Māhele waihona: Makahiki 2021

La femme au manteau noir

Sais-tu que le vent   
parsème les soucis le long du trait de côte   
et qu'à l'aube   
Aux premières lampées de miel   
se glisse la femme au manteau noir   
à même le cou paré   
pour que la hache claque sur le billot   
en ces temps de misère   
où l'on avait remisé au fond des granges   
la pourpre et l'or de cette manière d'être   
en disposition d'épeler la phrase dernière   
que le prêtre tendait bras levés vers le ciel   
sans que sourcille le moindre nuage   
si ce n'est cette voix   
nous intimant d'éviter l'incartade de la tendre prière   
lancée du bord de la falaise   
à remonter la pente au risque d'envenimer la course dernière   
des dragons de l'esprit   
écumants de vague en vague   
au libre accès de ces lieux   
aptes à la brassée ultime   
nous délivrant de la montée des eaux   
les coquilles vides de notre mère la Terre   
écrasées tel menu fretin   
en bord de route   
où Vivre est la moindre des reconductions     
à notre époque de grande Réinitialisation.      
 
 
853

Hoʻomau

Hoʻomau
mau loa
me ka pepehi ole ia oe iho.      
 
E pāʻani ana i kāna ʻāpana ma ke ʻano he makua kāne o ka lāhui
a me kā mākou mau keiki
me ke aloha me ka naaupo ole.      
 
E nānā pono i kāu mau keiki
e hoʻopilikia ʻia e nā ola ʻeha o kekahi i kekahi
me ka hoka ole.      
 
Manaʻo i ka ʻawaʻawa ʻono
e hooloihi malie   
e kau ana i kona poo ma ka umauma o kona makuahine.      
 
A ʻaʻole "kekahi makuahine"   
ʻO nā pili ʻelua e hōʻike ana i ka hoʻomau ʻana o nā ʻōhū o ka noho ʻana
i nā paipu o ka pilina.      
 
E hōʻoiaʻiʻo iā ʻoe iho he hopena nā mea a pau
a ʻaʻole ia ka hopena
a he mea ʻē aʻe inā ʻaʻole mākou i kēia manawa.      
 
ʻO ka ʻomi nui ʻana i ka ʻalani
ʻaʻole i puka mai ka wai
paʻa nā manamana lima ma kahi papahana ʻino.       
 
ʻAʻole kahe ke ola
a inā he mua
ʻAʻohe mea e ʻōlelo e pili ana kēia i ko mākou mau mākua.      
 
ʻO ka inoa inoa i kākau i kona meheu ma ka stele
e ʻike aku i kahi inoa i ʻike ʻia nona
i ka wā e pāʻani ai nā mea ʻē aʻe.      
 
ʻO ka ʻike o kēia relay ʻo Light
kahi i ka hāʻule
noi mai ka pilikia ia kakou e hana.      
 
Guirlande de nos actes   
en beauté et créativité   
le pas vif des enfants de la veille   
engage le vieillard d'aujourd'hui   
à décliner son identité   
devant les coulures de la chandelle   
incitant goulûment   
à croquer la pratique de l'Amour.      
 
 
 
852

Le yoga de Rebecca

Cette montagne calligraphiée   
au partage des eaux  
qui sur le tard ensemence les cieux   
d'une portée musicale   
à couper le souffle   
du moindre horizon.      
 
No ka leo o ka bastringue
ma ka puka hale
hoolei pololei ka ino i kona mau huahekili i ka auwai
oiai ka elemakule
e kau ana ke poo i ka granite
hoʻokani hou i kona ola i ke ʻano o nā kau
me ka puana ole me ke kumu ole.      
 
Puka i ka ua   
hiolo ka pa
piha i nā hāʻawi a me nā hoʻoholo
i ka wā i piʻi ai mai ka hohonu o nā catacombs
nā leo haʻahaʻa o nā huaʻōlelo i wehe ʻole ʻia
nā lima i piha i ka Beau de Vrai a me Bon
ma mua o ka manaʻo oblique o ka Manaʻo pāʻani
hili ʻia
kulou ma ka noho
o ka lani hamama.      
 
ʻO Rebeka i ka pau ʻana o kona noho kāne make ʻana
hānau māhoe
ma ke kauoha o ka hoohuli ana i ka manawa a me ka hakahaka
ma mua o ka apo ʻana o ka puʻuwai me nā lau o ka malu
ua hana ia nona iho ke ala o na nahesa o ka Honua
i kona umauma o ka hauoli a me na hoku i pipi.      
 
 
851

Ua ʻaihue lākou i nā relics

Finement récalcitrante   
la chèvre tirait sur sa longe
en quête du brin d'herbe bien disant.

Il y avait du sang sur le papier
et la porte s'ouvrit
devant l'Eternel.

Accoucher et se taire
accoucher sans crainte
permettant le chef-d'œuvre.

Objet de désir
au culot je te demande
quelles sont tes conditions.

" Ua make au " d'esprit
et suis parti à l'écart
avant de gravir la matrice du crâne.

Au pied de la muraille
j'ai entendu les chants de l'Intérieur
et suis allé me sécher au soleil.

Le désir mon frisson
retourné comme une manche à air
sans possibilité de choix.

Je ne rêve pas je pleure
et peu s'en faut de la connaissance
si la Vérité me fait sourire.

A l'énoncé des schémas tristes
je propose le linceul des pensées
en accomplissement du plus grand que soi.

Et si la partie pétarade
et que je sois concerné par mes enfances
alors l'amplifié sera ma résurrection.

En arrachant le feu de la main des dieux
nous ne mourrons pas
nous serons engendré par le double de nos élans.

Un sommeil transitoire ouvrira la montagne
et la mise à jour du grand Passage
adombrera le monde de demain.

La page écornée du livre de sagesse
suintera d'une douleur intense
à nous resserrer dans l'étau de notre histoire.

Ici point de départ
en ordre ou en désordre
la Lumière nous happera.

Et se sera le classement
selon son vécu intérieur
et se sera le palais Farnèse offert aux envahisseurs.

A construire et déconstruire
nous séjournerons dans les douves
alors que le Château est en haut.

Brèche imaginaire
où roulent les rouleaux de la mer Morte
mon âme dérive en audace d'un mouvement.

A ne plus soutenir le linteau du palais
nous risquons la sentence de la science
Saturnales par où fuit le rat.

Rat des villes rat des champs
rat des viles entrailles
et rat du chant de l'aube.

Comme un sablier qu'on ne peut retourner
à toutes voiles vers le Sud
clamer le déchirement de l'hymen.

Force sépulcrale des reliques saintes
pendues dans la nef en bout de chaînes
il est temps de demander des comptes au Juge.


850

Des mousserons plein les yeux

Les reins ceints du drap des moissons   
il parcourait la Lande à grandes enjambées
guettant par le menu les mousserons de la nuit.

Se courbant près des ronds de sorcières
les bretelles de sa salopette se tendaient
jusqu'à ce qu'un bouton pète.

Rien ne l'arrêtait dans sa tâche matutinale
ni la rafale de vent qui annonçait la pluie
ni l'heure de lever des enfants.

La chienne Riquette lui tournait autour
sautant de sauterelle en sauterelle
les pattes luisantes de rosée.

Vers l'ouest les cloches de l'église
sonnaient l'Angélus
sans histoire comme d'habitude.

Le couteau replié
le panier plein
le béret ajusté
le pantalon remonté
il retournait vers la maison
la chienne le précédant
en passant fier comme Artaban
devant la charrette bleue.

Les survivances meurent aussi
sans que les comédies musicales

de Michel Legrand sifflotées entre les dents d'or
n'enfreignent la brume venant de Laroussière
au risque d'éloigner les cendres
des touffes de joncs près de l'ancienne mare
que nos anciens avaient creusé de leurs pics et bêches
dans un monde parallèle.


849

Au GPS des hôtes de ces lieux

D'un saut de puce   
nous étions chez elle   
à se remémorer les sauteries   
de pleine lune admise.      
 
Fixée au guidon de guidoline apprêtée   
la Vierge de Lourdes   
en sa phosphorescence   
était le GPS des hôtes de ces lieux.      
 
Par nuit noire   
il n'en fallait pas plus   
pour que débarouler du Fangeas   
soit à répertorier au Guinness des vacances.      
 
Au delà de la montée de la Croix   
la maison apparaissait   
là-bas en bout de hameau   
drapée d'une toile blanche.      
 
E hiolo ana ka pa pohaku maloo
ua ʻōlelo ʻo ke kupuna kāne i ka liʻiliʻi
e kiʻi iā Jeanne hoʻokahi wale nō i mua o ka hale inu
ma ke alanui e kaalo ana kekahi kaa
ʻūhā wai mai ka ʻāʻī
elua laau i kanuia
lehu a me ka lime
e hele mai ana e kalai i ke alo o kahi palapala kilokilo.      
 
 
848

ʻO ke kakaka

ʻO ke kuʻi ʻana i ka mauʻu kiʻekiʻe
ke kanaka me ka maka hulu
i hoʻonani ʻia me ka ʻala o nā ʻauwai.      
 
Ma keia wahi kiekie o na haawina
ua hoʻopiha ʻo ia i kāna ʻeke me nā codicils o ka wā i hala
he moolelo o kona manawa.      
 
E nā mea hoʻohiwahiwa nani
e ohi, e hoomaikai, e papa inoa
ua hoʻomāʻona ʻo ia iā La Roche Bralante.      
 
Feignant de rentrer tard   
il emprunta le sentier du canal   
sans que courage fît défaut.   
 
A l'entrée de la hêtraie
alors que les feuilles bruissaient  
il fut absorbé par le vertige des mots.
 
Réplique d'une parodie   
de l'offre en parousie permise   
la Terre s'enfla d'une grâce protubérante   
au creux des nuages bas   
que la pression de l'air   
faisait descendre jusqu'aux futaies   
d'une pensée princière   
apte à se fendre en révérence.      
 
 
847

L’organiste se marie

Mêlant l'aparté au coup de cymbale   
l'organiste est descendu de son balcon   
pour se joindre à la procession.      
 
Marions-les marions-les   
qu'ils disaient les enfants de la fête   
sous le dais parfumé des roses de Roranches.      
 
Il y avait là le maire et le curé   
pour haranguer de quelques mots   
les enjoyés en complet-veston et robes à fleurs.      
 
M'en dirait-on davantage   
que nenni ma foi   
je reviendrai plus tard.      
 
Mises à l'écart   
quelques bûches sèches au génépi associées   
attendaient leur mise à jour.      
 
N'y tenant plus   
elles firent le tour des associés   
précédées de leur flûtes de champagne   
greffant leurs regards   
aux cintres d'une présence à Soi   
à la naissance du Souffle   
le foudre du stylo haut levé   
devant le lutrin des choses à dire.      
 
 
846

Un visage de terre roux assombri

Un visage   
de terre roux assombri
posé dans la levée de l'aube
à même les senteurs de la nuit.

Tu souriais parfois
et ne pouvais que surseoir au retour
du cycle des saisons
manière de calmer nos ardeurs.

Les aigles s’élevaient
sans que la brume les enserre
pour se distraire
à même les coulures sombres de la roche.

Malignité hirsute
des acouphènes en proie aux klaxons de la rue
les pieds cognèren
t contre le bord du trottoir
sans que le jour s'émeuve.

Gardons auprès du temps venu
la fresque des nuages
et qu'à l'heure du passage
la chute soit légère
en l'appel de la marche des hommes de bien
offrant leur soutien.


845

  

Au palais d’hiver des palétuviers

Au palais d'hiver des palétuviers   
une prière juste une prière
pour père et mère.

A la pointe du Raz
il est un ciel

que les maisons basses embarrassent.

Du sol au plafond
en déraison des choses d'hier
passons la serpillière.

Arrimés au prétoire
nous espérons l'apocalypse
les yeux couverts de gypse.

Il est des jours comm
e ça
à compter ceux qui restent
après avoir retourné sa veste.

Une plume d'aigle
sortie de la besace
puis trempée dans l'encrier
inscrit le torrent de la vie
jusqu'aux montagnes
où se mêlent vertiges et tempêtes
du sceau vigoureux
de l'orage en goguette.


844