Архив категориясы: Октябрь 2021

Ce mur de pierres sèches

Élevé à la va comme je te pousse   
contre les vents d'ouest   
nous refusâmes d'admettre cette prégnance   
et mal nous en pris.      
 
Ce mur de pierres sèches   
aux insectes fouisseurs destiné   
ne retenait de sa fonction première   
que le son des feuilles sèches   
le frictionnant avec délicatesse   
par nuit de pleine lune      
devant le cercle des poètes assemblés   
voix levées vers les nuages rapides   
pour que tombent les poussières d'étoiles   
sur la margelle des certitudes
raclant par le menu
quelques scories advenues.       
 
Mur aux mûres noires   
mur murmurant ton nom   
je m'épris de toi   
sur la plaque de marbre blond   
apposée en reflet de ton élévation   
aux mains jointes de l'Esprit   
baguenaudant au vol à voile   
des désirs de l'instant.           
 
 
895

Je t’aime

De la coque à la coquille   
il n'est que grenouille qui rit   
pour peu que passent les étoiles    
un matin de plein emploi de soi   
aux rives généreuses   
de notre allié le jour   
courbes douces avenantes   
à refléter cadenassée   
contre le corps soyeux  
de l'enfant malicieux   
la remontée des eaux de grande misère   
quand s'établit au suc du Maï   
l'erreur fondamentale   
sceptre tourné vers l'est   
en attente de l'arrivée   
des musiques mosaïques   
en pleins et en déliés   
équidistantes des ordres et désordres   
telles gracieuses étreintes   
sur le penchant cérémonieux   
d'avoir été   
épaule contre épaule   
avec le géant à la voix gutturale   
parure aux craquelures madrées   
d'un œil de traîne   
sous la carapace des nuages   
qu'un souffle disperse   
comme neige au soleil   
le temps de mettre bas   
le Prédestiné   
en agitant cloches et colifichets   
au nez des ensemenceurs du dimanche   
pioches et pelles appropriées   
devant l'épanchement de lave   
au havre des romances   
émises ad hominem   
en secours du passage furtif   
des reclus et recluses   
toutes voiles dehors   
à contempler le remplissage   
d'espaces vides de tendresse   
alors que sur terre   
arrimés aux permissivités   
le flasque des roues   
engendre le tintinnabulement   
des moqueries et autres mélodies   
effaçant par là les remords   
d'un revers de main   
et préparer la plage aux offrandes  
devant le tsunami des origines   
prompt à racler le fond des océans   
pour en mandorle   
proposer au profond du cosmos   
provenance inouïe   
d'une très petite voix de rien du tout   
qui vous dit dans un battement d'aile :   
" Je t'aime ".      
 
 
894

La lune lente

File la lune lente   
en son tournoiement   
de mer éclose   
aux effluves ensemencées   
de papillons   
que l'on gomme   
sur la joue de l'enfant   
gommettes festives   
à la nuit descendante   
aux abysses immenses   
dans le noir   
où nous atteindre   
nous les mariniers    
vestige des amples chaluts   
prompts à glacer   
de cinglantes fureurs   
l'émission des laves   
aux vibrations bruyantes   
pluie de lapilli
tombant un à un   
sur le tambour   
des yeux immenses   
rabattus sous la paupière   
de l'harmonie   
enfin recueillie   
seule et essentielle   
pour le retour du réel.      
 
 
893

Le jour qui vient

Me suis senti tout simple ce matin    
avec ces objets raisonnables   
posés sur la table.      
 
J'ai pincé la corde de la folie   
pour que dansent les filles et fils du Diable   
enclins à l'usure naturelle.      
 
M'en suis pris alors une   
sur la tronche rationnelle   
provoquant commotion et confusion.      
 
Ai-je bien pris la boussole   
pour ce vol de nuit   
où perdre les signes de l'Au-delà.      
 
De balises point   
juste quelques feux aux quatre coins   
pour éviter les autoroutes de la foi.      
 
Malgré les turbulences de la jalousie   
le moteur a continué de tourner   
en bout de piste.      
 
Pour planté dans le champ aux voix éternelles   
allumer le GPS intérieur   
déesse carénée du jour qui vient.      
 
 
892

Un nouveau départ

Partir   
entre les rails du pont   
par dessus les eaux profondes.      
 
Courir dans les rues grises   
et s'asseoir sur un banc   
à regarder les enfants.      
 
Tom Waits en catimini   
se rapprochant de l'esprit   
en libre circulation.      
 
Fermer le magasin   
rajuster le chapeau   
et les mains dans les poches presser le pas.      
 
Hommes de tous les temps   
paroles envolées   
pour que les choses sérieuses commencent.      
 
Silhouette déhanchée   
sur les galets de la rogne   
atteler la charrette des relations.      
 
Et avancer   
sans la moindre gêne   
vers la grille de départ d'un nouveau parcours.      
 
 
891


La Furée

M'en a-t-on dit de cette époque   
d'où famille éclatée   
les blessures saignent encore.    
 
A la Furée   
il y a de gros pavés   
jointurés par de la bouse.    
 
Quant il pleut   
l'eau s'accumule en bas de pente   
près du parc aux moutons.   
 
Le portrait de l'Ancêtre   
a été décroché depuis belle lurette   
quant le Maître est parti à Paris avec la bonne.      
 
Un temps mon aïeule a relevé le défit   
de mener la ferme   
avec Marius le commis et Jeanny.      
 
Les enfants sont pensionnaires   
à l'école des Frères   
un éternel hiver.      
 
Le veau est mort cette nuit   
écrasé par la Parise   
cette vache Aubrac sans lait.      
 
Papa a emporté les économies   
il ne nous donne plus de nouvelles   
et je ne sais où il sera enterré.      
 
Je pleure parfois   
dans mon lit sous la soupente   
et pense à mes sabots que je n'ai pas décrottés.      
 
Je serai là plus tard   
à écrire ce qui s'est passé   
tôt le matin en écoutant l'horloge à balancier.      
 
Ce sera comme avant et après   
aux riches heures d'un conte de fée   
aux allures de tragédie.      
 
Tracer la route des airs   
comme les oiseaux migrateurs   
ramène à la maison.      
 
Un peu plus bas à Féniers   
les cousins sont mieux lotis   
il y a de l'huile pour la lampe   
et du pain le matin   
quant les cloches sonnent     
dans les ruines de l'abbaye   
entourées d'un grillage   
pour que les rares touristes de passage   
ne prennent pas de pierres sur la tête.      
 
Au petit jour les oiseaux chantent   
pour que vite aller aux champs   
recueillir le silence.      
 
 
890

L’ami du chemin

Enfoui sous les feuilles d'automne   
se soulevant au vent venant  
irisé d'une lumière diaprée   
quand ciel et nuages se la jouent   
l'enfant du paradis   
surveille en dansant   
la marelle circassienne.      
 
Enfoui sous les feuilles d'automne   
un arum      
enveloppé d'un mucilage frais          
que des mains de caoutchouc   
révèlent par touches successives   
telles caresses à remonter le temps     
se pavane à merci du risque.          
 
Enfouie sous les feuilles d'automne   
la brume intronisait le mystère   
formant cocon   
d'où sortaient à mesure du Souffle  
mille flammèches   
consumant sur le tard   
la parole et l'oubli de l'Ami.      
 
Enfoui sous les feuilles d'automne   
affranchi de la gravité   
le temps presse au mur de l'Invisible   
ouvrant sur l'Infini   
alors que frappe à la porte   
l'Homme nouveau   
silhouette de lumière ombrée de cendres odorantes.      
 
 
889

La sourde oreille

Au démêlé des mèches blondes  
la voix sourdille   
tel papillon d'or.      
 
L'archet grimpe aux cintres   
des voilages robes de nuit   
qu'accompagne le frisson de la page que l'on tourne.      
 
À l'enfant du mystère révolu   
à l'étang aux douces ridules   
ces marques d'affection.       
 
Je veux enfin dire la vérité   
des femmes aux amples tabliers   
dont la main partage la clé du jour.      
 
Il y eut captation des élans   
dans la fissure d'un ciel de grâce   
augurant l'incartade majeure.      
 
La plus chuintée des adresses   
ne calmera pas le chant   
des innocences bafouées.      
 
Que faire    
en ces temps de déclivité de l'âme   
que de tordre l'horizon.      
 
De la lumière du sang des justes   
monte la plainte bleutée   
de la souffrance.      
 
Au froid de l'autre rive   
s'amoncellent les contacts   
du visible et de l'invisible   
aigle à deux têtes aux portes du Royaume   
montrant serres blanches   
en partance   
sans que la destination soit établie.      
 
 
888
 


Ma petite ma mignonnette

Ma petite ma mignonnette   
te conter ce qui m'arrive   
dans cette vie   
où poussant la poussette des enfants perdus   
j'entrevis les lourdeurs qui m'enserraient.      
 
A chaque secousse   
la vibration était plus forte   
pour que le double que je suis   
se dessaisisse des moulures de l'esprit   
bordurant les terres inconnues.      
 
Dans l'herbe haute de l'automne   
avant les froids qui gèleront les cynorhodons   
mes pas froissaient la prairie des amours   
où parachever cette quête ajourée d'imperfections   
sans que les feuilles du frêne frémissent.      
 
Les cloches sonnaient   
les pas se pressaient sous le porche   
ce lieu des épreuves attendues   
où désapprendre la routine du mal   
et pénétrer la zone du tout droit de l'être profond.      
 
Les collines seront ombrées de vert mature   
le ciel sera rose   
au soir du  destin nos corps chancelleront  
en percevant sur la table des orientations   
les huttes côtières de notre enfance.     
 
Je poserai mes bagages
et ferai un grand feu
de mes impuretés mensonges et égoïsmes
pour que l'embryon nouveau
tapi en lisière du bois
paraphe le départ du poète
puis se lève sur le chemin du grandir de soi
pieds nus et en silence
comme dans la chanson
où sortir de l'horizon
mène à joindre les cœurs.
 
Ma petite ma mignonnette
tu vois
une grande tâche nous attend
dans la joie de tous les instants
en contemplation du monde à venir.
 
 
 
887

Rue de la Corrèze

Blanche malice   
des cucurbitacées de l'instinct
elle allait chevauchant l'alezan
la lanterne à la main.

El Matador
avait garé sa bicyclette
au pied de la glycine
sans que hurle le chien.

D'un geste théâtral
il dégaina le poignard
à sa taille porté
pour rencontre à venir.

N'en déplaise
à certaines considérations
le caniveau était rempli
de moineaux pépiant et sautillant.

Courage fuyons
dissertait en catimini
une douce nuit
sur le point de prendre fin.

Jadis un nez protubérant
aurait été raboté
sans que le froid n'atteigne
la mansarde des amants.

Quelle étoile
frileusement pelotonnée
aurait pu soupçonner
pareil manquement aux principes.

Nuire ou ne pas nuire
alors que passe par la coursive
өз убагында
le hallebardier de garde.

Figée en sa grotte
à une lieue de là
elle décolla benoîtement
le pansement de son doigt blessé.

N'y pouvant mais
il approuva le geste
et ce fût dit
dans l'étrangeté de la situation.

Toujours ravissante
un sourire léger par matin clair
elle vint se ranger
pour le grand vernissage.

Un deux trois soleil
Maman était venue
Papa était là
rue de la Corrèze au réveil.


886