Vivre

Vivre

De l’allée aux petits cailloux
La montée au Golgotha
L’offre

Du nuage
La crème Chantilly
Déposée à demeure

Des bas-côtés
Le cadre des bons offices
À brouter sans concession

Le bleu du ciel
Vaste emprise
Des rencontres à venir


Vivre

De l’allée des Alyscamps
Sarcophages ouverts
Pour de belles manières

Du nuage
Le moussu des caresses
Au centre de cible

Des bas-côtés
De soleil et d’eau
L’herbe à profusion

Le bleu du ciel
Le loin pas loin
De ce qui est


1622


Un rire dans le noir

Un rire dans le noir
De l’homme-tronc
La provenance
Pour épater la galerie
Puis s’enfuir dans le blanc.

Accrocher à l’esse du couloir
Le laissez-passer augure d’une évidence
Il va falloir emmurer la douleur
Récupérer les clefs de l’office
Et pousser loin les effets du miroir.

À suivre son cœur
Fait effleurer du regard
La romance des jours perdus
Quand dehors tremblent les grands blés
De la vaste plaine d’Ukraine.

Assise sur la toute pierre
Les cheveux emmêlés et pleins de sang
Pleure la femme rousse
Engendrée d’un coup de fusil
Aux portes de l’église.

Activer ses humeurs
Irriguer d’une tendresse de colosse
La mémoire auscultée du réveil
Conspiration clairement établie
Humecte la bouche sèche de l’imagination.

Le vieil homme aux réalités perdues
S’est ouvert au dernier serviteur
De maints secrets d’alcôve
Saisis à la pointe des mots
Sans que se lève la brume carnassière.

Manège des rêves activés
Accroc dans la besace
Finissent par distribuer la poignée de grains
Aux gens des maisons de paille et de bois
Pitance éclaboussée d'une tristesse infinie.

Les doigts se rétractent
Du tronc l’écorce rêche se déchire
À trois reprises la résine suinte
Perles de soie habillant la marionnette
D’un dernier babil de cour de récréation.

La mousse s’éparpille
D’une semblance l’autre
Le long du chemin
Longe mise au licol du mulet
Durant la montée.

Tomber n’est point chose facile
Sur la traîne de lumière
Quand de toutes parts
La foule vous exhorte
D’aller y voir.

Hagard il devient un errant
Perclus de choses à faire
Sans que le jour finisse
À suivre et resuivre
Le joueur de flûte au coin des rues.

La dernière torsion
Lui fit joindre le geste à la parole
Éclats de bois giclant drus
À la face du nouveau-né
Exhumé de la falaise d’eau fraîche parcourue.


1621

Divin élan

Divin élan
À l’aube des temps
Symphonie immaculée
D’une musique des anges
Par grâce associée.

L’organon dépoussiéré
Se gave de sons
Sur ordre divin
En la nef aux larges triforiums
Dépossédant les grimoires de leur encens.

Écho plus large que prévu
Sur lune fragile
L’insecte prend place
À cœur perdu
Rien d’impossible.

Songeur et méthodique
Indubitablement céans
Il a franchi le pas de l’ours
Pour saillir à la volée
L’ombre de son ombre.

Cent oiseaux l’accompagnent
À la pagination prête
Où mourir pour de vrai
Occasionne aux mystères
Le tohu-bohu des bonne manières.

File vite tristesse infinie
Par la petite porte de sur quoi
Aux couleurs des marches ardentes
Propulser de faim et de raisons
Les plages odysséennes.

Arthur est là
Passant discorde en Abyssinie
Aux ardents millésimés
De la fosse aux lions
Des chorégies perdues.

Mêler le sang avec les songes
Amène au point d’encrage
Albatros du fond des océans
À s’ébattre toutes serres dehors
Sur la peau rose du poème.

Censée flétrir toute chair
Il s’est doucettement posé
Un matin d’été
À la corne d’Afrique
Sur la mamelon d’or.

Et quand le chant nous vient
Que la graine éclate sous le trait de lumière
Alors l’imagination survient
Station debout offerte à qui de droit
Stipulant de vivre éternellement.

Quant il me regarde
Au profond de la nuit
Son sourire me tient foi
De juste errance
Pour toute éternité.

Rêvant
Ne rêvant pas
Les choses curieuses ou d’avenir
S’éveilleront
À la lueur des feux de la Saint Jean.


1620

Sœurs si belles

Sœurs si belles
Ophélie retrouvée
Eurydice éprouvée
Sans panecote au matin
Dès saut du lit
D’une seule portée
Elles eurent l’à propos
De se conter
Le délire amoureux
Qui les fit marraines des astreintes
Un soir
Une nuit
Une sieste
Je ne sais
Du côté de la cote 314
Troussées aux trayons de l’amour
Alors que tout les destinait
À se lire
Uniquement se lire
Dans le livre des images
Pages tournées avec déférence
Vives et blanches
Sous la lune avertie
Au doigt mouillé
Figurines sorties de la crèche
Se moulant à merveille
Près de l’âtre
Alors que d’autres
Auraient saisi l’instant
Pour partir en voyage
Au partage des instincts
À manigancer quelques incartades
Mouches rebelles
Cherchant fuligineuses réparties
Aux sorties des maisons de plaisir
Échappant par là au tailleur
Tailleur de pierres s’entend
Prêt à maintenir commande
Contre vents et marées
À l’entrée de la montagne
Avec pour souci d’accomplir
Le rituel des enfants obstinés
Se livrant un duel
Avec bâtons de pluie afférents
Au foirail des biaudes bleues
Avant que le cornet regorgeant de grappes de raisin
Du grand-père le donateur
N’enhardissent les gamins
À cesser chamaillerie
Pour à l’ombre des pruniers
Enchanter l’ombre d’un silence bienvenu.

Aiguillon à la pointe acérée
Infligeant par petites piqûres
L’opprobre et la dérision
Mesdames jeunes et belles
Avons trouvé pour vous complaire
Geste de mots de soie et de guipures
Roulant des yeux de braise
Sur la plaque de cheminée
En proie aux levées de flammes
Levées de troupes fraîches
Hors conscription avérée
Au bureau des entrées
Madelons coopérant
Au moral des armées
Reines d’un foyer possible
Sitôt guerre terminée
Le ventre plein des fruits de la terre
Encensées par le ministre des cultes
Faconde permissivité
Offerte le temps d’une visite
Au grand livre des obligés de la glèbe
Tenant comptage des naissances mariages et décès
À la plume ébréchée
Par devant soi
Femmes de bonté
Au sourire de Joconde
Rencontrées au jardin
Entre groseilliers et cassissiers.


1619

Les vingt quatre écus de la Passagère

De biais 
Sans barguigner

Les gouttes d’eau brillaient à l’unisson.

D’une coudée engagée
D’un pas de maréchal
Il avait entassé les bûches de guingois.

La sueur reflétait
L’onde amère des premiers arrivants
Aux aurores parvenues.

Sagesse avertie
Dans l’embrasure d’une fenêtre
Le couli-frotté d’un oiseau nous parvint.

La viorne ajoutait ses dernières tiges
Contre le mur de pierres sèches
Grimoire des jours heureux.

Flirtait avec l’âge d’or
Veste défaite
Le soldat à l’orée du bois.

Nous parvenaient sans coup férir
Les tendres missives
Au travers du destin.

Puissent les papilles
Graisser l’ourlet des capelines
D’un vermifuge de tout instant.

Cochenille énamourée
Sous le sabot du cheval
Inaugure la charge de Reichshoffen.

Éclats de voix
À portée de vaisselle brisée
Scrutent sa descendance.

Mêlant l’eau et la chaux
L’organiste affligea les tuyaux
D’une basse profonde.

Un pape-papillon
Plus près de toi mon Dieu
Inaugura l’antre du Cyclope.

À flux tendu
L’eau monta jusqu’à la ceinture
Seyant de près le nombril des accoutumances.

Verrue aux nuages permis
Offre en odeur de sainteté
Gîte et couvert aux pestiférés.

Claque le stick
Auguste rudesse
Sur le dos des enfants perdus.

Ne chauffe qu’en dernière instance
Les feux de la Saint-Jean
Aux orages assortis.

Jet de pavés dans la cour du château
Augure de biens maigres gains
Par ces temps de disette.

Neige plumée d’allumettes
Accumule passementerie
Aux heures défaites.

Franchissons le détroit
D’Ormuz ou d’ailleurs
Pour pallier aux mille et une nuits d’effroi.

Sagement recluse
En milieu de pont
Il fallut l’admonester de vagues intentions.

Marie de tout âge asservie
S’échappa par l’œil de bœuf
D’une outrance accoutumée.

Félibrige des hautes terres
D’un âne accompagné
Plongeait la contrée dans un rai de lumière.

Fissure dans le mur de refend
Occasionne murmure
Dans le regard des parents.

Épeler bas le mot
Contrefait le cri
Des enfants accomplis.


1618

Cabestan

Cabestan
Les élingues frappaient le mât
La brise était fraîche
Julie prenait un bain de soleil
Poitrine nue
Cheveux épars sur la natte de plage.

Je feuilletais les pages du « Discours amoureux »
De Roland Barthes
Je m’éloignais du texte de plus en plus
Je regardais Julie et ne la regardais pas
Was, le ciel, la mer
Les objets vibraient à mesure de ce qui se passait en moi
Tout semblait refléter un présent accentué
J’étais calme
Je ne bougeais pas
Dans ma poitrine un feu sautillait
Sur des buches noires et rouges
Je tournais la tête vers elle.

Étendue à la pointe du bateau
Je m’offrais au soleil
J’étais rafraîchie par un vent doux et bienveillant
La coque montait et descendait
Claquant de la langue quant la vague la giflait
Je devinais Charles adossé à la porte de l’habitacle
J’avais accepté son offre d’aller faire un tour en mer
Pour l’eau, pour le bateau, pour le soleil, pour la brise
… Et il y avait bien autre chose.

Elle leva la tête
S’accouda sur le pont
Rejeta ses cheveux en arrière d’un mouvement de nuque
Il semblait qu’elle me regardait
Et même me souriait
Puis elle se tourna sur le côté
Et à contre-jour je pouvais voir l'estampe
De ses jambes, son bassin, sa taille, son buste,
Son cou, sa tête
Un paysage
Une portée musicale
Je ne bougeais pas
Mon cœur battait très fort.

M’étant retourné vers lui
J’évitais son regard
Pour ne pas être éprise
Too early
Je sentais mon ventre gargouiller
Le soleil me chauffait le dos
Sans attente je vivais le présent
Et si cela n’allait pas s’arrêter là
C’était à lui de faire quelque chose
Défilaient alors les moments où nous nous étions déjà croisés
Je me remémorais le décalage que j'avais ressenti
Entre son regard et son corps dégingandé
Il me paraissait pas très à l’aise et pourtant présent
Sans hâte j’attendais la suite.

C’est alors que je décidais de lui proposer à boire
J’allais remplir un verre d’eau à la réserve
Et bravement le lui tendais
« Veux-tu un verre d’eau ? »
Elle me regarda et me dis très doucement :
« Je t’aime »
J’étais estomaqué
Et renversai le verre d’eau sur le pont.

Une mouette couina à la pointe du mât
Un petit nuage passa
Neptune les reins ceints de varechs
Sortit de l’eau brandissant un trident.


1617

À cinq minutes près

À cinq minutes près
À maintes reprises
J’ai menti
Les yeux ouverts
L’intellect opérationnel
À percevoir le phénomène
By a lock hole
Petit stratagème
Posé là
Pour couper court aux certitudes.

You
La nuit dernière
À te dire qu’il reviendra
Et que je l’aiderai
Sans qu’il y paraisse
À accorder ses recherches
Au silence des bois
Comme à présent
Au terme de l’escapade.

Atterrir
Pour ne plus revenir
Libre de ses mouvements
À choisir son chemin
Son bref contre le tronc des arbres
Fusain taillé
À retoucher l’esquisse
Frotter, nettoyer, do well
Pour relocaliser la personne
Entre les murs branlants.

J’écris
Un cas typique de névrose
À s’identifier avec la lumière
À force d’élans spasmés
Se soulever hors sol
Jusqu’à toucher terre
Sans espace
Aux temps révolus
En résonance
Avec le parfum de l’expérience.

Où est-elle ?
À se dire
Qu’il faut se boucher les oreilles
Devant cette image
Roides et tous pareils
Pour élever le texte énigmatique
Au commun des mortels
Léger et poétique
Tel l’étang sous la neige
Craquant en sourdine pour de bon.

S’encourager
À se laisser distraire
Par le chant du pinson
Perle arborée
Au déboulé d’un face à face
Avec son destin vibratoire
Étonnamment étalé
Suint de printemps
En toutes petites lettres
Dans la paume de la main.


1616

Derrière le cul des vaches

Piétinements
Des idées hors vasque
Poussant du doigt
Le bovin des circonstances
En écho
Du jet d’urine approprié
Au territoire des origines.

Réponse d’avant la chute
Vers la rivière des gargouillis
Enjambée par les traverses de chemin de fer
Ajourées et moussues
Dans l’ombre de la frondaison
Sans que pointe le moindre museau
À la corne de cerf attenante.

L’enfant traversera la passerelle
La bouche rouge de myrtilles
Du miroir scintillant de l’onde sautillante
Au surplomb de granite
Vierge de toutes les couleurs
Échancrant reins et cœur
Parmi les genêts d’yeux constellés.

À reculons
Derrière le cul des vaches
Avons manigancé
Maintes adaptations
Clairon des astreintes
Nos assignant à résidence
Pour ne pas entendre l’appel.

Lancé de lune en lune
Le boomerang est revenu
Sourire entendu
Au gré des souvenirs
Collecte des fragrances et regrets
Prompte à recouvrir d’une pluie d’été
La coquille souple des enfantillages.

Diaprés
De fleurs à déraison
Les bas-côtés recèlent
Le jailli de l’esprit
Touche et retouche
Des psalmodies
Cédant à nos silences.


1615

Pirouette de soi

Pirouette de l’alouette
Pirouette de lumière
Pierre fraîche
Au vide bidoche
Du couteau froid
Dans le ventre
Du crocodile mon fils
Jumping out of bed
À enfiler les perles de l’espoir
Sur l’opinion des quatre saisons.

Parodie millimétrique
Au lac de la Crégut
Parmi les arbres diaboliques
Sans que la sente ne soit tracée
Par quelque animal
Foulant la feuille sèche
Au pas de l’oie
D’un profond silence
Juste blacksonné par les frisures de l’eau
Tenues à distance par la mouche.

Pêcheur pêchant
Dans l’assentiment des instants fragiles
Centre du cercle de sorcières
Issues légères et poudrées
Du contenu de la pensée
Pelouse plane
En sortie de boîte
Lune déferlante
Sur dalle de basalte
D’éclats de quartz constellée.

Porté parfois
Illuminé d’un désir sans remède
Il eut été céans de claudiquer
Devant l’obstacle
Avant d’effacer de la main
Les accès au lendemain
Chose vraie
Passage obligé pour qui ne sait rien
Pincée de sel
Pour avoir soif.

Jetèrent par la fenêtre
Table et chaises
Sans oublier la cuisinière
Enfouie dans les sables du mystère
Rideau de plastique jauni
Au fil de la radio
Étoile des neiges mots torsadés
Courage élevé
Comme doigt sur les lèvres
Appliqué au mieux-disant.

Criez
Vautrez-vous dans la fange
Mais ne paraissez pas bien mis
D’une personnalité affublée
Du tablier de cuir paré
Proférant quelques élucubrations
De cendres blanches
Tressant couronne
Aux obstacles
Mes frères de secondes noces.

Parousie cyclique
Des enfantements
Avant de nettoyer les portes de la perception
Il fût admis
De flatter l’être de soie
Soumis aux sourires de la loi
Pour que débarque du cargo
Le miroir clair et réceptif
D’une réalité
D'argile et de papier mâchée.

Mime-moi
L’accord mélodieux
Des us et coutumes
Là où je suis
Pour que s’esclaffe
Le Dieu des bonhommies
Agitant le drapeau blanc
Quête du bien
De douceur et de délicatesse
Mis à disposition de soi.


1614

La Mareuille

The Mareuille
Cloches et genêts associés
Chants d’oiseaux
Rais de soleil
Bleu du ciel en réception
Les pissenlits finissent d’essaimer
Au travers de la rosée.

Peu de vent
Cheveux frisant l’œil
D’une caresse ténue
La chaîne du Sancy
Estampe de fond d’horizon
Dans un gris absolu
Danse au balcon.

The Mareuille descend
Vers l’Eau Verte
Cloche-clochant
D’un pas régulier
Pour disparaître derrière la brassée de feuillage
Du bord de rivière
Ensoiffée de fraîcheur.

Yeux fermés
Le vert passe au rouge
Bêtes descendant par la draille
Vers les stratus de la défesure
Réseau en résonnance
Assemblage de débris morainiques
Que les siècles froids ont parsemé.

Elle m’appelle
L’oiselle des prairies
Et se rit des réponses
À son chant
Que mon cœur accompagne
D’un liseré de dentelles
Coupant court à la Beauté.

Il fût, il sera
La couperose du matin
À prêter main
Une collerette d’orchis
En bord de chemin
Pour plus d’une année dévolue
Ceindre la parure de juin.

Grelots des ovins
Cloches des bovins
Le soleil darde
Ses flèches de lumière

Fichées roides
Contre les gouttelettes d’argent
Au plus offrant destinées.

Un roc dans la prairie
Capte l’énergie cosmo-tellurique
Sous le frémissement des frênes
Basses branches ondulantes
Synapses verticaux ouverts
En proie au déploiement
De l’éther mon frère.


1613