L'oiseau bêche de bec
S'est posé sur l'amandier
Sans demander son reste
Si ce n'est demeurer à distance.
L'explosion
Est venue de la fleur
Courage de la fleur
De parader en ardente compagnie.
Effleurant la parenthèse du vide
Il a éveillé branches et feuillage
Pour un parterre aux subtiles palabres
Alors que tout semblait à vau-l'eau. N'y tenant plus
De visage en visage
Il a grossi le trait
Pour plus de flamme encore.
Grattant son plumage hivernal
Il annonçait nouvelle parure
Pour l'incendie des jours heureux
Qu'il passera à chercher compagne.
Point de mesurette
De son cri le silence
Sans offenser
Le fruit.
Toucher de son ombre
Viendra soleil bas
Quand les traces font rêver
Le poète des champs.
Dans nos jardins
Préparons l'eau et le grain
Pour l'ouverture venue
De la nouvelle civilisation.
Et pour que n'éclate
La douleur de la moisson
À venir soyons le souvenir
Des cœurs en pâmoison.
Le printemps se capture
Tel le dard de la guêpe
Dont le sourire à cru
Enfoui la déchirure.
Redevenue parole
Et provocation silencieuse
La Beauté hauturière
Devient pavillon de corsaire.
Poésie à jamais retenue
D'immenses espaces la rend apte
Aux ténèbres
La résonance en tabernacle.
1258
Satellite
De la quille au bois d'or
Le chien dans le ciel
Est venu me dire
Qu'il m'aimait.
Aussi près des frondaisons
Ai-je ému le qu'en-dira-t'on
Des commisérations
Pour guignol de guingois
Terminer la saison.
Se sont vus
Se sont entendus
Les organistes de la rencontre
À échanger menus potins
En avril de bon matin.
Finalement épris
Du jour et de la nuit
Ils ont inauguré
Le masque de la fidélité
À l'ombre du frêne.
Glissons la main dans le pétrin
Sachons remercier ce qui nous expose
Cette auscultation d'un roman de gare
Barrant la route à la dérision
Comme écrire une chanson.
Fresque écarlate
Dans l'entre-deux de la rencontre
Il eût été de coutume
De remettre à plus tard
Pince-mi pince-moi.
Ne souriez pas
Ne prenez pas la pose
Soyez de mèche au mépris de l'instant
La corde et le gibet
De ce que propose le frisson.
À se moquer de tout
Les nuages deviennent des visages
Que l'ample conformité de nos habitudes
Façonne du murmure de l'esprit
Collagène importé d'une contrée lointaine.
Battons le pavé
À coups de fourche acérée
Qu'enfle la rumeur et les pleurs
Des âmes abandonnées
Au bastingage de leur âge.
Occulter le plaisir
Permet d'embrasser à l'autre bout du fil
Le battement d'un cœur
Tout près de l'événement majeur
D'avoir à dire merci.
Si légère cette parole
Qu'en sa cible les paupières se révèlent
Hongres des plaines du nouveau monde
À la portée d'une pensée
Griffe posée sous la cognée.
Filons
Le temps est à l'orage
Sable glissant entre les doigts
Façonnons le courage d'être de passage
En quête de la juste cause.
1257
Il faisait noir
Le mistigris de nos soucis
Tenait à peine dans nos mains
Alors qu'il fallait ascensionner cette passerelle de fer
Lentement
En provocant embouteillage derrière soi
Pour aboutir sur un palier
Pousser la porte vitrée
Et arriver dans un lieu surchauffé
Qui se trouvait être une cuisine salle de vie
Emplie d'ustensiles accrochés aux murs
Avec une table couverte d'une toile plastique à carreaux rouges et blancs
Alors que vapeurs et odeurs de nourriture montaient de la cuisinière
Que régentait une femme au fichu sans âge
La maîtresse de maison et son tablier fermé par des cordelettes dans le dos
Et ça sentait bon les rognons et la choucroute
Alors qu'au fond de la pièce se trouvait l'atelier du Monsieur
Au visage parcheminé de cire brune
Figure aux yeux de braise
Eclairant un local empli d'anciens vélos retapés
Avec leurs tubes de vives couleurs
Leurs sonnettes, dynamos et lampesLeurs selles de vieux cuir
Leurs gardes-boue, leurs chromes
Et même des bavettes aux bouts des gardes-boue
Rivetées, caoutchoutées, virevoltantes comme papillons en printempsSans oublier les porte-bagages
Pour arriver devant un four
Aux miches de pain toutes chaudes
Et des gâteaux
Que l'homme aux vélos devenu boulanger pâtissier
Nous enseignait la fabrication
Comment il les avait fait
Et comment il fallait les déguster
Tout ça avant d'aboutir dans la salle des textes
Dont pendaient du plafond jusqu'à terre des ficelles de chanvre
Reliant des morceaux de papier
Provenant d'une boule de gui
Haute perchée
Dont les fruits blancs claquaient
À la mesure de nos regards
Pour laisser se dérouler le roudoudou des mots
Phylactère rejoignant la terre battue
Mots de mise en phrases
Mots de mille manières rassemblés
Dans un flot de lumière et de sens
Formant vademecum
Nous indiquant la sortie
Vers ce qui nous attend
Nous les démunis
Prêts à recevoir
Bouche mobile
Front frondeur
Sourcils vibrants
Le poing serré
Ce qu'à coups de ciseaux
Délicatement l'Homme découpait
Formes géométriques
Lanières et confettis
À nous déchirer le cœur
D'une intelligence sensible au poison du mot
Du profane de la science au grand silence des outrances
Du ouï-dire du Vide aux lettres d'or.
1256
Donnant donnant
Au bruit du canon
Répondent les traces du spectacle
Dans l'affolement général
D'une levée de siège.
Pitié et honte de soi
Quand la guerre est là
Et que l'innocence pisse le sang
À grands coups de matraque
Derrière les oreilles.
Ça glissait de partout
Et mon petit garçon
Qui croyait tirer les ficelles
Fusain élevé à bout de bras
Devant le Trocadéro de nos amours.
Embouteillage monstrueux
En sortie de ville
À quémander quelques sacs de sable
Pour se coucher derrière
Quant les détonations claquèrent.
On emportait les blessés
Je ne sais où
Des amitiés d'enfance
Ne restaient que quelques râles
Fumigènes attardés de la démence.
La Montagne souriait
De sa souris étranglée
Pendante ensanglantée au crochet du boucher
Pour un petit père des peuples
Hilare vacant à ses affaires.
Moustache auscultée
En sortant du confessionnal
Le curé médusé avait avoué
Ne plus croire en sa mission
Devant le mistigris de la Lure.
Et les dents grincèrent
Devant la porte sacramentelle
Où baisser la voix
Eût été basculer
Dans la fièvre laiteuse de l'oubli.
Se moquer est chose facile
Quand de partout
Montent des racines enfouies
Ardente volée de passereaux
Des pas venus tout nu.
Et la main l'emporta
Dessous sa robe chose vivante
Seul patrimoine
À ne partager avec quiconque
Au tremblant différé de la mort.
Contamination répugnante
Répulsion avilissante
Possession physique
Avilissement du rapt
De cette violence qui vous fait mannequin.
Pour dévergonder
Faire sauter les gongs
Et punir à corps et à cris
La sujétion enivrante de la faute
Acmé de la gente ailée.
( Œuvre de Jean-Claude Guerrero )
1252
La fleur de seringa a chu
Vivante jouissant de plain-pied
Dans l'allée
Si fréquentée les jours d'été
Elle s'en est allée
Repoussant la boîte à tiroirs
Aux odeurs mellifères.
Le groseillier épuisé
En son courage providentiel
A recueilli quelques vers
Glougloutant élégamment
Sous la menace colérique du merle
Ce goinfre ceint
D'un orgueil de sucre noir.
Il y a de la débauche dans l'air
Et de fieffés coquins
De bric et de broc attifés
Portant en désespoir
Les espoirs de leurs parents
Aujourd'hui plus matelassier qu'ébéniste
En nos temps de providence aiguë.
Jäta meid rahule
Minge otsima mujale
Väike asi ilma kevadeta
Puhkuse võtmine
Ilma kritiseerimata
Vihaga keerised
Isegi hüvasti jätta.
Poeg kuritegu ?
Et olla meie naabrid
Neist, kes kokutavad ja kisavad
Armukade igavesed
Meie ilusate häältega
Meie ilusate kätega
Meie ilusast sügisest.
Ja kui me teda ei riietunud
Paar taskulampi välku
Seinte vastu
Piisasid täita täita
Samal ajal pisara tervendades
Võtmehoidja osad lisa
Pulmade rahuldamiseks.
Magama
Ärkama
Mine tagasi magama
Kuldne rohi hellitatud otsmik
Ainuüksi päike ravib surma
Pisarate näputäis
Raputas kirjeldamatu vihm.
Sõlmeline
Scarleti nägu
Nagu tuimastatud kommide kast
Piisas plaadi lahtiütlemiseks
Ilma selgituseta
Nii et tulevad
Ilma eessõnata rõõmsameelne kevad.
Ootab elu möödumist
Ettevaatlik ilma argpükslikult
Piisavalt õnnega
Koduuksel
Enda esindamiseks
Oksi oksa orust
Vaikuse südamesse jäänud.
Ta pöörab selga sinu peale
Teie ootuste kaabakas
Valgustatud rabamata rõõmuga
Nii et natuke
Ta lahkuks isegi
Elamise virgutus
Et soovitate sõrmeotsaga.
Piisavalt mõtet, mu armas
Olema rahulik
Keldrist pööningule
Lapsed ei tee enam müra
Ja ka meie esivanemad
Kes juhusliku žestiga
On mängust loobunud.
Piisavalt !
Paneme nüüd oma kimbud maha
Võtame omaks tuleku
Sellest, kes kuulab
Varjatud
Eelmise aasta jutud ja imed
Samal ajal tunnistades põhjust, kellele see võib muret tekitada.
( Tindi autor Pascale Gerard )
1251
Kamphor lõhn
Öösel
Teeb sisenemiskimpi
Mängu lõpp
Feigning romantika
Bastringue häälesse.
Keerutage savinõude koeri
Kraavi väljapääsu juures
Suudab hoida madalat massi
Kui pool avatud uks krõbistab
Mardikad lahkuvad
Soovi inkognito poole.
Suhkruroogu
Puhkusel
Päike on hilja
Kristalli helisemises
Tema kohalolekuga kaunistada
Hiilivad uudsed.
Veel paar aastat
Ameerika stiil
Sellegipoolest saime teada
Hilinenud
Pärast jõulist postitamist
Liha kokkuvarisemisest.
Jalgratturid
Nende vahatatud poncho all
Värises kujutletud kõnniteel
Imedes täiuslikku tõrva
Vaidles oma valgete sõrmedega
Lähenedes kontrollpunktile.
Täna ma ei nuta
Suudlen laubal
Laps ilma tugevuseta
Vana naine jäise pilguga
Oma prille otsimas vanamees
Otsustest eemal.
Rannikule lähenemine
Nagu tunne ilma mäluta
Kire haardes
Ma suunan vihmavarju
Päeva tuju poole
Tänu teile, saatuse poolt.
Tee küljel
Märg hommik
Alati paar tigu
Värske
Kontent Fleurette
Värviliste ürtidega.
Il me plaît
En ces temps de paix fragile
De trancher par la voix
L'invitation à se vendre
Pour un quignon de pain
Échangé entre gentils.
D'avance merci
D'avoir en lumière blonde
Blanchi le silence
D'une sympathie goguenarde
Pour grain de peau afférant
Préférer les larronnes aux courtisanes.
Dire des mots de charretier
Avec le miel des Carmélites
Rend la tâche facile
Au mauvais joueur
Couvert de gomina
En toute modestie.
Soudain l'Esprit vint
Une donation incomplète
Une transaction vénérable
À marchander
Même en vitrine
En se forçant à nouveau.
1250
Kui miski ei kutsu esile
Aja möödumine
Jälg lühikese rohu peal
Rehash rasedus
Mandorlast Ingel.
Ja see on tänu
Pildi ohverdamisel
Mis kord kehast eraldas
Ilmub vikerkaar
Selle nägu, kes valitseb
Ja maa ja taevas.
See müsteerium
Kes tunnistab inimese sündi
Vaimse olendina
Looge arv
Geomeetria sügisestes toonides
Kirjutamise ekspert.
Kanna purustamine
Liigne ja deemon
Ärkveloleku ja une vahel
Nii et ärkamine jääb hiljaks
Ja loo missioon
Viide.
À force d'arriver
On perd d'où l'on vient
Pour rayon de lumière
Réfléchissant sur l'objet
Faire de l'informe
L'indéterminé.
Tenant comme jargon
La manche et la chanson
Faire du dimanche
L'instant libérateur
À portée
De ce qui se dit humblement.
Prune sûre
Confiture possible
Au bleu du cuivre
La prise sensible
Des bulles babillardes
En robes blanches de saison.
Dans l'auge
Je patauge
Gastrimargia aux pieds fourchus
Faisant passage
Pour ce qui s'ouvre
En lui, en moi et en tout autre.
Filons le coton
Au vu de ce qui est
De cette lampe qui fume
Une dernière œillade
Triste et vive à la fois
Une caresse du bout des doigts.
Se perdre
Ou se donner
Élan vital à caréner
Oublier sa finalité
Dès le pas du consommateur figé
Comme femme offrant parfum.
À regarder de près
Je ne veux pas payer
Pour l'inconscience de mon inconscient
Cette parodie du faire
Alors que nulle par ailleurs
Shampouine l'origine.
Mission feinte
L'eau liquide solide et gazeuse
Exhale comme à son habitude
Le frémissement de l'information
Faisant chair
Du Transfiguré.
1249