Kategorie Archiver: Joer 2021

La marche vers l’Indochine

Par ricochets    
Sur l'onde amère    
La pierre plate règle ses comptes    
Avec le sec de la berge.        
 
Elle saute, âme bleue    
Entre les roseaux et lentilles d'eau    
Du passage étroit    
Vers l'hémisphère sud.            
 
Il y a là    
La joie et la peine    
Mais surtout le désir de partir    
De l'autre côté des mers.        
 
Entendez-vous le sifflement    
Des vipères mes sœurs    
Au nœud approprié dans la murette     
Sitôt coup de bêche donné.        
 
Mégalithe enceint des brumes    
De la Bretagne d'origine    
Quand la cérémonie convoqua    
La tristesse après les bombardements.        
 
A cela ne tienne    
En suivant la corniche    
Il y eut cette grappe de chauve-souris    
Grinçant dans la pénombre.        
 
A ne plus revenir dans la maison des origines    
Tant le linge sur le fil des souvenirs 
Soutenus par la pince de bois    
Clignait de son œil unique.        
 
En échos au passage des bêtes    
Les sabots ferrés sonnaient sur les pierres de la cour    
Pendant que le chien aboyait en évitant les coups     
Devant l'entrée de l'écurie.        
 
Yvette est là    
Se mêlant à la feuillée     
Habits déposés sur la patère de l'entrée    
Quand le vent chante sous la porte.        
 
Une unique lumière    
Une ampoule nue    
Se balance dans la pénombre     
De la chambre chaude et odorante.        
 
Puis le monopode à la ceinture    
Aller de bête en bête    
Attacher leurs queues à une jambe    
D'une lanière de cuir souple et poisseuse.        
 
Le lait giclera dru dans le seau    
La tête posée contre la cuisse de la vache    
A se laisser bercer au doux bruit du lait    
Par les doigts agiles trayant le pis.        
 
A demi endormi    
Dans le souffle des animaux    
Se laisser aller à la question du pourquoi et du comment    
J'en suis là de ma vie.        
 
Je m'appelle Pierrot    
N'ai pas peur du taureau    
Et bientôt prendrai le bateau    
Pour aller au zoo.        
 
 
934

Cette imagination transcendantale

Cette imagination    
Ourdie de perceptions
Et d'appréhensions des choses
Qui n'ont de corollaire qu'avec le monde vivant.

Cette faculté de voyance
En forme d'intuition
Un plongeon dans le royaume des causes
Cette faculté d'intra-observation.

Se cristallise l'in-commencé
De la projection d'un film sans lanterne
Mais que l'horloge du temps fait tourner
Par la magie neuronale.

Une butte piquetée d'essences arbustives
Fait sienne sa propension
D'être là entre nuages et prairie
Sans imaginer la sortie.

Un bubon jadis de roches rouges puis noires
Recouvert de verdure
Étendue virevoltante sous une saute de vent
Terre féconde des fumerolles du grand soir

Arrimés aux larmes remontantes
D'une bascule dans le matin des magiciens
La surprise fût grande d'être propriétaire de ses gênes
Enchevêtrés à nous tels de gros bébés.

Il y en a sous la semelle
Disaient les courtiers du voyage
Et plus on baisse l'abat-jour
Plus le décor devient de corps et d'esprit imprégné.

Le gros tuyau des amenés
Parvint alors à essaimer
Pierres, plantes, eaux et mystère
Dans l'air sulfureux d'un théâtre d'ombres.

En coulisse les peignoirs sont ôtés
Apparaît le deux de couple
Tête contre clavicule
Du dentifrice dégoulinant à portée des mouches.

" Oui monsieur, être capable d'aimer
C'est lui offrir un chien
Ou une verdure à garnir le jardin ! "
( Avec un calme nouveau et inconnu dans la poitrine )

" Eent, allons nous promener dans les bois
Au gré des chemins de traverse
Et si le loup se montre
Dansons la carmagnole ".

Regardons-nous
Dans l'intensité des vibrations
L'expression de nos visages
Aux bosses et fossés inscrits.

Ainsi posé en arche sur les grands fleuves de la vie
L'homme s'échappe de l'Actuel
Pense dans l'Immanent
Et cherche à dégager la vérité hors éphémère.

Nos couches d'aïeux sont à écrémer
Pour se nourrir du passé
Comme fouiller dans le tréfonds de soi
Le plein air de la casse abrupte.


932


L’énergie de toutes les manières

Ça commence comme ça    
Et ça finit comme ci   
Au porté frais des nuages pompon    
Que le bon ton    
Fait éclipse    
Au profond de l'univers.        
 
L'oiseau vole    
Je m'envole    
Sans m'en vouloir    
De retirer à hue et à dia    
Quelques galets    
De la plage aux mots de trop.        
 
Plus bas que terre    
Il y a ce regard    
En investiture de soi    
Telle une tarière creusant gazon    
Sous le gazouillis fricassé    
Des moineaux du violon.        
 
Y'a de l'eau    
De l'eau en bas de la photo    
Car c'est une photo maritime    
Qu'aurait payé sa dîme    
Avant de montrer son passe-sanitaire    
Aux reclus de la terre.        
 
Et les mouettes passementières    
De s'en donner à cœur joie    
Filant sur le trait de côte    
En permission du qu'en dira-t-on    
A l'instinct    
Sans que le bas blesse.        
 
Des mouettes     
Comme des yeux dans le langage       
Bruyante ménagerie    
D'un brassage atmosphérique    
En féerie continue    
Sur notre terre énigmatique.        
 
L'énergie circule    
Construite et déconstruite.        
 
L'énergie circule    
Duelle et réalisée    
Dans sa complétude affrontée.        
 
L'énergie empoigne le devenir de l'homme    
D'une présence aux extrêmes rejoints.        
 
L'énergie nous fait naître et grandir    
Elle décide l'engagement    
Et exige l'accomplissement    
En vide et en dessein.               
 
 
932

Les plaies à demeure

Les plaies     
A demeure   
Ouvertes au fracas     
Du passage de la micheline      
Que les pèlerins accueillent    
Une fleur de bleuet à la main.        
 
A quai    
Les valises posées    
Un regard vers les poutrelles    
Révèle l'oisillon pépiant    
A qui mieux mieux    
Dans le frais du matin.    
 
Figure    
Au Guinness des outrances    
Cette étrange rencontre    
De l'homme en bure blanche    
Que l'attente    
Devait transformer en ange.        
 
Les petits lapins    
Écrasés par le destin    
Ont crié leur fin de vie    
Dans l'herbe grasse    
De la méconnaissance
Des suites à donner aux instincts.        
 
Tout cela était vain    
For l'avidité de posséder    
Ce plaisir de pacotille    
Tendu comme l'arc    
Jusque dans les soupentes    
D'un grenier aux poutres vermoulues.        
 
Borduré jusqu'à l'excès    
Le chemin du printemps    
Aux pissenlits jaillissants    
Déposait en son milieu    
La viscosité des souvenirs épars    
D'un épanchement de circonstance.        
 
Ivre de soleil    
En ascension d'explosion de soi    
A la mesure sans mesure    
Le toit pouvait s'effondrer    
Avec tant de parures à l'intérieur    
Que la vie semblait belle.        
 
Et si appropriée    
Que l'oubli en un coup de chiffon    
Effaça jusqu'à la frêle denture    
Des attendus de l'exploit
D'avoir été l'enfant à la main tendue    
Que l'Aube seule pouvait saisir.        
 
 
931

Arrangement floral du matin

Arrangement floral    
De bourses chaudes    
Et duvet printanier    
En lisière du sous-bois    
L’Énergumène sortit de sa musette musardière    
Une tirade au raz menu d'un cœur immense    
A la légèreté qui nous sauve :    
                    " Oblongue est le désir    
                           de ma guitare    
                           et m'en remets au temps qui passe    
                           charmante forme    
                           auprès prendre refuge    
                           en vérité de sensation    
                           à la sagesse immémorielle    
                           point de libération de la vie pure. "        
 
S'en furent les farfadets    
Le long des mousses douces    
Quérir l'amertume d'une boisson    
Aux plumes grises d'un oisillon.        
 
Miam miam    
Gloup gloup    
En vélo ou en moto    
Avec des câlins pour le matin    
Fourrer la voie lactée    
Dans son bol de lait    
Est chose facile    
Pour migraine sans faux-cils.        
 
 
930

Eng eenzeg Gedanken vu Léift

Une seule pensée d'amour    
En guise de bonheur   
Et puis l'espace s'étendre    
Aussi loin qu'être libre    
Porte ouverte    
Sur la vallée des arbres en fête    
Décrire par le récit de notre vie    
La suite des bontés    
Cette assignation 
À voir vrai.        
 
La soif et la faim    
Plissaient nos ventres    
Plus étranges encore    
Que ces chouettes effarées    
Clouées sur la porte des granges    
Alors que scintillait  dans la flamme des lampes    
Cette offrande admise    
Au mépris d'une patience convenue    
Qu'aucune armure ne pouvait recouvrir    
Sans offenser les promesses d'antan.        
 
D'un claquement des doigts    
De blanches voiles recouvrirent d'incrustations    
La partie brûlée du champ de mars    
Pendant que passaient les cygnes à la voix métallique    
A contrario de la vision soutenue    
D'une forêt à perte de vue    
Échancrée de clairières    
Aux puissants feux élevés    
En respect de ceux qui nous gouvernent    
Les grands hommes de l'Eveil.        
 
 
929

E Bléck an Éiwegkeet

E Bléck    
Fir d'Séil vun dësem Look ze beschreiwen
einfach Verzauung
gefördert vun engem wesentleche Vakuum
Gefor vun der Existenz
All a Gebieder.

Trecken
D'Himmelsaux
Adumber d'Geschicht
An der Entscheedung vun dëser silky Nuecht
Aus Verontreiung zu Präsenz
Vun engem perfekte Mound.

Dobaussen
Et ka sinn
Dat geet weider
Beweist de Reprouf vun der Wonn
An dësem Krees vun der Loft an Dreem
Déi net eis net verloossen.

Zoufälleg
Awer do
D'Laze Handelen Éiwegkeet
Fir Stillenz ze maachen
Um Fouss vun Erënnerungen
Net méi.

E Bléck
Wien hëlt mech alles
Vun Hierscht op de Summer
E Geste dee misst extrahéiert ginn
Vun der Gangue vu Falschen
Meng Plage Schwësteren.

An Éiwegkeet
Et ass ëmmer esou
Mir konsoléieren eis och wéi mir kënnen
An der Perspektiv
Datt déi kleng Hand vu Léift
W.e.g. fällt d'Mamm -of -Pearlérel mat engem Laachen.

Dausend Eventer wäerten vergaang sinn
Vun onschëlleg Kampf, Souguer Insolence
Sou datt am ënneschten op der Säit
Et ass d'Zeechen vun Ekstase
Vun enger boraler Aurora
All Segel dobaussen.

Tëscht der Welt an der Séil
Zwee irreconcilbar Donner
Ech hunn d'Wiel gemaach
Schloft

Stiech kloer a sangen Liewen
Der Freed vu Schreiwen.


928


Wäisheet vu Mol

Il n'est de pierre qui dise l'avenir    
Que visage avenant sur fond d'orage   
Puis gorgone levée tôt    
Pour rejoindre le chef de bord    
De cette embarcation    
Où reconnus aptes    
Au cafouillage des entrées et sorties   
D'un camp de transit l'autre   
Aller quérir vêtements chauds et nourriture    
Sur l'autel de la croix rouge    
Puis couverts de crasse et vociférants     
Rendre hommage à ceux qui nous ont fait naître    
Pères et Mères aux abois    
Plus prompts à courir les bois    
Dans l'affolement et le dénuement    
Que taupes à tracer leur route    
En mutuelle assistance d'entre les deux mondes.     
   
" Reconduisons à la frontière    
Ces manants et ces sans-terres "    
Qu'ils disaient    
Les manieurs de la lame de couteau    
Aux cris de : " A moi, à moi, c'est mon ventre qu'il me faut "    
Alors que dans les contrées chaudes    
Se rassemblaient les détrousseurs    
Sur les brûlis de la forêt immémoriale    
Chassant par la force les hommes de ces lieux    
A coups de fusil et afflux de gaz carbonique    
Sans que la conscience émerge    
Sous une pluie de débris venant de l'espace.        
 
Top, top, top !
Faisaient les taupes    
Droites dans leurs bottes    
Traitant par le mépris    
La courbe ascendante des covidés de l'esprit    
Pour se prémunir contre l'hiver venant    
Et achalander leurs terriers    
De quelques gâteries des environs    
En circuit court comme de bien entendu.        
      


927
 
 

Le petit garçon a disparu

Le petit garçon a disparu    
Sans attendre les résultats de l'étape    
Qu'Hugo Koblet devait gagner  
Cinquante neuf secondes avant Louison Bobet.        
 
Il n'est plus qu'un cadavre    
Prospère    
Mais un cadavre tout de même    
A l'ombre des ifs de Mère-Grand.        
 
Franchir la barrière n'a jamais été son fort    
Mais on ne retient pas le poète    
Quand l'odeur du fumet levée    
Il s'agit de passer le pont.        
 
Il est le filigrane    
Emparouillé dans la trame du papier    
Car tout est bon au chercheur de l'explicite    
Telles paupières closes devant les portes d'airain.        
 
Éternel fugitif    
Il prend la cendre pour la neige de Noël    
Et si le buisson ardent se consume trop vite    
Il renchérit sur la plaie essentielle.        
 
Peut-être que peut-être    
Sa vie fût une boule de papier froissé    
Consignée en mairie dans le registre des naissances    
d'une fine écriture du dix septième siècle.        
 
Peut-être que peut-être    
Il finira en beefsteak    
A la merci du premier palais de gourmet    
aux dents blanchies par l'accoutumance.        
 
 
926

Ce mutant

Ce mutant    
A la frontière entre les vivants et les morts    
En grande pitié d'être au monde    
Cet infirme qui ne vit qu'en images    
Ne saisit rien.        
 
La réalité semble lui importer moins que la vérité    
Pour devant le souverain rivage    
Rejoindre sans trace d'arrogance    
La petite fenêtre du fond de la chambre    
Marquée d'un ange de Noël.        
 
Sinn, des douzaines de livres    
Couvrent la toile de Jouy de ses murs    
En dépossession de soi    
Sur la fuite culturelle de sa durée d'homme    
Fierté incarnée hors la Présence.         
 
Puis vint la Parole    
En simplicité inouïe    
D'une ouverture vers la tasse de café    
Posée sur la nappe rouge    
Tel un rai de lumière au lever du jour.        
 
Couvre-toi de la couverture de survie    
Retrouve les formes premières    
Les rythmes inhérents aux autres êtres    
Réinstalle l'ordre des signes qui fascinent    
Sois disposé à l'accueil de l'abîme du mot.        
 
 
925