Attente à Berlin

Attente   
À Berlin   
À 18 ans   
Lancée sur les rails   
À déposer   
Les lacérations de la conscience.      
 
Sans forfait   
Point de pensées molles   
À se mettre sous la dent   
Au sortir de la gare   
Alors que menaçait    
Le papillon noir des remontrances.      
 
Pour se lever   
En auscultation lente du jour qui vient   
Il y a la parole poétique   
Celle qui incinérée durant la nuit   
Se lève le matin   
D'entre les vivants et les morts.      
 
Détruisons les mondes imaginaires   
Leurs recommandations et tout le tintouin   
Des pas chassés et chausse-trappes   
Tous ferments d'impatience   
Pour extraire trace qui subsiste   
En bout de mémoire.      
 
Loin très loin   
En bordure de comète   
Chaque page évaluée   
Laissons sur le carreau   
La très ancienne méprise   
Des supposées nouveautés.      
 
Penser à Christian-pluie   
Restaure le goût du désir   
Vers l'arrière-cour   
Où jouer du bâton   
Obère la page blanche   
D'une chiure d'avenir.      
 
Gente damoiselle des attentes   
Sachez que la prière n'éloigne pas le liseron   
Du tronc de la passion   
Et qu'à considérer les miettes   
Passons notre temps   
À retrouver le p'tit Lu de notre enfance.      
 
Et Dieu dans tout çà !   
À la clarté du mot à mot   
Ne mêlerait-il pas   
Le texte qui se mâche   
Avec l'ardeur de chair et sang mêlés   
Qui ourle la cible ?
 
À presque rien du tout-venant   
Avons perçu   
Que l'éternité minore   
Les quelques secondes d'éveil   
Scrutant ardemment   
Les prémices de la Résurrection.      
 
Se vautrer sur le béton
À perdre la raison
Rendrait hallucinés
Les tenanciers de la fourchette
Lardant d'a priori
La solennité des lieux.
 
Interdire de grandir   
Éloigne du paradis   
Les goulus de l'Esprit   
Les factieux de la dent creuse   
Sachant conter merveille   
Quant le pavé est déchaussé.      
 
À Vézelay
Sur le parvis
Je l'ai croisée
Cette chouette de la Tour
Sachant en son cœur
Garder son âme au chaud.
 
1248

Trois fruits

Trois fruits   
Mouillés à l'eau glaciale   
De la toile   
À couvert   
Les cuisses et mollets de cuir à découvert   
Comme dames à bicyclette.          
 
Dans le sens du vent   
L'ombre gagne peu   
Devant la touffe d'herbes fines   
Que la mousse hérisse   
De petites fleurs jaunes   
Innocentes et délicates.      
 
Posées   
Comme provisions de montagne   
Sur la pelouse sommitale   
Près du torrent rageur
Entre pans de forêt 
Et lèvres en sueur.
 
Tirés à quatre épingles   
Les fruits de nulle part   
Forment trépied    
Se balançant   
L'espace d'un moment   
Avant de faire culbute.        
 
Absent   
À contre-courant   
Ne renversons pas l'échiquier   
Soyons aux aguets   
Aiguilles à remonter le temps   
Nuque raide sous le tic-tac éternel.      
 
Respirer un grand coup   
En dominant le paysage   
Oppresse  
L'encombrante fratrie  
Pareille en dissemblance   
À la dispersion des cendres.      
 
Puisse répartir   
Le feuillage en fond de caisse   
Caisse ventrue   
Aux poignées de cocagne   
Apte en son ouverture suspendue   
De sourire comme un chat du Cheshire.      
 
Langue bien pendue   
Trois léchons plus loin   
Elle occasionnait   
La réunion des francs-maçons   
Dans le chaudron de cuivre    
À l'unisson d'une tension.      
 
Belles accordailles   
Fêtées comme hirondelles de retour   
Nos fontaines navrées   
D'avoir à tenir le triste rôle
Se vidaient comme mortes de faim
Devant la fuite de l'hiver.
 
Tués au champ d'honneur   
Les yeux vides de sidération suppliante   
Les cadavres hoquetaient   
En chœur sous un ciel gris   
Un Te Deum porté en main courante   
Dans la guérite des principes.      
 
Préparez-vous jeunesse   
Aujourd'hui il y aura distribution   
Résilience assumée   
De robes et de bas noirs   
Pour créatures de bruits et de fureurs   
Faire valser l'insensé d'une suite d'idées.         
 
Vous êtes belles
Parures déployées de soie mêlées   
Enfilées sur la ligne bleue des Vosges   
À boire avec moi   
Avant de rentrer chez soi   
Madelon de bon aloi.     

( détail œuvre de Jean-Claude Guerrero ) 
 
1247

L’accueil

La chambre est close   
D'un sommeil minéral   
Éteindre la veilleuse   
Fermer les paupières   
Douce nuit   
Suspendue aux sauts des moutons.      
 
Puis cette main   
Contre mon épaule   
Pour mieux être béni   
Sur la pointe des pieds   
Étreinte parfaite   
Glissant sous les ombrages.      
 
Point de musiciens  
Parés de l'injonction   
De surjouer   
Juste le regard libre   
Prêt à épouser   
Le décousu de mes paroles.      
 
Échanger la vision   
En reniflant avec prudence   
La politesse de cette offrande   
Pour sans intention   
Casser sa posture d'attente   
Par un relâchement des reins.      
 
Collision des étoiles   
Les rats du laboratoire   
Venant par la lunette astronomique   
Abscisses et ordonnées bien en place   
Circonvenir l'espace   
D'un piquettis millimétré.      
 
L'envie de décamper   
Ne pouvant surseoir aux marches de l'escalier   
Avons subodoré moment venu   
À mains nues   
L'échange d'un " bonjour "   
Au frais et vert de l'instant.      
 
Beaucoup de choses   
En sa compagnie se sont dites   
Des choses en tête à tête   
Pour constater   
Par l'avis de l'esthète consacré   
Que la rencontre est belle et saine.       
 
Geste d'hospitalité   
Sans porte ni plancher   
Déjà retiré du seuil   
Avec dignité   
Tête froide dans la touffeur du lieu   
Au comble du bonheur, le souffle.      
 
Pas d'échappatoire   
Prendre le métro eut été trop long   
Se carapater en long et en travers   
De même   
Une mouche bleue   
Bouzille derrière le rideau.      
 
Il y a des raisons   
pour ne pas bouger   
À égrener son chapelet   
Dans l'angle de l'office   
De l'église ou du café    
Juste pour une halte.      
 
Dans les interstices de la mémoire   
D'éventuelles curiosités   
Arrosent le jardin de notre esprit   
Pour enchevêtrement assisté   
Dégager le carré de plaisir   
Dans l'enclos secret de l'oubli.     
 
Là se trouvent nos affaires   
Qu'avec délicatesse nous avons adoré   
Ne fusse qu'un jour   
Pour ensuite les déposer   
Gratitude éternelle   
Dans le fourre-tout de l'imaginaire.      
 
1246

Enfance douce-amère

Firent le tour de la maison   
Les enfants roux de l'Aveyron  
À se pousser du coude   
À toute heure du jour   
En espérant que les beignets de la veille   
Soient disposés à nouveau.      
 
La serviette autour du cou   
Sur le parquet ciré   
À patiner glissament   
Ils ont levé la jupe   
De la nappe du petit déjeuner   
Loin des adultes consentants.      
 
Couche douce   
Des arbres à l'unisson   
Juste une minute   
Pour un emportement sensuel   
Effleurer la base du cou   
De la pulpe du doigt.      
 
Femme libre   
Dont le corps ne s'aliène   
Qu'elle pleure ou geigne   
En marchant en riant   
À ne déflorer   
Qu'en cas d'exultation.      
 
Sur le chemin de Laroussière   
À pleine brassées d'enfance   
Il suffisait de coucher la fougère   
Pour fuir le Grand Nord   
Pénétrer en pleine lumière   
Et frémir tel un forcené.      
 
Le hasard se sculpte   
Avec des flashes de rencontre   
Point de choses vulgaires   
Pour le regard nu et serein   
À sourire   
Entre plexus et estomac.      
 
Fille conquise   
Sans trivialité   
La ligne de flottaison   
À point nommé   
Écart intime   
À saisir au plaisir de la lecture.      
 
Un ciel de lit imaginaire   
Sans trottoir   
Espace ouvert à l'anonymat de la multitude   
Sur le palier   
La projection arachnéide   
Des bras disposés à l'infini.      
 
Se rouler s'enrouler   
À coups de coude dans les côtes   
Un baiser pour viatique   
L'œil noir du charbon   
Barbouillée de maquillage   
À écarter les lèvres pour de bon.      
 
De la pluie caramelle   
Sur les feuilles du hêtre   
Fait divertissement   
Sur le timbre de ta voix   
Encalminée dans le souvenir   
De toi, vivante, il le fût.      
 
Face à face   
Il fallut ranger les vélos   
Pour s'approchant   
Froisser la soie du regard   
Sans lequel le remue-ménage   
N'aurait pas mieux tomber.      
 
Démunie et fragile   
À se demander si le jour viendrait   
De sa légèreté   
Ajuster son kimono   
Cigarette à la main   
Le décolleté incertain.      
 
1245

At the water's edge

On the wave
The water flower
virgin of the son
On the arm of the King of the Jews
perceived
The eye
Of the donkey approaching the ox
While nothing let guess
at his ease
The Bone Spectrum and Delay
Would appear this way
Him the Prepared
The haze of having slept so much.      
 
The top , the alive
Downstairs, bull's foot print
In the sand
He the Venerable
The Presence that nothing holds back
By the smoking lamp
Fragment of life without life
Called dead
Because of the star
What she wore
By the seaside
There, behind the finistere.      
 
I blame you
To have such a thing
License at arm's length
The silence
From the most sober of reasons
A night of denial
The dress lacerated by the thorns of the moor
Where did you come to tell me
That Being is a fragile thing
To be entrusted to this seagull
Of which you narrate by the menu
The journey around the Earth.      
 
The child arrived
Bigger than us
This ostrich egg
Before whom, kneeling
We took the side of romance
Little girl imprinted with the serious project
To deliver to Carmine
The keys to the book
Of this mast pointing to the horizon
foam woman
To become round
When there had to be at least three.   
 
Et la guerre éclata
Au point de croix des recouvrances
À piétiner le soleil
Par jour de grand froid
Où insectes écrasés au mur
Faire durer le danger
Jusqu'au gémissement dernier
Passage délicat
À grand soin  attention soutenue
Pour déboucher en pleine lumière
Entre Toccata et Fugue de Bach
À point nommé pour se lover
Dans le giron de Mère-Grand.
    
 
1244

The generous bee sews by machine

In the heat of pain
From the incarnation
This spirit of body and soul constituted
Appeared, serene.      
 
Finitude
immense glory
Decked out with a scent of circumstance
Sprung in its zenith.      
 
Audacity and risk
Thrown away as needed
Remains the tortillon of the entrails
strangling some old-fashioned dream.      
 
Real presence of nature and the world
Poetry is the secret of being
The central fire of a country
where you don't die.      
 
Clicking the heels of the guard
On the cobblestone
The image of the Angel arises from my name
Analog sign of a familiar rumor.      
 
sacrifice and fight
For the highest idea
Only have an equivalent of the cutting edge
Legitimacy.      
 
Farmer and aesthete
Join the Gods and Legends
With the watermark of the white page
Summons roots of consciousness.      
 
To let life become daily
Don't tear the honey from the stubborn wax
Happy embrace of appearances
In our time of standardization.      
 
The rats ran
In front of the food distribution
Without nerves and brain taking over
Of " the Being-there of the Annunciation ".      
 
This thigh injury
Is the rejection of the Guide
Without the procrastination and servitude of power
Without even conquering the land of shadows.     
 
favorite landscape
the language is beautiful
By fidelity to deep hours
The most secret prayer.      
 
Tragi-comedy of the irreplaceable flame
Common flower of the Don
Of what gives to say
Becomes voluntary servitude.      
 
Poetry will no longer be the drum of instincts
She will educate ahead of the action
The announcement of the above
The heart of the Dream that passes without seeing me.      
 
The secret of the Sun is the Night
As the Night is to the Black Sun
Moose that feeds on conquests
At the very heart of the resources.      
 
With double eyes
Nostalgia and audacity
The bow of the ship
Exceeds the Great Cape.   
 
Books
Ride the smell of flowers
And of the choir of memories
The Whispering Clay.      
 
Screens that take us by the throat
Let's have a seamstress distraction
To turn to the Essential
Being Uncreated Light in the bottom of the pupil.      
 
From one dream to another
let's buzz
The generous bee
Eternal until its last day.      
 
Just weighing the moment
Oscillation between the past and the future
On the edge of the abyss
Is the true life of precious hours.      
 
" Our Good and our Beautiful "   
Monkey the Most High
And the poppy meadow
The greenness of words.      
 
Is it dying
than not to be
From one island to another
man of desire ?      
 
1243

Pirlou and Pirlounette

Pirlou et Pirlounette   
Pas plus nets l'un que l'autre   
S'en sont mis plein la musette  
Pour passer de l'autre côté des ombres.       
 
Et pour que cela se sache   
En habits de cour tout relatif   
Ont enfreints de par le monde   
La coutume et le paraître.      
 
Sur le pont au change   
Entre la poire et le fromage   
Qu'à cela ne tienne   
Ils ont choisi le point de croix.      
 
S'agissant de quelques farfeluseries entretenues   
Ils auraient pu en milieu de chaussée   
Monter l'étal des parodies   
La carpe et le lapin advenus.      
 
Mais s'entichant d'une messagère    
Guipée de noir
Se sont pris les pieds dans le lacet   
De déchirante manière.      
 
Ta faute pas ta faute   
C'est ma faute ou la tienne   
Ont pris de cours la maréchaussée   
Plus apte à verbaliser qu'à tenir parole.      
 
N'y tenant plus   
La Saint-glinglin approchant   
Se sont mis à galoper   
À mirabelle la plus belle vers l'onde pure.      
 
Ostensoir, burettes et patères à l'avenant   
Ont pris plaisir   
À chiffonner par le menu   
Papier et ficelles.      
 
Un grand Maître passait alors   
Le mirliton des quatre saisons en bandoulière   
Aussi Pirlou et Pirlounette se sont carapatés   
En faisant tinter les bracelets de leurs poignets.      
 
Folle histoire que celle des filous   
Enquis de leur savoir mémoriel   
À faire mordre la poussière   
À qui de droit au bon endroit.      
 
Et si l'histoire vous désespère   
Reste le pas vu pas pris   
Du sourire d'un nouveau-né   
Bref et qui ne s'éteint pas.      
 
1242

Collected one night in March

glimpsed
On the slabs of the basilica
This precept of lost times.      
 
Perceived
The key to things due
Even closer to oneself.      
 
To know itself
May only half
require effort.      
 
For his very enemy
Do good
Like a brother.      
 
To heal
Without madness and without hatred
To provide himself as guardian of his soul.      
 
Know by the book
Assess the risks to be incurred
Back from the party.      
 
Turn off the lights
For more of a shared opinion
Calm the prejudices.      
 
Set on fire
Augur of Consciousness
In front of oneself
Of having to commit the unheard-of crime
To blow
The torch of his soul
While any inheritance
Merit courage
To put forward
lightning and clarity
of a future
Spelled backwards
Near the chasms of absence
Beautiful regurgitated thoughts
Suitable for repertoire
To lead to the cloister
The surges of dawn
To feel melt
And pride and fury
On the brazier in the photo
To go out in high winds
Under indignant eyes
From the heartbreak of having been
Without dementia
The very truth.      
 
dew
Hold silence and light.      
 
Hands crossed arched back
Be the mountain in the cool morning.   
 
Live secret sadness
Inspire the joy of tomorrow.      
 
Flee without constraint
arm in arm
Sweet heart-opening laughter
pearl to pearl
Without the sarcasm
Showmen of'bear
Calmed by the presence
From the pen of the Oblates
Dominants of the head and shoulders
The fires of instinct.      
 
 
1241

A wheelbarrow in spring

So deeply embedded
In the garden wheelbarrow
askew arrangement
In front of consummate drought
It would be cruel
To ignore
The crumpled word.      
 
Of starry sweetness
Of those days before
Office attire
He is graceful
From early come
hands full
From beyond tradition.      
 
No one knows more
When the water disappeared
And keep on burning
These minutes
To contemplate the faces of clear souls
To be searched by the elbow
The thrill of a summer evening.      
 
They fell
Then dry up
The wounds of my heart
In front of the green apple
Found once
On the path of happy days
Love and Compassion come.     
 
Move your head
Allows the startled arrival
Holiday foliage
For not much
Dressed up in rowing strokes
And life
And the nothing of the little moments.      
 
are fragile
Never to lose sight of
The wave and the salty
things past
Like to enter
Falling raindrops
At the edge of memory.      
 
It's on horseback
That we will have to decipher
The signs in the sky
In order to desire without seeming
to stop
In front of what fades away
To the crystal of our being.      
 
to smile
Primrose of the moment
Lead by the halter
The fate of hackneyed dreams
In front of the coming spring
beautiful madness
Almond blossom.      
 
It will remain silent
Pass for rustling bees
Marauding some flavors
On the Japanese apple tree
whim sweet whim
With a kiss
On the caress of the spirit.      
 
1240

Justin de La Font Salee

justin is gone
And we played the accordion
At a distance sweet comely
Of what bound us
To the beast in the middle
His bell heard
Even in our visions.      
 
Thousands of rootlets
Dropped from the ceiling
Were arguing in a male way
of dire need
To escape through daydreaming
Everyday words
By the projection of the curious Word.      
 
pay homage to him
To this handsome man
The Heartbroken Minstrel
Going to drink at the mineral spring
After the morning milking
Elegant Transmutation
Virtues in good and beautiful things.      
 
It spoke loud
To no longer be able to slip the present
In the crack of experience
Soul of blue and blood colors
While outside the Goat bleated
One last time
Eternal Nature Effect.     
 
1239

La présence à ce qui s'advient