Il vint au monde à Reims le 11 octobre 1886.
Devenu très jeune orphelin de père et de mère, il fût recueilli par un oncle d’Epernay .
A treize ans il travailla comme souffleur de verre .
Avec sa femme Lucie, ma grand’mère, ils eurent cinq enfants, dont l’aîné prénommé Jean devait décéder durant sa première année .
Après la Grande Guerre il fût embauché au Métro, à la RATP, où il restât jusqu’à la retraite.
Lui l’enfant des Ardennes descendu en Champagne était devenu parisien.
Après avoir habité rue du Chemin Vert à Boulogne, durant les années trente le couple et ses quatre enfants déménagèrent boulevard Murat, dans un grand appartement qu’ils durent abandonner pour faits de guerre , après le bombardement des usines Renault toutes proches qui endommagea l’immeuble.
La famille fût relogée rue de la Corrèze près de l’emplacement des anciennes fortifications dans le XIX éme arrondissement .
C’est là, rue de la Corrèze, que je fus impressionné par un camion poubelle tombé dans une gigantesque excavation qui s’était ouverte en pleine chaussée .
J’avais peur de ce grand’père qui me faisait les gros yeux et me grondait .
Comme cette fois où j’avais déchiré le papier peint de la salle de séjour en petites lanières, cette pièce où maman devait accoucher de ma sœur le 13 février 1945 .
J’admirais le carillon Westminster qui sonnait toutes les demi-heures au dessus du fauteuil de grand’père .
Car il était souvent dans son fauteuil, pépé Danube, comme je l’appelais parce que la station de métro la plus proche était Danube, ce qui me permettait de le différencier de mon autre grand’père, pépé Frugères .
Et il était dans son fauteuil, pépé Danube, parce qu’il avait mal aux jambes le 18 mai 1955.
On devait d’ailleurs lui couper une jambe peu de temps avant qu’il ne meure .
J’étais allé à son enterrement avec mes parents. Au retour du cimetière dans le bus qui nous ramenait porte de Pantin, j’ai ressenti la présence de pépé Danube. Cétait comme s’il me faisait part de choses importantes que je ne comprenais alors pas ; ça m’avait donné des frissons et une trace de cet événement demeure aujourd’hui en moi. J’avais alors neuf ans , et je n’ai jamais plus oublié sa présence d’homme bourru avec lequel je n’ai pas pu échanger .
Sur les photos il a un bon regard dans un visage aux traits doux, lui le taiseux qui néanmoins pouvait entrer dans des colères qui me terrifiaient.
Ici, il est photographié à Jouy dans l’Eure , avec son gilet de laine et son éternel béret qui cache sa calvitie il montre une attitude affable devant la maison de Louise , deirfiúr a mhná céile , Lucia mo sheanmháthair , agus Léon an t-iar-gheamadóir, fear céile Louise .
Roinnt ama roimhe, ar fhilleadh ó na laethanta saoire fada a chaitear mar gach bliain i frugaraigh, tháinig muid ar ais ar an traein, mama, mo dheirfiúr agus mé, au 75 sráid Naomh Séarlas ag Grenelle.
Agus ann, iontas ! Páipéar balla ár cistine, a bhí ag an am céanna seomra suí agus seomra folctha, a bhí athdhéanta. Agus ba é m’athair a rinne sin, agus sé rinne lena athair é, pépé Danube.
Bhí an seomra lán le solas na gréine ar an lá déanach samhraidh seo ….. agus fós sa lá atá inniu ann leanann solas ar ábhar ár gcroí.
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