Arquivos de categorias: Ano 2016

Pirouette de la lettre

 Pirouette de la lettre
  À l'arrivée de celle qui ne vint pas
 Aux commémorations des mots mordus par la dent principielle
 Aux safran sachant chasser les vents mauvais
 Aux callunes courbées sur la lande de l'enfance
 Aux fresques enrubannées
 Que dis-je ?
 Si je ne fabrique l'au-delà
 Que fais-je alors de si parcimonieux
 En ballerines de tendresse
 Aux creux des vagues amoureuses
 À se fâcher avec la bête
 À s'élever au matin gracieux
 Par dessus l'hypertexte des attentes clamées
 En chasse-patates derrière le peloton moutonnier
 J'erre en carême d'Être
 Et produis le déficit
 Estuaire frémissant
 D'un mascaret de circonstance
 Au marquage des dauphins
 En vacance du tout venant
 En acceptation du tout venu
 Griffant d'un ongle acéré
 Sur l'orgue basaltique
 Les errances parcheminées
 Ces questions froides 
 En avidité de connaître
 Au désespoir d'avoir connu
 Le simple effet d'un son
 Au point chantre de l'église
 Ma jungle
 Mon Guernica des causes perdues
 Ma vaillance
 Ma basilique Saint-Ferjeux
 Mon enfant de terre et de ciel
 Unique élan du savetier
 Près de sa galoche centuriale
 À décrépir les monts et merveilles
 D'un horizon éloigné
  À force de rames
 Sur la mer Morte
 Et de coups de menton
 Contre le mur des lamentations .


 257 

Chromosomes farfadets de l’aube

 Chromosomes
 Farfadets de l'aube
 Alter ego s'évertuant
 À caresser de leurs os
 Les murailles lasses
 De nos châteaux endormis .

 L'asphodèle se mêle
 Fanges et végétations ourdies
 Aux luxures de l'esprit
 Fenêtres ouvertes
 En pâmoison d'Etre
 Minha alma , ma tristesse .
 
Echancrées
 De moellons parcimonieux
 Montent des tours barbares
 L'énuclage des ouvertures
 Gémissements se prolongeant
 Aux flexures du temps .

 Raison dernière
 Des contes de la mère l'Oye
 S'écroule l'orgue
 Des vestiges blasonnés
 Fêlure matricielle 
 Au centre du baldaquin .

 Mémoire ma mie
 Recouvre de voix hilares
 Au déplié de l'écho
 La chaste offrande
 De nos lézardes pantelantes
 Ma peau mon unique .

 Cliquetis de l'enfance disparue 
 Craque la chaîne générationnelle
 En ses espoirs ses projets
 Ces jets de pierres
 Contre l'histoire
 Aux maillons rouillés .

 Sage est notre contrée
 Alourdie de forêts profondes
 Sous l'échauguette
 Te souviens-tu
 De la douceur des soirs de moisson
 Ma bien-aimée .

 Les dalles soulevées
 Apparaissent
 Rosissante rosace du néflier roi
 Prudent propagandiste
 Des fruits offerts
 Au meilleur d'entre nous . .

 Projetant d'ombre en ombre
 L'épée de lumière
 Dans l'imbroglio des poutres enchevêtrées
 D'avec les murs pantelants
 Les oiseaux piaillent 
 Sous les effluve d'une pluie odorante .

 Nuits sanguinaires
 Entre nous traversées
 Les parures s'écaillent
 Par delà le zeste d'une frise 
 Ma main contre ta joue
 Ma pomme d'été .

 C'est par l'allée 
 Que nous sommes arrivés
 Entre les arbres encorbellés
 Le pied léger
 Le menton en godille
 Nous les danseurs d'une passacaille .
 
 ( Photo de Bernard Lépinay ) 

 256 

Toute échancrure mérite ramage

 Toute échancrure mérite ramage   
 des doigts de chanvre
 écarquillent la paille de remplissage
 ainsi va le linéament des permissivités .

 Auguste admonestation
 faite d'une haute chaire
 coloriée par de petits enfants
 ainsi vont les pastoureaux .

 Assise à l'écart
 en réception de l'indicible
 la Merveille pleure son sautoir
 égaré au labyrinthe des mots .

 Les chants suivent les andantes
 au statut anomique
 ombres du siècle
 parcourant le gravier dominical .

 S'élèvent puis s'abaissent 
 les facondes , signes et lèvres
 le doigt posé sur l'icône
 au gré des allégories psalmodiées .

 D'un côté montent les connaissants
 de l'autre atterrissent les vivants
 conduites de l'esprit
 sujettes aux occasions de croissance .

 Filtre à la croisée du transept
 en relation du cœur brisé
 ce puissant désir d'aimer et d'être aimé
 en accomplissement du grand saut promis .


 255 

Passent les errants de la cause ontologique

 Passent les errants de la cause ontologique
 le long de la longère aux pierres blanches
 s'arrêtent , se saluent , puis se quittent
 certains portent sac à dos
 d'autres traînent la roulette
 au soleil point de plantes aux feuilles ternies .

 Il n'est de passage
 que l'entre-deux des fleurs des champs
 en trilogie
 marguerites , coquelicots et bleuets
 près du fossé où poule blanche morte
 dans un reste d'eau
 attendre la dent du renard .

 Bleu est le ciel
 aux tulipes de sang
 une femme boit son thé 
 à petites lampées
 sans que luisent
 sous le reflet de lune 
 les doigts de Viviane .

 Creuse l'errance
 des chaises en plastique blanc 
 au hasard d'un entretien sollicité
 sur la pelouse douce 
 piquetée du roussi des feuilles mortes.

 Faut-il qu'il m'en souvienne
 de rendre hommage
 à ce qui nous est donné
 mon âme
 mon autre vie
 ma romance .


 254