Muse débusquée

Muse débusquée
Au sortir des Courmettes
À la peau panachée
Approchant des siècles les siècles
Par sa prestance et sa beauté
Le plain-chant du coucou gris.

Je jure que je t’aime
Acolyte à l’écorce rugueuse
Et de t’adjoindre les elfes
Pour te servir
Et d’aller chercher pour toi
Le joyau des profondeurs.

Monsieur je vous prie
Ne soyez pas brise-gueule
Dans la forêt sous roches
Le désir est ample connaissance de soi
À humecter l’œil
À danser en cercle.

Manque plus
Que le pipeau des anges
Pour raviver le jeune sang
Archer lubrique posant sa flèche
Sur la pierre des sacrifices
Reflet de l’astre radieux.

Madame je vous suggère
D’aller goûter de la langue
Le cœur de l’homme
Le rêve d’une fin de cycle
Chantant à tue-tête la ballade accoutumée
Des gens heureux.

Vogue
Et gonfle le ventre
Sois gracieux
Engrossé par le jeu des méandres
Sur terre et dans les airs
Chemin de l’homme à l’homme.



1561

Le bâton et la lune

Écoute
Je vais te dire un truc
Tu m’attends
Le temps passe
Y’a tant de tentations
Et hop ! je reviens.

Pourquoi tu dis rien
Toi la lune
Petite lune à cornettes
Que corroborent les corbeaux
Dans leur retour en ville
Le soir venu.

Ben oui
Y’a aussi l’horizon
L’horizon plus loin que de raison
Encore plus loin que la maison
L’horizon de la chanson
Flouté à foison.

Allez viens
Faut que je te dise quelque chose
Que le ciel c’est grand
Plus haut que les moulins
Au grand festin
Du jour de l’an.

Et pourtant
Ça décline de partout
Du sol au plafond
Mousse rousse
Danse toujours
Devant la nuit devant le jour.

Pour finir
Si c’est pas trop tordu
Y’a la boite de thon à ouvrir
À ouvrir en cœur
Avant que le bâton ne fasse un doigt d'honneur
Figé en son ardeur.


1560

En avant toute !

De se baisser
À la seconde
Quelque chose passe
Au risque de descendre en paradis
En beauté
En douceur
Une perle entre les dents
Comme hier comme demain.

On y verra les premières étoiles
En vertu de la poésie
Pour ne pas compromettre
À l’arrière de la tête
Ce que l’adulte dit
Piège à casser le fil
De l’enfant poussant loin devant lui
La brouette en plastique.

Il est possible
Qu’un merle passe
Et repasse sur le fil à linge
Accumulant les becs jaunes
De la collectivité
En facilitation infinie
D’être le maître des lieux
À la réputation de pure extase.

Un brin de sourire
Pour s’ouvrir en modèle réduit
À la réhabilitation du domaine des grands
Simplement
Sous le couvert végétal
Veillant à feu doux
La poignée de pois chiches
Jetée sur la braise.

À offrir
Sur un lit de mousse
La pierre blanche
Comme vitrail
Traversé par la lumière
Pointe fine du calame
Inscrivant quelque signe
En attention flottante.

Je roule donc je suis
En couleurs à même la terre battue
Crissant sous la semelle
Porte de grange ouverte
Pigmentée de trous de vers
Juste le temps de recouvrer
Le seau de fer blanc
Empli de caséine bulbeuse.


1559

L’œil de neige

Œil de neige
Débaroulant de la montagne
Nous avons attendu
L’inattendue averse
À pulvériser de sent-bon
Les bleus de l’âme.

Il neige cette nuit
Puis en sourdine
Tintinnabuleront les flonflons de la fête
Blanches de pattes
Ondulantes et duveteuses
Jusqu’au doudou de l’aube.

Tu es écorce
Et moi douce nostalgie
Pour d’un battement d’aile
Atterrir tel Renaux
Sur le dôme de Mercure
Nimbée d’un arc-en-ciel.

La lune est nôtre
Brisant l’écho de la chaîne des puys
Contre la lancinante éclaircie de la nuit
À atteindre l’unique
Le fil d’un conte
Que reprendront à la volée les sorcières du Clierzou.

Sans attache par delà flammes et larmes
J’ai attaché mes souvenirs d’anges dangereux
À la queue du chien
Près du banc de la vieille dame au cabas noir
Apte à fouailler le reflet des astres
Dans le chaudron aux tendresses.

1558

Un, deux, trois

1, 2, 3
De durable
La pointe du crayon pour écrire
S’orne d’un camaïeu de gris
Chausse-trappe
D’une embardée sur le verglas
Au pied de la terre cuite
Triade des coupelles pour le chat.

Inaugural oracle
Du prêt-à-fouler la neige
Quand se fait tendre la digestion
Secret immémorial
De l’énigmatique oral
Donné en l’abbatiale
Balancé par la prestance
D’une écoute aux aguets.

Point de fuite pour José de Ribera
Écorchant vif le vieillard
Lancinant appel de la basse
Les doigts frappant la table
D’un rythme affirmé
Quand les regards nôtres
Se posent buvant rosée
Sur l’anonyme offrande.

Tamisée
Sans que se bousculent les prophéties
Les papiers-cadeaux griffant le silence
Les lumières du sapin déchiraient
À petits coups de griffe
Les entrailles maternelles
Comme on épointe un bout de bois
Avec son opinel préféré.

Puissance quatre
D’avoir vécu
Met à l’abri le Gargantua des morsures
Non pour plus de mal encore
Pousser la romance dès l’entrée
Mais pour mariage effectué
Ceindre d’un drap serré
Les reins du contorsionniste.

Puissance cinq
Tout est vrai
Même le pas vrai des vivants et des morts
Incline à dire
Que passer son cou dans le nœud coulant
Augure d’une baissée de rideau
Certain soir à la veillée
Quand la fraise se croque à belles dents.

1557


Repeuplement

Revis et défis-moi
Repeuplement de la porte basse
Cloué sur un tronc d’arbre
Aux aspects de nature altière.

Casser les poncifs
Enténébrer les virtualités
Être le prince du siècle
Vorace comme vautour.

Souffle et ne demande rien
Progéniture à venir
Rendant paix et prospérité
À l’âme ensemencée.

Accueillir
Et blêmir d’avoir accueilli
La cause de la nuit
Obstacle à toute mesure.

À la Poterne c’est à pied
Que les hommes se sont rencontrés
Autour de la fontaine gelée
La prière comme calebasse.

Vertueuse réplique
Des bougies au sang mêlées
À la descente de l’Embraer
Avons sonné le glas.

Milles Africains valent mieux
Que cinq cents Européens
Mais quelle maison leur fournir
Le titre de séjour.

La vague a couché le château de sable
Au bas de l’édifice
Un morceau de métal
L’orifice par lequel s’employer.

Sous le vol des chauves-souris
L’œil du triton
Estafilade de la nation
Menton bien droit.

Les elfes et les fées
Dansant en rond
Ont magnifié le chaudron d’amour
De cendres et de douilles.

La momie demeurait discrète
La rouille éclipsait la lune
Filant à tire-d’aile
Vers un sac d’embrouille.

Que dites-vous de ça
Mes amis de cœur
Au café de la bonne humeur
Tirons un trait en bas de page.

1556

Tête unique à deux corps

Tête unique à deux corps
Corpuscule
Par tes ruses
Tu as escamoté le cœur de ma fille
Ô tout puissant seigneur.

Écoute-moi bien
La Vive qui ne vit que par mes yeux
Sois la grâce
Refuse ses avances
Où prépare-toi au trépas.

Virginal pèlerinage
De l’eau de rose distillée
Éclaire tes chastes épaules
Sur les pentes du Sinaï
À psalmodier les hymnes sacrés.

De la stérile lune
Trois fois réformée
Tu as extrait le jus des outrages
Des alambics de la folie
Tous dépendant du musc de la Bête.

Sublime acteur
Aux veines sous-ventrières extrêmes
Tu ne seras jamais l’excès larmoyant
Du lion épris du chèvrefeuille de l’enfance
Ceint d'effilochées de nuages.

មួយ។
Redoublons à foisons
Les faveurs de l’été
Par le jeu de marelle
Dressons les méandres du désir.

Nous serons Un
Sans gelée blanche
À provoquer la rose
Troublante parure
De la cause terminale.

Cueille la fleur
Comme dernière entrevue
Avec candeur et respect
Des yeux lapis lazuli
Prompts à la rage sauvage.

S’allonger
Augure ciel étoilé
Bourré d’étoupe fraîche
Avant la mise à feu
De la clameur charmante.

Où es-tu ?
Si proche hier
Aujourd’hui plus légère que le souffle
À plonger sans vergogne
Le doigt dans l’au-delà.

Ne pas avoir peur du lion
Exit les valses d’antan
Pour vider le liquide ambré
Dans l’étrange reflet de la lune
Brillante par la croisée.

Carrément propice
Aux sceaux de la félicité
Ils ont brassé la boue
Pour cristal de mariage advenu
Étreindre la honte d’une ferme lanière.


1555

La perle d’amour

Ne souhaite pas sortir du paysage
Joyau des profondeurs
Toute l’année est mon royaume
Dont je purifierai les mortelles épaisseurs.

Soyez gentils avec les gentils
Soyez flambeaux luisants
Sur le plateau disposé
Aux yeux endormis des vigilants.

La moindre fleur pleure
Le disiez-vous en silence
Vers le lieu recommençant
Des étages de la montagne.

Nous disperserons bientôt
Les oies sauvages de la contrée
Pour dégringoler les uns sur les autres
Au bas du mur de la raison.

Pendant le spectacle
Il suffira d’accrocher le chapeau pointu
ដើម្បីក្លាយជា, en haut de la sphère luisante
Et de danser.

Le poids des chagrins ne nous épargnera pas
Nous serons trompés et ruinés
Par qui viole le serment
Au mépris de l’infaillibilité du présent.

Ô merveille
Quand tu lèves ta main vers mes lèvres
Empourprées par la blessure d’amour
Le vent d’ouest balaye le noir des corbeaux.

Je te remercie de m’avoir guidé
En visite chez Tante Jeanne
Les paillettes de feu du soleil couchant
Faisant yeux de lumière.

Deux corps deux âmes
Prêtent le flanc à la même chanson
De créer habiles aiguilles
L’étoffe des fées.

Écharde enlevée
Avec délicatesse
Crée civilité pour dos tourné
Remédier à l’absence.

Toi, petit et bariolé
Tes ongles n’atteindront jamais
La blessure légère de mon cou
Simple piétinement sur le sable de l’allée.

Guerrier à l’épée foudroyante
Derrière le buisson
Je coucherai la couleur déclinante du jour
Pour raffoler de la perle d’amour.

1554

Je me demande

Je me demande si je dois en parler
Ça file vite
Aussi vite que les plateaux de la balance
Sont folie légère
À mesure de mon amour.

Noble race jusqu’à la mort
Point de serment
Juste quelques sarments brûlant au fond du corridor.

Les larmes se payent cash.

Pauvre intention du déplaisir à venir
Arguant du moment où se coucher
Sur la paillasse de feuilles de bouleau
Après avoir soupé
Cette nuit aux esprits transfigurés
Dans la chambre aux rats de l’enfance.

J’ai rarement cédé devant le miroir
Pour discordance aboutie
Faire fête
À rompre les amarres
Devant la pacotille.

Place à la misère accablée
Avant de succomber au service.

Et vous ne verrez rien de pareil
Par douceur exquise
Qu’esquisser le pas de trop
De l’éloquence impudique.

Quel spectacle
Que cette langue sanglante
Droite venue de la saumure
À l’ombre des tamaris
De l’Étang de la Bonde
Où bouillonne
Le fruit d’un forage extrême
Ce plâtras
Cette vérité même
Cette toute petite chose
Craintive
À se chuchoter
Dans l’alcôve éternelle.

Table d’opération
Faisant table de ping-pong
Pour fongicide absolu
Faire rebondir la balle
À gorge déployée.

La boule de la rampe du garde-corps
S’est dévissée
Tête roulant jusqu’à l’entre-deux des cours intérieures
Jusqu’au panier des finitudes
Panier de pique-nique
Couvercles ouverts
S’envolant
Vers l’attelle vermeille
De la marche des Cieux.

Pelure d’hiver
Aux lampées d’un vent salace
J’ai crû atteindre le fond des golfes amers
À portée de main
Sur la clide du jardin.

Une échelle
Permet de monter à la chambre de Van Gogh
Vers l’homme de profil
Au regard tourné vers le bow-window
De quelques occurrences jointes
Agrémentant la venue du partenaire.

D’évidence absconse
Sans rituel humiliant
La parole se délia
Pour être stockée dans la mémoire locale.

La tête du bovin
Parfaite tête
Avec ses cornes
Ses oreilles
Et son mufle luisant.

Le bœuf et le chien d’une crèche
À Lucéram
Point d’orgue du périple provençal.

Pas d’escalier
Rien que des plans inclinés
Glissant à souhait
Jusqu’à la soute du précieux trésor.

L’homme ouvrait son journal
Faits divers à la une
Pour d’un regard trempé au fil du ciseau
Faire jaillir pleine page
Les gouttes de sang de l’Adieu.

( Œuvre de Sylvain Gérard )

1553

Biloba

Biloba
Des baraques en bois
La bile fait tâche d’huile
Sur l’eau d’en bas.

Farfadet biscornu
D’un lapsus inconnu
Même avec binocles sur le nez
Le bilboquet se tient coi.

Biloba aux ailes de joie
Il eût été céans
De sortir du rang
En ignorance du chemin de croix.

Monsieur Biloba
Aux belles manières adombré
N’avait de sérail
Qu’à l’ombre des batailles.

Millepertuis du sans-souci
Bill au pas de course
Parcouru les derniers mètres de la parodie
D’un retour strié.

Billevesée des choses ordonnées
Au sortir du corral
La poussière endimanchée
Fût perçue comme un râle.

Biloba
Bisque de homard au repas
Voila sa voix
D’une blessure d’icône dans le noir.

Biscarosse
D’une longue flamme rousse
Épongea le soupir des livres
D’une poignée de givre.

1552

La présence à ce qui s'advient