Kategorie Archiver: Januar 2013

L’être humain; corps, âme et esprit associés

 L’Etre humain est une structure englobant un corps, un psychisme et un esprit . C’est aussiun processus existentiel et spirituel par son engagement, dans le temps qui passe, et dans l’espace cosmique qui dépasse et interroge notre entendement .

Notre corps est périssable. Le corps-organisme est structure de perceptions au travers de ses organes . Il est corps-organe et pas seulement corps-matériel .

 Il est le premier objet de communication et de relation à l’autre . Il porte l’inscription de tout ce que nous avons vécu au cours de notre histoire dans sa globalité. La physiologie émet des signes et des messages issus des mécanismes existentiels programmés en lui comme dans un ordinateur.

Le psychisme, ou psychologique, caractérise le mouvement des pensées, les idées stéréotypées, un monde intermédiaire dans lequel on ne peut rien bâtir tant le trouble est grand. La confusion psychologique est la base de l’être .

Le tri qui est fait dans le compliqué du mental, ouvert à toutes les influences, est effectué par la conscience . De cetteconscience découle plusieurs notions agissantes dans le travail psychologique : l’écoute fine et sensible à ce qui est là, la conception unitaire et globale de l’organismeon ne peut pas dissocier le corps, de l’affectif et du mental -, la notion du lien entre l’organisme et l’environnementla conscience est conscience de quelque chose -, la dimension temporelle dans le devenir de l’être humain, l’idée d’un potentiel à découvrir grâce à l’élargissement du champ de conscience .

Le travail psychologique peut ouvrir à la réalisation spirituelle, et s’il ne mène pas au spirituel, il peut néanmoins débloquer, voire écarter, des situations et des comportements qui piègent le psychisme, afin de rendre l’être humain disponible à autre chose par l’élargissement de son espace d’intervention. Le travail psychologique permet l’ajustement créateur à l’environnement .

L’esprit est la fine pointe de l’âme, le sommet de la pyramide qui communique avec le monde supérieur .

Il est repérable au travers de la quête du bonheur qui nous caractérise. Nous allons vers quelque chose, et cet élan, cette énergie que nous avons en nous, nous pousse à la réalisation de nous-même dans l’ouverture à ce qui est changeant, différent, indicible, dans la relation à ce qui nous entoure et principalement à autrui. Nous sommes comme poussés par une faim de complétude qui se révèle être la propension à se découvrir, soi, au plus profond de son être .

C’est alors que nous entrons en résonance, avec un lointain écho qui se rapproche jusqu’à devenir mythe ou mémoire secrète .

La révélation qui en résulte nous convoque à un changement de regard sur ce qui est proche, et c’est en dépassant l’illusion de nos désirs et notre lâcheté à éviter les surprises, que nous nous situons alors dans l’obligation decontacter”  cette part imprenable de nous-même .

L’esprit nous incite à passer de l’ “avoirà l’ “ginn”. Il est ouverture à l’Autre qui vient vers nous, au jamais vu, jamais expérimenté, à la nouveauté créatrice en écartant nos conceptions habituelles qui habitent notre vieille conscience .

 L’esprit se reconnaît à ce qu’il est indestructible, simple, inattaquable . Il est le fil rouge, de l’être au milieu des tribulations de la vie, que rien n’efface car tout concourt à ce qui est.

L’Etre humain a besoin de ces trois composantes dans l’expérience du vécu pour être convoqué à l’expérience d’une vie de conscience, de liberté et de responsabilité. Il se doit d’être l’accompagnant du profond de lui-même et d’autrui, par la pratique, dans ses actions menées à l’extérieur, de la transparence, de l’équité, du beau, du bon et de son exemplarité.

Il a besoin ducorps, de l’incarnation de l’Etre, du tangible, de ce qui promeut la concrétisation du chemin existentiel et permet la visibilité d’un but vers lequel tout semble converger. La conscience du corps est le garde-fou, qui au travers de certaines expériences spirituelles, permet de retomber les pieds sur terre. Il est aussi le lieu des sensations et visions inouïes .

Le corps résiste à sa disparition programméel’instinct de survie -, et par cela cherche à se reproduire et à perpétuer l’espèce .

C’est la référence à notre propre corps qui crée autrui et lui donne sens. C’est au travers de notre vulnérabilité que nous pouvons “ze beréieren” l’autre, le rendre à lui-même, et par là, nous fonder nous-même .

Le psychisme est essentiellement le monde des émotions. Il est aussi le champ de la cognition dont l’extension stimule les recherches en neurosciences. Il nourrit cette volonté de l’Etre à l’autoconservation, à l’individuation et au plein emploi de ses capacités intellectuelles, affectives et intuitives .

La parole est libératrice quand elle s’origine du corps et de l’émotion, quand elle est incarnée. Trouver les mots : un passage obligé, den “parlêtre”, l’échelle de Jacob en association lumineuse à ce qui est et à ce qui nous dépasse .

L’esprit, sengem, peut s’enflammer au feu supérieur divin. Pour cela il ne plie pas devant les épreuves mais semble plutôt les rechercher pour les transformer en richesses sur un chemin d’espoir. Il nous lie, en ressemblance, au plus grand que nous sommes. Il est l’étoupe dont on fait le brûlot qui enflammera l’ordre établi lorsque celui-ci, affadi par la complaisance et le manque d’apports extérieurs ne survit que par lachosificationdes fruits de notre monde. Il est le lien inattaquable et immensément clair et lumineux. Il domine toutes les souffrances de l’Etre pour nous inscrire, par un voyage initiatique, vers le grandir de soi, vers davantage d’ouverture à ce qui nous dépasse. Par cette attitude, la perspective ontologique nous entraîne, par le processus de quête intérieure du mystère fondamental, vers plus grand que nous, vers ce qui semble éloigné mais qui paradoxalement est si proche, au plus profond de nous, au coeur de notre être, au cœur de l’Etre .

Dans son implication sociale, l’être humain doit avoir un comportementéthiqueafin d’orienter sa vie selon des principes humanistesà retravailler sans cesse par l’affirmation d’une posture de connaissance, de sagesse, de lâcher prise, de réflexion tout autant que de méditation -, afin de lui permettre de garder le cap . Ainsi seront dégagées les traces pouvant servir de repères aux génération futures .

Par la conjonction complexe du corps, du psychologique et de l’esprit, nous nous orienterons alors dans la direction du grandir de l’Etre . Alors nous ferons le saut de la vie . Nous élèverons notre être . Nous serons debout avec notre parole et nos signes , ce qui nous amènera par notre verticalité à libérer ce que nous sommes .

109

Ente l’ordre et le désordre, la complexité

  L’idéal platonicien d’ordre et d’intelligibilité domine toute la science grecque puis la science classique jusqu’à Einstein, chantre passionné d’une religiosité cosmique.

Dans l’optique traditionnelle, le désordre est ce qui perturbe un ordre établi. La notion d’ordre est donc première. Elle est d’origine religieuse. L’ordre dans le monde est le reflet de la raison divine ; Dieu est le grand ordonnateur.

L’étude scientifique des états désordonnés nous oblige à reconsidérer la dialectique ordre-désordre et soulève le problème de la complexité qui déborde le cadre proprement scientifique.

La découverte moderne d’un désordre omniprésent oblige à s’interroger sur les bases scientifiques de cette idéologie proprement mythique. Le désordre est d’abord perçu comme une offense à l’ordre naturel.

Cette connotation négative reproduit celle qui entoure l’idée de désordre moral ou de désordre social.

Le désordre n’est-il pas une menace contre la science elle-même quidepuis qu’elle existe, s’est acharnée à révéler l’ordre caché des choses ?

La révélation du désordre a quelque chose d’angoissant, car le désordre est incontrôlable. Il convient donc de le refouler et de se rassurer. Pour cela, on affirme que le désordre n’est qu’une apparence et que derrière ce désordre apparent se cache un ordre, un arrière-monde parfaitement ordonné.

    Cette conjonction de l’ordre et du désordre crée la complexité.

L’histoire de l’univers de la vie présente une montée de la complexité, comme Teilhard de Chardin en avait eu l’intuition. On parle maintenant de pyramide de la complexité, de seuils de complexité. Ainsi l’ordre et le désordre, le régulier et l’irrégulier, le prévisible et le non-prévisible, se conjuguent pour créer la complexité.

Dans une structure complexe, l’ordre est dû à l’existence d’interactions entre les éléments alors que le désordre permet de mieux spécifier les constituants du système pour, les ayant nommés, pouvoir ensuite les mettre en interaction. Du coup, dans les systèmes, se fait jour une dialectique entre le toutl’ensemble du systèmeet les parties ; ainsi la cellule est plus qu’un agrégat de molécules. Dans le tout émergent des propriétés nouvelles dont sont dépourvues les constituants, les parties.

Le tout est doté d’un dynamisme organisationnel. La vie peut se définir comme un faisceau de qualités émergentesl’auto-reproduction par exemple -. Elle contient simultanément un élément d’ordre et un élément de désordre dégénératif. En ce sensla mort est inséparable de la vie, etl’organisation du vivant est en fait une réorganisation permanente.

108

Cet office

 Cet office d'après vigiles
dans l'église des catacombes
le prêtre en habits rouges
penchant sa loupe lumineuse
sur les textes sacrés.

La clarté de l'expression orale
le dépouillement du rituel
l'essentialité de la gestuelle
avaient le goût de la fine lame
tranchante épée de justice
séparant le vrai du faux
en ascension lente du mythe antique
exalté par le rituel.

Au vif du propos
les catéchumènes
contre les murs nus du chœur
alignés à psalmodier
debout puis assis
les arcanes du culte
qui se déroulait là
comme à la sauvette
entre vigiles et laudes
l'eucharistie en sa levée
marquant la transfiguration du divin
sans émotion feinte
telle la présence obligée
de l'œuvre de chair
et du mystère
liés en leur incomplétude.


107

Je sème à tout vent

 Les cloches font du saute-mouton
 sur les crédences de la sacristie .
 
 Le faisan longe le mur
 rencontre sa faisane
 et lui montre
 ce qu'il faut faire .
 
 Les rires anglais se succèdent
 en cascades
 feux d'artifices de bonne humeur
 que ne manqueraient pour rien
 les moustiques
 âpres au gain du sang .
 
 Le vent caresse la prairie aux hautes herbes,
 ventriloque immobile
 les fruits du platane
 battent la mesure .
 
 Les pissenlits à maturité
 s'essaient au Sème à tout vent
 du Tout en Un
 vaste programme de l'enfance
 d'après la vaisselle
 où les parents
 avec tricots et journaux
 cherchaient l'ombre conjointe du frêne et du tilleul
 alors que nous poussions la porte du grenier
 pour frotter la capsule métallique
 entre pouce et index
 entre pouce et majeur
 sur le plancher disjoint
 aux grains de blé encalminés
 dans le renfermé de la soupente
 aux discrets trapillous
 faisant monter l'odeur poussiéreuse du bois vieilli
 que nous accompagnions
 de génuflexions cadencées
 l'attention portée
 sur les petites roues dentelées
 aptes à sautiller
 brinquebalantes
 sur le tour de France
 de nos chemins de craie .


 106 

Comme un retour en arrière et un bond en avant

   Dans l'encoignure
d'un puissant mur de pierres
murmurent les esprits .

Etre immobile
dans le silence de l'attente sans attente
du simple mouvement de vie .

Moment de fermer les yeux
d'être attentif à l'instant présent
d'être avec ce qui est
sinn
dans une posture souple et détendue
avec notre souffle
avec ce corps qui respire tranquillement
avec ces pensées qui vont et viennent
observer
juste voir
contempler
cette poitrine qui monte et se creuse
avec nos sensations
avec notre conscience qui s'élargit
tout voir sans que rien ne s'accroche
être dans un esprit d'ouverture et d'accueil à ce qui est
dans l'ici et maintenant de notre souffle
et des bruits alentours
accepter la simple présence de ce qui s'advient
dans l'absence de ce qui précède
tout autour
et embarquer
par le déplié de nos pensées
aussi légères que leur repliement
voiles offertes au vent
vers là
où tout commence et fini
sans nécessité de la réponse .


105

l’attachement

 Le souvenir de ce jeu   
 origami de l'enfance   
 une salière en papier .   
 Entre l'index et le pouce de chaque main   
 " Choisis un nombre " !   
 et les doigts ouvraient et fermaient la 
salière autant de fois qu'il le fallait   
 " Choisis une couleur : rouge, bleu, vert 
ou noir " !   
 et l'on dépliait la salière à l'emplacement 
que le hasard désignait   
 " Tu es gentil ... Tu es la plus belle ... "   
 Sinn, dans cette image des quatre rochers 
encastrés, le jeu est figé, cristallisé, 
Et ass "granite" , il est fermé et depuis si longtemps, que la mousse le recouvre .   
 Cet objet "jeu-papier-pierre-mousse" devient 
le point de départ du surgissement d'un 
souvenir, d'une nostalgie, d'une forme-pensée , 
d'un sentiment .   
 Comme un millefeuilles ouvert à tous les vents, 
un moment de vie émerge. Trois petits tours et 
puis s'en vont ... Il y a de l'émotion ... 
Mais pourquoi, en quoi et comment cette émotion devient un sentiment ?   
 Le sentiment, c'est bien plus qu'une réaction physiologique saupoudrée d'un zeste de culture mémorisée . C'est une fonction complexe fondée 
en premier lieu sur une sensation puis 
un ressenti qui vient du profond de soi, 
une posture, une manière de se percevoir dans 
une situation donnée . Mais ici, à propos de 
ce jeu, à l'occasion de ce " jeu-image-souvenir-papier-enfance-pierre moussue ", de quoi s'agit-il ?   
 Par le contact entre l'être humain que nous sommes 
et l'environnement, ce n'est pas le sentiment qui 
nous met en relation avec ce qui n'est pas nous, avec quelque chose d'extérieur à nous. Ce serait plutôt 
la perception, la sensation, l'intuition qui 
seraient à l'oeuvre . Le sentiment est l'émergence aboutie provisoirement d'un fait culturel que nous avons fait notre plus ou moins consciemment et dont objet déclencheur ne saurait être l'unique cause . L'objet n'est que l'occasion de s'apparaître .   
 Nous attachons, la plupart du temps, nos sentiments au monde environnemental, aux mondanités, en 
imaginant que les événements qui s'y produisent - 
par exemple l'utilisation de notre jeu ici présent - sont à l'origine d'états de conscience qui nous 
traversent. Je me forge l'espoir illusoire qu'il me suffit de contrôler mon environnement, l'objet de 
mon désir, pour être le maître de mes états de 
conscience. Je veux être en situation de prescience, de pouvoir sur le monde, d'être le dieu de mes émotions. Mais ce n'est qu'illusion ! Notre intention n'est qu'un tout petit élément de la source du sentiment qui nous traverse et sur lequel nous 
n'avons pas plus d'influence que sur le temps qu'il fait.   
 Vouloir manipuler ses propres sentiments pour 
éviter le manque, l'incertitude, la peur, et être le démiurge de ses propres états, c'est refuser le surgissement spontané de la vie à travers soi. C'est une grande source de la souffrance !   
 Le paradoxe de l'attachement est cruel. Nos sentiments, c'est nous, au profond de notre intime 
et pourtant nous les vivons comme s'ils nous jetaient hors de nous-même en nous focalisant sur tel ou tel objet du monde . Alors " nous ne nous sentons plus ", nous ne sommes plus conscients de nous-même .   
 Par exemple, l'on croit aimer cette femme , - " mon amour pour cette femme me dit , me fait comprendre, 
me rend clair l'être qu'elle est"  - , vision romantique de l'objet qui nous éloigne de la cause du sentiment formé de beaucoup de nos projections .   
 Un certaine voie du détachement serait d'apprendre à dissocier nos sentiments de leur objet et à les vivre pour eux-mêmes . Il s'agirait " de revenir à soi " .   
 Vivre et gérer vraiment ses sentiments est un chemin obligé préludant à la connaissance de soi .   
 Et si dans les cases secrètes de la salière du jeu  " papier-nombres-couleurs-hasard-pierre moussue - je te dirai qui tu es "  il y avait sous les quatre couleurs, quatre précieuses pépites à recueillir vers une approche sensible de soi qui seraient la perception, le ressenti, l'émotion et le sentiment, étapes nécessaires à la connaissance et au savoir quoi faire de cette connaissance .   
 ...  Afin de ne pas sombrer dans l'attachement ! Pieds et poings liés à nos croyances protectrices, à nos peurs .   
 ...  Afin de vivre librement en instance d'Être , notre monde Vrai .   

  (Texte librement inspiré de Basarab Nicolescu)  

 104 

la lumière

    La lumière est un grandthème scientifique mais aussi occasiond’éveil, d’esthétique et métaphore du divin. C’est une Réalité multidimensionnelle .

La lumière est le moyen qui permet à l’astrophysicien de dialoguer avec le cosmos .

La lumière est l’élément le plus noble de la nature, et l’oeil est l’organe le plus noble du corps humain .

Dans les sciences, la lumière fait intervenir non seulement deséléments physiques (comment l’image vient dans l’oeil), mais aussiphysiologiques (comment l’oeil fonctionne) etpsychologiques (comment le cerveau interprète l’image) . Comprendre la lumière, c’est aussi déchiffrer les mystères de l’oeil et du cerveau . La lumière, la vision et l’activité neuronale sont inextricablement mêlées .

La lumière joue aussi un grand rôle dans lesdomaines de l’art et de la spiritualité. Car la lumière est davantage que matière, elle est aussi d’ordre spirituel . C’est en explorant les reflets, les éclats, les ouvertures, fenêtres et vitraux et les formes lumineuses de l’environnement et des monuments que l’homme a érigés, Rembrandt, Turner, Boudin, Monet, Cézanne, Le Corbusier et Soulage donnent une âme à la nature. En s’affranchissant des formes pour laisser place à la couleur, Kandinsky invoque l’impérieuse nécessité intérieure de l’artiste à utiliser l’art pour faire la synthèse des mondes intérieur et extérieur et aboutir ainsi à la grande loi cosmique .

Les traditions religieuses du monde entier ont porté la lumière au plus haut point . L’art gothique est l’art de la lumière par excellence . Le christianisme parle dun Dieu de lumière. Le bouddhisme associe la dissipation de l’ignorance, source de souffrance à laluminosité de l’esprit ” .

L’homme se définit par la représentation qu’il se fait de la lumière . Qu’elle soit scientifique, technique, artistique ou spirituelle, la lumière nous permet d’être des humains .

103

La science et la paix

La science se déploie entre la certitude (il faut apporter des preuves) etle lâcher prise (il y a un inconnaissable dans l’Univers). C’est cette tension qui crée le moteur de la recherche. L’exploration de l’inconnu et du mystère nous met en permanence face à notre ignorance. Un univers dont nous saurions tout serait extrêmement ennuyeux .

La science ne se réduit pas à une technique. A travers ses paradigmes, ses conceptions du monde et ses pédagogies, elle porte la trace de la diversité des imaginaires de l’humanité .

La façon detransmettre le savoir scientifique et les technologies doit être moduler en fonction de la culture, de la langue et de la forme de spiritualité propres à chaque pays. Le savoir scientifique ne nous dit pas comment alléger nos souffrances intérieures, ni comment conduire notre vie. Il ne parle pas de beauté ou d’amour. Ce rôle revient à la mosaïque des cultures, des langues et des religions. Aussi est-il important pour les générations futures d’être informées, en plus du tronc commun scientifique universel, à la diversité de culture, de langue et des religions du monde entier.

Les avancées de la science actuelle nous oriente vers les phénomènesd’interdépendance, de paradoxe, de complémentarité qui sont des données venant plutôt de l’orient qui a toujours été plus holistique et moins réductionniste dans sa manière de comprendre le monde. Les découvreurs de la mécanique quantique tels que Bohr et Heisenberg ont dépassé les méthodes réductionnistes de Newton et Einstein pour ouvrir la science à une vue plus complète du monde en changeant de paradigmes. Ainsi Bohr, pour concevoir la dualité onde/particule de la lumière et de la matière s’est inspiré du concept Yin/Yang de l’orient .

Et puis, une autre démarche est aujourd’hui possible ; celle fondée sur une logique de l’absence comme témoin d’une présence. La pensée, de Geescht, le sujet, ne sauraient être objectivement circonscrits et donc leur présence n’est pas à rechercher à côté ou dans des processus, mais dans l’impossibilité pour les processus de s’auto-justifier. Voir à cet effet les théorèmes de Gödel .

Loin de constituer un échec de la raisonl’incomplétude du sujet empirique désigne un espace offert, au coeur de la rationalité, à la révélation d’un sens .

Seul l’enseignement d’un tronc commun de savoir scientifique, accompagné par la connaissance et le respect des diversités culturelles, peut favoriser la venue d’un humanisme universel qui favoriserait la paix dans le monde .

102

Niveaux de réalité, tiers exclu et tiers inclus

On entend par niveau de Réalité un ensemble de systèmes invariants soumis à l’action d’un certain nombre de lois générales. Deux niveaux de Réalité sont différents si, en passant de l’un à l’autre, il y a rupture des lois et rupture des concepts fondamentauxcomme le concept de causalité par exemple.

Le développement de la physique quantique ainsi que la coexistence entre le monde quantique et le monde macrophysique ont conduit sur le plan de la théorie et de l’expérience scientifique, au surgissement de couples de contradictoires mutuellement exclusifs (A et non-A) : onde et corpuscule, continuité et discontinuité, séparabilité et non-séparabilité, causalité locale et causalité globale, symétrie et brisure de symétrie, reversibilité et irréversiblilité du temps, etc.

Or avec la mécanique quantique, le fait que les couples de contradictoires qu’elle a mis en évidence sont effectivement mutuellement contradictoires peuvent paraître comme un scandale intellectuel quand ils sont analysés à travers la grille de lecture de la logique classique.

Cette logique classique est fondée sur trois axiomes :

1. L‘axiome didentité : A est A

2. L‘axiome denon-contradiction : A n’est pas non-A

3. L‘axiome du tiers exclu : il n’existe pas un troisième terme qui soit à la fois A et non-A

Or selon la logique classique on ne peut affirmer en même temps la validité d’une chose et de son contraire : A et non-A. On ne peut affirmer que la nuit est le jour, que l’homme est la femme, que le noir est le blanc, que la vie est la mort.

La logique quantique a modifié le deuxième axiome de la logique classiquel’axiome de non-contradictionen introduisant la non-contradiction à plusieurs valeurs de vérité à la place du couple binaire (A, non-A). Il existe alors un troisième terme T, qui est à la fois A et non-A, qui s’éclaire lorsque la notion deniveaux de Réalitéest introduite : c’est l’axiome dutiers inclu.

Représentons les trois termes de la nouvelle logiqueA, non-A et T le tiers incluet leurs dynamismes, par un triangle dont l’un des sommets se trouve à un niveau de Réalité et les deux autres à un autre niveau de Réalité. Si l’on reste à un seul niveau de Réalité, toute manifestation apparaît comme une lutte entre deux éléments contradictoires (exemple : onde A et corpuscule non-A). Le troisième dynamisme, celui de l’état T, s’exerce à un autre niveau de Réalité, où ce qui apparaît comme désuni (onde ou corpuscule) est en fait uni (quanton), où ce qui apparaît comme contradictoire est perçu comme non-contradictoire.

Un seul et même niveau ne peut engendrer que des oppositions antagonistes. Il est auto-destructeur s’il est séparé complètement de tous les autres niveaux de Réalité. Un troisième terme, disons T’, qui serait situé sur le même niveau de Réalité que les opposés A et non-A, ne pourrait réaliser leur conciliation.

Ne confondons pas l’axiome du tiers exclu et l’axiome de non-contradiction. La logique du tiers inclus est non-contradictoire.

La logique du tiers inclus n’abolit pas la logique du tiers exclu : elle restreint seulement son domaine de validité. Ainsi la logique du tiers exclu est validée pour des situations simples, comme par exemple la circulation des voitures sur autoroute ; personne ne songe à introduire un troisième sens par rapport au sens autorisé et au sens interdit.

Par contrela logique du tiers exclu est nocive dans les cas complexes, comme par exemple le domaine social et politique. Elle agit dans ce cas, comme une véritable logique d’exclusion : le bien ou le mal, les hommes ou les femmes, les nationaux ou les étrangers, la droite ou la gauche, les riches ou les pauvres, les blancs ou les noirs, les habitants de tel quartier ou les habitants de tel autre quartier, etc. Il serait révélateur d’entreprendre une analyse de la xénophobie, du racisme, de l’antisémitisme ou du nationalisme à la lumière de la logique du tiers exclu.

Et, dans les années à venir, l’introduction de ces deux notions de tiers exclu et de tiers inclus ne pourraient-elles pas faire avancer l’étude de la conscience ?

101

(Texte librement inspiré de Basarab Nicolescu)

Le cœur

 Sans attente et de concert
suave entrée en confiance
acceptation permise
et toujours nouvelle
la danse des premiers jours
de clochettes tintinnabulantes
menues menues
et pourtant si présentes
à l'orée de l'amitié
de l'avènement d'un jour qui vient
au reflet d'un jour qui va
le passage en toutes saisons
du pas à pas de la présence
à ce frisson si doux
des dernières feuilles du cerisier
prêtes à tomber
et déjà crispées
devant le coup de vent
et puis plus rien
juste le cœur
qui se contracte
et se rétracte
contre la paume chaude
de cette main familière
le papa et la maman
joints à l'occasion
de ce grand chambardement
qu'est l'abandon
au temps qui passe
laissant place au cœur qui saigne
au cœur de l'instant
prompt à s'ouvrir
devant le cœur des fleurs
devant le cœur des anges
un large sourire
sur le visage des gens qui s'aiment
leurs yeux plissés
laissant couler une larme
bras tendus
et gorge humide
les jambes flageolantes
sur un air de violoncelle
onde prolongée se diluant douce amère
dans le murmure soyeux
du monde aux fibres mêlées
liqueur veloutée
d'un cœur qui parle au cœur.


100