Le groin

De Tronçais à Servières   
D'arbres il y eut   
Mais nul d'entre eux   
Mufle relevé de l'aube   
M'avait transporté de la sorte.      
 
Secousse oblige   
Extraite du fond des âges   
Notre rencontre fût bruyante   
Comme au café de l'Opéra   
Où tout nous opposait.      
 
Nulle trace d'arrogance   
Juste un assaut entre pirates   
De pure et raide manière   
Disposant bras jetés à l'encan     
D'une réalité de cendres.      
 
Remuement souterrain   
Sans lâcher des yeux   
Du groin de mousse   
Toutes griffes tendues    
D'un éclair à venir.      
 
Longtemps après   
Au passage des gorges   
Il fallait descendre près de la rivière   
Obliger le marchand   
À payer l'octroi pour traverser le pont.      
 
Aimer c'est demander à l'autre   
Sans possession sans jalousie   
Quel est son tourment   
Et se tenir sans même connaître la réponse   
Dans le noir de l'énigme.      
 
Au bouche-à-bouche    
Dans l'eau trouble   
D'un miroir de mésalliance   
J'ai conçu le fruit vivant   
D'un jour que l'âme éclaire.      
 
Quand à la femme d'avenir   
Celle des cours intérieures   
Que chantent le temps des cerises   
C'est en plénitude du manque   
Que je vous quittais.      
 
À la folie   
Même le firmament s'assombrit   
Quand pris de panique   
À la courbure du temps   
L'échec fût nécessaire.      
 
Dire à ceux qui restent    
Ce qu'on a tu de son vivant    
Plonge le récipiendaire    
Dans l'écriture de quelques lignes   
Sur un papier de circonstance.      
 
Vogue et me viens   
Secrète solitude   
Au passage des roues ferrées   
À un jet de pierres   
Du cœur des maraudeurs.      
 
Un jardin d'encre   
Recouvre la contrée   
Inconsolable   
Au contact des fleurs   
Un bouquet des champs.      
 
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