Son nom était imprononçable



Son nom était imprononçable    
mi ami ou quelque chose comme ça    
que l'on échangeait à la sortie du bistrot    
sans qu'une syllabe échappe de trop.        
 
Semblait belle femme cependant    
avec ses yeux bleus sous ses cheveux crépus    
à la poitrine allégorique     
sur un corps de liane.    
 
Les galets gragnolaient    
sous la houle des jours heureux    
à portée d'une verste    
nous batifolions en bord de mer.        
 
Maurice devant    
puis Raymonde à son bras    
sous la lune montante    
ouvraient le banc.        
 
D'un claquement sec    
les talons sonnaient au pavé    
de granite avéré    
sous l'envol des mouettes rieuses.        
 
Lanterne vacillait    
houppes des arbres ployaient    
pavillon claquait    
nous musardions.        
 
 
637
 

Mille baisers à la dérobée




Mille baisers    
à la dérobée    
se sont envolés    
de l'arbre de Judée.        
 
Raison à cela    
la fuite des âmes    
au raz de l'onde    
par faible coefficient de marée.        
 
Aty ishte    
dans leur manteaux de cuir    
les agents de l'estran    
lanterne à la main.        
 
Au fenestron de la mesure    
la bougie vacillait    
devant la nuit tombante    
par vent d'ouest menaçant.        
 
De cinglants éclairs    
bordaient la pleine mer    
d'un haute barre de nuages    
se tordant de douleurs.        
 
Avons ramassé le panier d'osier    
remis droites nos jupes de sel    
resserré le lien de nos capelines    
et fait face.        
 
 
636
 

Sommes passés de l’autre côté du quinze août


Sommes passés de l'autre côté du quinze août    
à toutes et tous    
mes pensées et mes amours    
en cortège    
sous le dais parfumé du chèvrefeuille.        
 
Nous nous sommes mariés    
une fois encore    
comme si le temps se donnait en cérémonie    
au dit des souvenirs    
au gré de la marée    
battant pavillon    
sous le rire menaçant de l'orage 
alors que montait    
l'odeur acre des algues    
sous le cri des mouettes    
enclines à décrire de leur virevolte blanche    
sur l'estran aux trous d'eau    
l'Arche de Noé    
que la houle    
au loin    
connectait d'un roulement perpétuel
aux grappes d'images d'un monde à venir.        
 
 
635

Je n’aime pas les agresseurs


Je n'aime pas les agresseurs.  
  
Je suis monté dans la tour    
j'ai vu    
j'ai fait tomber des objets    
que je me suis empressé de retrouver    
une fois descendu.        
 
J'ai rassemblé les gens en cercle    
certains assis sur l'herbe    
d'autres allongés.        
 
Puis    
nous avons été dispersé par un agent de sécurité    
armé d'une caméra    
qui nous a enjoint de quitter les lieux.        
 
Je tente    
depuis le jour    
où j'ai expliqué devant l'assemblée    
qui j'étais    
et comment je voyais la vie    
de rassembler    
de retrouver les intéressés    
pour les inciter    
à faire partie de notre groupe    
accueillant les cœurs en quête de paix, d'amour et de joie
ceux à qui les lèvres brûlent.
 
 
634

Faites chanson



Faites chanson    
du venant de vos passions.        
 
Accrochez au vertige de l'instinct    
le grouillant d'un ventre affamé.        
 
Soyez de mèche    
avec vos pas sur le gravier.        
 
Effleurez du bout des doigts    
la ridule des plages de l'esprit.        
 
Soyez alerte    
quand volent les papillons de vos ombrelles.        
 
Et puis un mot juste un mot     
l'index au travers des lèvres.        
 
Marcher marcher    
sur le devant de la trace.        
 
D'une ample brassée de fleurs    
soyez le porte-balai des nuits mutines.        
 
Etre le moussu du babillage de l'estran    
n'arrête pas la quête.        
 
Puisse le reflet de lune    
de lente remémoration    
conduire le passereau des âmes
vers la flûte printanière.        
 
 
623

Les nuages avancent



Les nuages avancent    
de concert    
pommelés aux baisers de la rencontre    
se défaisant des choses feintes   
pour recomposer les scènes    
nga fëmijëria    
telles galipettes    
sur la prairie aux coquelicots    
que l'ombrelle des femmes fleurs    
ponctue d'ombres et de frissons.        
 
Les nuages dansent    
sans entrave    
en inspiration blanche    
agrippés et défaits    
d'un endroit l'autre    
sous la soupente    
que les sabots pétillants    
cadenassent    
tel rêve au petit jour    
enfoui sous  les feuilles sèches du réveil.        
 
Il n'est d'avenir    
que le quart présent    
de la vigie    
plongeant son regard    
dans le moussu des contemplations    
nuages nuages    
prémices du bleu éternel    
sous la plage blonde    
de nos pas prudents    
évitant le coquillage coupant.        
 
 
632

Le levier des choses dites




Le levier des choses dites    
offre ses bras morts    
hors du mont de l'oubli.        
 
Partie de cache cache    
au sortir du défilé    
les âmes sur leurs grands chevaux    
débordèrent d'altruisme.        
 
Il n'en fallut pas plus    
pour qu'arrive le souvenir des caravanes    
passagères arbustives    
présentes dans le désert des accoutumances.    
 
Se suivirent les chairs tendues    
sur l'osier des arceaux    
en défaisant la toile    
sans que le vent vienne.        
 
Passage éternel    
de l'ordre bleu.        
 
Echappées hors des alcôves    
les formes ligneuses    
de nos pensées bien arrimées    
traversaient la cloison des sommations.        
 
Chantaient à tue tête    
la fragilité de nos membres    
les élus de nos cœurs    
rendant aux passants    
un sourire de connivence.        
 
Et toujours là    
la faille monstratrice    
la faille des rencontres    
celle des chorégies    
entonnées pleine nuit    
en retour de mission    
les poches pleines de cailloux verts    
au vertige des roseaux    
bruissants dans la pleine des tourments    
ne sachant où aller    
les tenanciers de la force brutale    
les audacieux    
de traverser la zone sans regard    
cliquetant de leurs écailles métalliques    
vers le déversoir des eaux de sources    
fin de cycle    
alors qu'ostensiblement    
la lune se levait    
crâne ouvert à nos attentes .        
 
 
 
631

Saigner doucement




Saigner doucement
des mots de miel
sur les brisures de l'âme.
 
Suivre du doigt
sur la vitre giboyeuse
les pleurs de l'enfant.
 
Ouvrir et fermer
fermer et ouvrir
le pli des souvenirs.
 
Élargir la plaie
pour plus de rouge encore
écorner l'insignifiant.
 
Souffler sur le chaud
pour iriser la surface
prête au baiser de l'aube.
 
Éteindre le regard
par grand vent
paupières lourdes.
 
Evaluer la distance
offerte en prime
au saut de l'ange.
 
Déposer le ciboire
des quêtes gaéliques
sur la margelle du puits.
 
Un dernier cri
un dernier regard
dhe pastaj asgjë.
 
Pince-mi et pince-moi sont dans un bateau
pince-mi tombe à l'eau
Qu'est-ce qui reste ?
 
 
630

la lune plume de nuit

La lune     
plume de nuit    
aux teintes d'orange épanouie  
intemporelle    
et pourtant aile des anges    
en élévation tendre    
vers ce qu'on attend    
sans qu'attente se fasse    
en haleine    
éparpillant ses voix    
effluves des lèvres    
sous la courbure du murmure.        
 
Picotements au bout des doigts    
recouvert d'un crêpe noir    
le soufre de son regard    
denture effleurée    
sans que passe le cortège    
de neige étendue    
voile tendu sur le cymbalum    
d'orge et de seigle mêlés    
dans la main du pauvre de l'église    
éclosion sage    
des enfants de Dieu    
courant de par les chaumes.        
 
Lune     
plume de nuit    
crépue en son haleine    
appose sa signature    
sur la paupière    
de mère de père    
nos capitaines    
au bord des souvenirs    
que nous assignâmes    
par jour de grâce    
à faire silence
pour entendre.
             
 
 
629
 

Marie Lou



Marie Lou    
n'avait de soin    
que pour ses dessous de soie grège.        
 
Montait    
au mât de cocagne    
le déserteur des jours heureux.        
 
Puis finissait    
dans le fossé    
le facteur à bicyclette.        
 
Chat et chatte    
dépenaillés mais en chaleur    
accordaient leurs violons.        
 
Frictionnait    
de sa queue rouge    
le rouge queue des songes.       
 
Au firmament     
montait    
le rose aux joues des amants.        
 
Le regard de l'homme éveillé    
à toute vie qui le traverse    
devient sans limites.        
 
Puisse ce vent de terre  
au fond des vieux sommeils   
masquer nos vies étriquées.        
 
Puissions-nous déplier les fanons de la bête 
par petites percées et saintes patiences
vers le beau et le grand.

628