အမျိုးအစား မော်ကွန်း: နိုဝင်ဘာလ 2021

Sagesse des taupes

Il n'est de pierre qui dise l'avenir    
Que visage avenant sur fond d'orage   
Puis gorgone levée tôt    
Pour rejoindre le chef de bord    
De cette embarcation    
Où reconnus aptes    
Au cafouillage des entrées et sorties   
D'un camp de transit l'autre   
Aller quérir vêtements chauds et nourriture    
Sur l'autel de la croix rouge    
Puis couverts de crasse et vociférants     
Rendre hommage à ceux qui nous ont fait naître    
Pères et Mères aux abois    
Plus prompts à courir les bois    
Dans l'affolement et le dénuement    
Que taupes à tracer leur route    
En mutuelle assistance d'entre les deux mondes.     
   
" Reconduisons à la frontière    
Ces manants et ces sans-terres "    
Qu'ils disaient    
Les manieurs de la lame de couteau    
Aux cris de : " A moi, à moi, c'est mon ventre qu'il me faut "    
Alors que dans les contrées chaudes    
Se rassemblaient les détrousseurs    
Sur les brûlis de la forêt immémoriale    
Chassant par la force les hommes de ces lieux    
A coups de fusil et afflux de gaz carbonique    
Sans que la conscience émerge    
Sous une pluie de débris venant de l'espace.        
 
Top, top, top !
Faisaient les taupes    
Droites dans leurs bottes    
Traitant par le mépris    
La courbe ascendante des covidés de l'esprit    
Pour se prémunir contre l'hiver venant    
Et achalander leurs terriers    
De quelques gâteries des environs    
En circuit court comme de bien entendu.        
      


927
 
 

Le petit garçon a disparu

Le petit garçon a disparu    
Sans attendre les résultats de l'étape    
Qu'Hugo Koblet devait gagner  
Cinquante neuf secondes avant Louison Bobet.        
 
Il n'est plus qu'un cadavre    
Prospère    
Mais un cadavre tout de même    
A l'ombre des ifs de Mère-Grand.        
 
Franchir la barrière n'a jamais été son fort    
Mais on ne retient pas le poète    
Quand l'odeur du fumet levée    
Il s'agit de passer le pont.        
 
Il est le filigrane    
Emparouillé dans la trame du papier    
Car tout est bon au chercheur de l'explicite    
Telles paupières closes devant les portes d'airain.        
 
Éternel fugitif    
Il prend la cendre pour la neige de Noël    
Et si le buisson ardent se consume trop vite    
Il renchérit sur la plaie essentielle.        
 
Peut-être que peut-être    
Sa vie fût une boule de papier froissé    
Consignée en mairie dans le registre des naissances    
d'une fine écriture du dix septième siècle.        
 
Peut-être que peut-être    
Il finira en beefsteak    
A la merci du premier palais de gourmet    
aux dents blanchies par l'accoutumance.        
 
 
926

Ce mutant

Ce mutant    
A la frontière entre les vivants et les morts    
En grande pitié d'être au monde    
Cet infirme qui ne vit qu'en images    
Ne saisit rien.        
 
La réalité semble lui importer moins que la vérité    
Pour devant le souverain rivage    
Rejoindre sans trace d'arrogance    
La petite fenêtre du fond de la chambre    
Marquée d'un ange de Noël.        
 
ဖြစ်ဖို့, des douzaines de livres    
Couvrent la toile de Jouy de ses murs    
En dépossession de soi    
Sur la fuite culturelle de sa durée d'homme    
Fierté incarnée hors la Présence.         
 
Puis vint la Parole    
En simplicité inouïe    
D'une ouverture vers la tasse de café    
Posée sur la nappe rouge    
Tel un rai de lumière au lever du jour.        
 
Couvre-toi de la couverture de survie    
Retrouve les formes premières    
Les rythmes inhérents aux autres êtres    
Réinstalle l'ordre des signes qui fascinent    
Sois disposé à l'accueil de l'abîme du mot.        
 
 
925
 
 
 

Regarde bien cet homme

Regarde bien cet homme    
Il est mort pour le monde    
Le sourire ouvrant la plaie essentielle    
Des cils comme fanons de baleine    
Par dessus les herbes de la dune.        
 
Fais un signe de la main    
En te détournant    
Pour comprendre l'envers des choses    
Sans que le ciel s'éloigne    
Ni le froid ni la peine en sortant de chez Swan.        
 
Donne d'un murmure oblitéré    
Cet assentiment aux fruits de l'esprit    
Pour d'une bourrade amicale    
Envoyer valdinguer l'ami de toujours    
Vers de plus amples connaissances.        
 
Isole les objets du passé    
Ces ailes friables des papillons de nuit    
Que les containers de nos habitudes    
Stockent à mesure de la montée des océans    
Au balancier de l'éternité.        
 
Profère bouche ouverte    
Le clinquant des mots du monde    
Au balcon des vainqueurs    
A mesure de la place qui se vide    
A l'heure de la sieste.        
 
Chante l'horizon des fleurs épousées    
D'un mouvement de hanches    
Sois le vertige des tubulures de Beaubourg    
Que tentent de ramener à la raison    
La lumière tendre d'une fin du jour.        
 
L'homme blanc immobile et seul    
Sur l'esplanade des rêves    
Contemple le rien des passants agités    
Détresse élevée au-dessus d'elle-même    
Telle une offrande de sang et d'amour.        
 
 
924

Le lutin malin

Le lutin malin     
Du frêne sa guérite
S'est enquis de bon matin

*

Point de faridondaine
Juste de la mélasse
De miel et de bière
A mettre sur l'étal.

Ecosite de Gergovie
A la remontée vers la table

Se sont mis les orteils à l'air
Père et mère du souvenir.

Sensés faire garder le petitou
Ils ont caracolé vers la ville
Pour sabots acheté
Revenir promptement.

Les lucioles dans les lanternes
Ils ont dansé le soir venu
Sur le plancher du menuisier
Le quadrille et la bourrée.


Point de contemplation
La sueur et les cris ont endiablé la Comté
Du son des talons ferrés
Hommes femmes et enfants comme des frelons.

Pour le reste
Les châtaignes les attendaient
Près de l'âtre de Margaux
Avec force de vin chaud.

La grâce et le génie
Est d'atteindre la nature

A la frontière des vivants et des morts
En fusion des images et des mots.

*

Le lutin malin
Du frêne sa guérite
S'est enquis de bon matin

Du songe d'une nuit d'été.


( Photo de Eva Vichy )


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