Mille coups de griffe
Ont élargi le ciel
Jusqu’à couvrir de mucus
Les spasmes de la naissance.
Ouvrons les bras
Cueillons les fruits
Amassons dans les greniers la paille et le grain
Perpétuons le clinquant des offrandes.
À fleur d’eau
Au rythme des orages
À la cognée des arbres que l’on abat
Émergeons de la Misère.
Soyons l’impact
Des nuits que l’aube interpelle
Soyons de mise
Pour le jour d’après.
L’amertume
A reflué sur le devant de nos maisons
Comblement à mains nues
De l’apport de nos ancêtres
À point nommé
Les fleurs couvrent de leurs pétales d’argent
La commissure des nuages
Filtrant le vide comme fanons de baleine.
De mener à bien l’âme saisie
Amène à éviter les chausse-trapes de l’Avent
Réponse permise au contact de la Roue
Fragile éclosion des crosses de lumière.
À fréquenter la nuit
Conduit au Retournement de l’Être
Point d’accès au travail intérieur
Cadrant le débordement de l’ombre.
Plissement au suroît
De la conscience admise
Chaude et humide
Permettant la tenue des offices.
Parodie de la réalité
Profonde en ses attentes
Brise-lames sur le pourtour
Pour les mâchoires du Vieil Océan.
À la guignolade d’une fête aboutie
Bras et jambes à demi ployés
Les mains avec confiance
Saisissent la Geste de l’Histoire à rejoindre.
En attraction et sans subterfuges
Ne quittons pas le sol
Genoux en terre
Gouttons le champignon roux de l'interstellaire.
1450
Mon ami mon frère
Flèche rougie au creux de l’épaule
Venant déposer sur la margelle du puits
Le souvenir des nuits bleuies
Vous vous êtes arrêté
D’un dérapage contrôlé sur la route en terre battue
Aux portes de l’oubli
Près du saule fourchu
Devant la maison du sans-soucis.
Me parviennent les frissons
D’une lignée dépouillée
De ceux qui compagnons de toujours
Disparaissaient vieillesse venue
Comme le dernier son
De la cognée de l’aïeul
Abattant le peuplier de l’Aspavoune
Sous les cris et bravos
Des enfants de toujours.
Au pied de l’arbre
Un trou fermé par le caillou advenu
Par lequel accéder au royaume des djinns
Éclat de mystère faisant jaillir
Entre les carrés potagers
Travaillés par Jean et Grand-père
La fraise et la menthe
Des festins pris en bonne compagnie
Que les cloches de Saint-Lambert
Bénissaient au vent de la planèze.
Sur la pierre carrée devant la fenêtre
Où discourir après repas
Nous prîmes le séjour pour une éternité
Alors qu’ondoyaient les blés
Sous le souffle chaud de l’été
Prélude d’un déplacement pour plus de confort encore
Assis ou allongés
Contre le mur de pierres sèches
À l’ombre de la toile de tente.
1449
Juhuslikult
Hirmuäratav üksus oli sõna võtnud
Servituudi tunnistuste saamiseks
Teisest küljest
Du Tenitudes nõlv.
Lõks oli pinges
Tänamatuses
Sõnade "meister" ja "orja" vahel
Kõik sellele lähenemiseks
Suur spiraaliliumäik.
Nakkus taeva ja maa vahel
Rootori külge kinnitatud rohud
Et eemale hoida silmapiirist
Puudutage nende kümme sõrme
Ergotoorse mõistuse kest.
Hävitama
Täna õhtul on auhinnatseremoonia
Kus palja jalad päästavad madami filosoof
Hammerdamine raevuka väljanägemisega
Kalle ja punkt, mis järgneb .
Ma võtan su käe
Hea leiva eest
Ja pane mind õigele teele tagasi
Huddled, et olen su rinna vastu
Igavese omaksvõtu magus ja õrn lööklaine.
See vilistab eetris
Tuul sülitab oma hapnikupuhve
Tulevik on mõistatus
Kus au teha
Selline vaim epideemiaga.
1448
Changer de corps à sa guise
Faire remue-ménage de ses origines
Pour fragile brindille de lune
Perchée au pinacle de l’enfance
Franchir le miroir des affidés.
Il n’est plus
Il sera
Sans se soucier du passage du temps
Tout en gardant ses oiseaux en vie
Lui le prince-poète.
À grands pas le futur se rapproche
De l’inconnu terrifiant
En la spirale de nuées ardentes
Prompte à engager flèches d’argent
Au tourniquet des libertés.
Viens et me dis
Récit incompatible
Tout là-haut
Sans heurter les étoiles
Au milieu de la foule.
À l’aveuglette
Sur ses flancs arrondis
Montaient les hommes en besoin d’affection
Alors qu’émergeait à des millénaires de là
Le Vivant endormi de la Poésie.
Sans se plaindre
À mi-pente de l’ascension
Il fût bienséant d’attendre la foudre
Et son claquement sec de la langue
Pour saupoudrer de blanc les rêves de la nuit.
1447
Six heures quinze
De la clarté dans le sombre du ciel
Les prémices, la proche présence du feu de Dieu
Puissance
Calme
Le cœur bat
Chamade douce
Aspiré par la lumière
Élevée.
Guetter
Prêt à la lecture du grand Tout
Et de ses signes au-dessus de l’horizon
La barrière des nuages
Surmontée d’un trait de clarté
L’espace bien dégagé qui élargit le cœur
Vastitude du ciel et du cœur
Le cœur c’est le ciel
Je suis de là-haut
Je suis de là-bas.
Quelques tâches rougeâtres
À l’emplacement de la future venue
Se mettre à l’unisson
Élargir les bras
Creuser le ventre
Prêt à recevoir la clarté.
De petits homoncules traversent la rue
Quelques uns courent
D’autres laissent passer les véhicules.
La plage du ciel propice à l’accueil est large
Une grosse larve de nuages progresse de gauche à droite
Un larve annelée qui grossit grossit
À droite, calme et serein, le ciel attend
Au dessus de la larve, l’immense vide
Un halot orangé clair monte à l’horizon
Ça vient
Rien ne m’appartient
Et pourtant je suis bien là
Au plus prêt de ce qui est.
Un pigeon se pose sur le lampadaire
Il repart.
Le triangle pubien clair de clair
Fente fine et profonde au centre de la matière
Juste entrevue
Les larges cuisses refermant l’ouverture.
Le mirliton des teintes douces
S’essaye à quelques touches pastelles.
Les membres se déplient
Un coude
L’attache avec le cou
Un muscle rond
Le sein à l’aréole affirmée
La déesse dans un lent élan se farde devant l’enclumeLa liberté guidant le peuple
Les musiciens rejoignent leurs places
Un premier son s’élève
Puis d’autres en désordre
Les musiciens se cherchent
Sur l’os de seiche de la philharmonie
De la gauche vers la droite en avant toute
Les cuirs et les anneaux se tendent
Le convoi se met en marche
Là, un linge blanc
L’ourlet avec le rien
Le crémeux de tes yeux
L’oiseau de la rambarde s’est envolé
Le frein retient la turgescence
Coquille des espaces.
Sept heures quinze.
Faut-il qu’il m’en souvienne
L’amour venait après la peine.
Les premiers rayons jaillissent
À l’horizontale
La bedaine des nuages s’éclaircit
Déchirure
Vagissement muet de l’aube
Les rayons balaient le dessous des nuages.
Un peu d’eau fraîche
À la tienne Soleil !
Pour ne pas retenir l’élan qui luit vers celui qui est.
Plusieurs pigeons se rassemblent sur la rambarde
La tête tournée vers le soleil.
Là
Un pilier
Une aspiration
Un masque vénitien
Les yeux séparés par un nez acéré.
Il clique
Puis jaillit
Hors les limites bordières
Le disque se démarque de sa gangue.
Il luit
Le regard vers le bas
Ses pinceaux lumineux
Rencontrent la brume qui monte des vallées.
Le sourcil épais
De l’eau dans la gorge
De l’eau et de la lumière
Bonne journée toi le jour d’aujourd’hui !
Don de lumière
Sur les pylônes de la voie ferrée
Un train entre en lumière.
Il est un temps pour tout
Et les doigts fins de l’infirme d’hier pianotent
Sur le suc de la Vie.
1446
Barcarole à Jouy Devant cette pièce d’eau noire Le bruit de l’eau sortant du bief Douche permanente Provenant de la roue moussue.
La passerelle de bois humide et glissante À la rambarde inégale et branlante Jouait avec les reflets de l’eau du gué Pierres jointives et dorées Permettant de suggérer l’autre rive.
Le feuillage abondant s’inclinait au–dessus de l’eau Les lumières du soleil constellaient la frondaison Tout était mouvant et frissonnant D’éclats scintillants Féeriques et menaçants.
Match équilibré Mais entre qui et qui ? La peur et la beauté La fascination et la profondeur J’avais onze ans et entrerai en sixième en septembre.
Grand’mère Danube était allée rejoindre sa sœur En autocar du parc de La Villette jusqu’à Jouy Elle nous avait sorti de Paris Moi et Muriel la fille de tante Guitte Saint Chrême enchâssé dans son écrin émotionnel.
Muriel avait neuf ou dix ans Une brunette aux cheveux bouclés Et aux yeux de jais Qu’une autre fois j’emmenai promener entre les blés Le cœur battant en nous tenant la main.
Grandes et belles bougies
Dans le cadre sombre de la chapelle
Saint Bénigne avait raison
Pas de rapatriement
Avant le couvre-feu d’un bris de vitre.
Puis s’en retourner chez soi
Dans le blizzard
À grandes enjambées
En évitant les plaques de glace
Sans attirer l’attention du plus offrant.
Les chiens pouvaient se disputer
L’os à moelle des convenances
L’un d’eux s’échappera
Du corps à corps insipide des efforts
Pour soigner le mal par l’incartade du soi.
Pierre à feu
Feu du fer contre le mur
J’entends le creux des flammes
Se rebeller contre le tisonnier de mon enfance
À fleurir la barque des jours.
1444
Au court bouillon du goudron Passent les cornettes des bonnes sœurs Avions de papier en escadrille Allant vers un avenir meilleur.
Me retrouver au sommet du petit tas de poussières grises Me retrouver ouvrage fait Rend la chose facile à dire « La poésie c’est la vie ».
J’ai cherché les vers luisants Pour les installant dans une coquille d’œuf Être douce lanterne Guidant l’enfant vers la fleur de nuit.
Oli aeg Où le scintillement de la lumière dans le feuillage Me faisait tenir sous l’arbre Le langage morse de la tradition.
Je suis arrivé dans l’écriture Avec force vieilleries De la culture, des histoires, de la mémoire Du ressenti, de l’imaginaire, plein d’éléments à manger et à boire.
J’ai secoué tout ça Pour que retombant d’oblique manière Les transformées de l’immaturité Deviennent graillons pour terre nouvelle.
Plan Z des affaires courantes Déroulant le menu fretin de la rue Je mesurai le parti-pris de l’esprit Pour m’engager sur le chemin ferré.
Dans l’espace de vulnérabilité J’ai dégagé la mélodie de sa gangue Pour le bruit du ressac aidant Mettre le matin en position d’attente. 1443
Flûtiau d’argent
Tenu à mains fermes
Qu’emporte au milieu de la plaine
La houle sans répit
En maîtrise de l'esprit.
Pour une journée
S’en fût une bonne
À mille lieues de l’ailleurs
Au crépuscule des origines
À manier l’émotion et ses effets seconds.
Des compayrès dodus
La voile des grands arbres
Par le vent cintrée
S’exhalait
L’avancée reine de l’âge.
Les six voies réunies
Engendraient l’outrepassé
Cet impur souvenir
À chercher le devenir de l’épuisement
Dans l’envoi doux et périlleux des opérations.
Large main posée sur la cupule
À haut goût de boutons d’or
Les gens de l’Aubrac
Portaient haut le pas-grand-chose toléré
Des besognes à l’arrêt.
Saillie considérée de spéciale
Le porte-à-porte s’ouvrit
Sur l’entablement des transformations
Prêtes à manifester l’accomplissement spirituel
Sans que chiens ne détalent.
1442
Sur le perchoir du temps
Faire des œuvres de résurrection.
À la pointe de l’aiguille
Enfiler les points de suspension
De cette errance
Notre sœur d’ombre
Disposée là
Au carrefour de nos intentions.
Retour de mémoire
Culte de la soumission.
Qu’il soit colombe ou porte-croix
L’esprit occupe la place privilégiée
Pour qui viendra lui suggérerUn voyageen terre sainte.
Reflet terrestre des soleils de l’Appel
Le troisième œil escarboucle le trésor principiel
Au centre de nos facultés élevées.
Profonde est l’attente
Du nouveau tour à rejoindre
Quand l’innocence de l’enfant
Prépare la nouvelle naissance.
Alors le vieux sage rassemble
Les moments du mouvement circulaire
Autour d’un centre
Que les trois personnages exaltent
En parfaite collusion
Avec le sens dextre de l’action.
Le cocon a été ouvert
La maturation lente et secrète s’effectue
Le moteur est à son point de fusion
Il étreint les visages
Pour le troisième œil ouvert
Effectuer la mission de relance
À se mouvoir
Selon le nouveau mode.
L’étreinte est ferme
Les éléments de la future perfection
Enlacent la chrysalide
La chenille devient papillon
En l’état de l’achèvement de l’œuvre
D’une pause l’autre.
À livres paginés avec soin
La topographie subtile
Entre en observation
Des lampées d’attention
Devenues familières.
La conscience roule ses yeux
Devant l’expérience
Le mariage est de retour
Autour de la corbeille
Les fruits de la Promesse
Trouvent les mains de la grâce
Pour que tenants et aboutissants
Se concertent
Et mènent à la fusion consommée
De notre véritable nature
D’éclore et de s’épanouir.
La Rencontre nourrit
Les gerbes liées
Se courbent sous l’épi lourd
D’une fin de moisson
Qui a beaucoup donnée.
Font silence
Devant le nécessaire dédoublement
De notre puissance
Révélée au distillat du cœur
D’avec la contemplation de la nature.
La coupe se propose
À recevoir l’anneau des noces
Narines élargies
Au passage du train des anges
Empilant volutes de fumée
À gorges déployées
Beauté reconsidérée en ultime instance
Tels petits cris de souris
Marquant l’harmonie médiatrice
Des âmes harnachées pour la mission
Âmes prêtes à l’irrigation de l’instant
Par la conscience de l’absolu.
1441