Категория Архивы: Аврил 2015

le sourire de la plaque de fonte

     Les passants qui passent
 achètent l'objet ,
 passent la porte
 puis disparaissent
 le temps d'un temps qui s'épaissit ;
 ~ tentation d'une clé à tourner .

     Gifle ,
 réponse inflexible ,
 la peau simplement désignée ,
 langue de velours ,
 Этоpelle du char de carnaval les consonnes advenues .

     La plaque d'égout
 быть ,
 en son goudron ,
 décatie ,
 une échancrure de gaieté sur sa face de lune .

     Ne l'imitez pas ,
 Ne transformez pas son habit de ciment 
 en identité céleste . 

     Soyez le réceptacle de son chaos .
 
     Entrez en dissidence .

     Ayez la démarche courtoise d'un salut de hasard .

     Respectez son silence ,
 de ce que raconte les contes
 ne choisissez pas .

     Sachez être courtois .

     Ayez le mot de paix .

     Soyez le bon .

     Soyez le lumineux .

     Ayez le sourire croque-pupilles 
 derrière la vénitienne .

     Et si le pas presse ,
 n'accordez d'importance qu'à votre corps qui pense .

     Soyez pied à pied le raccourci de l'âme .

     Grimpez la pente ,
 pour juste regard porté à l'encan ,
 exploser de beauté .

     Il se pourrait que vos jambes ,
 sans se couper de votre être ,
 sortent du piège d'un espace changeant .

     Divine rose descendue du plafond .

     Etre l'esprit de ce lai d'amour .
  
     Qu'un passant passe ,
 l'ombre se déplace ,
 le souffle rassemble les énergies ,
 une voix indique le chemin .

     " Marchez entre ciel et terre "


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quel âge as-tu mon fils ?

  Pour me dire que l'enfant a bien grandi
Qu'il est éternel
Comme l'éternelle jeunesse du monde .

D'une autre contrée
Tu vins
Et je m'enquis de te retenir
Hors des chimères
Hors des moments où la force ne s'imprime plus .

Tu me pris par la main
Sans question
Sans certitude
Avec juste le besoin de vivre ton époque .

Tu n'avais pas besoin d'aide
Pour affirmer ton identité
Une dose d'absolu t'animait .

J'avais déjà accompagné tes hésitations
Ton hétérodoxie me semblait inextinguible
Sans domaine attribué
Tu pouvais mettre à mal les institutions .

Tu pouvais te moquer de ma sénilité
Des choses en place tu n'avais cure
Tu élargissais le fossé existant
Entre la société officielle
De l'homme bardé de médailles
De l'homme au secret des cachots de l'esprit
Élaborant au risque d'être blessé
L'avenant des fausses protections
Le passe-murailles du chaos stellaire .

Ce n'était pas la première fois
Qu'il y avait désaccord
Tout était histoire de racines
De celles que conforte l'ordre établi
De celles qui passées au crible de la crise
Méritent de resurgir .

Toi mon enfant-apprenti
Des tessons de l'esprit
Tu graves la symbolique de notre relation
Sur la terre du Croissant Fertile
Tu épelles à jeun
Le texte des nourritures à venir
Où se rencontrer .

Tu savais lire le chiffre ésotérique
Du quotidien révolu
Tu savais déchiffrer le cri des enfants
D'entre les sonnailles de la rhétorique sociétale .

Tu étais arrogant
Mais sans arrogance point d'accès au royaume .

Tu savais faire jaillir la gerbe d'étincelles
Sur la pierre des sacrifices
Et brandir l'épée de décision
Individuelle et collective .

Tes mots étaient simples
Ceints de cette capacité
A faire sortir la littérature de ses ornières
Pour épeler les données fondamentales .

Tu savais
Et pourtant
Humble
Tu nous invitais à la retenue
Sur cette terre d'entre les ruines
Où recueillir l'humus immémorial des cryptes dévastées .

Tu relevais ce qui était couché
Toi l'incarné
Soucieux de découvrir l'alphabet
Dans la palmeraie d'un oasis sans blessure .

Tu as été embarrassé
Par le carcan des certitudes
Ты
Cette lumière de fin d'orage
Portant loin le propos de ton voyage
Marqueur initiatique
Imprimant au fronton des temples
la tolérance .

Mon avenir
Mon fils
Ma congruence
Mon enfant éternel
Tu vins
Et te tins
En rébellion
A me dire
La désinvolture
De cette époque laminée
Par de grandes douleurs .

Ma force
ma ruse
A même de rassembler
L'épars de nos haillons
Au coeur du discernement .

Tu renouvelles le secret des créateurs
Tes pérégrinations sont l'injonction fracassante
D'être l'entièreté de l'être .

Toi le pont
Toi la porte
Toi le passage
Toi la nécessité
Tu sus trouver la trace
Pour débarquer par effraction
Messager d'origine inouï
Et vivre entre ces parents improbables
Le reste de ton âge .


Remue
Sors de ta grotte
Et me viens tordre le bras
Sur l'enclume des mondanités .

Sois l'inflexible transgression .

Des vagabondages libertaires .

Sois en célérité
La comète émerveillée des nuits d'été .

Sois le bond hors de la tranchée
Atteint d'une flèche acérée

Ivre d'une stupeur sépulcrale .

Et si parfois tu fus l'enfant-apprenti
Ce n'était que pour rire
Penché sur la margelle
Ardente épiphanie
Hors des eaux outrenoires de la fontaine .

Mon enfant des soirées passées à la bougie
Tu es manifestation de l'invisible au sein du visible
Occurrence d'entre les apparences
Expression nourricières de l'ouverture .

Toi le fondateur des labyrinthes
Des courants d'air
L'horizontalité blanche de tes cris à fond de cale
Évoque et contamine
L'énigme flottante
De la vie de l'instant
Échappant aux flashes nucléaires de la désorganisation .

Tu n'as plus de limites
Tu es sans prix
Délié
Immaturément replié en ton havre de souffrances
Échancrure rougeoyante dans le rationalisme étriqué .

Tu es raison et émotion
En lettres brûlantes
Inscrites sur la porte des granges
Entre la chauve-souris et la patte de lapin
Ton feuilleté végétal
enjambe les codicilles .

Tu es le ventre saillant
De ces rituels
Décors
Agapes
Où fondre l'airain de notre fulgurance .

Tu t'es mis en chemin
Toi en aparté
Cliquetant de ton corps défait
Toi qui est parti
D'ailleurs
Un peu
A qui perd gagne
Tu es l'enjeu des possédés de la tradition
Cherchant le germe originel
Tu es hors tout .

Tu es mort et renaissance
Spiralement destiné
Au contournement de l'épreuve
Offrande sur l'autel des destinées .

Je ferais bon usage de tes crises
Je saurais m'abreuver aux sources murmurantes
Comme aux premiers jours
En mon errance camarade
Indéfectible thuriféraire de notre quête
Ma conque marine et mon point d'orgue .

Mon frère
Mon dieu
Ma disparition
Ma blessure éternelle
Ma mangue fraîche
Sous le figuier de notre attente
Je commencerai et recommencerai
D'amour et de douleur
A fourbir
L'élan de fraternité joyeuse
De toute existence
Ô mes compagnons .


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