Lire par petites lampées

Lire par petites lampées   
Amnistie la galerie  
Celle des glaces   
Partant à la débâcle   
Le long des pensées inconcevables.      
 
À la une, à la deux   
Les pendus de Villon   
Se sont affalés sur le quai   
En accomplissement du temps   
Qui les avait élevés.      
 
Du sureau plein les doigts   
Rougissait les lèvres   
Expérience visionnaire   
À la portée des enfants   
Parrainés par les anges de l'effarement.      
 
Couperose détectée   
Saillie d'une coupe franche   
Édulcorée des choses de la chair   
Caillebottis des cailloux de l'esprit   
En connaissance du tout venant.      
 
Passées la fantaisie des images   
Griffées en bord de plage   
La musique du vent   
Traçait sur le sable   
Des visions de lumière.      
 
La source jamais ne tarit   
Entre veille et sommeil   
Adviennent les sept planètes   
Dans le cercle d'éther pur   
Pétales d'un doux regard.      
 
1384

Prévenir n’est pas jouer

Prévenir n'est pas jouer   
Jouer n'est pas ternir   
Ternir c'est atterrir   
Atterrir c'est en rire.      
 
J'ai pas les codes   
Je suis pas à la mode   
Et quand la mort rôde   
Je me régénère.      
 
Et puis ça arrive   
Là, sur l'autre rive   
À riveter les pièces métalliques   
Jusqu'à en faire la Tour Eiffel.      
 
J'accède à la réalité   
Sans voir ce que l'autre voit   
Comme on boit un coup de trop   
Sans devenir un chameau.      
 
Sage jusqu'à passer la tête   
Par la fenêtre guillotine   
Mains sur la vitre   
Visage dans le vent.      
 
Je perçois donc je suis   
Je parle aux arbres   
Des informations m'effleurent   
Les émotions fleurissent.      
 
J'ai du respect   
À m'en clouer le bec   
À coups de mandibules   
Prêtes à faire des bulles.      
 
Je prélève   
En me levant tôt   
Les mots de tout, les mots de rien   
La signature du terrain.      
 
Je me transforme   
Sans que le loup me prenne   
Sans que l'énigme m'atteigne   
Au palais de la Reine.      
 
Je me décale   
Touche la clavicule   
Hors l'euphorie du bol   
Blessure à retrouver à moindre mal.      
 
Je modifie mon cerveau   
Sans me fier aux mots   
Mais en serrant très fort   
L'anse du seau à eau.      
 
Je disserte en l'occurrence   
Sur le prêt-à-porter des années   
Sachant poser l'aiguille
Où la vision est en couleurs.      
 
1383

Mêler la flamme à la tourbe

Mêlant   
La flamme à la tourbe   
Ils eurent tôt fait   
D'empanailler le cercle de feu   
D'une brume suspecte   
Chargée d'escarbilles   
Crépitantes et odorantes.      
 
Puisant à même le sol   
La terre de bruyère   
Ils franchirent la passe   
Pour se retrouver devant le grand mur   
Au visage incrusté   
De celui qui nous attend   
Sorti tout droit de la matrice   
Gluante échappée à l'encan de la nuit.      
 
J'atteste   
Qu'en repoussant les limites   
La pierre sculptée ouverte   
Poussières de lumière propulsées   
De l'ordre de l'extase   
Sans réevaluer ce qui est   
La justesse vérifiée   
Aux mains de l'espoir.      
 
Cette demeure   
À la pergola incertaine   
Devant les yeux   
D'un corps arc-bouté   
Les membres agités   
Hors du langage   
Raclait un brouet de mots   
Chuchotés dans la foulée.      
 
Père m'a mis à l'oreille   
Cette drôle de pendeloque   
De végétaux rassemblés   
Alors que broutaient les herbivores   
Dépoluant à foison   
Le fond de la vallée   
Écarquillée entre les lèvres de la montagne   
Pouffant d'un rire de circonstance.      
 
Mère m'a pris la main   
Effeuillant au passage des hongres   
Les feuilles chargées de tanin   
Pour qu'ensemble   
Régler les comptes   
En collaboration avec les tenants de la solidarité   
Nous qui avons arraché la menthe et la jonquille   
Pour faire plus propre.      
 
Le noyau perdure   
Ultime liberté   
D'un au-devant de la mémoire   
Pour cette dame   
Le chat sur les genoux   
Le jardin merveilleux à dessein   
Colmatant de possibilités ultimes   
Les justes gestes de la création.      
 
( Peinture de GJCG )
 
1382

Les trois sœurs de la Tour

Les trois sœurs de la Tour   
Ont engagé leurs rires   
Face à l'inévitable élan.      
 
Avec comme caisse de résonance   
La nature d'une mémoire   
Qui se dit et espère.      
 
Des regards   
Du coloriage de la superbe aisance   
L'infinie bonté.      
 
De la chaîne des rires   
Sur l'horizon des sens   
La basse continue.      
 
Si simples   
Les souvenirs croisés   
De toute éternité.      
 
Fusion des âmes   
Comme le choc des pommes   
Dans le panier d'osier.      
 
Même séparées par l'éphémère   
L'envol est là   
Au-delà du souci stylistique.      
 
La pudeur du son et de la sensualité   
Exalte un chant de lune   
Dans chaque présence.      
 
D'être au recueilli instantané   
L'écho même   
De la fragilité de la beauté.      
 
Se croisent clôture et finitude   
Sans cesse relouquées   
Sur la vaste Vie.      
 
Où brûle l'essence de l'Être   
En leur légèreté   
Les mots calligraphiés.      
 
Murmure de la Lumière   
En cet instant de communion   
À l'évocation contemplative.      
 
1381

Hé hop !

Un trait d'humour  
Sur la parodie   
Hé hop ! le couvert est mis.      
 
Nul ne saurait calmer   
Cette infamie   
En sursaut de l'esprit.      
 
Crêpe au revers   
La canne cogne sur le pavé   
Des mots à couvert.      
 
La nuit je rêve   
Le jour je bêle   
Et les moutons se font la belle.      
 
De l'Ukraine à la Palestine   
La lie s'exprime   
À la santé de la bêtise.      
 
Petits hommes de rien   
En passant par la Lorraine   
N'avons-nous pas appris la haine.      
 
Vidons nos poches sales   
Saluons le soleil qui vient   
Un rien de rire en soutien.      
 
Remplie d'eau sale   
La bassine des remontrances   
Écume d'une dernière danse.      
 
Cette flèche traversant la nef   
A nourri le pas des chevauchées   
Vers l'abîme révélé.      
 
Un cadeau    
Hé hop ! à cheval   
Pour un ultime saut.      
 
Plus jamais ça   
Et pourtant ça recommence   
En se poussant de la hanche.      
 
Chère chair de mes ancêtres   
Au poudroiement des étoiles   
S'agglutine un nouveau rôle.      

( Œuvre de Hugo Receveur )
 
1380

Brève rencontre

Notre rencontre fût brève   
Étrange marouflage   
Des quatrains   
Auxquels le vide appartient.      
 
De près de loin   
Le futur se faisait petit   
Devant la prégnance d'un premier pas   
Dans la rosée du matin.      
 
Ça cogne et démesure   
De lichens astéroïdes   
En mésestime de soi   
Au lignage d'un dernier aboi.      
 
Même pas mal dira-t-on   
Pour que lumière obscurcie   
S'épanche la douleur   
Entre le clou et la poutre.      
 
Comme se faire   
De la rugosité du candélabre   
À même la fenêtre   
Le suppôt de Satan.      
 
À deux de près    
La partie aurait été gagnée   
Sans que les mécanismes stupéfiants   
Accèdent à la facilité.      
 
De s'arrimer      
Aux trois aspects de la manifestation   
Totalité   
Construction et destruction.      
 
1379
 

Le beau poilu

Envisager d'un mot   
Le calme à-propos   
Encore et encore   
À corps et à cris   
D'élever un poilu   
À la porte de l'église   
Ou devant la mairie.      
 
Souffle l'esprit   
Dans cette arène aux lions   
Qu'était devenu la joute   
Entre le maire et le curé   
Au privilège de choisir   
La part de manteau   
Objet de la déchirure.      
 
À distinguer la guerre et la beauté   
Nous avons prolongé   
L'heureuse odeur de sainteté   
Des âmes errantes   
Claquant guenilles   
En quête d'un séjour prolongé   
Au marché des mystères.      
 
Clignant de l'œil   
Dans quelque flaque d'eau   
À la périphérie d'un malentendu   
Avons inversé l'ordre des choses   
À l'occasion d'une fête patronale   
Seconde vie accordée   
Avant la traversée de la geste sanglante.      
 
Aux pentes dénudées de la colline   
Avons préféré la vérité de la vie   
Et ces occasions à contretemps   
Faisant semences fraîches   
D'une expérience existentielle   
Menée crûment    
Sous le tilleul du Têt Chô.      
 
Dialoguons jusqu'à point d'heure   
Soyons d'émouvante manière   
Les creux et les bosses de la Comté   
Au risque mesuré   
De garder bien au chaud   
Suprême élégance   
Quelque étincelle de beauté.      
 
1378

Kërcimi i engjëllit

Shkrimi është tunika   
Se edhe macja e komshiut   
Nuk mund të mbulohej me vibrisat e saj.      
 
Unë jam duke pritur për zogjtë e dhjetorit   
Por ku janë ata? ?   
Fshehur në muzetë e kujtesës !      
 
Përmes çatisë së xhamit kontrollova   
Sa i bukur është mali   
Kur retë dalin.      
 
Një fjali e lexuar   
Dhe unë bisedoj   
Katër deri në katër nga kati në dysheme.      
 
Unë do të prisja pranverën   
Megjithatë, është shumë herët   
Thonë në Çerkez.      
 
E thërrmuar e heshtjes   
Në shfaqjet e dritareve të Krishtlindjeve   
Kapni elokuencën.      
 
Gështenjat bien   
Nga defektet e tyre   
Bing bong ! A bëjnë ata në tokë.      
 
Për të treguar një gisht në drejtim   
Shenja e gjysmëhënës   
Ngritur drejt Venusit.      
 
Veshje e lehtë dhe e shkurtër   
Pafajësia bluan të bardhën   
Dhe kondensimi i zi.      
 
Në një shëtitje   
Unë lexoj dhe qetësoj   
Trupi i palltos sime.      
 
Brenda folesë   
Një kujtim asgjë   
Pa menduar për të shkruar.      
 
Vura një etiketë në derën time të dhomës së gjumit   
E plota dhe e lirshme   
Nga hija e mollës.   
 
Rrëfimi i plagëve të fëmijërisë   
Tek psikiatri i empatisë    
Modulon vuajtjet.      
 
Çfarë të bëni me kutinë postare   
Nëse nuk troket   
Në këtë platformë stacioni.   
 
Në fletoren time   
Kam vënë një hurmë të thatë   
Dhe lutuni që deveja të dalë nga vrima e gjilpërës.      
 
Me bojë gri të miut   
Punimi ofrohet   
Për virgjërinë e saj.   
 
Duart në parmakë   
E kanë fshirë mendimin   
Nga ngjitja e shkallëve.      
 
Mbushur në pelenat e spitaleve të Parisit   
Unë iu luta nënës së patës   
Të nxjerr veten nga pusi.      
 
Për të pirë   
Dhe për të ngrënë   
Pak qindarkë zonjë !      
 
Qumësht i nxehtë   
Zbriti në krahun e mamasë   
Duke shmangur kokën e Murielit.      
 
Moti është i stuhishëm   
Tre barërat e këqija    
Kanë kaluar parmakët.      
 
Nëpër çatitë   
Pashë zemrën e motrës Marie-Samuel   
Ngjit shkallët muzikore.      
 
Me siguri   
Se ngjyra e shenjtë e prushit   
E bën poezinë më të bëhet.      
 
Kështu që hapi i gjimnastit   
I paraprin garës   
Drejt kërcimit të engjëllit.      
 
1377

Buqeta e vëllazërisë

Il est des bouquets   
Qui préparent la concorde   
Sans faire de l'ombre   
À l'insurrection des consciences   
Au temps du passage à la limite   
Du saut dans l'ouvert.      
 
Bien étrange étranger   
À qui je concède la fraternité   
Sur ce pont qui nous relie   
Cette arche d'Alliance   
Où règne la soif d'aimer le plus lointain   
Comme son prochain.      
 
Il est un temple   
Où accueillir toute forme   
Où chacun serait libre   
De prendre soin de l'autre   
Vers lequel se dirigeraient les caravanes   
Après la traversée du désert des singularités.      
 
Gardons-nous de la haine   
Passons par dessus les indifférences   
Résistons à l'onde de choc des agressions   
Pour nous rassembler   
À l'ombre du sycomore   
Et goûter les saveurs de la paix et de l'unité.      
 
Plus de pleurnicherie victimaire   
À parts égales la vie est là   
Avec ses obstacles et ses handicaps   
Auxquels l'effort et la persévérance   
Ourlent le drap de l'intégration   
La mise en demeure d'écouter son cœur.      
 
Il nous reste de grandes choses à faire   
Comme de tenir les enfants par la main   
Sans laisser s'effilocher nos mémoires   
Et par la convergence des sagesses de l'humanité   
Faire à autrui   
Tout le bien que nous voudrions qu'il nous fasse.      
 
( Foto nga Julien Piedpremier ) 
 
1376

Udhëtim udhëtimi

Udhëtim udhëtimi   
Në pritje të asaj që më paraprin   
Dhe jetoj sa më larg   
E lejoj vjeshtën   
Për të zhdukur gjethet e pemës së gëlqeres.      
 
Shiu dhe pikat e tij kundër dritës   
Krishtlindjet pema e qershisë   
Për të treguar lotët e tij   
Para sythat e Ardhjes   
Të mahnitshëm fëmijët.      
 
I detyruar të marrë rrugën   
Kam vozitur me një libër të hapur   
Drejt të kaluarës thelbësore   
Duke u arsyetuar në këtë mënyrë   
Vërshimi i emocioneve.      
 
Trupi dhe djersa   
Nën diellin e zgjatur të mëngjesit   
Kanë modeluar palimpsestin e shpërthimeve   
Gërmimi i rrënjëve gjenealogjike   
Të mirëpritur si mesazhe të çmuara.      
 
Parakaluar nga prodhimi   
Më duhej ta shtyja për nesër   
Detyrat e mia të përditshme   
Për të parë mille-feuille   
Nga synimi im për të qenë gjallë.      
 
Gjithçka po lëviz   
Në këtë moment   
Dhe shërbëtorët kalojnë duke mbajtur shporta   
E thjeshtë dhe me fruta   
Të mbledhura gjatë rrugës.      
 
1375

La présence à ce qui s'advient