La poésie c’est ça

 
  La poésie c'est dire    
 c'est rire du rien    
 c'est partir sans se retourner    
 pour que la vérité advienne.        
  
 La poésie accrochée au Levant    
 refait les gestes d'antan    
 en guettant par le trou de serrure    
 l'arrivée du printemps.        
  
 La poésie c'est attendre    
 c'est atteindre    
 c'est attenter aux bonnes mœurs    
 en soupçonnant le mal d'être de la partie.        
  
 La poésie c'est le claquement sec    
 d'une fin de partie    
 où restent après la représentation    
 les diamants purs du néant.        
  
 La poésie c'est la terre    
 et le ciel et la mer    
 quant au rythme d'une escarpolette    
 le revenez-y t'appelle.        
  
 La poésie c'est mourir un peu    
 au fond de la caverne    
 à convertir en mots    
 les aléas du dehors.        
  
 La poésie c'est vivre à bon escient    
 la chair fraîche des tempêtes    
 lorsque le livre replie ses pages    
 la mèche allumée.        
  
 La poésie c'est être hors tout    
 à vif à blanc    
 au feu de l'occasion    
 et mourir sur le flanc après la mitraille.        
  
 La poésie c'est grand et carré    
 à contresens des fleurs bleues    
 lorsque les yeux de flanelle    
 jaillissent d'un crâne éclaté.        
  
 La poésie c'est mignonnette et compagnie    
 sur le bord de la soucoupe    
 à compter les boudoirs de l'affliction    
 à cinq heures de l'après-midi.        
  
 La poésie est tueuse    
 et colérique et monstrueuse    
 pour mâter le rebelle endormi    
 aux marches de la déraison.        
  
 La poésie c'est être autre    
 au plus bas comme au plus haut    
 au coin de la rue telle l'abeille    
 à guetter le bourdon.        
  
 la poésie tripatouille    
 pour s'infiltrer dans le manchon de fourrure    
 quand sonne le béton    
 sous la santiag de l'optimiste.        
  
 La poésie pleure le divin perdu    
 pour enquêter sur ce qui demeure    
 dans la cité aux quatre vents 
 ouverte à la parole.    
                                                               
 La poésie c'est lettre molle    
 aux lèvres de l'humanité nouvelle    
 à lécher fraternellement    
 le retour vers l'Absolu.        
  
 La poésie c'est Dieu et pas Dieu    
 sans violence sans virulence    
 toutes lances dehors    
 en gardant ses distances.        
  
 La poésie est paresseuse    
 quand passe le marchand de sable    
 allégorie des cieux intérieurs    
 au service de sa progéniture.        
  
 La poésie c'est penser    
 sans y penser    
 mais jamais s'agenouiller    
 devant la prise de pouvoir.        
  
 La poésie cette rebelle    
 tourne autour de soi    
 et détoure la figurine de l'amour    
 des avances de Narcisse.        
  
 La poésie manque à l'appel    
 en contournant l'auto-dérision    
 lorsque le plaisir vous hèle    
 sur un air d'accordéon.        
  
 La poésie est là    
 source d'angoisse    
 les vaisseaux brûlés    
 au port de l'astreinte.        
  
 La poésie c'est le bon père de famille    
 qui furtivement    
 de sa sacoche au verbe haut    
 fait jaillir le génie de la lampe.        
  
 La poésie c'est moi c'est toi    
 c'est ce qui heurte du chef    
 les poutres du grenier    
 en verticalité assumée.        
  
 La poésie c'est une caresse    
 sur la joue du vent    
 lors les larmes de la louve     
 appeler ses petits.        
  
  
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