Kategori Achiv: Oktòb 2019

Me dis que la parole poétique

 Me dis que la parole poétique 
 c'est comme la mer   
 giboyeuse de rêves   
 et racleuse de mots   
 lorsqu'elle griffe la côte.      
 
 Et si c'est de nuit   
 que la foi chancelle   
 et qu'un vent froid brasse l'écume   
 les hurlements des marins en détresse   
 se font entendre dans les criques   
 chapelles ardentes des trépassés.      
 
 Rare et obstinée présence   
 de cette nécessité du poème   
 révélation quotidienne
 à ne pas manquer le rendez-vous   
 percée magique des mots de braise   
 dans l'âtre aux éructations aiguisées.      
 
 Je vous aime ma vie   
 d'humbles existences affublée   
 dentelles du jour
 que des mirlitons dévorent   
 telles les perles de verre   
 dans la lumière clignée du matin. 
 
 Ne vous affligez point   
 il est une poupée malmenée de l'enfance   
 abandonnée sur le trottoir   
 que le passant ramasse   
 lambeaux de tendresse écrue   
 transfigurant celui qui la regarde.      
 
 Les tambours de l'automne   
 ont rassemblé les murmures   
 et claque aux marches de l'univers   
 la vision stellaire   
 des officiants du cercle sacré
 que l'amitié révèle en échos.      
 
 Viens contre l'arbre   
 et le sais par avance   
 que la gerbe des flûtiaux courroucés   
 par la plainte insensée   
 construit le décor   
 de nos retrouvailles naines.      
 
 
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Tu entrerais en faisant tinter l’éolyre

 Tu entrerais   
en faisant tinter l'éolyre
et le ciel s'ouvrirait.

L'écureuil dans l'amandier
de branche en branche
évoluerait avec agilité.

Tu me donnerais des nouvelles
de là où tu es
pour que nos mains se joignent.

Je t'entendrais légère
gravir l'escalier
très haut jusqu'à l'aube.

Tu m'indiquerais le chemin
des joies et des peines
toi mon aimée.

Ton ombre aurait la tendresse
des matins de printemps
près du canal de notre rencontre.

Et si le soleil perce les nuages
il y aurait grand gazouillis
parmi les peupliers.


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Cette joie d’exister

   Cette joie d'exister   
d'affirmer
de faire naître
d'adapter
d'exprimer.

Cet acte par lequel
exister
entre le terme et l'inertie
en intégrant les limites
le revers de l'existence.

L'existence donnée
une fois pour toute
sans nous prévaloir de la présence
est piètre chemin
et transformation de la joie en souvenir.

Notre situation ne cesse de changer
la présence est en rapport
avec les choses existantes
et qu'elle demeure à conquérir
irréductiblement.


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Je muir

 Je muir je muir   
 et ne puis retenir   
 les pleurs de la nuit   
 les nuages en leur course   
 le craquement des coquilles d'œufs   
 l'essence des choses   
 la couleur de l'enfance   
 le miel des estampes   
 le milieu entre deux excès   
 l'inaccompli de la perfection   
 la poigne du destin.     
 
 Me fait vivre   
 et retiens   
 la générosité de la joie   
 toute mesure à l'unisson   
 visant l'utile   
 par un effort constant   
 par dedans et dehors   
 être ad libitum   
 le plein et le délié   
 l'ambre des mers du nord   
 et le corail des mers du sud
 chair de nos cœurs.         
 

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