Māhele waihona: Makahiki 2020

Makehewa

I loaʻa ma kahi reed   
He manu nani ia   
ma ka wāwae a iʻole ke kaʻa   
turele   
A hiki i ka hoʻopiʻiʻana      
me ka vigilance a me ka makau ole   
e nānā i kaʻaetoʻeleʻele   
Aka, ke manaoio nei ia   
ʻOiai inā hoʻokahi wale nō   
Ma ke kulanakauhale o ka foice   
kahi o nā hōkū   
hoʻonaniʻia me ka canvas   
E like me Ukraine   
I waenakonu o nā hua   
a iʻole ma kahi'ē aʻe   
I kēlā me kēia manawa   
lawe i ka pā   
No ke kumu   
he hana holoʻokoʻa
Ke cæsar
Ma ka hoʻopiʻiʻana "Kūʻokoʻa"   
E kēia mau lā kauwela nani   
Nā pō lōʻihi lōʻihi   
I ke alana o ka pololi   
E komo i ka hulahula a puni   
o ka wai o ka wai   
Ma lalo o Tamarisk   
I kaʻaʻeʻana o kaʻakaʻaka   
e lawe i ka manaoio   
a e like me nā mea o kahi aliʻi   
wehe i luna   
Nui e like me nā'āpana   
Ke mālama nei nā mea paʻa   
ʻO nāʻulaʻula o ke koko o Carnene   
I ka manawaʻoiaʻiʻo   
ao i ke ao   
I ka wā i pau ai ka pae   
o kahi kuʻikahi Guitar   
E hoʻopili i kahi umbrella   
me ke kani ole   
ʻoe ʻoe me aʻu   
I ke anuanu   
e lele    
Ma ka lima kahi beret   
I kahi pulupulu o ka māmā   
ʻO Tel Artabacan ka haʻaheo   
Na ke ahi kahiko   
I ke kakahiaka   
ku i ka pa   
i hoʻolaʻaʻia i kāna kuleana   
I ke waena waena o nā aniani polū   
o serjeux   
A hana i ke aloha   
Ma ka'āina o Farani   
No ka hana mana   
ʻO ka poʻe hoʻomau   
Ke kamaaina Cidel   
he wawahi wai   
Ma ka wala i ka lālā oliv   
Ke noiʻoleʻia  
mama   
iʻole   
Ma ka mamao mai ka honua.      
 
1134

Ferdeperiste

Fildefériste de la voie étroite   
ma joie demeure   
petite boule de plumes   
au creux des mains   
les escaliers de la honte   
n'en finiront-ils pas
sous ce ciel de feu et de cendre   
de babéliser et se plaindre   
qu'après Pâques   
la longue année à construire   
comme fissure dans le mur de terre crue   
laissera paraître sourire en plein vent.      
 
Avec son ventre rebondi   
il se vautrait   
et ahanait de sueur et de grognements mêlés   
pendant qu'au paradis des horloges à balancier   
les soldats de la mauvaise heure   
étaient rendus aux familles   
à jamais écrasées de douleurs    
dans ces cercueils de bois blond   
telles boites à chaussures   
de photos ressorties en tremblant   
distribuant les souvenirs du temps d'avant   
hors le fléau des ordures de la guerre.      
 
A se mouvoir en silence   
à déplorer en pleurant   
la présence écrasée et perdue  
quand le petit faisait ses dents   
que les anciens frappaient en cadence   
leurs canes sans bout de caoutchouc   
sur les dalles d'ardoise   
sous le nez du bout de chou   
à la deux à la trois   
croix de bois croix de fer   
quand l'ennemi passera   
fermerons lumière et poste de radio.      
 
 ( Dessin de Jean-Claude Guerrero )


1042

He hale ma ke kula

De nuit comme de jour   
une énigme à deux sous
pour un cotylédon de Dieu
sortir les violons
sous la halle
à ranger dans les panières d'osier
les restes du festin.

Tout ça n'arrange pas les affaires
du marchand de grenouilles
alors que s'organisent sur la grand-place
maints ateliers démoniaques
des ateliers de démonstration
des ateliers de confession
n'empêchant point les démangeaisons.

De nuit comme de jour
à la merci d'un burn out
nous avons enfoui la tête
dans le sable des contingences
faisant jaillir une ribambelle d'enfants
vêtus de sacs de jute
auxquels manquaient les coutures de l'esprit.

Pleurez
et n'y revenez pas
les bruns et les noirs sortent des abattoirs
comme escargots après l'orage
à se faufiler au son de la flûte
bannières au vent
vers le grand raout des hamsters.

Terrez les âmes au fond des cimetières
et gardez-vous des brancardiers
à la sortie des urgences
montant la garde
aux portes de la cité
démarche vacillante sous la lumière des becs de gaz
que des papillons de nuit tentent de séduire.

Marchez droit
jusqu'au trou creusé la veille
pour à genoux une balle dans la nuque
évoquer cette dernière lune
où panser ses plaies
remuait avec tristesse
le souvenir des rires avant que la pluie cesse.

Rebellons-nous
soyons de poudre et d'estoc
les environnants de la cause
avant d'être renversé par un vent mauvais
nous les remueurs de fonte
que le feu des forges encanaille
avant la fermeture.

De nuit comme de jour
s'agissant de l'ennui
courons nous mettre à l'eau
pour barrière levée
de par le vaste monde
réinventer la petite maison dans la prairie
au coût énergétique énigmatique.


904

Sonnailles des drailles

Me suis épris de la clochette   
sonnailles sur les drailles de l'esprit
à contempler la fertilité
des rencontres
de ma vie d'écolier.

Revêtu du grand tablier noir
aux liserés rouges
j'ai foulé l'asphalte
aux marrons ronds
de la cour d'école.


Du Souffle incarné dans l'instant
d'une rive l'autre
j'ai frôlé l'aile charmante
des œuvres du printemps
à cueillir incidemment.

En retard d'une saison
à la fermeture vacancière
me suis trouvé contre la pierre
à écouter le turlutu des alouettes
comme parole principielle.


Ai tendu le nez
vers un ciel qui se tait
au milieu du sanglot des narcisses
où se fondent à l'horizon

les violons de l'esprit.


884



Kou mau lima hau

 

 Kou mau lima hau   
 ma ka hale lole lilac   
 hana i ke kapuahi o na pa   
 me ka leo uwe me ka malama ole.      
  
 ʻO ka minoʻaka i koe ma luna o ka poʻohiwi   
 me ka hamo ole   
 ʻO ka hoki a Cucugnan   
 a me ka uhane o na makua.      
  
 E wili i ka manao   
 papa o ka makahiki i hala   
 il est un atome du présent   
 pris au piège d'un carcan.      
       
 Se dandinent   
 sous le velours des lauzes   
 le prisme des accords vertébraux   
 des laudes délicates.      
  
 Au matin de juin   
 malin de bisous doux   
 avec toi sans que vienne la peur   
 sous la callune   
 un scarabée doré    
 lustré de nuits passées   
 s'est glissé en tendresse   
 sur ton palier de fils vierges.      
  
  
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Le puits, la cible et le siège

 
 
 Siffle dans l'air du temps    
 la volée de flèches    
 à l'horizon arqué    
 du triangle de nos amours.        
  
 Le puits maçonné est là    
 prélevant l'eau des profondeurs    
 dans le noir des tritons    
 aux mémoires enfouies.        
  
 La cible au demeurant    
 de ses couleurs arc-en-ciel    
 signe le cadre d'un haussement d'épaules    
 œil sur la mire.        
  
 Le siège de rotin tressé    
 attend le sage de ces lieux    
 devant le déroulé implacable    
 des à-propos d'un corps au repos.        
  
 De l'eau sur les pommelles    
 friction de l'érosion par la connaissance    
 embarque le penseur    
 au-delà des deniers de l'échange.        
  
 Dans le cœur de cible    
 le trait de radiance ira se ficher    
 empennage vibrant    
 au plein emploi de la sérénité.        
  
 Se glisseront en bord de mare    
 les animaux de la veille    
 chien, chat et lapins de garenne    
 dans l'insouciance des circonstances.        
  
 Accueillons sur la surface herbue    
 d'un printemps au sourire de Joconde    
 la graine de lumière triangulaire    
 du puits, de la cible et du siège.        
  
  
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Le pont des lumières

 

 Le pont des lumières 
 au bout du bout    
 en lisière 
 à la hune du prunier  
 laissait paraître le grand homme    
 ganté de noir    
 visage épais aux pommettes saillantes    
 un reflet    
 le chat descendant l'escalier de bois    
 à la remontée des vaisseaux vagabonds    
 hors des canaux dormants    
 il y avait place    
 sous la soupente pour le loup gris    
 en retour de forêt    
 fragile et tremblant    
 d'une pluie fine persistante    
 alors que sur la table blonde    
 à découper les légumes en petits carrés    
 sans que le couteau ne frappe la planche    
 nous étions ombres projetées    
 sur les murs de la caverne    
 prêtes
 à se jeter dans le fleuve    
 calmes    
 à se remémorer les fleurs éparpillées    
 et flottant à la dérive    
 ses grands yeux verts    
 son ronronnement    
 énonçant les formules d'accès    
 sous le dais bleu    
 en juste affectation du rite    
 les cinq doigts posés sur la rambarde    
 e noonoo    
 la frise en bordure du quai    
 auguste démarche    
 pieds nus sur la terre battue    
 accompagnant le caravansérail    
 prêt à franchir    
 les portes de la ville    
 sans que l'enfant paraisse    
 alors que le soleil frisait les nuages    
 bien loin vers les montagnes    
 manawa    
 du roc amer et des fruits murs    
 que la vigueur des chevaux    
 les faisait se cabrer devant les chiens     
 en souvenance d'autres départs    
 la rose des sables ignorée    
 sur la piste des augures    
 à suivre le vol des vautours    
 au dessus du jardin    
 les sandales bridées serrées    
 dans les flaques d'eau de l'abreuvoir    
 que le vacillement de la flamme des lanternes    
 dansant d'une main l'autre    
 irisait     
 sans que le scarabée tombé sur le dos ne s'émeuve    
 et que des sons gutturaux    
 effarouchaient les oiseaux    
 à peine éveillés dans la froidure de cette aube    
 où l'horizon fermé par une brume    
 waiho ʻia e noʻonoʻo i nā pūʻulu ʻino    
 mai kela aku o ka waoakua    
 a e luku ana i na mea a pau ma ko lakou ala    
 a hiki i ka hookahuli ana i na hale    
 ma mua o nā maka hauʻoli o nā helehelena puʻupuʻu    
 i noonoo ai   
 me ke kanaka ole i ka pale ili    
 mai ke kikowaena o ke kahua    
 mai hoolei i na moa    
 pehu me nā leo o ka rusticity huhū    
 ka mea i loko o ke kahua i piha i ka hulu a me ka lepo    
 ua komo i kekahi mau kulu koko    
 e kulu ana ma o a maanei    
 malalo o ka pahu pahu    
 e piʻi nui ana    
 ma na palena o na hale    
 e pehu    
 e imi wikiwiki ana     
 ka palapala pololei    
 e komo i ka hatching    
 hauʻoli o kēia manawa    
 uhi kaulahao    
 no ka hiamoe hope    
 e hiki mai ana ka la e hui ai    
 mamua o ka pio ana o ke ahi    
 log ma hope o ka log    
 et que le mariage consenti    
 en fin de contrat    
 aux formes dépouillées    
 n'offre la clameur des grandes orgues    
 sous les voûtes vibrantes    
  jusqu'au tréfonds de l'univers    
 flammes orchestrées    
 sans linceul apparent    
 aux pleurs mêlés    
 dans le cercle de craie circassien     
 où réunis pour l'offrande    
 convertir le sel en rosée    
 histoire de faire sécher    
 le trousseau des anciens     
 une fois l'an à la Saint Jean    
 sur le pré communal    
 sans que chemise ne manque    
 en apnée hors du gouffre    
 sous la risée des lazzis    
 mélodie crissante des criquets    
 distillée pas à pas      
 à la remontée du pont des grâces    
 arche après arche    
 quand les lumières s'éprennent des rêves    
 bannières des prières déchirées par la souffrance    
 et claquant au vent de l'unisson     
 pour porter éveil au peuple des humains    
 devant le jour qui point.        
  
  
  ( détail d'une sculpture de Martine Cuenat )
 693 

Mirabelles à l’index

 

 Mirabelles à l'index    
 perles en attente    
 de qui se courbera    
 dans l'ombre d'une vision    
 sans que l'encre paraisse    
 sur la missive jointe    
 à l'épaisseur du verbe.        
  
 La vie    
 pleine de l'emploi de soi    
 dans l'accueil    
 bouche cousue    
 d'un cœur contemplatif    
 illustrissime écho    
 des sabots du mouflon    
 sur le pierrier de la montagne.        
  
 Dans cette Trinité    
 se joignent    
 les visages des enfants    
 croquant la peinture des icônes    
 les semelles universelles    
 des marcheurs du vent    
 et l'épaulette à fougères    
 du galimatias des conversations.        
  


  ( kiʻi kiʻi na Martine Cuenat )
                                                                            692 

Hiki ke maʻalahi o ka manawa

 

Hiki ke maʻalahi o ka manawa
neige advenue
dans le jardin aux légumes
que l'humide amollit.

Les violons sont rangés
les feuilles tombées et ramassées
pour un chat ne s'aventurant plus
sur la froidure des dalles.

En vigilance des uns pour les autres
nous avons appliqué nos mains
sur le tronc rugueux du sapin
fraternité interrègne oblige.

le Verseau du vitrail
verse en ses deux rives
la vie et l'amour
les hôtes de ces lieux.

Ce rien qui fait la manche
sous la frondaison des grands arbres
ourle l'humanité
d'une montée ascensionnée.

Pensons
avec la chair de notre monde
aux illuminations à venir
dans notre pays de science.

Faisons pleuvoir sans cesse
au fond de nos cœurs
pour que règne l'amour
jusqu'à la fin des jours.

Nous réunissant en harmonie
soyons le pain et le vin
des actes de notre vie
tournés vers le "prendre soin".

Du règne minéral
extrayons la liberté et l'énergie
pour qu'au feu par friction
se mêle le solaire de l'âme humaine.

Soyons l'intelligence immémorialle
de la totalité des plantes
pour que le règne végétal
tourne l'œil du cœur vers le soleil.

Etant en quête de lucidité
entraînons chiens et chats
à orienter les cinq sens
vers l'instinct et l'émotion .

Hommes et femmes de bien
dans les temps à venir
soyons l'être nouveau
dans un parfum de co-gérance des règnes.

( kiʻi kiʻi na Martine Cuenat )

691

ʻAiʻo corona

 

Hiki a me ka minoʻaka
ka poepoe puaa
squishy
komo iloko o na hale
kino a me ka walaau.

ʻO ka peni Quill a me ka spell
e hooko ana i kona makemake
o na ino he umi o Aigupita
ka nānā ʻana ma o ka bronchiole
ina ua lawe ka hupa.

Polyglot i kona auwana ana
ua komo ʻo ia ma ke kamaʻilio ʻana
i na kihi eha o ke Ao
hāʻawi iā ia iho me he mea lā e hele ana
ʻAi a hoʻomaha me ke akamai.

Ma waho o ka puʻupuʻu
telle un soldat dès l'aube
hele ʻo ia ma nā ʻaoʻao
paipai i ka mea kuai kiekie loa
ka eha o ka mea ole.

Lahi o ka haunaele
kaumaha maikaʻi ke kumu kūʻai maikaʻi
he koa
ma ka puka o ka mea nui
e like me ka poe hoomaloka.

he aloha
i kona makemake e hoololi
e wiliwili i ka manao hewa
chauve souris en goguette
en sortie de taverne.

E moe ma mua o hoʻokahi
kanaka e hoʻokomo i ko lākou ala
e oki i kekahi mau oki
hiki ke hoololiia
o keia hydra o na wa ino.

Mai hookokoke mai
mai hoolei i ka pukaaniani
nā bipi kahiko
o ko kakou mau hoomanao poina ole
soyez de marbre hivernal.

No ka leo nui
e hoopau i ka pepeiaohao o kou makemake
au cri de guerre des Iroquois
hookahi a elua
e lawe ʻia ka mistigris.

ʻO ka peni Quill a me ka spell
ua māmā mākou i waho
o keia pilikia o ka noho kanemake ana
e noi mai i ka mea e pili ana
ka mea aloha mau loa me nā ʻēheu keʻokeʻo.


( kiʻi kiʻi na Martine Cuenat )

690