L’évidence des mots

L’évidence des mots
Au jour le jour
Force salutaire
De la parole
De la poésie.

Par les ruelles du qu’en dira-t-on
Deux grandes personnes se rencontrent
À faire naître quelque chose
Fontanelles ouvertes
La respiration de l’écriture.

Les photos irisent le regard
De l’homme de terre cuite
Le céramiste des jours heureux
Que le feu célèbre
À la tombée du jour.

Hier, la vérité était une toupie
Aujourd’hui il fait beau
Au labyrinthe de l’esprit
La vie brille de ses feuilles d’or
Conçue sans raison.

Ressusciter devant le pire
Evoque guérison
Sans dégoût
Pour l’âme desséchée
Devant la chair ruinée.

En complétude
À force de gestes salutaires
Recueillir dans la coupelle
La lumière des fruits mûrs
Porte extrême douceur.


1525

Voyage pour un vivant

Un oiseau picore l’air
Emettant quelques sons
Espace – milieu chamaré
De ce qui ne se mesure pas
Mais se retranche
En s’accomplissant
Au mystère d’un cœur renouvelé
Rendu courbe
Comme si la terre germait.

La Gourmande a sucé le sucre des glaciers
S’en est suivi l’impact
Du plus grand que soi
Au ralenti des courbes
Ourlant le vertige du vide
À mettre une main devant les yeux
Sans attente du pont de neige
Que la traversée de la rimaye
Ne tarderait pas à magnifier.

Que voyons-nous ?
Du poème
Un clignement de mots
Ondulation
Par lente déviation du langage
Comme le peintre accompagne la coulure
Suintant de la toile
Vers la rigole du chevalet
En attente de lui-même.

Passant passante
เลือดและสี
เป็นขั้นเป็นตอน
Sur le palier d’un accueil
Au filigrane près
Framboises de novembre
Tombant à point nommé
Dans l’escarcelle de l’essentiel
ไม่สามารถเคลื่อนที่ได้, Inerte, Innocente.

Répétés à perpette
Les détails divergent
Pour devenir visibles
Impression de l’instant
Dominante placide
De l’action en attente
Au labyrinthe du temps
Effeuillé jusqu’aux bulles premières
Suggestion jusqu’au fondu de la page.

La faille
Au précipité d’une chute de pierres
S’est parée de blanc cérusé
Elle, la noire à valeur de plénitude
En déchirement de l’étoffe
Geste exemplaire
À la source tutélaire
Faisant cascade bienfaisante
Dans l’ombre de la fente.

Se sont croisés
Vitres baissées
L’eau la terre et le ciel
Dans la brume de l’esprit
Pour être irradiés
En secondes noces s’entend
Le regard étoilé par le gravier
Encéphalogramme plat
D’un monde reflété.

Enfouies sous l’humus
Les traces d’une fontaine sacrée
Réticulées par le détail
Sur les rainures de la pierre
Par un brouillard d’avant-garde
Donnent aux éloignés de l’étrange
La parure du jeune cerf traversant la clairière
À l’entrée du tumulus
L’art en approche de l’Être.

Echos du murmure de l’onde
Marmonnant les chants de l’outrepasse
Prisonniers d’un livre ancien
Menacé de tomber en poussières
Le monde-apparition d’une interrogation
Au peuple des ombres
Adressées aux voussures du temple
Pierres levées à profusion
Offertes par le donateur inopiné.


1523



Saint-Nectaire

0n vous encadre
Et vos yeux
Sont comme un nid d’hirondelles
Prêtes à point d’heure
D’aller rencontrer les anges harceleurs.

Votre main fine
Faites pour tourner les pages
Rassemble l’étole
Contre la robe cérémoniale
Au parloir des rencontres.

Je vous reconnais
Saint-Nectaire
À l’enténèbrement d’après naufrage
À marcher sur les braises
Dans la fraternité de fin du monde.

Le livre de prières historié
Ornait le plastron des offices
สู่ชีวิตสู่ความตาย
Là où la flèche éternelle
Se ficha dans la cible.

Très tôt le bois se gondola
Essoufflement des pratiques
Dont on rêve
Advenue en la féérique prégnance
Du calme et de la joie.

Ton haleine sent le miel et l’or
Illustre pasteur rencontré au Sinaï
Âme éclaboussée de grâce
Montant au ciel ouvert
En légèreté de soie noire.


1523

Les ballasts chargés de pierres précieuses

Terrestre vision
Quand sortent les mésanges
Leurs cris rencontrant l’ombre
Poitrail ouvert
Aux battements du cœur.

Sommeille l’igné
De la déflagration
Perle absolue
Du pied de la montagne
Figure parsemée d’yeux.

Libre et abandonnée
Parée de rayons d’or
Sa robe de couleur terre
Mains levées
Elle haranguait le vaste peuple.

Articuler le cadre et le sens
Fabrique la duplicité de figures géométriques
Entrées dans les celliers de la démence
Matériaux imprégnés d’absolu
Roulés par le torrent des délices.

S’enracinent les effets de lumière
À la pointe du mégalithe
Quête de la polyphonie
Altérée de vives images
Puisant l'arc-en-ciel aux sources du manque.

Les deux sentiers se sont joints
Associant l’orient à l’occident
D’un élan crépusculaire
Puis le septentrion au méridional
Les ballasts chargés de pierres pécieuses.


1521

Vérité et beauté

Mistigris du printemps perdu
Chimie du reflet
Quand s’imprime mauvaise conseillère
L’éloge du rien
Paradis de l’école buissonnière.

Lumière ô lumière
Passe le noir
Question d’anniversaire
Pour que dansent les libellules
Sur l’étang de la mare au diable.

Le bouquet fleure bon
Les béatitudes
Agent dégagé des geôles de l’oubli
Pour inscrire au feutre de couleur
La désobéissance à l’infini.

Tapoter des doigts
Le rebord de table
Réjouit nos certitudes
Comme un dictionnaire
Combat la faute d’orthographe.

Trois petits cailloux blancs
Sous l’aisselle des ardents
Font souffrir et se cabrer
À bondir hors de soi
Pour qu’une porte s’ouvre.

Toupie de l’envie
À l’épuisement condamné
Il poursuivit son chemin
Allégé autant qu’un papillon
Entre la vérité et la beauté.


1521