M

M...   
De toutes ses forces   
Cet enfant perdu   
En fin de saga   
Que perfusent   
Les accrocs du quotidien.      
 
M...   
De mars en avril   
L'enchantement simple   
Des corolles s'ouvrant   
Au portail   
De l'amour en beauté et vérité.      
 
M...   
En cette époque d'incertitude 
Attention donnée  
Au contact physique   
Au silence stratégique   
De l'émergence de la vraie vie.      
 
M...   
De tout   
En l'instant   
Le label des contrefaçons   
S'éteignant pour toujours   
Quant passent les cigognes.      
 
M...   
De lenteur feinte   
A l'orée de la pâture   
Les chevaux du passé   
Défiant le barbelé   
De grognements inouïs.      
 
M...   
Écrire la nuit   
Des mots de brume   
Soulignés au papier crayon   
Part manquante   
Éloignée du bouffon au bâton.     
 
M...   
La page blanche   
D'un clin d'œil   
Enjouée au chant des lumières   
Comme un sou neuf   
Au matin des comédiens.      
 
M...   
De l'indicible
Faire du fer   
De la relance en trahison   
L'objet indésirable   
D'une nostalgie du sacré.      
 
M...   
Le sourire du père   
Appel d'une plaie essentielle   
Colmatée au plus fort du scandale   
Alors que se fanent   
Les fleurs de magnolia.      
  
M...   
Le besoin d'avoir des ailes   
Paroles en miracles   
Vers ce qui est permis   
Hors les terres glacées   
De la gangrène autoritaire.      
 
M...   
Les pierres   
Aux graphies mystérieuses   
En bord de fenêtre   
Quand piaillent les hirondelles   
En rupture d'ignorance.      
 
M...   
La liberté   
Du travail des hommes libres   
Sans misère sans se courber   
Éloignant les incantations   
Des manipulateurs de la peine marine.      
 
M...   
Le père et la mère   
La mer et la montagne   
Au gré du partage des océans   
Quand le déploiement de l'âme   
Fait sien la parure de l'esprit.      
 
 
1033


Au Paradis

Au Paradis
Il y a de la bonne presse   
Avec des livres en papier   
Et des bonbons de porcelaine   
Pour plus de béatitudes encore 
Que de simples écritures   
Et tout ça à la barbe de Dieu   
Ce Convenu.      
 
Moi j'aime les buissons ardents   
Et puis les corons autour des haut-fourneaux   
Aussi quant à Micheville   
Les rails s'entrechoquent   
Cela me conte la mine et l'usine   
Et leur musculeuse ardeur   
A écrire en lettres pourpres   
La sueur et la souffrance.      
 
Votre écriture n'est pas la mienne   
Je compte les bouses en fin de foire   
Solitaire parmi les prisons de fer   
Pour aller quérir le Petit Prince Poète   
Derrière les jupons de la ruse féminine   
Qu'il convient de circonvenir   
En substitution de l'attraction terrestre
Vers davantage de réalité.   
    
J'ai monté les escaliers de la butte   
Puis descendu aux catacombes   
A déguster des alcools forts   
Le huitième jour de la semaine   
En tapant comme un sourd   
Sur le tambour en fer blanc   
Au milieu du cuir et du plomb   
De mes amis de l'ombre.      
 
Les mots   
Des cris d'enfant   
L'estomac   
Une outre pleine de sentiments   
Le visage   
Criblé de tâches de rousseur   
A coups de détachements   
J'ai fait fi de la grande vie.
 
La marelle a fait place
Aux chemins vicinaux
Esméralda m'appelle
Par le chas de l'aiguille
Pour que j'aille siffloter
Un air de la Renaissance
Sous les étoiles
Du berger de mon cœur.
 
 
1032

Matin crème

Matin crème   
D'un jour levant   
Aux merles à tue-tête   
Déclamant la lumière   
Toutes trilles offertes   
A la communauté des vivants.     
 
Nuit s'en va   
Par petites touches de brume   
De ci là   
Les arbres se soulèvent   
Leurs feuilles printanières   
Frissonnantes au vent coulis.      
 
Défilent les raides barres de fer   
Sur l'horizon noir   
Où vont les ombres   
A portée de cette ascension   
Vers le ciel des retrouvailles   
Nous faisant pèlerins des mariages à venir.      
 
Mêlons-nous   
De chair et d'esprit   
A la reconduction    
De ce que nos ancêtres furent   
Les passeurs de l'aventure   
Aux courbes d'une paix véritable.      
 
Marchons   
Êtres mellifères des attentions du destin   
Créatures fleurs   
Gorgées de soleil   
Recueillant les gouttes de nectar   
En vue des terres où grandir.      
 
 
1031

Parler de soi

Parler de soi   
Parler de son travail   
Est cadre absolu   
Devant l'amoncellement des connaissances.      
 
Désir de silence   
Immédiateté avec le monde   
Rend la rencontre farouche   
Même devant le miroir.      
 
Distance fatale   
A commenter la parole   
De l'autre à demeure du passé   
La raison est discrétion.      
 
L'arasement des montagnes   
Crée plaines de l'ennui   
Sous le joug brouillé de l'instinct   
A même l'air inhalé.      
 
Remontée de la souffrance   
De l'enfance le plus possible   
Aller droit à ce que compte   
De lacunaire cette rencontre.      
 
Le texte repris   
Sans que change le sens   
Dégrade le probable du travail   
Dans l'incertain du détour.      
 
A cause de ce que l'on vit   
Deviennent dures   
Les éclaircies d'un ressenti    
A laisser de côté.      
 
Il est bien en place   
Le poème et garde l'esprit   
De la recherche sur le mur   
Du reflet des lamentations.      
 
J'attends   
Dans un état de disponibilité certaine   
L'encanaillement des pignoles douces   
Sur le feu de la grâce.      
 
Du doute perle l'inespéré   
Et sais l'effacement de notre condition   
Devant l'immensité de l'ignorance   
Contre l'immédiateté.      
 
 
1029


Voyage en poésie

Ce qui se passe   
Pour que la poésie   
Soit si difficile à lire.      
 
Que ma main   
Soit celle d'un mendiant   
A la porte des églises.       
 
Échapper à la vie   
Est nécessaire au présent   
Du cœur des douleurs.      
 
Fixer son regard   
Sur les choses quotidiennes   
De l'écran ma princesse.      
 
Défragmenter les cimes   
A guetter le chamois   
Par les fenêtres de brume.      
 
A l'adolescence   
Ces moments de charge   
Dans la plénitude de la vérité.      
 
Avec exactitude   
L'effort de sens opère   
Dans la marmite des traductions.      
 
Après coup   
Suivre les traces crêpe la main   
Comme brûlures en destin.      
 
Frapper monnaie   
Sur l'émotion de l'écho   
Montre chemin de traverse.       
 
Là est notre état   
De rencontrer l'autre journée   
En gardant fraîcheur de l'instant.      
 
Promesse des autres   
Au sortir d'une guerre   
D'être des frères.      
 
Hors cendres de la nuit   
Pointer du doigt   
Toute lumière répandue à souhait.      
 
Sources des sources   
Sous le babil du chevreau   
Etre ce regard réticulé.      
 
Recueillir ces fragments   
Quand parler juste   
Impose sacrifice.        
 
Mélancolie   
A l'intérieur de la valise   
Convoque le tendre voyageur.      
 
 
1028

Tu étais là

Près de la barrière   
J'ai frissonné   
Et tu étais là   
Et je ne disais rien.      
 
Tu étais bien là   
Et pourtant tu semblais ne pas me voir   
Si tant qu'un pas de plus   
M'aurait précipité dans ta nuit.      
 
Je n'avais pas osé leur apprendre   
Aux heureux de ce monde   
Qu'il est des bonheurs bien supérieurs   
Plus vastes et plus raffinés.      
 
Que mon esprit crée   
Bien plus que la matière ne désire   
Et que mon âme    
Se couche dès légèreté requise.      
 
Saisir par les chevilles   
Le corps de mon amour   
Apporte à mes oreilles   
Le murmure de son plaisir.      
 
S'il te vient la vision   
Garde la sur ton sein   
Au plus profond de ta folie   
Que le sage ne peut atteindre.      
 
Le diable je le sens en moi   
Qu'il est doux d'être son obligé   
Quand s'échappe par la fenêtre   
La rose ébouriffée.      
 
Entre dans mes yeux   
Et me vois   
En provenance   
De ce que nous aurions pu être.      
 
Lourds d'ennuis et de chagrins   
Je butte contre les mottes du destin   
Heureux alors celui qui s'élance   
D'une aile vigoureuse vers un ciel d'airain.      
 
Cette terre aux émotions si belles   
Je ne sais l'expliquer   
Sans la porter pleines poignées   
A mes lèvres asséchées.      
 
Plus je me regarde   
Plus je retrouve l'enfance   
A jamais insufflée   
Par cet élan recommençant.      
 
Je prends, je malaxe   
A hue et à dia    
Le bien et le mal au court bouillon   
D'un temps compté.      
 
Es mīlu Tevi, tu m'aimes   
Et ce cri est sublime   
Tant il est absurde   
Dans le silence des sentiments.      
 
Les tenailles se fermeront   
Sur les entrailles des paroles figées   
Alors nous plongerons dans la ténèbre   
D'un été si court d'avoir été.      
 
( détail d'une œuvre de Frédérique Lemarchand )
 
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