Station Trocadéro

Pluie de lune   
Retombée en forêt   
Passant de vie à trépas   
Le temps d'un petit pas.         
 
Permission sonore   
De la poutre effondrée   
Hors de l'espace clos   
D'une voix sans le mot.      
 
Et qui ramasse   
Vanité délicieuse   
Le pourquoi du comment   
De l'éternel amant.      
 
Se joue là   
Entre le mythe et l'humain   
La présence oblique   
D'une offre biblique.      
 
Très jeune   
Et vieux pour plus de compassion   
Ils vécurent leur rêve   
D'une note brève.      
 
Au qu'en dira-t-on    
D'une flexion des genoux   
Furent assujettis   
Et le jour et la nuit.      
 
Avaleur de survie   
Le poète par la sente consentie   
Hèle l'aile   
De l'oiseau rebelle.      
 
Pour sauter   
D'une plume l'autre   
Sans prendre de gant   
Sur le dos de l'errant.      
 
Entre les lattes du plancher   
Demeure l'oisillon   
Qui bec grand ouvert   
Reçoit chenille verte.      
 
De la souffrance au bonheur   
De la prose à la poésie   
Passe le vent qu'il faut   
Pour aboutir à vaut-l'eau.      
 
Ruisselantes   
Hors du néant   
Les perles de pluie   
Se sont alanguies.      
 
De plaisir ajourés
Station Trocadéro   
Avons pris le parti heureux   
D'entonner l'hymne des cieux.      
 
1308

Ciao Baby

Ciao Baby   
Choppe le rythme   
Alors que claque la spartiate sur le plancher des vaches   
La lune luit sur l'écran de nos nuits blanches   
Comme image idéale de soi.      
 
Point de transition   
Jusqu'à la dernière mue   
Aux séquences coprophages   
Nous saignerons à blanc l'érable du Tibet   
Dernier traumatisme avant l'abondance.      
 
En l'effet de nature profonde   
Voix grave de femme   
Accompagnant la dernière litanie   
Pour naissance promise   
En l'époque à venir.      
 
Filent les nuages   
D'une haleine lente   
Vers la frontière italienne   
De droite à gauche tout s'altère   
De gauche à droite comme chez nous.      
 
Le soleil de la partie   
Inonde la terrasse   
Pour coléoptère au vol lourd   
Inoculer l'âpre réponse   
Aux cornes d'abondance.      
 
Et vogue le monde du spectacle   
Au plein emploi des colifichets   
Devant la fosse commune des médications   
En urgence de vivre   
Par ces temps irréversibles.      
 
1307

Écrue de toi

Appuyées sur la rigueur   
Les stigmates des contes de fée
Donnent aux rites de passage
La possibilité d'affronter
Sa propre impermanence et sa morbidité.

Finissons-en de la beauté artistique
Soyons le maître des mystères sacrés
Magnifions les trois règnes
En investigation sans préjugés
Transcendons l'espace, le temps et la causalité.

Écrue de toi
La symphonie des tissages de l'esprit
Nous avons économisé la tendresse des espaces infinis
Sans renier nos aspirations
À vivre et nourrir la dernière mission.

De quel voyage s'agit-il
Toi homme
Qui frappe de la tête
Le chambranle des chambres
En quête de la Vérité ?

D'air et d'eau
Il me vit au fond du canyon
À parader de délicate manière
Par les rochers et les vasques
Des cupules de l'incantation.

De la construction universelle
Il fût privé
Pour s'éteindre à petit feu
À petits bruits
Sur le pavé des certitudes.

Quel joli col il offrit
Lui le déjà venu
Sur le mode historique
Parodiant le jeteur de sort
Pour particules subatomiques.

De réalité point
Juste le justaucorps du Vide
Posé allongé sur la table d'opération
Baleine en gestation
Recouverte du plancton des origines.

Les enfants se sont éparpillés
Sur le sable du boulevard
Considérant la rencontre avec leur mère
Comme bilan devant être chanté
Avec émotions et pensées venues.

Épuise-t-on du regard
L'ordre et la mesure
D'une vie passée à se démarquer
De la peur et de la mort
Ces sœurs de l'aventure.

La recherche est noble attitude
Devant le peu de cas dévolu aux dérobades
Histoire de contempler Guignol et sa troupe
Faisant grand tapage
Au castelet de nos amours.

Dieu et Démon
Du fond des âges
Percent la mandragore
L'œil de toutes choses émulsionnées
Dans la marmite des géants.


1306

Posé Pensé

Posé Pensé   
Posément en l'émargement du quotidien
Carrière à développer
Sans batifolage
La vision matérialiste s'est éteinte.

Et le film de se dérouler
Inexorablement jusqu'en la cinquante neuvième année
Tel le dévidoir
Où flottaient librement
Les fils de la Vierge.

A faire demi-tour
Provoque de fréquentes bifurcations
Dans l'ordre des choses
Tonalité mystique
Pour des bénéficiaires triés sur le volet.

1305

Nulle réserve

Nulle réserve   
Il m'attend   
Je vitalise mes intentions   
Dans cette marche   
Aux croustillants insectes   
Tenant lieu de sentier fleuri.      
 
Le rocher   
En ses cicatrices profondes   
Protège le cœur immense de la terre   
Nous enjoignant d'être l'usure des siècles   
Et l'Éternel   
Fraîchement né à ce qui nous délègue.      
 
Le regard lavé des préjugés   
Soyons la Source   
L'entrée dans le Réel   
La maîtrise d'un savoir faire   
Ouvré de la gentillesse des fleurs bleues   
Comme de la Lumière donnée à tous.      
 
1304

Le Ginish parle

Au Ginish   
Se tiennent des centaines d'années de réflexion   
Chercheurs de la dernière exception   
À protéger l'enceinte   
Eux les orpailleurs de la conscience   
Aux paupières plissées par l'attention.       
 
Ici point d'église froide   
Mais le lieu où s'abandonner   
Comme il te plaira   
Toi mon père que je remercie   
En acceptant tout   
Et remettant mon âme entre tes mains.      
 
La gloire fait notre honte   
Les Saints brandissent un flambeau paradoxal   
Nous rendant misérables   
Nous les égarés de la voie   
Qui n'avançons dans l'air mauve   
Qu'au pas de la peur.      
 
Nulle réserve   
Il m'attend   
Il vitalise mes intentions   
Par cette marche   
Où de croustillants insectes   
Tiennent lieu de sentier fleuri.      
 
Le Rocher   
En ses cicatrices profondes   
Protège le cœur immense de la Terre   
Nous enjoignant d'être l'usure des siècles   
Et l'Eternel   
Fraîchement né à ce qui nous délègue.      
 
Le regard lavé des préjugés   
Soyons la source   
L'entrée dans le réel   
La maîtrise d'un savoir-faire   
Fait de la gentillesse des fleurs bleues   
Et de la lumière donnée à tous.      
 
1303

Mes créants de la forêt magique

Mes créants   
En la forêt magique
Se sont mis à parader
Tout en touchant du doigt
Le relent chaud et tendre
Des traces de l'énigme.

Il n'aurait pas fallu
Entrer en scène sans prévenir
Ce jour des créances du bien-agir
Disposés en groupe
Tambour sonnant le glas
Comme une dernière fois.

Ils étaient venus me trouver
En fin de spectacle
Pour me tancer d'être entrer en scène
Alors que je n'avais pas la clé du clan
Et qu'à tout bien pesé
J'avais mal agi.

Vaincre la nausée
Apporte la suspension de l'appel
Pour portes dérobées
Détacher de l'instant
Aux miracles des mots
La constellation du dire de la plaie essentielle.

Être publié à compte d'auteur
Mène le poète en solitude
Mais que faire de l'injonction verbale
Du père disparu
Sans voix
Parures oxydées.

La nostalgie du sacré
Est nostalgie du présent
Et non le regret amer du passé
Pour retour vers l'ivresse de la connaissance
Remplir besace
D'émerveillement et de tristesse.

1302

La rose et ses pareilles

Du haut de la passerelle   
J'ai vu la rose et ses pareilles
Au cœur vermeil
Entre le bois et la cité
Farfouillant dans le noir
Ce qui reste de la veille.

Prolongement du regard
Vers là où rien ne bouge
Sentinelle pensive
À ses pieds permise
Sous la geste
D'une pensée douce.

Au suçon des origines
Il y a la plongée dans le monde
visages caressés
De la pulpe du doigt
Dans le silence des regards
Au souffle des fragrances.

Posé à même la roche
Sac ouvert
Au cas où le père revienne
Il s'enquit de la montée prochaine
Qui le conduirait à la chapelle
Du chez soi si près d'elle.

Dans le défroissement des ombres
La lumière apparut
Bras nus et front levé
Portée par la vague immense
Déferlante d'un "où ça nous mène"
Suite à l'héroïsme de l'attente.

Du blanc dans la tête
Aux roses suspendues
D'humbles mots passeront
Dari tangan ke tangan
Jusqu'à la paix laiteuse du matin
Écopant la brume au ras de l'eau.

1301

S’asseoir et se taire

Continuez de jouer   
Et vous serez récompensé   
De musique   
De sommeil   
D'images   
Et de bons points.      

Au village les amis !   
Et retenez par le bout de la frange   
Les chemins de l'été   
Au pont au change   
Faisant acte    
Sans bourse déliée.       

À grandes enjambées   
Il foulait la coursive   
Pour d'un geste vif   
Se retourner sans plus de manière   
Devant ses nuits d'enfants   
À tenir la main du père.      

Respirer à bout de branche   
Sans que les nuages s'accrochent   
Écorce sous la main   
À parodier le destin   
Quand celui-ci les yeux bandés   
Commande au monde sans pensée.      

La vieille dame a besoin de son jardin   
De son rosier préféré   
De loin en loin   
Quand envahie d'émotions   
Elle revoie la jeune fille aux pétales fragiles   
Envahir toute sa vie.      

L'eau silencieuse   
S'est mise à couler sous la porte   
Où mousse vivante des instincts   
L'animal se mettre à laper son destin   
En présence de l'ami   
L'affûteur au regard gris.      

Qui l'eût cru   
Que l'épervier descendrait   
Par petits ronds indifférents   
Jusqu'à se poser sur son visage   
De honte et de rage mêlées   
Jusqu'à l'encan de tout soucis.      

Brinquebalé tel fétu de paille   
Il répétait à qui l'entendre   
Que cela finirait   
Même agrippé aux tenailles de l'esprit   
Qu'un courant d'air   
Suffirait à libérer.      

Et il pleurait   
Contre les poitrines gonflées   
En témoignage du jour   
Où soulevant la poussière   
La nef des fous   
Plongea en ses entrailles.      

Drôle d'oraison   
Que celle au dos courbé   
Arrimant le cri des mourants   
Aux piliers de la basilique   
Qu'un obus éventra   
Visage las à la cagoule noire.      

Les mots sont là   
Portés en pointillé   
À ceux qui restent   
Épuisés   
Obligés de faire face   
Sans savoir cadrer.      

Écoute   
Tourne la page   
Pour arracher au chaos du monde   
Ce que je ne sais que faire   
De cette histoire en pointillé   
Aux nu-pieds de cuir.      

 
1300

Le lignage de la raison

Mourir de mer   
Effluve amère   
Au sentiment des paupières baissées   
À l'intérieur même de la vague lasse   
Que la lettre exaspère   
Sacoche fermée.      
 
M'eussent prévenu   
Les langues tendues   
Par dessus le marigot  
Des gros mots assénés  
Je succombais   
Par la fenêtre au ponant.      
 
À prendre   
Face au mur   
La posture des entrants   
Nuit de rêve   
Perdue retenue   
Pour un autre rivage.      
 
Reconnaître   
Bien plus que naître   
Porte le Rien au monde   
À se nourrir et mourir   
Fenestron charmant ouvert
Devant conscience forte.      
 
Se craquellent les habitudes   
Nos obligées   
Au plus fort des souvenirs   
Accorder le piano   
Puis rester en vie   
Le bras tendu à l'antique.      
 
Jouer   
Pour la femme aux cheveux roux   
La traversée des voies ferrées   
Enfant ribouldingue   
Des prairies parsemées   
De fleurs de sang.      
 
À ne plus mettre   
Le vieil homme   
À la porte   
Coups furieux frappés    
Au couple des amants   
Tête bêche à l'instant.      
 
Passagers de l'étrange famille   
À la gravité feinte   
Vous mélangiez les corps   
Chose rare   
À l'enveloppe bienveillante   
Des maîtres-queue de la substance.      
 
Frère et sœur   
Adoptés dans l'évidence   
Dites oui   
Par un trou de souris   
Où faire disparaître   
Et la trame et le fil.      
 
Racines à l'air   
La nuit peut tomber maintenant   
Avant que réflexion n'exaspère   
Tel chien errant   
Reniflant l'épiphanie aveugle   
Des airs de bonne manière.      
 
La peur   
Se l'interdire   
Pour mieux aimer   
Le ciel et la cime des arbres   
Lignage de la raison   
Dos appuyé à l'écorce.       
 
1299

La présence à ce qui s'advient