Kategori Achiv: Jen 2019

Essence magique errance

Essence
majik pèdi wout
 
kilè se kafou a
dife limen
 
ou mete soulye ou
epi mete chemiz la
 
san yo pa di li
yon gwo doulè nan vant la
 
ou chache lonbraj
ou solèy la nan ti kal
 
epi mete men ou
sou gwo bout bwa prensipal la
 
sans que les cieux pâtissent
pomèt wouj
 
ale nan fenèt la
kontrent demode
 
yon feston nan limyè
nan karèm yo dwe
 
ou pran vag la
de plein fouet
 
pa fè bak nan anyen
la gorge nue
 
imajine ke mwen renmen ou
epi gade byen
 
chita nan chèz la wo
pye lacho a k ap fwi ak myèl
 
chen an kouri anba tonèl la
epi leve pousyè a 
 
akeyi
epi fèmen bouch
 
boule ak yon match
uvula nan lespri a
 
pou yon souri 
ak bouch mouye
 
nan reveye nanm gratis
la pensée est sereine
 
pétris tes souvenirs
par une déglutition active
 
demeure le goût du sang 
aux mains tremblantes
 
nan douvanjou
tu verras l'ouverture
 
de la dure mère
replète en ses ondulations
 
au creux de ton épaule
lâcher prise
 
à la fibre secrète
le pansement discret
 
un bouton 
juste un petit bouton jaune
 
pour désarçonner 
ton corps sage
 
aux mille pertuis
être de garde et d'estoc
 
toi le millénaire
des prairies de montagne
 
sois la digitale bleue
du signe mystérieux
 
verbe incarné
que le doute anticipe
 
lavi m
mon immense vie
 
à l'angélus vermeil
d'une coupe profonde
 
vent 
ô grand vent
 
souffle sans fatigue
les girouettes crient
 
 
 
613

plent nan efè rouye

   Pwen laj  
ki moun ki posede memwa yo
pou enspire nou
aksyon ki gen sans
seremonie menm,
revele imaj
ak yon fòs vital
nan kò ak nanm
patizan.

pwen maryaj
fò poreux
boure ak byen komen
nan menas
san danje reyèl
pou pè kraze
marye fòm nan jèn ak souri
nan solitid konplè
sans que visage surgisse.


514

Mariage à tout âge

 Pwen laj  
 ki moun ki posede memwa yo   
 pou enspire nou   
 aksyon ki gen sans   
 seremonie menm,   
 revele imaj   
 ak yon fòs vital   
 nan kò ak nanm   
 patizan.  
   
 pwen maryaj   
 fò poreux   
 boure ak byen komen   
 nan menas   
 san danje reyèl   
 pou pè kraze   
 marye fòm nan jèn ak souri   
 nan solitid konplè   
 san yo pa montre yon figi.    

  
  515

nan konfyans, tout

   D'une patte réjouie   
en élégante compagnie
elle avançait sur le chemin montant
de sable et de graviers grinçants.

Il fallait passer par là
sans se couvrir de faux-fuyants
d'adorables rouflaquettes
de queues de pie
d'enflures démonstratives
ni de bastonnades à l'égard de l'ego.

Je suis
donc j'avance
sans que le reflet ne m'étrangle
j'organise le camp de base
j'équarris les angles de la permissivité
je crée.

Pas de mentalisme
l'action livre ses horizons
l'œuvre éclot
la confiance est là
pleine de coquelicots
en corbeille pleine
d'une réciprocité l'autre
aux confins d'une réalité ordinaire et non-ordinaire.


511

naissance résurrectionnelle

   Sur le pont les trains passent   
vibrants et colorés
grappes de souvenirs
à la gorge arrachées
orgueil remisé
l'air vibre du rauque des crapauds
les chapeaux tombent
les cheveux se dressent
un bouquet de fleurs des champs
une senteur de foin
une éclaircie entre nuages
le temps est en plein emploi de lumière.

Frappe de la mailloche
le cuir du tambour
le son court
ridules de la rivière
les cloches à la volée
entrent au temple
les officiants de l'acte
gravissent le mont des muses
sous le chant psalmodié
des guerriers de l'oubli.


512

pas à pas de voyage en voyage – 2

  


Pas à pas,
de voyage en voyage,
en l'arène d'un cirque
où la roue tourne
la rumeur soulève les rideaux de velours.

Entrée colorée,
barnum bruyant,
poussière soulevée
du cortège animal
les passions de l'âme
élevées aux pinacles des temples
démantèlent
les lentes constructions de la raison.

De sang et de couleurs,
les cris furieux des Erinyes
ont détruit les paysages de l'enfance,
les lèvres d'argile des sources
ont fait place
aux buses de ciment,
la pierre des protections a été arrachée,
les haies ont été abattues,
les fossés comblés,
le renard argenté
ne retrouvera plus le centre,
un vent mauvais rabat les grumeaux de terre
vers les terrasses de pierres sèches,
un vieux frêne murmure ses dernières dispositions.
La nuit roucoule,
pigeons de l'âme
en surplomb
des manquements à l'humaine condition,
les mensonges populistes
remplacent le chant des poètes,
les chenilles des engins de guerre
suivent les souliers ferrés des poilus,
le ciel s'assombrit,
même les arbres sculptés par le vent d'ouest
se sont couchés sous la tempête.

L'air est fétide,
sur le mur des lamentations
les papiers de l'envie
froissés et forcés
aux jointures des pierres
couvertes de lichens
deviennent chairs pantelantes
d'un tsimtsoum aléatoire.

Les mains décharnées,
hors des poches à l'avenant
écorchent l'oubli,
les yeux révulsés
clipsent les valeurs de l'esprit,
crème sulfureuse
maquillée d'un sourire de clown,
nos errances dernières.

La fureur fait place
à la nuit,
au silence,
enlaidie par les passions de l'âme
des combats et des haines,
pommelée par la levée
des moissons nouvelles,
devenues annonciatrices
de la renaissance à venir.

Il n'est d'herbes officinales
que celles du printemps,
herbes collégiales
du baiser des amants
dispersés
en quête du grand chambardement,
un quignon de pain
en fond de sac,
l'eau dans le calice des altérités.

Nous lèverons le son des ricochets,
cailloux jetés sur la rivière,
à portée des demandeurs d'asile,
en sortie de notre exil.

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au profond du lac

   Au profond du lac   
le noir
l'intime
l'appel du mystère.

Habituée des berges
la roseraie
clapote d'aise
résistant d'aller plus avant
au large des sources
ke van an soufle
étrangement libre
devant la bête
aux lampées déraisonnables
creusant
mandibules sèches
la cupule où broyer nos émotions.


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