Passage du onze novembre

Je me suis assis
Esse
À la terrasse de la brasserie de la lune
Devant l’érable rouge
Où les trams de droite à gauche
Puis de gauche à droite
Lancent de droite à gauche
Et de gauche à droite
Leurs flammes volcaniques.

En face
Y’a le « petit creux »
Et ses odeurs de gaufres sucrées
Restes d’hypérites de la rue du onze novembre
Année de fête mortuaire
Amoncelant la prune écrasée
Des écuries dévastées
Par le pilonnage de l’artillerie.

Y’a pas à se fendre la gueule
Pas à se plaindre
Du trop de gueules cassées
En plein dans le mille
C’est comme ça
La balade des mourants
Enuclés
Tripes à l’air
De vie encore tiède
Quelques heures avant le froid
Des nuits et des jours
À venir
Rien qu’une forme terreuse en fond de tranchée
À trancher le morceau
Entre rats et vermine
Sur la planche d’appel
Saut de l’ange
En bord de page
Au stylobille
D’un bruit de talons à aiguille
Sur le pavé
Sonnailles claires que la sonnerie du convoi convoque
Pour le commerce pneumatique
Des humains descendants et remontants
Compulsivement
Le corps des femmes teintés de feuillages
Dont les culs ronds
Rabibochent un port de tête altier
Testiculant mes tendances à la romance.

Ils vont et viennent ces gens
De leurs jambes obstinément agitées
Vers des lieux ignorés
Avant que le wagon hoquète
D’une goulée d’air
Pour s’ébranler de nouveau
Dans le flot de la circulation motorisée.

D’être à l’entrée de cette rue me rend gaillard
En me plaçant aux avant-postes de la figue et du raisin
Entre chien et loup
Marteau et faucille
Saqué et Royale
Au creux des miches tendres
Belles labiales humaines
Mes sœurs de déraison
En pente descendante
À cocher le tien du mien
Sur la poche révolver
Comme sanctuariser ces paroles
Qui de long en large
Le sourire aux coins des lèvres
Admettent des mots à rire
Et à pleurer.

Je scrute la calembredaine
Me balançant dans le fauteuil en osier des parents
J’écoute le dire des gens en demande
Et ça rentre par mes oreilles
Du cœur de la tête au ventre attelé
Dans le cortège zézayant des ventriloques de l’avent
De l’entre-deux
Pour exhaler des mots de paix
Des mots de musique
Dans une émotion qui hulule
Et que le verbe se fasse chair
Juste-au-corps respirant en catimini
L’escalator d’une histoire de couple
Convoqué en première instance
Un ballotin de dragées dans la main
Conspirant du haut en bas d’une fermeture éclair
Les soucis de la veille
À concasser
À bestialiser
La provende de l’intime
Sur un tour de piste
Juste rétribution
Où plonger l’ego le ça le surmoi la personnalité
Dans l’écuelle du passé
Au gré des remontées de bile
Accompagnant la relation
Au summum des accoquinances
Danses surannées d’un pas de deux
Gonflant la robe au gré du vent
Génuflexions acidulées
Au loquace de la pluie
Dépliant ses lumignons
Du bout des doigts
Quand le sourire n’est pas toujours d’à-propos
Et que la guerre des nerfs
Fait et défait les humeurs de l’instant
À découper dans le sens de la longueur
À mesure d’une roucoulade
Biseautée au rhum du définitif.

Sur les conseils d’une opticienne
Qui avait mal aux reins
J’ai pris rasade de projets disjoints
Avec suffisamment d’états d’âme
Afin d’extraire de mon saloir
Quelque belles histoires
À festiner au salon
Pour davantage de confiance à me donner
Comme d’huile à verser dans les amphores du seigneur
Au firmament d’un jour meilleur
Écume saladière disposée pleine table
Dans l’arc-en-ciel des doigts de fée
En l’accord négocié d’un gros nez de circonstance.

1672


Aliquam Reply

Your email address will not be published. Requiritur agri notata sunt *

Hic situs utitur Akismet ad redigendum spam. Disce quomodo tuum comment data est processionaliter.