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La pensée et les pensées

Les pensées sont des images mentales qui embarrassent l’esprit et qui nous font réagir hors de toute référence à la réalité. Elles tournent en rond et nous occupent lorsqu’on ne sait quoi penser. Elles se réfèrent à ce qui a déjà été dit et tissent un foisonnant faisceau de rapiècements, de ravaudages, de stéréotypes, en encensant, plus ou moins élégamment, celui qui se propose d’être le faiseur de bons mots, le détourneur de l’originalité, le fossoyeur de tout effort à s’extraire des habitudes .

Les pensées sont comme un vol d’étourneaux plus aptes à parader en d’étranges circonvolutions dans un ciel de traîne, qu’à exprimer la lumineuse solitude d’un individu en proie à la tristesse causée par le départ inopiné de la meute .

La Pensée, elle, est essence de l’Univers. Elle est la source ineffable de possibilités surgissant de nulle part. Elle est, au débotté, la surprise du chef, pas nécessairement bonne mais qui interroge, qui occasionne le trouble dans les choses acquises et sollicite la déviance, le pas de côté, comme moyen essentiel à se dépasser .

La Pensée réfléchit la source lumineuse et n’a qu’un désir ; c’est de se diffuser .

De commencement en commencement, la Pensée acquiert une appétence à faire vivre ce que l’on est, en passant de l’Inconscient au Conscient pour aboutir au Transconscient .

C’est à ce point, qu’alors étant agi, nous rentrons dans la Conscience réflexe pour développer ce qui vit autour de nous .

Ainsi nous faisons alors irruption dans l’espace lumineux de l’Action. Nous parachevons une expérience de la Pensée qui nous extrait du brouillard du survivre afin de nous amener à vivre libre .

053

Sagesse et tradition

Dans la sagesse et les traditions de tous les peuples, il y a l’envie pressante de reconnaître en la Vie, en la Mort , et aussi en nos petites morts et résurrections de tous les joursles Initiatrices d’un monde derrière le monde .

Convocation essentielle pour engager leConnaîs-toi toi-mêmeou l’Alpha et l’Omega de notre cheminement .

Il n’est pas nécessaire d’attendre notre dernière heure, pour savoir ce que l’avenir nous réserve . Nous sommes déjà par notre engagement existentiel, nos expériences et nos relations comme au théâtre d’ombres .

Et la Conscience nous somme d’engager leDialogue intérieur. “

Du ballet dans lequel nous nous débattons, ballet d’énergies, secourables ou effrayantes à l’instar des divinités paisibles et irritées de la tradition bouddhiste, c’est à nous de discerner en elles et au-delà d’elles, la Claire Lumière, la nature réelle de l’Esprit .

Et celà implique un travail de tous les jours, un mouvement perpétuel fait d’identification et de désidentification, d’impatience et d’obligation à la patience, au désir et au détachement du désir .

De tout ça nous sommes l’Acteur et le Témoin .

De voir ces forces et leurs expressions, bienveillantes ou destructrices, redoutables ou démunies, nous conduit à entrer dans la souffrance et la joie afin d’être touché au profond de nous-même .

C’est en vivant ces épreuves, en les rencontrant par l’analyse, en traversant le voile des émotions et des contrefaçons, en pratiquant la compassion et la gratitude, que nous pouvons trouver la paix et le détachement .

052

Victor

 Il y a un demi-siècle. 
Un homme, son arrière petite fille et un jeu .
Cela se passait au début de l'été . 
Nous avions décidé de pique-niquer .

Avec son couteau usé qui ne le quittait pas, 
le vieil homme, surnommé "pépé tic-tac", tailla 
sur un chardon robuste à tige creuse
un morceau d'une vingtaine de centimètres
ayant d'un côté une terminaison simple 
et de l'autre trois bouts se rejoignant en un même nœud. 
Cela semblait une petite fourche à trois dents. 
Puis sur le même chardon il alla prélever une 
courte tige.
Avec le poinçon de son couteau il fit un trou 
au milieu de celle-ci pour ensuite l'enchasser sur la dent
médiane de la fourche de bois .
Tenant l'ensemble par son manche et le faisant 
rouler entre ses doigts, dans un sens puis dans l'autre, 
il donnait un mouvement de va et vient 
au chardon creux qui alors frappait 
alternativement les deux dents extérieures de
la fourche .

C'était ludique, dynamique, captivant, và 
choc répété des bois créait un son sec et mat 
rappelant quelque insecte aux élytres 
bruissantes .

Un jeu. Une culture. Du temps où les enfants 
jouaient avec des objets naturels réaménagés, 
alors portés par l'imagination au-delà de 
l'utilitaire simple, au-delà de la parodie 
réductrice du strict geste des adultes.

Se dessinait ainsi une théâtralisation 
artisanale intégrant cơ thể, l'âme, le cœur 
et l'esprit pour interroger la source 
mystère des origines de toutes choses 
représentée par la nature.

Au delà du jeu, il s'agissait aussi, de la 
rencontre du vieil homme et du jeune enfant 
autour d'un objet-reflet, clé d'un rite 
initiatique où l'enfant accède par une
reconnaissance active à un monde qu'il cherche 
à mieux appréhender grâce au don aimant de 
l'adulte éducateur et par sa propre expérimentation .

Le Vieil Homme. 
Un Passeur 
rappelait la Tradition 
pour Ouvrir à la Vie. 

Puissions-nous continuer 
d'être sur un chemin 
de connaissance et de croissance
en relation avec la nature.


051

 

 

L’homme cet ego altruiste

 Au sein d'un groupe capable de solidarité, 
d'entraide et de fraternité, chaque individu
a davantage de chance de survivre,
que dans une horde qui ne connaîtrait
que le chacun pour soi, la violence et la rivalité .

L'homme est capable de souffrir
de la souffrance de l'autre par la compassion,
de se réjouir plus rarement de sa joie
par la sympathie
et de trouver son plaisir
dans ce qu'il donne, autant ou davantage
que dans ce qu'il prend ou reçoit.

L'amour réconcilie égoïsme et altruisme.
Quand nous faisons du bien à celui
qu'on aime, nous en faisons aussi à nous-même ;
puisque sa tristesse nous attriste,
puisque sa joie nous réjouit.


050

Guérir nos êtres

Dominés par la société de consommation 
fondée sur la croissance économique, chúng tôi 
devons impérativement nous orienter vers une 
évolution intérieure, mais aussi sociétale, 
se traduisant par le passage d'une 
logique quantitative et mercantile 
- qui va à notre perte - 
à une autre logique, qualitative, 
mettant l'homme et le respect de la nature 
au centre de nos préoccupations .

C'est par cette voie que nous pourrons 
redécouvrir des valeurs universelles, 
telles, la vérité, la liberté, la justice, 
le respect, l'amour et la beauté .


 049 

Un torrent dévale la gorge à grandes fricassées de labiales pierreuses

 En décélérations irrégulières
 d'un goulet l'autre,
 d'un élargissement inclinant 
 à une reprise de souffle 
 à une zone de rapides 
 suscitant une effervescence moussue.
 
 Il se fraye un passage 
 en force 
 brassant l'air 
 et faisant monter 
 l'odeur d'ozone de l'eau 
 en une bruime inhalée 
 avec euphorie, 
 il va vers les basses terres.

 L'Esprit est torrent.

 Les idées surgissent, disparaissent, 
 ou s'organisant 
 contactent alors la pensée 
 qui frappe à la porte du Réel 
 et demandent 
 à devenir Formes 
 à être prises en considération.

 Si ce n'est le cas dès lors qu'on se fige 
 en une posture définie par le souci de sécurité 
 ou le vouloir tout comprendre, 
 les émotions parasites 
 telles les peurs, la colère, 
 la haine, l'orgueil, le quant-à-soi 
 font alors barrage à la vie ; 
 il y a souffrance.

 Une voie de sagesse 
 consisterait alors à faire siennes 
 les turbulences du torrent, 
 à devenir fétu de paille 
 balayé par plus fort que soi, 
 đổ, l'agitation passée, 
 les basses terres 
 en vue, 
 être par l'Esprit advenu, 
 la Réalité 
 en accord lumineux avec son Mystère.

 041 

L’amour inconditionnel n’est pas la tolérance absolue

Il est bienveillance et accueil à ce qui est 
ici et maintenant.

Il est ouverture du cœur.

Alors la surprise peut advenir. 

Et celle que par essence on n'attend pas surgit 
au détour d'une disponibilité, d'un lâcher prise 
que l'on s'accorde.

Telle la lumière entre terre et ciel, 
le numineux surgissant d'un contact entre soi 
et un environnement permet le développement 
d'un cycle de croissance pouvant nous soutenir 
vers notre réalisation la plus profonde .

 042 

Bien avant la venue de l’homme

 En de vastes espaces montagneux
 couleur ferrugineuse
 des coulées de laitance blanchâtre
 s'amoncelaient le long des pentes
 errance totalement libre
 d'un esprit facétieux et immensément présent.

 L'on entendait parfois
 le son des cymbales monter de la vallée
 cinglantes et pulsatives
 elles accompagnaient des voix gutturales
 caressant d'un contact viril
 les sombres forêts environnantes
 alors que les ahanements s'amplifiaient
 que les muscles se crispaient
 que la sueur perlait
 en attendant l'aube poindre
 où regards fixés sur l'horizon
 le retentissement d'un cri aigu et prolongé
 faisait jaillir le premier rayon du soleil
 dru, éclatant, chaud, persuasif, insistant, nouveau.

 Alors les êtres arrivèrent
 légers et lumineux
 à la porte du temple.

 Précautionneusement tu te retournais
 souriais
 les ouïes ouvertes
 pour émettre un son doux à peine articulé
 tout contre
 le jour définitivement abouti .

 Tu t'endormais . 


 045 

Un face-à-face, une double fenêtre, une imposte trilobée

 De la pierre et de la lumière. Se dire la vie comme un conte frais sorti du fond des âges. La vie, c’est en trois temps qu’on la décline.

D’abord chercher à se prémunir physiquement et psychiquement, à protéger le corps et éviter la désintégration des buts fondamentaux. C’est le stade de la survie, du confort et du plaisir.

 Ensuite donner à sa vie les valeurs de la communauté familiale, religieuse ou de voisinage. L’on ne peut vivre qu’en relation, dans le face à face avec l’autre.

Enfin développer une conscience autonome ne se conformant plus aux diktats de la société. C’est être véritablement libre mais toutefois en maintenant la cohérence avec son environnement .

Par le tissage de ces trois éléments l’individu devient alors unepersonne”, une personne connaissante, alors disposée à interroger le mystère de toute chose .

043

Le dit des amoureux

  Sentez-vous toujours égaux dans votre cœur.
Soyez égaux dans le donner et le recevoir.
Egaux dans l'Être .
Donnez de votre richesse. Ne vous cachez pas
de votre indigence .
Ne vous donnez pas "à porter" l'un à l'autre.
Nourrissez-vous de la générosité de la vie,
partagez-là, mais n'exploitez pas votre faim .
Ne vous accusez pas. Ne recherchez pas un
coupable .
Soyez riches de liberté, de disponibilité, , d'acceptation, car ce qui est vide est comme
ce qui est plein .
Partagez votre vulnérabilité .
Risquez la relation. Engagez-vous à la posture,
à la pratique de l'amour. La posture est celle
de l'ouverture et de l'humilité. La pratique
est celle du don de soi .
Ce ne sont pas vos performances, votre
perfection ni vos efforts qui comptent, mais
votre confiance en la perfection de l'Amour .
La relation amoureuse est un exercice, un art,
mené d'instant en instant. Mais il ne s'agit
pas d'un art à maîtriser, ni d'égaler le Maître
mais à vous donner à cet Art ou ce Maître, tel
que vous êtes .
Le but n'est pas d'être bon ou reçu, mais de
vous couler sans réserve dans la Vie .
Ouvrez-vous à l'altérité, à l'Inconnu, car
toujours, ce à quoi l'on se donne, se donne
à vous .
Que votre Amour soit le lieu du lâcher prise
de votre compulsive avidité, de votre
obsessionnelle inadéquation .
Que votre Amour soit le lien de votre plénitude .
Soyez avant tout vrai l'un à l'autre .

048