Parcheminé par l'aubépine
Le Vieux du chemin vieux
Ploie sous le suint et le crêpi
Que les amants du moment
Ont déposé en quête d'âme.
Tiède pluie ruisselante
Emolliente comme tisane
Le sombre vermiculé de sa peau
S’enhardit à montrer ses blessures
Au courant d’air d’un vent turelure.
Le djinn des origines est de sortie
D’un déhanchement féminin
Il s’est extrait à petits mots de poésie
Du vert foncé compatissant
À grand renfort d’un ciel d’ardoises.
Le lichen l’adoube
Aux marches d’une profonde faille
Exhalant l’impeccable cartographie
De lourdes couches basaltiques
Ensemencés de cernes jaunes.
Le rugueux soulève ses croutes
Au passage de la main
Écervelée assignation
Sortie des douves noires du castel
Fixant à cru l’ultime dévotion.
Reste à hauteur d’yeux
Quelque fatigue poussiéreuse
Contemplant à la fraîche
D’un matin de convergence avec le temps perdu
La prégnance des aubes à venir.
Les cellules en excursion roborative
S’accouplent à portée des ravines
D’où monte le chant pusillanime
D’un magma globuleux
Bien au-delà de la terre noire des labours.
Brume légère filant quenouille
Aux arbres de la haie
Caresse passementière
Portant dentelles et guipures
Pour la Belle des bois.
Viscères battant mesure
Au sortir de la Grand Roue
La tête penchée sur le tronc
J’ai ouï le son mélodieux
D’être amoureux.
1453
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Le lierre à la fenêtre
Même en plein jour
J’ouvre et me ferme
Dans la zone interdite
Sur le mur que le lierre étouffe
Pour qu’à grandes lampées
Être l’artiste
Du craquement des feuilles chauffées à blanc.
Une odeur de cave
Monte du sol caillouteux
Au vertige des verdures
Broutées par la guillotine
De bleu parée
Apte à tresser couronne de laurier
Prompte à fleurer bon la fleur de farine.
Un trait de Mélusine
Calfeutre le bas de la paroi
Comme vole la poussière dans l’arène
Au sortir des frisures d’une clameur
Abat-sons permettant
La juste flexion
D’une fureur tarie en proie à la déraison.
Les claquettes métronomiques
Caressent d’un hochement de menton
La marche primevère
Des ombres et lumières
Au pion et trait
Du devoir accompli
Dans la couche d'une marquise acidulée.
Peut-être s’est-il usé
Le fermoir de la boite
Cliquetant avec élégance
D’une position l’autre
Lorsqu’à grands bruits
Claque le volet contre le mur
Devant l’œil surréel de l’enfant ébahi.
Puissions-nous en fin d’été
Clore cette partie de chat perché
En remettant à demain
La poussée de vitalité
Heurtant la limite des convenances
Pour enivrer de picots de pluie
Le huileux d'un feuillage sous l'orage.
1452
Se joignent se disjoignent
Se joignent se disjoignent
Les accolades du soir
Dans le noir profond
Porte cochère ouverte
Sur l’avenir sentinelle.
Âme éternelle
Si jolie si menue
D’un arc-en-ciel l’autre
Callée entre les ridelles du char
Parmi les odeurs de foin coupé.
Naissance rêche
De l’enfant qui suivit
Calembredaine des bleuets
Au rythme des ornières
Dans la gaité nue du matin.
Hic cecidit
En caresse d’être
Ce fût le temps des étreintes lentes
Contre les paillous de blé
À l’odeur craquante du pain sortant du four.
Poursuite haletante
S’achevant au carré princier
Sans hâte sans lendemain
Dans un présent tranquille
Plaisant et coi.
Écarquillant les yeux
D’une fine dentelle
Au poudroiement d’argile
Elle vint armée d’une gaie ferblanterie
Jusqu’aux portes du paradis.
1451
Mille coups de griffe
Mille coups de griffe Ont élargi le ciel Jusqu’à couvrir de mucus Les spasmes de la naissance. Ouvrons les bras Cueillons les fruits Amassons dans les greniers la paille et le grain Perpétuons le clinquant des offrandes. À fleur d’eau Au rythme des orages À la cognée des arbres que l’on abat Émergeons de la Misère. Soyons l’impact Des nuits que l’aube interpelle Soyons de mise Pour le jour d’après. L’amertume A reflué sur le devant de nos maisons Comblement à mains nues De l’apport de nos ancêtres À point nommé Les fleurs couvrent de leurs pétales d’argent La commissure des nuages Filtrant le vide comme fanons de baleine. De mener à bien l’âme saisie Amène à éviter les chausse-trapes de l’Avent Réponse permise au contact de la Roue Fragile éclosion des crosses de lumière. À fréquenter la nuit Conduit au Retournement de l’Être Point d’accès au travail intérieur Cadrant le débordement de l’ombre. Plissement au suroît De la conscience admise Chaude et humide Permettant la tenue des offices. Parodie de la réalité Profonde en ses attentes Brise-lames sur le pourtour Pour les mâchoires du Vieil Océan. À la guignolade d’une fête aboutie Bras et jambes à demi ployés Les mains avec confiance Saisissent la Geste de l’Histoire à rejoindre. En attraction et sans subterfuges Ne quittons pas le sol Genoux en terre Gouttons le champignon roux de l'interstellaire. 1450
Mon ami mon frère
Mon ami mon frère Flèche rougie au creux de l’épaule Venant déposer sur la margelle du puits Le souvenir des nuits bleuies Vous vous êtes arrêté D’un dérapage contrôlé sur la route en terre battue Aux portes de l’oubli Près du saule fourchu Devant la maison du sans-soucis. Me parviennent les frissons D’une lignée dépouillée De ceux qui compagnons de toujours Disparaissaient vieillesse venue Comme le dernier son De la cognée de l’aïeul Abattant le peuplier de l’Aspavoune Sous les cris et bravos Des enfants de toujours. Au pied de l’arbre Un trou fermé par le caillou advenu Par lequel accéder au royaume des djinns Éclat de mystère faisant jaillir Entre les carrés potagers Travaillés par Jean et Grand-père La fraise et la menthe Des festins pris en bonne compagnie Que les cloches de Saint-Lambert Bénissaient au vent de la planèze. Sur la pierre carrée devant la fenêtre Où discourir après repas Nous prîmes le séjour pour une éternité Alors qu’ondoyaient les blés Sous le souffle chaud de l’été Prélude d’un déplacement pour plus de confort encore Assis ou allongés Contre le mur de pierres sèches À l’ombre de la toile de tente. 1449
L’Avenir est un mystère
Accidentellement Une entité terrifiante s’était prononcée À rendre témoignage de servitude Au-delà de l’autre versant Du talus des certitudes. Le piège était tendu En guise d’ingratitude Entre les mots « maître » et « esclave » Tout ça pour aborder La grande glissade en spirale. Firent contagion entre ciel et terre Les herbes accolées à la Roue Pour s’élançant hors horizon Tapoter de leurs dix doigts La coquille du mental ergoteur. Détruire Ce soir est la remise des prix Où pieds nus secourir madame La Philosophe En martelant d’un regard furibond La pente et le dévers qui suivra . Je prends ta main Pour du bon pain Et me remets dans le droit chemin Blotti que je suis contre ta poitrine Douce et tendre déflagration de l’étreinte éternelle. Ça siffle sur les ondes Le vent crache ses bouffées d’oxygène L’Avenir est un mystère Où fabriquer de la gloire Tel Esprit porteur d’épidémie. 1448
Changer de corps à sa guise
Changer de corps à sa guise Faire remue-ménage de ses origines Pour fragile brindille de lune Perchée au pinacle de l’enfance Franchir le miroir des affidés. Il n’est plus Il sera Sans se soucier du passage du temps Tout en gardant ses oiseaux en vie Lui le prince-poète. À grands pas le futur se rapproche De l’inconnu terrifiant En la spirale de nuées ardentes Prompte à engager flèches d’argent Au tourniquet des libertés. Viens et me dis Récit incompatible Tout là-haut Sans heurter les étoiles Au milieu de la foule. À l’aveuglette Sur ses flancs arrondis Montaient les hommes en besoin d’affection Alors qu’émergeait à des millénaires de là Le Vivant endormi de la Poésie. Sans se plaindre À mi-pente de l’ascension Il fût bienséant d’attendre la foudre Et son claquement sec de la langue Pour saupoudrer de blanc les rêves de la nuit. 1447
Six heures quinze
Six heures quinze De la clarté dans le sombre du ciel Les prémices, la proche présence du feu de Dieu Puissance Calme Le cœur bat Chamade douce Aspiré par la lumière Élevée. Guetter Prêt à la lecture du grand Tout Et de ses signes au-dessus de l’horizon La barrière des nuages Surmontée d’un trait de clarté L’espace bien dégagé qui élargit le cœur Vastitude du ciel et du cœur Le cœur c’est le ciel Je suis de là-haut Je suis de là-bas. Quelques tâches rougeâtres À l’emplacement de la future venue Se mettre à l’unisson Élargir les bras Creuser le ventre Prêt à recevoir la clarté. De petits homoncules traversent la rue Quelques uns courent D’autres laissent passer les véhicules. La plage du ciel propice à l’accueil est large Une grosse larve de nuages progresse de gauche à droite Un larve annelée qui grossit grossit À droite, calme et serein, le ciel attend Au dessus de la larve, l’immense vide Un halot orangé clair monte à l’horizon Ça vient Rien ne m’appartient Et pourtant je suis bien là Au plus prêt de ce qui est. Un pigeon se pose sur le lampadaire Il repart. Le triangle pubien clair de clair Fente fine et profonde au centre de la matière Juste entrevue Les larges cuisses refermant l’ouverture. Le mirliton des teintes douces S’essaye à quelques touches pastelles. Les membres se déplient Un coude L’attache avec le cou Un muscle rond Le sein à l’aréole affirmée La déesse dans un lent élan se farde devant l’enclume La liberté guidant le peuple Les musiciens rejoignent leurs places Un premier son s’élève Puis d’autres en désordre Les musiciens se cherchent Sur l’os de seiche de la philharmonie De la gauche vers la droite en avant toute Les cuirs et les anneaux se tendent Le convoi se met en marche Là, un linge blanc L’ourlet avec le rien Le crémeux de tes yeux L’oiseau de la rambarde s’est envolé Le frein retient la turgescence Coquille des espaces. Sept heures quinze. Faut-il qu’il m’en souvienne L’amour venait après la peine. Les premiers rayons jaillissent À l’horizontale La bedaine des nuages s’éclaircit Déchirure Vagissement muet de l’aube Les rayons balaient le dessous des nuages. Un peu d’eau fraîche À la tienne Soleil ! Pour ne pas retenir l’élan qui luit vers celui qui est. Plusieurs pigeons se rassemblent sur la rambarde La tête tournée vers le soleil. Là Un pilier Une aspiration Un masque vénitien Les yeux séparés par un nez acéré. Il clique Puis jaillit Hors les limites bordières Le disque se démarque de sa gangue. Il luit Le regard vers le bas Ses pinceaux lumineux Rencontrent la brume qui monte des vallées. Le sourcil épais De l’eau dans la gorge De l’eau et de la lumière Bonne journée toi le jour d’aujourd’hui ! Don de lumière Sur les pylônes de la voie ferrée Un train entre en lumière. Il est un temps pour tout Et les doigts fins de l’infirme d’hier pianotent Sur le suc de la Vie. 1446
Barcarole à Jouy
Barcarole à Jouy
Devant cette pièce d’eau noire
Le bruit de l’eau sortant du bief
Douche permanente
Provenant de la roue moussue.
La passerelle de bois humide et glissante
À la rambarde inégale et branlante
Jouait avec les reflets de l’eau du gué
Pierres jointives et dorées
Permettant dE suggérer l’autre rive.
Le feuillage abondant s’inclinait au–dessus de l’eau
Les lumières du soleil constellaient la frondaison
Tout était mouvant et frissonnant
D’éclats scintillants
Féeriques et menaçants.
Match équilibré
Mais entre qui et qui ?
La peur et la beauté
La fascination et la profondeur
J’avais onze ans et entrerai en sixième en septembre.
Grand’mère Danube était allée rejoindre sa sœur
En autocar du parc de La Villette jusqu’à Jouy
Elle nous avait sorti de Paris
Moi et Muriel la fille de tante Guitte
Saint Chrême enchâssé dans son écrin émotionnel.
Muriel avait neuf ou dix ans
Une brunette aux cheveux bouclés
Et aux yeux de jais
Qu’une autre fois j’emmenai promener entre les blés
Le cœur battant en nous tenant la main.
1445
La barque de l’avenir
Grandes et belles bougies Dans le cadre sombre de la chapelle Saint Bénigne avait raison Pas de rapatriement Avant le couvre-feu d’un bris de vitre. Puis s’en retourner chez soi Dans le blizzard À grandes enjambées En évitant les plaques de glace Sans attirer l’attention du plus offrant. Les chiens pouvaient se disputer L’os à moelle des convenances L’un d’eux s’échappera Du corps à corps insipide des efforts Pour soigner le mal par l’incartade du soi. Pierre à feu Feu du fer contre le mur J’entends le creux des flammes Se rebeller contre le tisonnier de mon enfance À fleurir la barque des jours. 1444