L’un tenant l’autre

L’un tenant l’autre
Par la main
L’autre tenant l’un
En sous-main
Les feux s’éclairent
Bougie à brûler
Dans l’ultime volute.

Partir dans la nuit sidérale
Prière sans écho
À deux
Toucher le fond
Au crépuscule
S’abandonner
Au gré des vagues de l’instinct.

Nom de la durée :
« Inattendue abondance »
Un don de la vie
Âme singulière rencontre âme singulière
Unique accès à la transformation
D’un amour inachevé
Gardant l’esprit du lieu.

Fissure méridienne
Juste le souffle du vide
En traverse des herbes sèches
Où décapiter la nuit
Promesse de sang
À faire sortir de l’alcôve
Les djinns de la louange.

Regard à propos
D’un silence
Que jamais les paroles imaginèrent
Sur les quais de Seine
Pour un secret
Qu’aucun oracle ne délia
Pas même l’unique instant.

Le vieux cheval au milieu du champ
S’est immobilisé
Parcouru par de noirs frissons
Oublieux des pâtures d’antan
Hors-temps
Sans se douter
Que tout arrive à point.

1634

La grille équanime

Crispation d’un sourire
En pleine efflorescence
La grille équanime
Enregistre ce qu’il faut dire
Et puis compare
Avec le ciment compacté.

Energie pure
Atmosphère nettoyée
La matière pénètre toute chose
Tant que lumière noire
Communique l’ineffable frisson du rien
Sans autre dénomination.

Affaire indicible
À chasser la poussière
Dans le jour naissant
Là où ondule la cellule
Simple cellule
Donnée à la volée.

Un jet de cauris
Endimanche les causalités
Dans un ciel élevé
Contre les balustrades de l’épopée
Tôt lancés
À contrechamp de qui rassemble et nourrit.

Murmure du poème
À la porte du temple
Chasse les chatons de l’esprit
Chatons velus déposés
Entre les monts bleutés
De tes seins de lune.

Ventre bien rempli
Nu dans la fange
Il eût été permis
De boire et de chanter
Jusqu’à point d’heure
Dans un éclat de chair voilée.

À nouveau ensemencée
La végétation s’est parée
D’un peu de temps
Pour déployer les pensées superficielles
Du pauvre hère en péril
Poing levé d’imprécations féroces.

Les grandes écritures
Blanchissent le tableau vert des parturients
Enchaînant toute vie
À l’étalage du malappris
En vers alternés
De quatrains et prophéties déclamés.

Voire les apparences
Modifie la saignée
Quand refuge éloigné
À la merci d’une réalité de pacotille
Le non-attachement se pare des laitances
Venues de la source.

Evitant le poivre et le sel
Poisson désossé
À la purée d’ail destinée
Nous eûmes bouillon de viande à profusion
En ces temps de forte instruction
Sans coups de règle sur les doigts.

Ne nous cherchons pas
Soyons le déjà vu
Aux terrasses du ciel
D’une concentration exsangue
Le jeûne avec soupe d’oignons
Permettant le son des phonolites.

Les nuages partent en lambeaux
Il pleut
À mille pieds de haut
Les sommets disparaissent
Restent pour aujourd’hui encore
Quelque divagation à pointe de diamant.



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