Kategorija Arhīvi: gads 2024

Une pierre dans le jardin

Une pierre dans le jardin
Pour un tout pour un rien.

À la patience il y a résonnance
De s’attrister de rayonner.

Nuages et pluies
Brumes et nuages
Ont accompagné le cortège
À l’entrée du goulet
Au son des voix
Que la mission
En lamentations
Ramène à la maison.

Point de fil rouge
Par les portes entrebâillées
S’élèvent les musiques célestes
Toutes assurées
Déchirées même
S’efforçant alors
De faire rien
De la non-attente.

Large est la baie
Disposant à l’horizon
Du double royaume
Des anges et du vent
Rejoints par la parole
Faisant briller les cristaux
De la source même
Où lire et relire la signification des mots.

Ô vertige
Du chant de la pierre
Le bouquet de couleurs avancé
Ouvre les rochers de la profondeur
Des immémoriaux battements de cœur
Faisant nature
De la paume ouverte
Sur le vide médian.

De contact il n’est
Que le destin qui en découle.

Surgissent les tendres souvenirs
De la baie des martyrs.

Indélébile demeure de la nuit
Ruissèlement des visions
Au plus grand des promesses
Naît le souffle parturient
Que la nature présente
Fulgurances et pulsions humaines
Évacuées à larges coups de brosse
Au toucher clair de l’aube.

D’ondes et de particules associées
L’impermanence extrême recueille les effets.

Donner à découvrir l’ossature du réel
Rendent les larmes suffocantes et rebelles.

1539


L’écoute en vérité

Aux tubulures de l’orgue
J’ai joint le bouquet de printemps
Un sentiment de joie pénétrant le cœur
Du vase verser la liqueur
Avant dégrisement.

Marcher sur la terre desséchée
Etreinte puis détente
Avant d’arriver à la barrière
Menues inclinations à ce qui est
Vivant comme légende.

Éliminer les souillures
Modeler jusqu’à l’ambre
Les racines et les branches
Fait douter de la pureté
L’œil enjoignant le soleil.

La rouille avait été accumulée
Offusquant la clarté
Empêchant les images de réfléchir
L’âme face au vrai
Le miroir face à l’objet que l’on veut reproduire.

Elle avait alors dansé
Au proche de l’arbre
Communiant dans la forme
Avec le toboggan des eaux glacées
Visage sidéré devant la bascule.

Le soir
Le grand arbre nous recevait
Au dessus du vide
Expérience du vide intérieur et des émotions
L’écoute en vérité.


1538



C’est la vie qui est en jeu

Il arrive qu’elle s’écarte
Car c’est la vie qui est en jeu
Amoureusement neuve
Au goût d’une rivière
Où puiser force et lumière.

Un pas à oser
À soi-même
À présent
À chercher l’accostage du sérieux
Sur le pont des offrandes.

Elle est seule
En pause légère
À s’éblouir de nourriture
Par cette faim de chair et de sang
Au bouche-à-bouche du consentement.

Femme-énigme
Saisir l’insaisissable
Connaissance déchirée de la déchirure
Au tourment d’exister
Dans l’instabilité première de la marée.

Point de lien de sexe et de commerce
Juste le comblement d’un miroir
Ranimant l’invisible d’un visage
Estomac détraqué
Par les ailes de la maraude.

Part manquante détournée
Je l’ai cherchée du regard
Dans une halot de lumière
En retrait
D’un trait de plume à venir.


1537

Līdz dzīvībai līdz nāvei

Donner son sang
Dans la boue et le froid
Écarte les doigts de l’aube
Pour fracas des bombes et des missiles
Sur la terre des ancêtres
Occasionner mille morts
Devant les placards ouverts
De la bête demi-sauvage.

Là dans la tranchée
Point d’infini
Devant les yeux aux paupières lourdes
Juste un peu plus de nourriture et de vin
De casemate en casemate
À chercher la chaleur
Et protéger son fusil de l’humide
Comme un enfant dans les bras de sa mère.

Si quelques morceaux de papyrus
Dans une jarre de la Mer Morte
Ont été trouvés dans la grotte des bergers
Leurs fibres recèlent les signes
Lettres et chiffres
D’un passé de dévotions
Jointes au comptage des biens matériels
À la vie à la mort le compte est bon.

Entrelacés
Hommes et bêtes s’unissent
Aux portes de l’enfer
L’ultime enjoignant de se tenir debout
Dans la posture des adorateurs du rien
Notes de musique
Jouant une symphonie des mots
Pour le caillou saisi par une main gelée.

Griffée
Spoliée
La Beauté s’obscurcit
Sous les arbres éclatés par la mitraille
À mesure de la nuit et du jour
Égrenant le chapelet des pensées
À la face d’un monde
Béni par une goulée de vitriol.

À point nommé
Le sac vidé du sable des dunes
Arrêtera le flot des eaux de fonte
La mort alliée avec la vie
Le ciel dérobé par des étoiles noires
Le totem des poupées désirantes
Levé sur la terre bouleversée
D’une solitude retrouvée.


1536

Au devant de la scène

Croise les doigts et tais-toi
Toi le Prince
Car il y a contentement à la Cour
Ce soir de fraîche brume
La rencontre aura lieu.

De la solution
Il est à tirer un trait
Trait de plume trait de lune
À portée des vétérans des heures creuses
Les parturients du monde vivant.

Bleuet à la boutonnière
Il avait franchi le gué pieds nus
Sans que brise ne lève
Occupé à tenir le tilleul du Têt-Cho
Près de la croix du souvenir.

Elle était disposée
Je me suis approché
Et tout a commencé
Le tout dans l’élan le plus profond
Dans le calme des attentes disposées.

J’ai soulevé l’écorce
Pour toucher le lignage
Le balancement d’un cœur qui bat
Pleinement
Sans hâte ni retenue.

Douce chaleur
Et pointe dure
Avec pour réponse la paume et les doigts
Sur le déclencheur des origines
La vie était là.

Souffle et mots
S’encastraient dans les mémoires
Disposées à révéler le passé
D’un présent ignorant l’avenir
Sous les frissons de la ramure.

Au plus près des mousses envolées
Sur le dos elle a soulevé ses basses branches
Pour donner à voir
À offrir
À saisir.

Pas de filet de protection
La pomme était gonflée
La fente ombrée
L’entrée suggérée
Dans l’embrasement des yeux du paon.

Ventre à terre
Je courrai au mystère
De lui dire « bonjour »
Doucement
Comme baiser sur bouton de rose.

Puis je vins
Au profond des entrailles
Tel requin dans l’aquarium
En 3 D
Accomplir la fonction.

Cela dura un peu
Mais pas trop
Elle se défie de l’étreinte
Pour écrire
Le texte des pressentiments de la matière.

La tâche était ailleurs
Au montage de l’amplificateur
Duquel le chef m’avait sommé
Mille et une pièces à réassembler
Au vertige des doigts instantanément disposés.

Un énorme transformateur barrait l’horizon
Grésillant à faire sourdre
Les tensions adéquates
De l’engin des conquêtes
De sons et de lumières paré.

Ils étaient alignés en rang d’oignon
Les quinze ou vingt jeunes hommes
De taille moyenne le cheveu brun
Se dandinant d’une jambe l’autre
Sur le devant de la scène.




1535



Le Solitaire

Petits points blancs
Elle attend
Rue du Chemin Vert
Dans la Ford Vedette
La voiture du père.

Trainant sa tranche de vie
Cette voix de bois noué
Fait poussière sèche
Au sens commun
D’un murmure de misère.

La pourpre humide de l’alexandrin
À la fin du marché plie un dernier tréteau
Aux images fusant inexorablement
Des phrases courtes comme jolies fraises des bois.

Ombre et lumière
Cherchent la petite heure
Où manuscrit bouclé
Jeter la vie brève et folle
Par-dessus la rigole.

Un sanglier se déploie
Sanglé d’hier et d’aujourd’hui
Fourchette restée suspendue
Au dessus de l’abîme
Sur son péristyle le Solitaire.


1534


Evan

Ouvrons les vannes du paradis
Au coquelet épanoui
Dont les yeux noirs provoquent la rencontre
Écriture aveuglante aux genêts d’or
Evan est de retour.

De haute couture
L’enfant délicat nous voit
Touffe silencieuse
La vérité est électrique
Pour le petit consul de Pouzol.

Mélange d’âme et de chair
La multiplication des cabanes
L’affranchisse de toute pesanteur
Devant les moineaux
Dispersé par un jet de pierres.

La vie dévidée comme cocon de soie
L’enserre à Obiwan
Point de convergence avec les trois poules
La grise, la rousse et la blanche
Offrande des œufs à l’omelette.

Le ballon lui glisse entre les pieds
À Saint-Eloy les mines sont fermées
Le foot de bonne santé les a remplacées
Pour les copains dans la mire
Shooter ferme.

Cohabite dans le cœur du narrateur
Le secret des tritons
D’une fontaine l’autre
Augurant la passation du témoin
Dans la maison des roches.

1533

Terre et ciel d’Auvergne

Terre et ciel d’Auvergne
À l’arbre candélabre associé
Le chemin au dos rond
Partage d’herbage et mottes rondes.

Souvenir du gazogène
Dans le salon de Mère-grand
Figure jaunie d’un mariage passé
Sur la paroi de guingois.

À la une
La lune écrase les nuages
Dernière cabriole
Avant que ceux-ci ne la croque.

Fissure serpentifère
Sur le mur de pierres sèches
Les volailles de Louhans
Caquettent à hue à dia.

Repère de famille
De tout ce tintouin
Le paradis des jours heureux
Parade du bleuet au veston.

Trois pas plus loin
Le refus fût net et précis
Ne jamais contester l’ordre
Sinon le fouet calmera les ardeurs.

Le démiurge au fer rouge
Ronge l’héroïne
Sans se préoccuper du rêve effiloché
Au long d’une nuit lascive.

La vapeur est de mise
Pour ce trublion des heures claires
Puisant l’or noir du tandem
Vers la gueule de la bête.

Devenue plante
La tête en bas les racines vers le haut
Elle recueillait en sortie de chaîne
Le ruban de passementerie.

Orbite kafkaïenne des éléments de la rencontre
Sur fond du tissu de Vichy
La métamorphose des insectes
Faisait vibrer les élytres du temps.

Miroton et Dondaine
Parurent chargées d’effroi
Devant la missive de conscription
Annonçant la Grand Guerre.

Les laitues s’envolèrent
La carotte mit son loup noir
Le reginglot coula à flot
Devant le plat de côtes de la comédie.


1532

Vaguelette supérette

Vaguelette supérette
En regard des radars
Naît cuillère d’argent
Le marteau-pilon
Des mots sourds
Grandi à l’ombre du paradis
Qu’un filet d’éloges applaudi
À la barbe d’un Dieu.

Soyons le buisson ardent
Le cloître à l’ombre des cyprès
La louange en camisole mentale
Prompte au gardiennage
Qu’une ligne de défense illumine
Par temps de pluie
Quand conque au gré des vagues
Veille l’océan de silence.

Mon bonnet est l’alpha
L’oméga est le reste
Sans quoi la parole
Héritage de la scène officielle
Chante à dégorger les égouts
Au diable vauvert
Comme mains dans les poches
Attendre le prochain tram.

Siffler sa joie
Danser comme gitane
Organiser le haut-conseil du rouge-gorge
Le long des chemins vicinaux
Rassemble les éclats de rire de l’enfance
Autour de la marelle
Dans une rue vide
À rendre le septième ciel indicible.

Ruse des chiffres et des lettres
En ordre dispersé
Descendre le rideau de fer
Apte à l’enfant-soldat
Errer dans l’enfer de notre condition humaine
Jusqu’à tremblement de terre
Grandi en un instant
Au son du tambour en fer blanc.

Alors le ruisseau sort du lit
Part manquante du récit
À la gorge cadenassée
Jetant tête en arrière
Le huitième jour de la semaine
Aux pieds d'une Vierge des douleurs
Écho magnanime
Du grand fou-rire de la rime.


1531

Que la montagne est belle

La vie c’est comme un silence nouveau
Le mot est faible
La vie
Elle m’attend
Elle est là disponible
Elle s’advient
La vie aimante et solitaire
La vie qui donne envie
La vie dérisoire et sublime
La vie c’est la poésie.

Je songe donc je suis
Un peu d’encre dans la marge
Un buvard gardant la trace
Un murmure qui dit vrai
Un faiseur de rêves
Un noyau d’ombre où se dire
Un tour de main dans le pétrin
Le précieux du temps venu
La harpe sortie pour l’occasion
La pluie qui tombe du toit.

Le prince du silence
Le miracle dès l’aube
Ce qui se donne, nu
L’offre de bon aloi
L’évènement rare
L’envie de rire et de pleurer
La lettre du bout du monde
Une suite à donner aux mots
Écrire comme on se tait
Le saute-ruisseau des heures perdues.

Que la montagne est belle
Que les vaches décrivent l’alpage
De gauche à droite sur la page
Au son des clarines
Cherchant la phrase
Pour en faire sa maison
Paupières closes
À usage coutumier
Le geste de l’élan vital
Unique geste scriptural.

1530