Arkib Kategori: Marikh 2023

La fleur de seringa

La fleur de seringa a chu   
Vivante jouissant de plain-pied  
Dans l'allée   
Si fréquentée les jours d'été   
Elle s'en est allée   
Repoussant la boîte à tiroirs   
Aux odeurs mellifères.      
 
Le groseillier épuisé   
En son courage providentiel   
A recueilli quelques vers   
Glougloutant élégamment   
Sous la menace colérique du merle   
Ce goinfre ceint   
D'un orgueil de sucre noir.      
 
Il y a de la débauche dans l'air   
Et de fieffés coquins   
De bric et de broc attifés   
Portant en désespoir   
Les espoirs de leurs parents   
Aujourd'hui plus matelassier qu'ébéniste   
En nos temps de providence aiguë.      
 
Laisse-nous tranquille   
Va voir ailleurs   
Petite chose sans ressort   
Prenant congé   
Sans qu'on la tance   
Virevolte ivre de colère   
Sans même un au-revoir.      
 
Son crime ?   
D'avoir été de nos voisins   
De ceux qui bégaient et louchent   
Éternels jaloux   
De nos belles voix   
De nos belles mains   
De notre bel automne.       
 
Et comme on l'habillait d'un rien   
Quelques coups de torches   
Contre les parois   
Avaient suffit pour exterminer les poux   
Tout en cicatrisant la déchirure   
Pièces du trousseau en sus   
Pour satisfaire la noce.      
 
Dormir   
Se réveiller   
Se rendormir   
Le front caressé par une herbe d'or   
Le soleil seul guérit de la mort   
Avec une pincée de larmes   
Bercée par la pluie inénarrable.      
 
Nouée   
Le visage écarlate   
Comme une bonbonnière anesthésiée   
Il suffisait de déclouer la plaque   
Sans explication   
Pour que vienne   
Sans préface le gai printemps.       
 
Attendue que la vie passe   
Prudente sans être lâche   
Avec suffisamment de bonheur   
Sur le pas de porte   
Pour se représenter   
Un brin de muguet   
Fiché au cœur du silence.      
 
Il te tourne le dos   
Le malotru de tes attentes   
L'illuminé d'une joie sans détour   
Pour qu'un peu   
Il quitterai même   
L'ivresse de vivre   
Que tu suggères du bout du doigt.      
 
Assez pensé ma douce   
Sois tranquille   
De la cave au grenier   
Les enfants ne font plus de bruit   
Et nos ancêtres aussi   
Qui d'un geste désinvolte   
Ont abandonné la partie.      
 
Suffit !   
Posons maintenant nos baluchons   
Adoptons la venue   
De celui qui écoute   
À la dérobée   
Les contes et merveilles d'antan   
Tout en concédant raison à qui de droit.      
 
( Encre de Pascale GERARD )
 
1251

Viens faire un tour

L'odeur de camphre   
À la nuit tombante   
Rend le bouquet d'entrée   
Fin de partie   
Feignant la romance   
Sur un air de bastringue.      
 
Filent les chiens de faïence   
En sortie de tranchée   
Aptes à tenir messe basse   
Alors que grincent par la porte entrouverte   
Les coléoptères en partance   
Vers l'incognito du désir.      
 
Bruit de canne   
Sur la route des vacances   
Le soleil tarde   
Dans un tintement de cristal   
À garnir de sa présence   
Les brumes rampantes.      
 
Quelques années de plus     
À l'américaine   
Nous fîmes néanmoins connaissance   
Sur le tard   
Après force gesticulations   
De l'effondrement de la chair.      
 
Des cyclistes   
Sous leur poncho ciré   
Tressautaient sur le pavé imaginé   
Alors que la succion d'un goudron parfait   
Arguait de ses doigts blanc   
L'approche du check-point.      
 
Aujourd'hui je ne pleure pas   
J'embrasse sur le front   
L'enfant sans force   
La vieille femme au regard de glace   
Le vieillard vacillant cherchant besicles   
À l'écart des jugements.      
 
Abordant la côte   
Tel un sentiment sans mémoire   
En proie à la passion   
J'oriente l'ombrelle   
Vers l'humeur du jour   
Grâce à vous, par fatalité.      
 
En bord de route   
Matin humide   
Toujours quelques escargots   
À la fraîche   
Contant fleurette  
Aux herbes diaprées.      
 
Il me plaît   
En ces temps de paix fragile   
De trancher par la voix   
L'invitation à se vendre   
Pour un quignon de pain   
Échangé entre gentils.      
 
D'avance merci   
D'avoir en lumière blonde   
Blanchi le silence   
D'une sympathie goguenarde   
Pour grain de peau afférant   
Préférer les larronnes aux courtisanes.      
 
Dire des mots de charretier   
Avec le miel des Carmélites   
Rend la tâche facile   
Au mauvais joueur   
Couvert de gomina   
En toute modestie.      
 
Soudain l'Esprit vint   
Une donation incomplète   
Une transaction vénérable   
À marchander   
Même en vitrine   
En se forçant à nouveau.      
 
1250

Rectangle rouge

Si rien n'évoque   
Le temps qui passe   
La trace sur l'herbe rase   
Ressasse la prégnance   
De la mandorle 
Faiseuse d'anges.      
 
Et c'est grâce   
Au sacrifice de l'image   
Qu'une fois séparée du corps   
L'arc-en-ciel apparaît   
Visage de celui qui gouverne   
Et la terre et le ciel.      
 
Ce mystère   
Qui atteste la naissance de l'homme   
Comme être spirituel   
Crée la figure   
Géométrie aux tonalités automnales   
Experte en écriture.      
 
Écraser du talon   
L'outrance et le démon   
Entre veille et sommeil   
Fait que l'éveil sera tardif   
Et la mission du récit   
La référence.      
 
À force d'arriver   
On perd d'où l'on vient   
Pour rayon de lumière   
Réfléchissant sur l'objet   
Faire de l'informe   
L'indéterminé.      
 
Tenant comme jargon   
La manche et la chanson   
Faire du dimanche   
L'instant libérateur   
À portée   
De ce qui se dit humblement.      
 
Prune sûre   
Confiture possible   
Au bleu du cuivre   
La prise sensible   
Des bulles babillardes   
En robes blanches de saison.      
 
Dans l'auge   
Je patauge
Gastrimargia aux pieds fourchus   
Faisant passage   
Pour ce qui s'ouvre   
En lui, en moi et en tout autre.      
 
Filons le coton   
Au vu de ce qui est   
De cette lampe qui fume   
Une dernière œillade   
Triste et vive à la fois   
Une caresse du bout des doigts.      
 
Se perdre   
Ou se donner   
Élan vital à caréner   
Oublier sa finalité   
Dès le pas du consommateur figé   
Comme femme offrant parfum.      
 
À regarder de près  
Je ne veux pas payer   
Pour l'inconscience de mon inconscient   
Cette parodie du faire   
Alors que nulle par ailleurs   
Shampouine l'origine.      
 
Mission feinte   
L'eau liquide solide et gazeuse   
Exhale comme à son habitude   
Le frémissement de l'information   
Faisant chair   
Du Transfiguré.       
 
1249
 

Attente à Berlin

Attente   
À Berlin   
À 18 ans   
Lancée sur les rails   
À déposer   
Les lacérations de la conscience.      
 
Sans forfait   
Point de pensées molles   
À se mettre sous la dent   
Au sortir de la gare   
Alors que menaçait    
Le papillon noir des remontrances.      
 
Pour se lever   
En auscultation lente du jour qui vient   
Il y a la parole poétique   
Celle qui incinérée durant la nuit   
Se lève le matin   
D'entre les vivants et les morts.      
 
Détruisons les mondes imaginaires   
Leurs recommandations et tout le tintouin   
Des pas chassés et chausse-trappes   
Tous ferments d'impatience   
Pour extraire trace qui subsiste   
En bout de mémoire.      
 
Loin très loin   
En bordure de comète   
Chaque page évaluée   
Laissons sur le carreau   
La très ancienne méprise   
Des supposées nouveautés.      
 
Penser à Christian-pluie   
Restaure le goût du désir   
Vers l'arrière-cour   
Où jouer du bâton   
Obère la page blanche   
D'une chiure d'avenir.      
 
Gente damoiselle des attentes   
Sachez que la prière n'éloigne pas le liseron   
Du tronc de la passion   
Et qu'à considérer les miettes   
Passons notre temps   
À retrouver le p'tit Lu de notre enfance.      
 
Et Dieu dans tout çà !   
À la clarté du mot à mot   
Ne mêlerait-il pas   
Le texte qui se mâche   
Avec l'ardeur de chair et sang mêlés   
Qui ourle la cible ?
 
À presque rien du tout-venant   
Avons perçu   
Que l'éternité minore   
Les quelques secondes d'éveil   
Scrutant ardemment   
Les prémices de la Résurrection.      
 
Se vautrer sur le béton
À perdre la raison
Rendrait hallucinés
Les tenanciers de la fourchette
Lardant d'a priori
La solennité des lieux.
 
Interdire de grandir   
Éloigne du paradis   
Les goulus de l'Esprit   
Les factieux de la dent creuse   
Sachant conter merveille   
Quant le pavé est déchaussé.      
 
À Vézelay
Sur le parvis
Je l'ai croisée
Cette chouette de la Tour
Sachant en son cœur
Garder son âme au chaud.
 
1248

Trois fruits

Trois fruits   
Mouillés à l'eau glaciale   
De la toile   
À couvert   
Les cuisses et mollets de cuir à découvert   
Comme dames à bicyclette.          
 
Dans le sens du vent   
L'ombre gagne peu   
Devant la touffe d'herbes fines   
Que la mousse hérisse   
De petites fleurs jaunes   
Innocentes et délicates.      
 
Posées   
Comme provisions de montagne   
Sur la pelouse sommitale   
Près du torrent rageur
Entre pans de forêt 
Et lèvres en sueur.
 
Tirés à quatre épingles   
Les fruits de nulle part   
Forment trépied    
Se balançant   
L'espace d'un moment   
Avant de faire culbute.        
 
Absent   
À contre-courant   
Ne renversons pas l'échiquier   
Soyons aux aguets   
Aiguilles à remonter le temps   
Nuque raide sous le tic-tac éternel.      
 
Respirer un grand coup   
En dominant le paysage   
Oppresse  
L'encombrante fratrie  
Pareille en dissemblance   
À la dispersion des cendres.      
 
Puisse répartir   
Le feuillage en fond de caisse   
Caisse ventrue   
Aux poignées de cocagne   
Apte en son ouverture suspendue   
De sourire comme un chat du Cheshire.      
 
Langue bien pendue   
Trois léchons plus loin   
Elle occasionnait   
La réunion des francs-maçons   
Dans le chaudron de cuivre    
À l'unisson d'une tension.      
 
Belles accordailles   
Fêtées comme hirondelles de retour   
Nos fontaines navrées   
D'avoir à tenir le triste rôle
Se vidaient comme mortes de faim
Devant la fuite de l'hiver.
 
Tués au champ d'honneur   
Les yeux vides de sidération suppliante   
Les cadavres hoquetaient   
En chœur sous un ciel gris   
Un Te Deum porté en main courante   
Dans la guérite des principes.      
 
Préparez-vous jeunesse   
Aujourd'hui il y aura distribution   
Résilience assumée   
De robes et de bas noirs   
Pour créatures de bruits et de fureurs   
Faire valser l'insensé d'une suite d'idées.         
 
Vous êtes belles
Parures déployées de soie mêlées   
Enfilées sur la ligne bleue des Vosges   
À boire avec moi   
Avant de rentrer chez soi   
Madelon de bon aloi.     

( détail œuvre de Jean-Claude Guerrero ) 
 
1247

L’accueil

La chambre est close   
D'un sommeil minéral   
Éteindre la veilleuse   
Fermer les paupières   
Douce nuit   
Suspendue aux sauts des moutons.      
 
Puis cette main   
Contre mon épaule   
Pour mieux être béni   
Sur la pointe des pieds   
Étreinte parfaite   
Glissant sous les ombrages.      
 
Point de musiciens  
Parés de l'injonction   
De surjouer   
Juste le regard libre   
Prêt à épouser   
Le décousu de mes paroles.      
 
Échanger la vision   
En reniflant avec prudence   
La politesse de cette offrande   
Pour sans intention   
Casser sa posture d'attente   
Par un relâchement des reins.      
 
Collision des étoiles   
Les rats du laboratoire   
Venant par la lunette astronomique   
Abscisses et ordonnées bien en place   
Circonvenir l'espace   
D'un piquettis millimétré.      
 
L'envie de décamper   
Ne pouvant surseoir aux marches de l'escalier   
Avons subodoré moment venu   
À mains nues   
L'échange d'un " bonjour "   
Au frais et vert de l'instant.      
 
Beaucoup de choses   
En sa compagnie se sont dites   
Des choses en tête à tête   
Pour constater   
Par l'avis de l'esthète consacré   
Que la rencontre est belle et saine.       
 
Geste d'hospitalité   
Sans porte ni plancher   
Déjà retiré du seuil   
Avec dignité   
Tête froide dans la touffeur du lieu   
Au comble du bonheur, le souffle.      
 
Pas d'échappatoire   
Prendre le métro eut été trop long   
Se carapater en long et en travers   
De même   
Une mouche bleue   
Bouzille derrière le rideau.      
 
Il y a des raisons   
pour ne pas bouger   
À égrener son chapelet   
Dans l'angle de l'office   
De l'église ou du café    
Juste pour une halte.      
 
Dans les interstices de la mémoire   
D'éventuelles curiosités   
Arrosent le jardin de notre esprit   
Pour enchevêtrement assisté   
Dégager le carré de plaisir   
Dans l'enclos secret de l'oubli.     
 
Là se trouvent nos affaires   
Qu'avec délicatesse nous avons adoré   
Ne fusse qu'un jour   
Pour ensuite les déposer   
Gratitude éternelle   
Dans le fourre-tout de l'imaginaire.      
 
1246

Enfance douce-amère

Firent le tour de la maison   
Les enfants roux de l'Aveyron  
À se pousser du coude   
À toute heure du jour   
En espérant que les beignets de la veille   
Soient disposés à nouveau.      
 
La serviette autour du cou   
Sur le parquet ciré   
À patiner glissament   
Ils ont levé la jupe   
De la nappe du petit déjeuner   
Loin des adultes consentants.      
 
Couche douce   
Des arbres à l'unisson   
Juste une minute   
Pour un emportement sensuel   
Effleurer la base du cou   
De la pulpe du doigt.      
 
Femme libre   
Dont le corps ne s'aliène   
Qu'elle pleure ou geigne   
En marchant en riant   
À ne déflorer   
Qu'en cas d'exultation.      
 
Sur le chemin de Laroussière   
À pleine brassées d'enfance   
Il suffisait de coucher la fougère   
Pour fuir le Grand Nord   
Pénétrer en pleine lumière   
Et frémir tel un forcené.      
 
Le hasard se sculpte   
Avec des flashes de rencontre   
Point de choses vulgaires   
Pour le regard nu et serein   
À sourire   
Entre plexus et estomac.      
 
Fille conquise   
Sans trivialité   
La ligne de flottaison   
À point nommé   
Écart intime   
À saisir au plaisir de la lecture.      
 
Un ciel de lit imaginaire   
Sans trottoir   
Espace ouvert à l'anonymat de la multitude   
Sur le palier   
La projection arachnéide   
Des bras disposés à l'infini.      
 
Se rouler s'enrouler   
À coups de coude dans les côtes   
Un baiser pour viatique   
L'œil noir du charbon   
Barbouillée de maquillage   
À écarter les lèvres pour de bon.      
 
De la pluie caramelle   
Sur les feuilles du hêtre   
Fait divertissement   
Sur le timbre de ta voix   
Encalminée dans le souvenir   
De toi, vivante, il le fût.      
 
Face à face   
Il fallut ranger les vélos   
Pour s'approchant   
Froisser la soie du regard   
Sans lequel le remue-ménage   
N'aurait pas mieux tomber.      
 
Démunie et fragile   
À se demander si le jour viendrait   
De sa légèreté   
Ajuster son kimono   
Cigarette à la main   
Le décolleté incertain.      
 
1245

À fleur d’eau

À même l'onde   
La fleur d'eau   
Vierge du fils   
Au bras du Roi des Juifs   
Avons perçu  
L'œil   
De l'âne s'approchant du bœuf   
Alors que rien ne laissait deviner   
Qu'à son aise  
Le spectre osseux et retardataire   
Apparaîtrait de cette manière   
Lui le Préparé   
L'ourdi d'avoir tant dormi.      
 
La haut , les Vivants   
En bas, l'empreinte du pied de bœuf   
Dans le sable   
Lui le Vénérable
La Présence que rien ne retient
À même la lampe qui fume
Fragment de vie sans la vie
Qu'on nomme mort
À cause de l'étoile
Qu'elle portait
En bord de mer
Là, derrière le finistère.      
 
Je vous en veux   
D'avoir chose pareille   
Permis à bout de bras   
Le silence   
De la plus sobre des raisons   
Un soir de reniement   
La robe lacérée par les épineux de la lande   
Où vous étiez venu me dire   
Que l'Être est chose fragile   
Pour être confié à cette mouette   
Dont vous narriez par le menu   
Le voyage autour de la Terre.      
 
L'enfant arriva   
Plus grand que nous   
Cet œuf d'autruche   
Devant qui, agenouillés   
Nous prîmes le parti de la romance   
Fillette empreinte du grave projet   
De remettre à Carmine   
Les clés de l'ouvrage   
De ce mât pointant à l'horizon   
Femme d'écume   
À devenir ronde   
Quand il fallait être au moins trois.   
 
Et la guerre éclata
Au point de croix des recouvrances
À piétiner le soleil
Par jour de grand froid
Où insectes écrasés au mur
Faire durer le danger
Jusqu'au gémissement dernier
Passage délicat
À grand soin  attention soutenue
Pour déboucher en pleine lumière
Entre Toccata et Fugue de Bach
À point nommé pour se lover
Dans le giron de Mère-Grand.
    
 
1244

L’abeille généreuse coud à la machine

Dans la touffeur de la souffrance   
À partir de l'incarnation
Cet esprit de corps et d'âme constitué
Est apparu, serein.      
 
La Finitude  
Immense gloire   
Affublée d'un fumet de circonstance   
A jailli dans son zénith.      
 
D'audaces et de risques   
Jetées comme nécessité   
Reste le tortillon des entrailles   
Étranglant quelque songe suranné.      
 
Présence réelle de la nature et du monde   
La Poésie est le secret de l'être   
Le feu central d'un pays   
Où l'on ne meurt pas.      
 
Claquement des talons de la garde   
Sur le pavé rond   
L'image de l'Ange surgit de mon nom   
Signe analogique d'une rumeur familière.      
 
Sacrifice et combat   
Pour idée la plus haute   
N'ont d'équivalent que la fine pointe   
De la légitimité.      
 
Paysan et esthète   
Rejoindre les Dieux et Légendes   
Au filigrane de la page blanche   
Convoque racines de la conscience.      
 
À laisser la vie devenir quotidienne   
N'arrache pas le miel de la cire tenace   
Étreinte heureuse des apparences   
En notre temps d'uniformisation.      
 
Les rats ont accouru   
Devant la distribution de nourriture   
Sans que nerfs et cerveau ne prennent la Relève   
De " l'Etre-là de l'Annonciation ".      
 
Cette blessure à la cuisse   
Est le rejet du Guide   
Sans les atermoiements et les servitudes du pouvoir   
Sans même conquérir le pays des ombres.     
 
Paysage de prédilection   
La langue est belle   
Par fidélité aux heures profondes   
L'Oraison la plus secrète.      
 
Tragi-comédie de l'irremplaçable flamme   
Fleur commune du Don   
De ce qui donne à dire   
Devient servitude volontaire.      
 
La poésie ne sera plus le tambour des instincts   
Elle éduquera en avant de l'action   
L'annonce de ce qui précède   
Le cœur du Songe qui passe sans me voir.      
 
Le secret du Soleil est la Nuit   
Comme la Nuit l'est pour le Soleil Noir   
Élan qui se repaît des conquêtes   
Au cœur même des ressources.      
 
Au double regard    
De la nostalgie et de l'audace   
La proue du Vaisseau   
Dépasse le Grand Cap.   
 
Des livres   
Monte l'odeur des fleurs   
Et du chœur des souvenants   
L'argile qui murmure.      
 
Des écrans qui nous prennent à la gorge   
Faisons distraction couturière   
Pour se tournant vers l'Essentiel   
Être Lumière Incréée en fond de pupille.      
 
D'un rêve l'autre   
Faisons bourdonner   
L'abeille généreuse   
Éternelle jusqu'à son dernier jour.      
 
Juste pesée de l'instant   
Oscillation entre le passé et l'avenir   
Au bord de l'abîme   
Est la vie vraie des heures précieuses.      
 
" Notre Bien et notre Beau "   
Singe le Très Haut   
Et la prairie aux coquelicots   
La verdeur des mots.      
 
Est-ce mourrir   
Que de ne pas être   
D'une île l'autre   
Homme de désir ?      
 
1243

Pirlou et Pirlounette

Pirlou et Pirlounette   
Pas plus nets l'un que l'autre   
S'en sont mis plein la musette  
Pour passer de l'autre côté des ombres.       
 
Et pour que cela se sache   
En habits de cour tout relatif   
Ont enfreints de par le monde   
La coutume et le paraître.      
 
Sur le pont au change   
Entre la poire et le fromage   
Qu'à cela ne tienne   
Ils ont choisi le point de croix.      
 
S'agissant de quelques farfeluseries entretenues   
Ils auraient pu en milieu de chaussée   
Monter l'étal des parodies   
La carpe et le lapin advenus.      
 
Mais s'entichant d'une messagère    
Guipée de noir
Se sont pris les pieds dans le lacet   
De déchirante manière.      
 
Ta faute pas ta faute   
C'est ma faute ou la tienne   
Ont pris de cours la maréchaussée   
Plus apte à verbaliser qu'à tenir parole.      
 
N'y tenant plus   
La Saint-glinglin approchant   
Se sont mis à galoper   
À mirabelle la plus belle vers l'onde pure.      
 
Ostensoir, burettes et patères à l'avenant   
Ont pris plaisir   
À chiffonner par le menu   
Papier et ficelles.      
 
Un grand Maître passait alors   
Le mirliton des quatre saisons en bandoulière   
Aussi Pirlou et Pirlounette se sont carapatés   
En faisant tinter les bracelets de leurs poignets.      
 
Folle histoire que celle des filous   
Enquis de leur savoir mémoriel   
À faire mordre la poussière   
À qui de droit au bon endroit.      
 
Et si l'histoire vous désespère   
Reste le pas vu pas pris   
Du sourire d'un nouveau-né   
Bref et qui ne s'éteint pas.      
 
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