IiNdawo zoLondolozo lweeNkcukacha eziBalulekileyo: EyeKhala 2013

Tradition et révolution

   Kukho izithethe zabantu ezithanda ukudodobala kwaye guqula. Zezo zincamathela kwizinto kunye namaxabiso athi ixesha litshatyalaliswe ngokungenalusini. Zinxulunyaniswa nezinto ezinokubakho kunye impahla – Izithethe, iindlela, izimbo, izimo zengqondo – etshintsha ngokuqinisekileyo ixesha kwaye endaweni yezinye .

Naye unguye izithethe ezinjengokuphefumla komzimba, ukuba ubomi obutsha ukuthintela ukuzinza. Bazolile kwaye baluvukelo olunoxolo ngokuchasene ne ufile .

Ezi zithethe ukuhlala uphila kufuneka kube yinguqu. Baya kuhlala bekhona ngenxa yokuba bayala izithethe kunye neenqobo ezicingwa ngabantu lizibandakanya nenzondelelo .

Kwabo bathe ukuthanda imali, ulonwabo, iimbeko, amandla, esi sisithethe siphilayo isixelela ukuba sibone elinye icala lezinto, ukufuna intsingiselo yokwenyani yethu ubomi, uxolo lwengqondo .

Les révolutions lorsqu’elles ne sont que politiques transforment les choses en apparence. Elles s’effectuent dans la violence. amandla atshintsha izandla, mais quand la fumée se dissipe et qu’on a enterré les morts, imeko iyafana nangaphambili. Une minorité d’hommes forts arrivent au pouvoir et font disparaître les opposants, ngeenjongo zomntu. Ukubawa, inkohlakalo, uburheletya, umnqweno, ukubawa kunye nohanahaniso ziyafana nangaphambili .

Umanyano lwe isithethe esiphilayo kunye nenguquko yoluntu inokumisela indlela a ubukho obukhoyo obunentlonipho kwibhalansi eethe-ethe neguqukayo lonke iqela labantu lifuna. Olu manyano alunakuvalwa imigaqo yakudala ekuvunyelwene ngayo, okanye ivuleleke kubo bonke abantu banamhlanje. Yena kufuneka ikwenze ufune ukukhula, kufuneka ulambe umoya weqela Ukuwela umphezulu wamagama kuya kufuneka kudlulele ngaphaya koko kuchazwa ngamagama. iimfihlelo, ngokuba ngokuthobeka kokuthula, ubulolo ngokwasengqondweni kunye a intlupheko ethile yangaphakathi ukudibanisa nomnqweno – Injini yomntu imeko yomntu nesilwanyana -, umfutho we-intuition eyodwa, kwinyaniso eyodwa into esinayo nzulu ngaphakathi kuthi kwaye siyazi ngamaxesha athile, ngamaxesha athile .

Kweli nqanaba lokuqonda le meko yomntu kwintshukumo, phakathi kwesithethe nenguquko, ukuvela kubunzulu bengqondo kunye nomphefumlo, iimpawu ze-lucidity kunye ne-intuition, udibana namava obukho kubudlelwane obuyimfuneko bonxibelelwano lwale nkqubo yophando ebandakanyekayo namadoda athanda okulungileyo, kubo bonke abantu ekwenziweni ukuba .

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inzondo yongamela

Elle rassemble des êtres qui n’ont rien de commun les uns avec les autres, des êtres qui sont dans l’impossibilité de se fuir eux-mêmes ou de fuir les autres .

Forcés de rester ensemble, les hommes et les femmes de la haine brûlent sur place tout en essayant de se repousser mutuellement. Ce qu’ils exècrent le plus est moins ce qu’ils voient chez autrui que la haine qu’ils sentent que les autres éprouvent pour ce qu’ils voient en eux. C’est ce que les autres leurs renvoient de leur propre image et de leurs faits et gestes qui les fait se complaire dans la haine. Ils reconnaissent chez leurs frères et soeurs ce qu’ils détestent en eux. L’égoïsme, la jalousie, l’impuissance, la terreur, le désespoir, la haine, c’est le mal .

Ce n’est pas le mal qui est une entité négative, mais plutôt l’absence d’une perfection qui devrait être. Le mal est ennuyeux parce qu’il est l’absence d’une chose qui pourrait nous intéresser corps et âme, et intellect .

Ce qui peut nous attirer dans les actes pervers, ce n’est pas le mal, mais le bien qui s’y trouve, un bien vu sous un faux aspect, dans une perspective déformée. Un bien qu’on aperçoit comme un miroir aux alouettes, qui nous fait tendre la main, mais qui n’est qu’un appât dans un piège. Et quand le piège se referme, il ne reste que le dégoût, l’ennui ou la haine .

Les gens de la haine vivent dans un monde plein de trahisons, d’illusions, de manipulations, de mensonges et d’ennui. Et lorsqu’ils essayent de noyer cet ennui par le bruit, l’agitation et la violence, ils deviennent encore davantage ennuyeux. Ce sont des fléaux pour le monde et la société .

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ingqibelelo nokuthobeka

 Ingqibelelo kukuba ube nguwe. Asikokukholelwa ukuba kufuneka ube ngomnye umntu .

Ayinakusetyenziswa ingqondo nomzimba wakhe kwishishini eliphambeneyo lokuphila amava omnye, ukubhala imibongo okanye ukuphila ngokwasemoyeni enye. Amaxesha amaninzi amadoda ayakhawuleza ukuzinika ukubaluleka bexelisa impumelelo, ngokuba bonqena ukucinga ngcono. Bafuna impumelelo ekhawulezileyo kwaye bangxamele ukuba bangathathi ixesha lokuba ngokwabo .

Ingqibelelo uhlala kunye nokuthobeka. Kwindoda ethobeke ngokwenene, isimilo ukuba, amasiko nemikhwa yabantu ayingomcimbi ungquzulwano. Ukuthobeka akuthethi ukuzama ukwahluka, ngokungathi thina wayesazi ngcono kunaye nabani na into esiyiyo kunye nento esimele ukuba yiyo .

Njani singaba ngokwethu ukuba siphila ubomi bomnye ? Kwaye kuthatha isibindi sokuba nguwe nje, ngokuhambelana nekamva lethu. Kwakhona ixhala esinokuba nalo ekugcineni ulungelelwano lwethu, ukunyaniseka, kwiimeko ezinzima, ukuqhubeka ukuba nguwe ngaphandle kobungqwabalala, ngaphandle sinyanzelise ubuntu bethu bobuxoki kubuntu bobuxoki babanye, UCanzibe sifundise ukuba sithobeke ngokunzulu .

Enye ye Iimpawu zomntu othobekileyo kukuba abanye abazi ukuba bacinge ntoni ukusuka kuye . Bayazibuza ukuba uyaphambana okanye unebhongo .

Ukuthobeka kunesithukuthezi njengodade, leyo yezithuba ezingenasiphelo apho yonke into eyenzekayo, kwanokuhlehliswa kwezinto ezithethiweyo nekuthi ngayo yonke into ibe negalelo, ekufikeni nasekuhambeni kweemeko zengqondo, ngomoya wethuku , iinkanuko ezidilikayo nezimanga zomfanekiso wakhe .

Ingqibelelo ku usisi Athena, ibhongo lokuba yindoda/ibhinqa elimile, ukubamba ibha, ukuba nkqo, ukulungele ukujamelana nobunzima, kwi-commiseration-reflex, ukuya ukuthandabuza kunye nokuzikhukhumalisa .

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umtshato wegcisa kunye nomsebenzi wobugcisa

   Les œuvres d’art sont des électrochocs qui nous obligent à percevoir l’absolu. Elles nous interrogent sur nos endormissements en nous obligeant à l’interrogation .

Le visible convoque l’artiste à s’étonner de ce qu’il voit et pressant. La matière révèle ses secrets et le contact se produit entre l’âme patiente, observatrice et agissante de l’artiste et la matière qui s’apprivoise en se laissant façonner . L’artiste pénètre le visible, le sensible, le réel. Il les fait sien par la vie qu’il leur donne sans en faire des objets. Il ne reste pas prisonnier des apparences, des résistances et des habitudes de la pensée mentale. Il préserve l’aptitude à l’émerveillement face au réel en percevant en permanence la faille séparant le monde naturel et authentique de la matière chosifiée . Et derrière l’apparence de la création il perçoit le mystère de l’ordre caché. Il élève la science de l’art au niveau des qualités de l’esprit pur. Le feu d’artifice de son inspiration crée le moment poétique, contemplation innocente d’au-delà des certitudes connues tout autant qu’engagement sur le chemin de l’émerveillement .

L’admirateur, le disciple, par contagion intuitive, saisit l’interaction entre l’humain et l’environnement, entre l’humain et l’univers .

L’artiste par une double observation de son intériorité et de l’environnement fait surgir la forme poétique éternellement renouvelée. Il y a dialogue imprévu, improbable, entre le créateur, homme animal-humain de chair et de sensations mêlées et la matière. L’artiste devient, le temps d’une plongée en la lumière de l’altérité du monde, le serviteur de ce qui le prolonge, de ce qui le submerge tout autant que de ce qui le glorifie. Il se retrouve être la mémoire universelle, union impensable de l’absolu et de sa manifestation. Une cristallisation de l’événement amène le jaillissement d’une vérité enfouie, visible en cet instant où l’aube de ce qui s’advient est au coeur de son mystère, comme un rendez-vous caché qui sous-tend l’apparence de la création . Poursuivant sa quête, la curiosité et la sensibilité de l’artiste le guident vers la perception et l’intuition de la structure invisible des choses .

Et la matière s’ouvre telle une rose en été devant l’âme agissante, patiente et contemplative de l’artiste. La matière s’apprivoise, elle se fait accueillante et se laisse façonner. L’homme animal-humain, dans une nouvelle intimité de lui-même s’efface pour laisser place à l'Humain”, à une dimension universelle où le beau s’exprime et existe. L’artiste est alors un. Il est instrument d’une énergie nouvelle et pleinement lui-même. Il révèle la nature humaine . L’artiste par son geste de création se vit. Il reçoit et est vécu. Il est mouvement du mouvement avant d’être une chose ou quelqu’un. Il aime. Il est intensément la diversité, la dualité et la multiplicité. Il est grain de poussière attentif aux bouleversements incessants de l’ordre universel. Il est le marié des nombreux mariages qui l’attendent au bout du bout du couloir d’ombre et de lumière de son parcours obligé .

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Quelque chose d’avant le temps

 De tant et tant d'efforts
à la mesure des sollicitations
pour garder la tête hors de l'eau
et être en ressemblance avec le visible
sans être fermé à l'invisible .

De tant et tant d'efforts
à élever la viridité
sur le pavois de nos intentions
alors que sans puissance effective
l'amour sensible fait figure de désaffection .

De tant et tant d'efforts
à se mouvoir dans ce corridor
à distinguer le bien du mal
afin de réellement voir où l'on va .

De tant et tant d'efforts
à traverser
les gués du torrent de l'illusion
sans distinguer l'origine de cette poussière d'étoiles
où être hommes et femmes liges .

De tant et tant d'efforts
à se prévaloir d'un soleil éternel
alors que les confins de notre entendement
sont scarifiés sur les autels
du mutisme et de la surdité .

De tant et tant d'efforts
passés à attendre que la pluie s'arrête de tomber
alors qu'elle est partie prenante de la fructification .

De tant et tant d'efforts
à considérer le fin du fin de notre parcours de vie
comme étant le bonheur
alors que nous sommes éternellement en marche .

De tant et tant d'efforts
à accepter que le soleil se couche
avant que les blés ne mûrissent
implorant
en quête de moisson
le retour de la faux du père .


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se rejoindre soi-même

Il faut jeter par dessus bord
beaucoup de paresse, mais surtout beaucoup d’inhibition et d’incertitude pour
se rejoindre soi-même .

Pour toucher les autres à travers moi, je dois y voir plus clair et je dois m’accepter moi-même.

Depuis des années j’emmagasine,
j’accumule dans un grand réservoir, mais tout cela devrait bien
ressortir un jour, sinon j’aurai le sentiment d’avoir vécu pour rien, d’avoir
dépouillé l’humanité sans rien lui donner en retour .

Tous les problèmes
que je traverse et que je tente d’expliquer, me tourmente et appelle en moi
solution et formulation. Car ces problèmes ne sont pas seulement les miens,
mais ceux de beaucoup d’autres. Si à la fin de ma vie je trouve une forme à ce
qui est encore chaotique en moi, j’aurai peut-être rempli ma petite mission.

Tout cela me semble bien prétentieux.
Je me sens parfois comme une poubelle tant il y a de trouble,
de vanité, d’inachèvement, d’insuffisance en moi.

Mais corrélativement
il y a aussi une authentique sincérité et une volonté passionnée, presque
nécessaire, d’apporter un peu de netteté, de trouver l’harmonie entre le dedans et le dehors pour se rejoindre soi-même .

A la longue il se pourrait que je trouve la paix et la clarté.
Mais oui ! C’est maintenant, en ce lieu, en ce monde,
que je dois trouver la clarté, la paix et l’équilibre.

Je dois me replonger sans cesse dans la réalité, m’expliquer avec tout ce que je
rencontre sur mon chemin, accueillir le monde extérieur dans mon monde
intérieur et l’y nourriret inversement je dois continuer d’écouter au-dedans
de moi – , mais cela est terriblement difficile et c’est pourquoi j’ai ce
sentiment d’oppression au-dedans de moi .

C’est alors que je fermais les yeux. Ne plus penser.
Je traversais un moment de paix, d’accalmie.
Ma foi indéfectible en l’homme ne peut faire en sorte que je me dérobe. Une
perspective de cohérence m’appelle. J’ai si tendrement à faire que je ne puis
qu’assumer pleinement mon destin et employer mes talents à soulager les maux de mes frères et sœurs .

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par delà la frontière et le mal

La frontière entre le bien et le mal passe entre les deux rives de la rivière. Tout choix d’une rive plutôt que de l’autre ricoche et porte en lui son châtiment et son germe. Le châtiment maintient en enfer ; et le germe, cette force capable de fendre le roc, fissure le cœur. Aussi passons-nous notre vie à tergiverser sur une passerelle .

C’est le passage de l’une à l’autre rive qui reste pur mystère. Nous pourrions penser qu’il existe de chaque côté un abîme par lequel s’opère le passage à une autre dimension. Et peut-être la tentative d’échapper par tous les moyens à cette aspiration, à cette chute vertigineuse est-elle l’origine de nos pires souffrances .

Le refus acharné qu’oppose le connu à l’inconnu, le familier à l’inexploré, oblige le destin à user de violence envers nous .

Pour le foetus dans le ventre de sa mère, la fin du monde se nomme naissance. Nous appelons papillon l’anéantissement de la chenille. Toute vie est un drame cosmique qui ne finit, somme toute, pas si mal .

Passer le pont, c’est changer de nature. Voir autrement, c’est changer sa vision, c’est fissurer sa vision convenue des choses. Qu’il est douloureux de changer d’état. Cela nous fait cligner des yeux, avant de voir plus tard ces états se stabiliser .

Changer de bord brouille le regard que les autres me portent. Aussi de peur de passer pour dément, je me garde d’en parler à quiconque. Mais la vérité est à l’inverse, aussi suis-je sorti du monde qu’hallucine mon époque pour rejoindre une réalité sans temps et sans lieu. Et cette réalité est coulée de lumière, magma fluorecent qu’irisent toutes les nuances du plus sombre au plus lumineux. Et cette palette est piano des couleurs .

Et je l’ai vu comme je vois maintenant par la fenêtre éclater un été au zénith de sa majesté. J’ai vu que la matière n’était que lumière et vibration et Amour, pur Amour, Amour incommensurable .

Et je vois tous ces êtres humains aller quelque part alors qu’ils ne sont jamais partis de nulle part et n’arriveront en nul lieu où ils ne sont déja. Cette immense mise en scène sacrée et absurde me laisse à penser que les hommes sont des dieux quand, entre deux rêves, ils laissent leur regard vaguer sur le monde .

La leçon de cette métaphore de la passerelle entre deux rives est que la vie nous a été donnée, que nous nous devons de mettre le plus d’énergie possible à faire fructifier ce potentiel, le moins d’énergie possible à en souffrir et ne pas s’étonner quand ce qui semble être éternel clignote et disparaît .

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