Izingobo zomlando zesigaba: Juni 2014

la nuit parfois

 A la retombée d'un songe
ngaphandle kokukhala kwensimbi
je m'éveille
et rejoins l'homme d'albâtre
à la longue langue ailée
isolant l'un de l'autre
le vieillard de la connaissance
du vieillard de la sagesse .

Des miradors ,
les cristaux de glace
figent la nuit des égarés
thela ,
formes révélées
organiser la danse des ombres
le long des lisières de l'oubli .

Puis vint
le sifflement appuyé
d'un météorite se consumant
en sa chute lente
thela permettre
au clapet de la nuit des solitudes
de libérer le jour d'être soi .


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la dynamique de l’âme

       L’âme, une fois nommée, une fois reconnue, n’existe pas hors de ce que son observateur en fait .

Il n’y a pas d’âme en soi , mais à un certain niveau de conscience nous pouvons en saisir des effets par notre intention de l’appréhender, par notre vigilance à porter notre regard au-delà du visible et par notre intuition qu’il y a encore bien des choses à découvrir dans notre monde et que l’insistance de notre intelligence à vouloir rendre clair l’inconnu si proche et pourtant si difficilement exprimable n’est qu’un palier sur notre chemin de quête de l’absolu .

L’âme n’est pas une croyance ni ne saurait se réduire à une inférence ; c’est une pratique qui nous convoque à être de ce monde, dans ce monde, par l’ouverture et l’acceptation à ce qui est .

L’âme est mouvement, elle possède une capacité de mobilité qui évolue dans le temps avec l’histoire, le nombre et l’intensité des métamorphoses, des épreuves réussies et des obstacles franchis .

Notre chemin de vie, cet éveil à la conscience, ce grandir de l’Etre qui nous animeje propose de le scinder en trois étapes, chacune ayant son nombre de degrés de liberté, de dimensions de l’espace parcouru propre à chacun de nous, selon un mode adapté au travail qui nous semble exigé par une instance extérieure et suprême que nous pouvons appeler l’océan primordial, I-Dieu, l’être suprême, le vide créateur, le grand Mystère ou autre .

La première étape est celle de la réalisation concrète et extérieure de l’être avec la mise en place des bases à partir desquelles le reste de la construction pourra s’élever . Cette période nécessairement d’expérimentation ne peut se mettre en oeuvre que sur le mode intellectuel linéaire de la dualité . Le mouvement consiste en une succession de rapprochements et d’éloignements des deux termes de cette dualité . Les éléments perçus, ressentis et analysés deviennent des arguments qui se précipitent l’un vers l’autre jusqu’au moment ou leur degré d’agressivité, de connaissance et d’estime réciproque est suffisant pour substituer à la rencontre éprouvante un contact de fusion d’où va émaner un troisième termeingqondo . Cette étape n’évoluera pas lorsque les deux termes en conflit, perdant leur spécificité par le méli-mélo de leur altercation, altèreront leurs forces jusqu’à un arrêt signifiant la perte d’une perspective de sens, la mort en quelque sorte . La joute se pratique jusqu’à ce que chaque combattant connaisse toutes les finesses de cet art et toutes les subtilités de l’adversaire . L’exploration de l’espace est linéaire ; blade, à ce stade ne connaît rien de ce qui existe de part et d’autre de l’unique voie sur laquelle le véhicule qui la transporte est contraint de circuler .

La deuxième étape est celle de l’être dont la structure passe de deux à trois composantes . Le plan d’investigation de la connaissance va alors être parcouru selon un mouvement circulaire . A partir d’une zone centrale, au coeur de laquelle se trouve le point d’immobilité qui contemple. L’âme décrit un cercle à une vitesse convenue . Puis, lorsque ce cercle voisin de la zone centrale a été reconnu en détail, la découverte s’étend de proche en proche à des circonférences de plus en plus éloignées du centre . A ce stade, c’est une connaissance intérieure qui est acquise, celle d’être le chercheur découvreur des lois qui gèrent l’infiniment petit et l’infiniment grand . De circonférences en circonférences de plus en plus éloignées du centre l’être est désireux de conclure . Le but semble si proche . Et c’est là qu’un retournement peut s’effectuer . L’être dans sa tri-unité expérimentée et confondue va pouvoir alors pouvoir tirer un grand trait sur tout cet acquit qui n’est que construction occasionnelle . Il va pouvoir mourir à son oeuvre pour revivre tel le phoenix sur des niveaux propices à sa destinée .

Dans le troisième stade le mouvement linéaire s’ajoutant au parcours circulaire, la spirale de la réalisation se met en place, vis sans fin d’une ascension , tentative pour réduire la distance avec l’absolu, marche vers un devenir jamais achevé dont la promesse est fruit, épanouissement suprême, perfection, retour aux origines, retour à soi . Plan par plan, niveau après niveau , l’âme va tenter de se situer sur cette troisième dimension jusqu’à consommation des cycles, jusqu’à notre dernier souffle . Quant à ce qui est au bout du chemin nul ne le sait et le saura ; et c’est bien ainsi . Il pourrait s’agir d’un stade où les âmes auraient nécessairement purifié une grande part de la matière pour que l’accès à l’axe du retour les hausse au-dessus du plan terrestre .

Ngezikhathi ezithile, au creux de nos profondes nuits, un orbe numineux apparaît ; signe que certaines âmes devenues visibles à l’ensemble de l’humanité soient les repères et phares permettant de dissiper les doutes et de stimuler notre effort à être . Quel que soit soit le point atteint dans l’un des trois stades, la chute est possible tant l’équilibre réalisé est fragile . Un rien le menace . Il est d’autant plus vulnérable qu’il se croit assuré . Capable de résister aux plus effroyables tempêtes il peut aussi être renversé par la moindre brise .Rejoindresadestinée, rejoindreladestinée ;  serait-ce la direction montrée par la dynamique de l’âme ?

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