Kategori Achiv: Desanm 2015

Le nouvel être

 Ce mur de sable durci  
d'une luminosité déliquescente
aux ridules enchevêtrées
cachant une ville entière
et je suis à ses pieds
ombre sans corps
inscrit dans l'instant .

Tout autour de moi
un paysage désolé
pas de végétation
la terre à nu
des roches éclatées
une lumière sans relief .

L'horizon troublé
un sfumato de Léonard de Vinci
sans codicille
rien de repérable
rien ne sachant rassurer l'œil
d'avant la catastrophe .

Je suis seul
point de vie alentour
pas de vent
un souffle rauque en continu
au loin
le bruit d'une foule en marche .

La bête est là
immense derrière moi
et je suis comme anéanti
devant elle .

Elle passe sa main sur ma tête
je n'ai plus de cheveux
ses doigts sur mon visage
et je n'ai plus de visage .

Irradié
je suis anéanti
et néanmoins toujours en vie
et me montre à la tombée du jour
me nourrissant de débris alimentaires
tombés du haut du mur .

Ai-je été rejeté ?
Suis-je définitivement écarté de la cité ?
Une trappe ne va-t-elle pas s'ouvrir
au détour d'un rocher
et cet être énigmatique m'enjoindra-t-il de le suivre ?
Je le suivrai
dans le labyrinthe
éclairé par une lumière venue de nulle part .

Hâtant le pas
je trébucherai sur les aspérités du sol
craignant de le perdre de vue .

Longtemps très longtemps
nous avons marché
le long des collines renouvelées
sans cesse
telles des vagues de dunes
pour au détour
percevoir la cité des élus
son enceinte d'acier
luisante sur son promontoire
par dessus la plaine ourlée d'un crépuscule .

Mon amour !
ne retiens pas tes larmes,
pleurons .

" Tu sais
c'était le temps passé
et maintenant il y a l'enfant,
le Nouvel Etre . "


253

Au feutré de l’imagination

 Assagicage ouverte
de ma poche tombe le petit carnetpage ouverte .

Au feutré de l'imagination
au lendemain d'un train retardé
à la vaillance d'idées à transmettre
au déclenchement d'une oeuvre .

Lorsque définitivement entré en rébellion
s'inscrire dans la différence
sans presser le pas
de petit boulot en petit boulot .

Et qu'en réponse
à court de souffle
enchanter de traces convenues
une poignée d'oreilles disertes .

Cette plaine implicite et lointaine
faite de faim et d'épuisement
sans nous ôter la vie nous plonge en dépendance .

Devenons l'être humain
contre les démons de la permanence
aptes à faire irruption et se déchaîner
dès confiance revenue .

Outre l'enfermement dans la démesure
au bord du gouffre de la démence , dansent
l'ennui , la nausée , le marasme , la réitération
toutes bestioles endimanchant la conscience .

Soyons la bonne pensée
en liant l'épreuve nommée
son processus reconnu avec l'émotion suscitée par l'ouverture .

Hors de l'enchevêtrement des chemins de traverse
évitons le doux chant crépusculaire
sortons de la cage des quolibets
soyons les enfants de l'huîtrier au long bec .


252

Tansyon vini

 Tansyon vini  
 eleman emosyonèl  
 gid konkrè a  
 kraze grap ble a.  

 Tansyon vini  
 nouvo reyalite  
 nan kre vag yo  
 une mousse superbe.  

 Tansyon vini  
 fon anndan  
 yon apèl  
 nan plis fason.  

 Tansyon vini  
 pandan sik yo nan lanati  
 yon nwaj fre  
 témoigne des migrations.  

 Tansyon vini  
 sou antoure tèt ou ak zanmi  
 se sèlman jèm la  
 move gouvènans.  

 Tansyon vini  
 lè baryè yo nan kè a  
 cèdent et déversent  
 absurdite ak endiferans.  

 Byenveni tansyon sa yo  
 ke yo pran plas  
 chwal sal sa yo 
 soti nan styx la.   
  
 Ann detire nap la  
 sou tab la jou ferye  
 ann kouwone vrè enstriman ekonomik yo  
 swarm pwodiktif la.
  
 Se pou nou mèch la  
 nan rankontre youn ak lòt  
 nan sajès  
 se pou nou ledger kontinite.  

 se pou nou rele  
 zye louvri  
 enposib la te vin posib 
 maryaj la nan dispozisyon pwofon nou yo.  

 Se pou nou tras ak limyè  
 nan atenn objektif nou yo  
 kota ki jis ki disponib  
 à notre vie quotidienne.  


 251 

Je coupe l’herbe et le feu

 Mon corps s'effrite à mesure   
 des pastilles de lumière   
 effaçant la fin du parcours.   
   
 Je crois aux ficelles de l'immatériel    
 je me maintiens.      

 J'engrange trotte-menu   
 les noisettes , les amandes et les baies   
 dans les forêts de l'esprit. 
    
 J'accueille sourires et remuements de lèvres   
 Je fais de tendres rencontres   
 un collier qui se voit la nuit autour du cou.   
   
 Je coupe l'herbe et le feu   
 d'une caresse de cœur et d'âme   
 la merveille en pendentif   
 je calme les intempestifs   
 et nourris les vautours.   
   
 Je suis concerné par une filiation   
 moi le maillon d'entre les berges   
 j'observe l'inconcevable oubli   
 des paradoxes et des mythes.  
    
 Ma vie est capacité à croire   
 en l'être supérieur   
 sans que le jour s'adjoigne.   
   
 Devant les pensées timorées   
 je propose la subversion radicale   
 en singulière intimité avec les persécutés.   
   
 Il n'est de message pertinent   
 que renvoyé à sa libre décision   
 pour peu que le démineur opère.    
  
 Le marché du dimanche n'a plus cours   
 les étals remisés    
 entre les trognons de choux-fleurs   
 demeure l'eau vive du nettoyage.  
      
 La page est tournée   
 précautionneusement nous montons   
 au petit matin    
 frère Soleil   
 dans la gerbe des instincts   
 vers le vif éclat de la métamorphose. 

     
 250 

Mwen avanse e mwen kwè





 Ale ale
les chansons de nos grand'mères
aux limites stériles n'existent que la limite
hors des basses œuvres de la déréliction
un chien même ne trouverait pas à redire .

Il avance et croise
fente mobile devant le chemin
qui défile
illusoire projection des ondées
du pourquoi de l'infini .

Cachée recluse dans l'ombre
une personne future personne
au gré de l'inexorable
accaparée et bruissante de vie
se pourvoit creuse sous les regards .

Elle poudroie et s'assume
masselotte du désir de possession
heurtant l'amuse-gueule
d'une lucidité tragique
au char de l'humanité .


249

fisèl wouj nan kou kochon mouri

   Lang niche bò rivaj la
nwaj yo pwopoze lavi dispose
nan twou a nan vag yo tris
sone kòn bwouya a .

Fisèl wouj nan kou kochon mouri
vire parad
boors yo erukte monstr yo
rebèl nan tèt ou .

Amatè yon chant désopilant
yo òganize afliksyon o aza estaminets yo
laterè monte sou lotèl abi a
moun ki soti lòt kote moun ki bay kè plen .

Chante rann tèt la nan panse
yo ale yo vini
jèn moun ak kadav ekskiz
moun ki san lalwa a lafwa fòse a .

Pase fanm ak figi yo ofri a
k ap viv andeyò cloîtres yo
lonje ak men li sipliye
je yon solèy aflije .

Annou pa mache pawòl nou
an nou fò sipòtè
se konsa ke nan rivyè san yo
ki te swiv pa enèji vèt .

Ale byen bonè nan maten
rat vil nou yo
lusyol yo ezite
nan lari dezè nou yo .

Tan an kont nè yo manyen
ak atansyon soutni
ofans yo te fè eksperyans
nan marekaj konpwomi a .

Kanpe
emèt son an boite nan moun pòv yo
kondane a san dan
ke lò nwa dezespwa .

Fè vèb la sou biwo kominal la
chofe tèt ou nan bwa a nan fraz touye moun
sove jwèt ou yo ak odè ou yo
soti nan ouvè a epi di nonm lan se gwo .

Envective rès yo
fè fyèl chèf yo nan lespri yo
fouye kavo moun ki pran fòm
pase wout ou devan ilizyon an .

Epi li tounen vin di nou
ke lavi se dezi
sou yon melodi gita
lovesick bèl ti flè nan fon an sou do a .

Se konsa ke bato an papye navige
nan basen Tuileries
yon aswè nan mwa desanm
sou oseyan verite yo .

pitit ke nou ye
pitit ke nou te ye
pou pitit nou yo pou tout tan
Ann vin sèl ak siwo myèl sou latè .


248

limyè a nan yon rad saten

      La lumière en robe de satin  
fleurs frémissantes
consume à petits jets de brume
le vertige finissant d'une journée d'automne .

La page tournée
reflète au marbre du passé
le soucis trop fois béni
d'un manquement à l'oubli .

S'émarge le creux des paumes sèches
en caresses douces
sur le rugueux de l'arbre
poitrail découvert
éclatée d'une ombrelle
convergeant au gré des vents
vers l'aube de riz ourlée .

Il est des mésanges à tête charbonnière
aux pépiements crépitants
sans que se lève la ridelle
du char des fêtes de mariage .

Toute romance est perle rare
tout sourire aux prises d'un rai de soleil
se retire la nuit
au cri du crapaud accoucheur .

Menuet de roses éparses
s'ébrouent les coquillages
de tendres processions
aux extases consommées .


247

en captation de soi

 Reflux de la mer   
avant un dernier saut
le béton se fissure
claquent les veines de verre
sous la griffe salée
les ferrures gémissent
les oyats divaguent
ce que racontent les marins
aux temps lointains des terre-neuvas
morsures d'un froid tenace
le vent arrache les arbres
les boues emplissent les fossés
les barges se soulèvent
les bouées volent
en gerbes d'écume
le long de l'estran
les vagues claquent la digue
les lisses brinqueballent
le sable emplit le moindre trou
le ciel se fait tohu-bohu
en cette feinte d'estoc
les mouettes pirouettent
au profond du blockhaus
la nausée aux lèvres
un cri
inouï
de silence
les heures sont bulles de savon
cavalcade effrénée
les chevaux caracolent
les galets fricassent
en surplomb du bastingage
corrigeant d'un trait de plume
l'œil des souvenances
l'ombre se fait surface
les creux emplissent de leurs suçons de vase
les plate-bandes de la plage
naissent brisures de terre
les crocs de la bête
écarlate en son outrance
recroquevillée et mal aimée
sale et refoulée
rebelle et courroucée
exposée aux quatre vents
n'étant plus que souffle
une charogne
la plaie offerte
en bordure de bocage
aux nervures fossiles
roulent les tambours
craquent les lucioles
sous le talon
rempart contre le bitume effondré
l'amertume
d'alternances noires et blanches
en captation de soi
la mort dans l'âme .

246