kriye nan kay la

 Dlo nan kay la
tristès vire kle a
pòt la krake
mi yo pote imidite a
bèl je klè li tranble .

E ankò
pa gen okenn tras sann
lavi toujou cho
nan mitan nwaj yo
ke lalin lan anvlope .

Yon fouri kouvri pè a
nan tete li
nouri nanm li
dife timid lapawòl
vin vòl baton .

pran konje
opoze nan jounen an
lè timoun yo ap dòmi
lè soupi frèt monte
tankou vapè dlo nan fon fon an .

Di tankou yon wòch
flè relijye ki pa renmen an
te vin tounen yon chandèl defèt ,
fèy papye rache
anba etap la zwa nan yon ogmantasyon nan kòlè .

Pou mesaj doub rèv la
bra nou anbrase tandrès
nan move tan dife etenn
mache a prese
sous la chiffonnade constellée .

A l'excès de vigueur
succède l'atonie
hors la grotte de l'esprit
l'obscur pressentiment
devient feuille morte .

Ni forme ni visage
en cet ensemencement
la femme et l'homme convertis
passent de porche en porche
signer la page d'un courant d'air .

Pousser la porte
amener le grand filet de l'imposture
sous la risée d'un sommeil alangui
passer le pont du Nord
craindre que la marée nous prenne .

Nous les sages radoteurs
les pesées de fruits mûrs
sur les pavés sonnants
cinglent nos souvenirs
sans comprendre , alè .

Une lueur en carré
souffle la bougie du jour finissant
fleurs et pleurs saisissent l'instant
la mer décampe
je demeure .



294

Enfouissement perpétuel

 Les mots que rient ma mère   
 douces fleurs des champs   
 grappillées de main de fer   
 sans crainte ni orties     
 ad hominem     
 couvrent  l'horizon   
 reliques        
 ensevelies à la truelle     
 dans le béton des souffles courts.   

 Les objets se dissolvent   
 les gadgets s'entassent sur la plage   
 un drapeau claque son opprobre   
 la capsule saute   
 au vestibule des agonisants   
 le chien précède l'homme    
 l'homme précède l'âme   
 le jour s'estompe   
 un visage jaillit   
 telle une carte postale   
 la sacoche du berger   
 pleine d'oignons et de dignité   
 pour exposer en bord de rivière   
 au frais cresson d'une petite musique   
 sans présage   
 mais tout en surplomb   
 le trou noir du passé.  


 
 293 

à la pliure exactement

 A la pliure exactement
entre l'ancien et le nouveau monde.
Que des gens se transforment par eux-mêmes
dans la connaissance de soi,
le combat intérieur,
le vécu personnel.

Que des guides s'engagent à fond,
qu'ils maintiennent la tradition dans leurs
combats du moment,
que des êtres, des leaders, des maîtres
fécondent
nos traces futures,
qu'ils promeuvent par l'humilité, la patience
et
la confiance nos idéaux de demain.

Qu'adviennent les guérisseurs
capables de décloisonner nos strates
constitutives,
d'expurger notre être des héritages qui nous alourdissent,
de renforcer le soubassement corporel
pour du psychologique aux dimensions
spirituelles
rejoindre nos couches somatiques profondes.
Qu'adviennent les intercesseurs
les simples
les appelés qui appellent
ceux qui ne prouvent pas mais témoignent
ceux qui reconnaissent et cultivent notre
ignorance
les alchimistes souverains qui n'abandonnent
pas leur œuvre.

Que la nouveauté nécessaire devienne vent
debout
le souffle et la lumière portant la personne
humaine
sur le chemin du grandir de soi
sur le chemin du cœur
là où tout commence.



292

La présence à ce qui s'advient