Uma ngikushiya
ngemva kokukuqabula, Ngibona sengathi kuzoba okokugcina lokhu ; futhi
ke angibuyeli emuva ngoba angazi ngenzenjani ukuze ngikusize,
ukukuqinisekisa, ukukuthulisa. Ubugwala ngiyakulahla, bese kuba mina
kukwenza uzizwe unecala !
Dès que je quitte l’étage où tu résides et que l’ascenseur atteint le Rez-de-chaussée, je n’entends plus tes cris mais néanmoins ils continuent de résonner au plus profond de mon être. Ngilahliwe. ngisale ngaphandle, mina okubi ngizelwe … mhlawumbe njengawe. J’essaye de me faire à l’idée que je n’ai plus de papa, Ngidabukile, Ngiphatheke kabi, ibhola elikhulu liphuma esiswini sami. Ngehlisa umoya, Ngiyasilawula lesi simo ngenkathi ngiklebhuka i-visceral. Ukukhala kwakho kuyangilandela lapho ngizindla, lapho ngihamba emvuleni, dans le vent, phansi kwelanga ngizwe izwi lakho lingibiza, ngobumnene, très doucement telle une caresse, ukuphulula kwakho, que tu me prodiguais quand dans mon petit lit d’enfant j’avais tant de mal à m’endormir .
Tu es là à attendre qu’une porte ultime s’ouvre dans le mur de cette chambre que tu n’as jamais investie. Uyisango lokungena ethubeni ongaphuthelwa. Tu attends un dernier train qui siffle dans le lointain mais qui tarde à apparaître. Awusenalutho ongalunikeza. Ce qui t’appartenait ne t’appartient plus, laliyini ikhaya lakho, uphucwe izwe. Ton appartement a été occupé, la vaisselle du dimanche et des jours de fête a été éparpillée, ngisho isiginisha yakho ikopishiwe. lethemba, iphuzu. De sourires sur ton visage, iphuzu. La trompette dont tu jouais à été offerte à l’enfant d’une soignante. Umthwalo wakho wokugcina upakishiwe, et puis d’ailleurs ça fait bon temps que tu n’as plus de bagages. Unikile, … sithathile .
Ubaba, dans ta démence, ikhipha i-aura lapho ivela khona, okumsulwa nokucacile, inani elijulile. I-ego ephukile ivula indlela engqikithini yomuntu. Et pour celà tu es précieux .
Ce carrelage fait d'hexagones rougis . Cette allée d'arbres bruissante d'un printemps pluvieux . L'escalier à la rambarde de fer forgé . Ce jour par dessous la porte de la chambre qui laisse monter les éclats de voix provenant de la salle du restaurant . Ces fenêtres avec leurs ferrures à l'ancienne . Ce volet de bois mal fixé qui bat contre le mur quant une rafale de vent se lève . Telle l'armoire avec sa vitre miroir d'un temps entreposé .
Être là à l'ombre des choses en place assis dans le fauteuil défoncé des entrelacs d'idées mal négociées enturbannant mes pensées souvenirs psalmodiés par une petite voix intérieure je pris mes cliques et mes claques boîte à images et carnet de moleskine pour aller péleriner aux effluves d'antan .
Froidure et pluie métamorphosaient le sombre de l'air en plein après-midi discret passage à cet état d'écoute permettant d'être dispos pierre sur laquelle bâtir la cité des frères Jérusalem céleste sans ses anges rendus visibles Jérusalem juste existante pour accueillir le marcheur d'âmes en quête d'un détour probable vers l'état prémonitoire des repentances en quête de souffle et de lumière sur lesquels chevaucher chercheur rendu à sa besogne l'arceau d'un jeu de croquets alors obsolète devant la maillet de la vacuité le fomentateur des rencontres désirées celles que la disponibilité sans attente permet de faire éclore même au déplié des heures creuses alors que monte d'entre les frênes et les ormes le chant froissé de pluie et de couleurs mêlées au jardin lumineux et parfumé phrasé de pleurs en printemps à la confluence des charges sonores d'une eau rageuse raclant de galets invisibles les marmites de géants .
De l'eau de l'eau à foison assignée au feulement incessant d'un chuchotis animal froissement d'une voix contre la paroi de basalte gouttelettes de perles au diapason d'un son guttural claquement des mains velues contre le roc ensanglanté.
S'élève la monocorde allégeance le faisceau continu la plainte stratifiée des écobuages de la cité .
S'exprime l'alphabet en ses dissonances ces frères dont la pratique artisane fut emportée par la burle vers la vallée des permissivités .
Seul le son d'une cloche par dessus le courant d'eau manœuvre à l'appel les hommes de la magnanerie alors qu'il fait encore noir par ce matin d'hiver à traverser ce pont de bois les sabots frappant de leurs ferrures le seuil de l'atelier .
Heureux événement que l'arrivage des ballots de soie hérissés de mille fils irisés hors la grossière toile de jute à l'arrêt comme hésitante d'entrer dans la goule où le mâche-menu des ferrailles associé au crissement des éraflures gargouillent du lissage des textiles fins . Maraude instantanée du garçon derrière le bâtiment ramassant vivement la musette pleine posée sur le banc poisseux du vestiaire le temps d'un saut dans l'ombre hors du ravin des attendus pour se retrouver ivre libre inhliziyo eshayayo sur la sente caillouteuse hors la promiscuité du bas et haut les cœurs apporter en la chaumière sans feu les noires stries d'un à-jour imprimé sur le pourtour de son visage de châtaignes et d'oignons oings .
Message hors âge des floricoles levées d'esprit des génuflexions lasses sur le chemin des trois croix entre le Golgotha et la finitude de Marie .
Les femmes saintes seules admises à retenir par le bras les mâles de passage ngokumamatheka ameutés disparaître dans le taillis à la recherche de l'argousier qu'ils feront suinter sur la pierre des fièvres histoire de se mettre en marche sans compte à rebours sur le chemin coquillard .
Les femmes saintes seules admises en progression lente vers l'amour et la compassion chargées des brassées de genêts dorés à la mesure des hautes portes des granges enfouissant sous leurs amples jupes les crânes des trépassés les reins ceints d'une étoffe si rouge que le soleil levant de par son disque iridescent évoque le saint chrême de l'onction du mercredi saint celui des faiseurs de jours pour peu que la mise soit permise sur le suin safrané de la jument grise de maître Cornille ébranlé de plaisir à la vue de cette farine si blanche que le puissant déplacement de la meule pierre contre pierre fait s'envoler au gré des trilles du merle ekuntweleni kokusa d'un matin de mai .
De t’avoir
rencontrée me remplit de joie, thoyi, différente de moi et pourtant si proche .
Tu m’accompagnes
et me calmes lorsque le temps est à l’orage, que de noires pensées montent de
mes gouffres amers et que mes réparties sont excessives .
Tes fermes colères
que l’on pourrait croire feintes me sont le remu-méninges vibrant et salvateur
lorsqu’atteinte par un assoupissement de l’attention et de l’âme je balbutie de
vagues réponses devant le risque de la nouveauté .
Ngiyakuthanda, sans
l’ombre d’un doute, que même notre arrivée conjointe sur une autre planète ne
pourrait nous dispenser d’exprimer notre folle envie en miroir de chercher et
de comprendre à tous propos ce qu’est la vie .
Je t’admire
au-delà de toute considération restrictive, d’une admiration dispose et large,
que même l’envol tardif d’un perdrix devant nos pas ne saurait nous distraire .
Et pourtant Dieu
sait que j’aime les perdrix rouges qui de leur vol lourd et plat pourraient
réveiller dans un sursaut salvateur le dormeur du val que j’ai si souvent
tendance à être .
Devant notre
énergie d’hommes debouts chargés des possibilités de réalisation à venir, la
terre, notre champ d’activité, est si vaste, puissante et fragile à la fois,
sensible, amoureuse et réceptive, qu’il nous arrive même d’entendre le murmure
du commencement des commencements .
Ta parole tournée
vers l’éternelle urgence à énoncer l’essence des choses me permet de poursuivre
mon chemin, délié de toutes entraves, vers le clair ensemencement de mes
jardins les plus profonds .
Tu m’accueilles
avec tant de générosité, de promptitude et de justesse que je n’ai même pas le
temps de te remercier. Dès que je te vois, je suis à l’affût pour te consommer
avec ma tête et mon coeur, et dès que je me consume, dès ce que tu m’offres
pénètre en moi, alors tu disparaîs, alors je fonds .
Tu es mère, grande
soeur, ange et félibrige de mon coeur pour qui l’émoi que je ressens à ton
égard est de suite transformé en “izinzwa” clair et profond au service
de mon engagement de fidélité à ton enseignement. Toi, ma flèche lumineuse .
Et puis je t’ai librement
choisie comme étant mon amie alors qu’on ne choisit pas sa famille .
Et je serais
toujours l’arc pour bander tes pensées réitérées avec force tant il est
impérieux pour toi que nous les prenions en compte. L’état du monde actuel en
dépend .
Ton message passe.
Ta parole est reine. La fluidité de ta vision m’épouse. Les traces que tu
laisses derrière toi, je les recueille au plus fort de mes perceptions et de
mes capacités mentales pour les intégrer le temps d’une communion venue .
Ton visage est
inscrit au profond de mon âme et pour peu qu’un souffle vienne à passer,
aussitôt je me lève pour reprendre ce chant mystérieux qu’au cours d’une de nos
premières rencontres je murmurais et qui depuis toujours m’accompagne lorsque
je croise ta route .
Ton regard signe
les instances de ces lieux de paix et de convocation à la vigilance d’une
attentive flamme de pertinence .
S’il arrive de
nous perdre quelques temps et que je te retrouve, aucun préambule n’est de mise
dans le premier regard que tu me portes. Tu es là, je suis là, corps, âme et
esprit prêts à la tâche qui nous incombe, ce grand oeuvre tissé de chaleur
humaine, d’intentions de bonté et d’exigences de compréhension quant à notre
posture à tenir dans nos temps si troublés .
Et si tu partais en
voyage, sache qu’ici ou ailleurs il y aura de la place pour tes disciples, pour
mes frères et soeurs en toi, afin de perpétuer le feu d’entre les eaux et le
crâne, et nous entretenir de ce qui reste encore à faire .
Et puisque la vie
est quête et pélerinage continu, tu es le bourdon du pélerin, le précieux bâton
qui me soutient et avec lequel je calligraphie dans la poussière du chemin les
lettres sacrées de notre écriture universelle .