Kategorie Archiver: Mee 2021

Des mots et des herbes

 

 Des mots et des herbes   
 entre les épis de blé   
 pour bleuets évadés en bord de route   
 se blottir comme neige en printemps   
 dans la Jeep    
 de la reconquête.      
  
 Sous un ciel immense   
 à petites touffeurs blanches et rouges   
 murmurait le paraphe   
 de tes yeux ouverts   
 au goût de métal sous la langue   
 tels cailloux remués en bout de bâton.      
  
 La tenture des falaises   
 ourlait les griffes de la mer   
 sur les galets de l'estran   
 notes tendres à portée des sourires   
 échangés comme mouettes babillardes   
 rassemblant les festons moussus.      
  
 Perchés sur les plus hautes planches   
 les carnets de la veille   
 étaient les coquillages de notre bibliothèque   
 phrases en suspens   
 de nos pères et mères   
 débarbouillant l'enfant d'une once de "sent-bon".      
  
 Claquent les grêlons   
 sur la vitre des saints de glace   
 clairière de longue vie   
 ouvrant à qui mieux mieux   
 les opercules de nos peurs archaïques   
 que nul homme ne saurait dompter.      
  
 Des claques et des cloques   
 pour le retour des oubliés   
 en troublante cohorte   
 au fil de l'air d'un dévidoir   
 enflammant les bouffées de phéromones   
 d'une pensée d'éveil.      
  
 Sous la tente   
 le thé chaud et sucré   
 énumère les ventouses de l'âge   
 propices à fuir aux striures du levant    
 l'aveuglement des sonneries de secours   
 de notre quête sécuritaire.      
  
 800   
 
 
 
 
  
 

De nos corps

 
 
 De nos corps   
 pure merveille   
 coulaient les subtiles concrétions   
 odorantes et inspirantes   
 de notre pacte d'amour.      
  
 Se réunissaient   
 la Nature, la Terre et le Cosmos   
 chérissant haut les cœurs   
 les liens de fraternité et de partage   
 avec nos frères et sœurs humains.      
  
 A la source profonde   
 du Féminin sacré   
 des racines évidées   
 en d'étranges tubulures   
 propageaient le son des appels ancestraux.      
  
 Salut Dieux et Déesses
 permettant à la Terre généreuse
 de recevoir sagesse et grâce
 en ascension 
 avec la profondeur du silence.
  
  
 799 

Le dire des cynorhodons

 
 
 Le dire des cynorhodons  
 que l'on gobe   
 tel oiseau bleu   
 accroché au panneau   
 de toutes les circulations   
 apporte grelots en mai   
 telle courbe des opportunités   
 galbée pour un concours de miss   
 propice au jardinage des échos   
 mitonnées   
 prêtes à l'entendement   
 le cœur battant   
 à la table exposées   
 devant l'immigré clandestin   
 dérobant un morceau de pain     
 tous caprices confondus   
 avant d'entrer en contact
 avec une partie de la création. 


 798 

Petite sœur je t’aime

Petite sœur je t'aime
De cette sensation
De cet ébranlement
De la considération
Des choses de la vie
Qui éclairent tout doucement la chambre
Quand la lumière du jour baisse
Et que les lucioles prennent le relais.
 
Il est des nuits d'offrande de soi
D'approche du grand Tout
Auxquelles la matière est à l'état pur
Auxquelles la chair est à vif
Mais contient son devenir.
 
L'Être est là
Et être c'est s'engager dans sa tâche avec ses épreuves
Qui sont autant de moyens d'extraire le joyau de sa gangue.
 
Le Souffle
La libre circulation de l'esprit.
 
Tu es émission et transmission
Chère Frédérique
Et cette lumière qui te fait mendiante d'amour
Est la définition essentielle
Pour comprendre comment accomplir l'Entreprise.
 
Tu es pleine
Et je serais là quand tu enfanteras
Et nous lui donnerons un nom
Un tout petit nom
" Petite herbe des bois dans un rai de lumière " par exemple
Et ce sera bien comme ça
Au moment de fermer la valise
Avant de s'effacer
Pour naître à nouveau.
 
797

Plume de vie

 
 
 Plume de vie   
 au creux des ajoncs   
 le soleil s'est éteint   
 pour que naissent pleine peau   
 les jours heureux.      
  
 Entendre et se taire   
 quand se tient l'homme de loi   
 près de son pavillon   
 à compter les noix de l'octroi   
 en refus de soi-même.      
  
 Prendre et remiser   
 pour le jour de gloire aidant   
 sortir de sa tanière   
 comme jour en hiver   
 aller par les halliers la babine écumante.      
  
 Saillir une dernière fois   
 de joie et de fureur    
 la jument des offices   
 de Charybde en Scylla   
 pour être pauvre de soi.      
  
 Mon amour des eaux vives   
 ne mesurons pas nos rires   
 quant au pré salé de notre enfance   
 les moutons du dimanche   
 sont touches d'aquarelle.      
  
  
 796 

Encore fallait-il

 
 
 Encore fallait-il
 mordre dans le râble de l'outarde
 ô précieux rebelle
 que la dent émeut
 passage creux entre les paravents
 manquement à la déréliction
 muse approchée
 entre pierre et lumière
 que je n'eusse pris pour candélabre
 sous la voûte étoilée
 des pensées nocturnes
 een bis zwee
 de si infrangible manière
 qu'une pincée de sel
 sur la queue de la souris verte
 ferait marionnette
 apprivoisant le précieux trésor
 à cultiver sciemment
 hors l'immobilisme pétrifié
 de tout reflet
 cage de verre émondée
 du cœur de l'ouragan
 mains gantées de cuir
 en inversion du sens de notre regard
 que le cristal de roche épelle
 histoire d'accommoder
 le langage du serpent
 à celui de la terre profonde.
  
  
 795 

Si douce et si charnue

Si douce et si charnue   
ta peau au clair matin   
était pêche de vigne   
sous la glycine au feuillage natif.      
 
Tout me paraissait   
d'une infante en mai apparue   
le sourire de l'enfant délaissé   
par les tâtonnements de la vie.      
 
Nulle trace de l'étrange combat   
à joindre la terre et le ciel   
au sortir de la rencontre   
excavation lumineuse des lèvres du monde.      
 
Maîtres des rinceaux de la porte   
nos oiseaux encorbellant l'entrée   
nous pûmes abandonnant toute perfection   
tendre la main devant l'obole.      
 
Chuchoté à l'oreille des gueux   
l'entendre et l'aisance de dire   
prolongeait l'enseignement   
par le partage des Regards.      
 
Perpétuelle danse sacrée   
sur le pré humide de rosée   
à souhait nous remplîmes notre besace   
de la clarté du jour naissant.      
 
De chaos en chaos   
nous passâmes le gué des altérités   
pour somnolant sur la charrette   
envisager la poursuite de notre quête.      
 
Invisible échange de toi de moi   
maîtrisant l'énergie montante des arbres de la montagne   
et l'énergie descendante des courses vers le ruisseau   
il fût temps d'irriguer nos corps.      
 
Par le réticule de la visée éternelle   
nous fîmes sauter les plombs de la démence   
pour contraindre les monstres   
de restituer nos œuvres et prières.      
 
Naissent les enfant   
dans des panières d'osier   
le soir au débotté d'un labeur éreintant   
sans que comprendre signifie le chemin parcouru.      
 
Si douce et si charnue   
ta peau au clair matin   
faisait tendre tenture   
agité par le souffle de la présence.      
   
 
794
 

Papa avait les mains tremblantes

 
 
 Papa avait les mains tremblantes   
 jointes sur la couette aux teintes pastel   
 sans que s'échappent les souris grises de l'ennui.      
  
 Point n'eut fallu quelques paroles   
 pas de nobles diatribes   
 pour évaluer la tendresse de l'instant.      
  
 Il y avait coulures d'esprit   
 sur les photos accolées au mur de la chambre   
 comme mouches sur la tenture d'une vie.   
  
 De fêlure en fêlure   
 marcherons nous   
 sans que le pas crisse sur les galets   
 au pied des falaises   
 que la mer découpa à son aise   
 au temps des tempêtes   
 le sourire des brumes émergentes   
 laissant passer sous la pâleur d'un soleil bas   
 l'équilibre qui instaure l'immobilité   
 près du port d'arrivée   
 pour la dernière barque   
 ensemencée de fleurs des champs   
 au couchant de nos souvenirs.      
  
  
 793
   

	

Le joli mois de mai

 
 
 Mois de mai   
 au long des corridors   
 tu as baigné mes yeux   
 d'une onde pure   
 au diamant des anémones.      
  
 De tes gestes    
 saillis au souffle d'or du discernement   
 tu as cueilli le gui   
 tels rêves éclos   
 l'espace d'une nuit.      
  
 Champ à l'horizon lointain   
 viennent par le sentier des altérités   
 les odorantes senteurs   
 d'orge répandu   
 sur la bourrache épaisse.      
  
 Sont descendus dans la carrière   
 les foudroyés de la conscience   
 en jupes et redingotes   
 les bigots et les bigotes   
 du bel amour de la présence.      
  
 A ne plus s'entendre   
 à ne plus s'éprendre   
 montèrent des basses plaines   
 à pas mesurés  
 les paires affrontées de notre animalité.      
  
 Au centre de la place   
 nous appelions nos maîtres   
 en fécondité naturelle   
 lorgnant l'ancestrale harmonie   
 d'une radicalité emprunte de lumière.      
  
  
 792  

 
  
 
 

Rêve incandescent

Ô rêve incandescent   
du fond des forêts sombres   
une flamme s'est levée   
pour chanter à nouveau.      
 
La rose et le lilas   
sur les berges herbues   
j'ai pris ta main   
et les peupliers se sont tus.      
 
Sagement éconduit   
d'un sourire triste   
sans que la voix tinte.      
 
Même les nuages    
entre ombre et lumière   
ont éveillé d'innocentes fraîcheurs.      
 
 
791