Univers.
Des débris rappelaient le naufrage D’Ursula aux dents ébréchées La patronne des récifs Que le soleil rouge des incendies Harcela d’un sourire navré Epaisse couche de brumes Signée par les mouettes égrillardes.
Culminant par-dessus la futaie Du tréfonds de la forêt Un hunier de circonstance Agitait ses draperies pourpres En toutes directions Fomentant méli-mélo Des jours de colère à venir.
Dégoupillant l’âme De son œuvre de chair La voie était tracée Palpitante Au retour des basses eaux Par l’empilement des coquilles Dégorgeant leur mousse bulleuse.
Cétone écorniflé par le passage d’un crabe Morsure grandeur nature La vaguelette Déplaçait l’algue verte À la merci des falaises Tombant telles des serres d’aigle Sur l’éponge aux poils urticants.
Quelques gouttes de pluie Coulaient sur la paroi Abreuvant les ridules de la roche Posées de toute éternité Sous l’entrelacs d’une végétation Admise par mousson d’été En fin de soirée.
Zygomatiques effleurés Des doigts fins de la camarde L’envol des mouettes fût de courte durée Laissant au ciel clair La mémoire des roselières Jadis déposées au sortir de l’aber Par des mains viellissantes.
Sagacité propitiatoire Ecologe permissive Laissant suinter coulures d’esprit Par monts et par vaux Saga africa Face à la tendresse D’un jeté de nuisette par matin propret.
Roses éclats De tremblements L’ éternel accueil Colorant de poix Les portes de chêne Qu’entraînent en fond de poème Les plongeurs d’avenir.
J’ouvre le ciel Je ferme le ciel S’effacent les pas Sous une cordée de nuages Pour en dernière instance Allumer bougie de l’âme Au ressaut de la confrontation.
Puisatier Au regard attendri Contemplant l’arrêt du train En rase campagne De la Mayenne l’élu Jusqu’au pont de Nantes J’opérai un tourniquet.
Crépue chevelue La pensée étranglée Dans le cœur des horloges J’ai accepté par dérision D’allumer le trait de nuit De noircir le jour Juste pour un silence.
Un petit bouquet de fleurs des champs Disposé contre les vibrations Des étoiles nos sœurs Errantes passagères Sitôt écrites Lettres étranges Jetées au panier.
S’il te plaît De me tendre la main M’oblige à tourner la page Du grimoire en peau de veau Pétales de rose jonchant le sol Comme recueillir l’enfant Révélé en catimini.
Ta main Agitée dans une touffeur de vapeur Egrène le mimosa À portée d’une enveloppe Serrée contre ton cœur Alors qu’une dernière hirondelle Cligne de l’œil.
J’attendrai de te revoir Pour lever mon verre À hauteur de regard Puis cogner le talon sur l’embarcadère Quand passe le chant des peupliers En pleine couvaison Des chatons de l’enfance.
Enorme écouvillon Drainant par la soie du sanglier Les poussières de la veille Membres repliés Dans l’alcool de poire Retour de couches D’un coup de machette décochée.
Ferme les yeux Puis ouvre-les Pour perles de rosée Couler d’abondance Rayon de lune cherchant codicille À suivre rapetassage D’un linceul chiffonné.
Fleure bon l’échappée vernaculaire De ton souffle Foulard autour du cou Ô femme arc-en-ciel Mirlitonnant quelque chant Au déplié élevé de ta voix De grande tenue cathédrale.
Egalement complices Une multitude d’êtres affluèrent Portant hauts les faisceaux de la guerre Là où tombèrent dans le Trou Jadis pour faire vite Les guerriers de l’oubli Au risque d’aller ailleurs.
Ne pas savoir qui il est Ce passé présent À renaître Où tout se dit À hue et à dia Dans ce monde de syncopes.
La bougie brûle des deux bouts Et m’éclairent à la fois L’adieu et le jour qui point Devant la gargote Sans regarder en arrière Sans être le héros magnanime.
Médaille et tout le tintouin associés Feront reptile d’un bout de corde Vision sainte Nourrie d’une maigre chair de lumière À tout ce qui sied De vivant sur cette terre.
L’un d’eux se tient À la pointe Attelé sans l’être Juste penché sur l’éperon Au sein même de toutes choses Fier de sa prestance.
L’autre, dépourvu de tous principes Sanglote et personne ne le blâme, Refusant son corps de sagesse Il omet de rendre grâce Pour façonner son cœur Lèvres pincées à même le charivari.
Un jour viendra Fait de sang et de peine À ramer par la traverse Jusqu’aux terres oubliées Que suivent à petites bordées Les marcheurs du douanier.
Pleurez bonnes gens Devant cette âpre lutte Qui soudain coquilles rêches Empilent inconsidérément Les lieux-instants de vie De la marée montante.
Filent les mots de messe basse Sagesse superficielle Sonnant à la volée Sur la voie ferrée des frustrations Que les charges de dynamite Peinent à soulever.
Se rencontrer Lune et soleil confondus Discernant le réel En grande acuité Mains jointes Par la vulcanisation du quotidien.
L’idée de naître M’est venue par temps de pluie Et de versatilité Au creux des goules carnassières Pincée de sel élégamment posée Sur le mufle canin.
Passage obligé Remémorant l’offre principielle D’avoir à émettre À l’heure dite Les dix mille louis d’or De l’extase en Bretagne.
Et de remettre le couvert Pour que rien ne se perde De cette étreinte consentie Sur le sable blond d’une ultime douceur Eviscérée par le rostre D’un catéchumène de circonstance.