Cartlanna Catagóire: Bliain 2021

Des manettes plein les yeux

Des manettes plein les yeux   
l'homme de poids est entré dans la boutique   
à farfouiller ce qui pouvait   
être collé sur un frigo   
aimant d'occasion sur le blanc chirurgical.      
 
Il s'est assis derrière la table   
sur la petite banquette   
pour de sa voix éraillée   
commander le menu des obligés   
en génuflexion devant sa faim.      
 
Ombilic des rêves   
ou adresse d'une brochure d'esprit   
la source s'est tarie   
faisant grincer la crémone d'argent   
des fenêtres mes sœurs.      
 
De plain-pied   
par l'ouverture châtelaine   
ai pris l'inexorable destin   
ces croyances aux mains moites   
pour cisaille à faire sauter les chaînes.      
 
Cette vie   
cette morsure   
je la dédie en forte lumière   
aux ombres sacrées   
de l'âtre généreusement offertes.      
 
 
882

Arrimé au présentoir

Arrimé au présentoir   
tête de pont au dessus des livres   
j'ai proposé mes lèvres   
au suçon du désir.      

Mains feuilletant les dentelles d'écrits   
je me suis approché   
masqué et yeux fermés
vers le quai des hommages.      

Dans la rue en déclivité   
slalomant parmi les passants   
avec une raideur d'enfant   
elle a disparu dans le matin-soleil   
alors que de raison je baisai sa main.      

Je l'aimai  
cruciverbiste des engelures   
sur le pas de porte   
à la portée d'un vent coquin   
faisant sauter les liens.      

Présence fraternelle et végétale   
enceint dans ce bâti de pierres grises   
je ressuscitai la palme d'entrée dans Jérusalem   
au vif-éclair   
d'une écriture de miel.      

 

881

Le crêpe arachnide

Le crêpe arachnide     
du crépuscule   
au cul de la journée   
est baume   
avec effets immédiats.    
 
Reflets des arts et des brûlures   
détournées à la volée   
du grand astre vers les mondes   
où j'existe et je meurs   
en l'infini fraternel.      
 
Combat contre l'absolu   
maniement des armes de l'esprit   
contre la matière   
que l'amour fait exploser   
hors ressentiments   
d'une vie contrainte au silence   
alors que la vie vit de sa vitalité propre   
à point nommé   
au carrefour des considérations   
à la pointe nommée   
à la pointe innommable   
d'un claquement sec   
de la foudre profonde   
sur le fer de la forge   
sorti rouge feu   
des braises incandescentes   
blanc de blanc   
sur l'infini d'une sensualité des peurs.      
 
 
880


Dire oui à ce qui est

Ce qui a été a été   
Ce que l'on a fait a été fait   
Ce que l'on a vu et entendu, ce que l'on a vécu, c'est du passé  
Le passé est le passé.      
 
Aussi faut-il oublier tout ça   
Et s'accorder vers quoi on tend        
Être en harmonie, en résonance, en présence   
Avec ce qui a du sens   
Avec ce que dit la vie au moment où l'on vit.      
 
Dire oui à ce qui est.      
 
Il s'agit de se transformer   
De passer au-delà de la forme   
Et non de changer de forme.      
 
La vérité   
C'est qu'il ne faut jamais vouloir détruire   
Mais accepter avant de laisser disparaître.      
 
 
879

Menu menuet

Menu menuet   
de la musique du vent   
dans la feuillée des frênes.      
 
Je ne puis retenir    
l'ordre des phrases   
sur la peau du chevreau.      
 
Note stridente   
en carême d'être   
sous la plume incarnée.      
 
Brame d'âmes   
à la corne du cerf   
augure d'une immense tendresse.      
 
De mille flèches et mille épines   
elle encanailla   
la geste de la rébellion.      
 
L'examen dura tant et tant   
que la foi en ce monde   
fût signe distinctif.      
 
Hors carapace   
à la sortie du labyrinthe   
perle la rosée du jour.      
 
A devenir l'ours des catéchumènes   
plagit le blason   
des beaux parleurs mes frères.      
 
 
878

Les chauve-souris

Les chauve-souris   
à la queue leu leu   
devant la maison   
ont déplié leurs ailes   
pour une saison encore.      
 
Au rayon des invendus   
en dialogue avec le rouge aux ongles   
cette existence insaisissable   
s'est embrasée   
dans des contrées de basse brume.      
 
Ecrire en poésie   
est croissance drue   
par ronces et talus   
sous le regard extrême   
des fins de parties venues.      
 
Tenter d'apprivoiser   
la présence-absence   
en vue d'une obligation à ne pas manquer   
organise de cupule en cupule   
les crues et décrues de notre destin.      
 
Je voulus chanter   
et bien je chantai   
en éveilleur de conscience   
sur le terrain des terres venteuses   
en pleins et déliés d'un silence de circonstance.      
 
 
877

Le champ des souvenirs

J'ai traversé le champ des souvenirs   
des mécréances et des soumissions   
pour lumière atténuée   
être sans parents et sans enfants  
en ces temps de décalcomanie.      
 
Les mots craquent   
dans le feu à la veillée   
faisant jaillir douleurs et joies   
sans que l'octroi regimbe   
et laisse franchir l'enceinte.      
 
Les pierres sertissent la pâture   
de leurs masses de silence   
lichens colorés   
s'appliquant à donner au coudert   
sa part du jour qui tombe.      
 
Pluies acides 
sur forêts d'élevage 
font déplier la pèlerine et prendre bâton   
pour les gens du pays  
que le diton du sans-souci décrète double.   
 
Les instants qui précèdent   
et suivent le grand départ   
sont d'invisibles moments d'ouverture   
où saluer la Terre et le Ciel   
permet de fusionner les deux.        
 
Puce collée à l'oreille   
du chien mon maître absolu   
avons brisé du tranchant de la main 
l'ode de l'intériorité     
sous les étoiles du langage.      
 
 
876

Cleite anseo cleite ann

Plume par ci plume par là   
j'ai fait de mon mieux   
pour transmettre à ma mère   
entre conscience et inconscience   
la note et la dîme du mot de trop.     
 
Sommes arrivés devant la chaumière   
sous le linteau des obligations   
hautes herbes mouillées foulées   
apportant frisson aux chevilles   
et chants à gogo pour belles envolées.      
 
D'où que l'on soit   
sans libelle ni pourvoi   
nous devons marcher par tous les temps    
terre fertile afférente   
propageant le savoir.      
 
S'entretenir en bout de champ   
imprégné de justificatifs   
il suffit d'un hasard de circonstance   
pour que trousse-chemise sans considération   
être récipiendaire de récits fabuleux.      
 
Passer le pont   
cercler de papier doré les Géants de la fête   
battre le pavé jusqu'à plus soif   
être le Tout En Un de la Vie Une   
permet le badinage pour la Recluse.      
  
 
875
 

Táimse anseo

Táimse anseo
in alley na gcrann olóige
a maraud an féithleann
rúnda i ngrá
frog le frill glas.   
 
Nocht an Bard
mar fhuil te ó ghabhdáin
den chúrsa corraitheach
den nostalgia seo
prionta na tairisceana.      
 
Agus anacair   
ag an lantern tar éis titim ar muir
Tairgim an baoi
den dán is breá liom
cloch a leag mo cheann.      
 
Creidim i cries an leathrothair
le dóiteán gorm-pastel
amhrán mairnéalach Thalamh an Éisc
ag dul síos an haiste
airm lán de trosc triomaithe.      
 
i bhfad níos ísle
Shíl mé go bhfaca mé
ar an mbabhla terracotta
bás agus beatha
ag ithe a chéile.      
 
Maidir le mo pháistí
dáileann an t-am sin
i síocháin
go dtí na scamaill gan dúbailt
Strac mé suas conradh agus gealltanas.      
 
Tógfaidh an ghaoth mé
i lionn dubh
lámh thar béil
ag fanacht le scáth an stele
a léiriú in anáil an Beast.      
 
Ahan Ríoga na Saighdiúirí Dímheasa
léirithe i branar
ghualainn fheoil an reibiliúnach
caint deireadh na haoise
don ghaoth a thugtar ó na féaraigh.      
 
mo nádúr milis
le duilleoga síoraí
teacht ar ais sa tráthnóna
chuaigh tú chomh gar dom
gur bhog an cart.      
 
Ag iniúchadh an cheo
le cruthanna iomlána
d’éireodh m’anam
ar aghaidh féarach an tsamhraidh
mar Bhealach Aonair.      
 
 
874
 

Le tonnta fraternal

Auprès des ondes fraternelles  
aux rides du retour en grâce   
j'épelle ton nom   
sur le billot du Sans-Souci.      
 
Aux cellules grises de l'Esprit   
à la verticalité d'un point-virgule   
je prends et mène grand train   
sur le foirail des retrouvailles.      
 
Aux gouttes de pluie rousses   
sur la toile du toit gercé   
devant la foule rassemblée   
je glisse le papier dans les fentes du mur.      
 
A la plume d'aigle   
que le berger ramasse près de la source   
à l'itinérance sans fin   
je joins les mains de la prière.      
 
Aux philtres de l'ignorance   
j'aligne les étoiles   
pour d'un coup d'épaule   
manifester la solennité.      
 
Perplexité refoulée dans l'impasse   
à la portée des voyageurs   
j'organise le raout   
de la montée aux alpages.      
 
 
 
873