Le lignage de la raison

Mourir de mer   
Effluve amère   
Au sentiment des paupières baissées   
À l'intérieur même de la vague lasse   
Que la lettre exaspère   
Sacoche fermée.      
 
M'eussent prévenu   
Les langues tendues   
Par dessus le marigot  
Des gros mots assénés  
Je succombais   
Par la fenêtre au ponant.      
 
À prendre   
Face au mur   
La posture des entrants   
Nuit de rêve   
Perdue retenue   
Pour un autre rivage.      
 
Reconnaître   
Bien plus que naître   
Porte le Rien au monde   
À se nourrir et mourir   
Fenestron charmant ouvert
Devant conscience forte.      
 
Se craquellent les habitudes   
Nos obligées   
Au plus fort des souvenirs   
Accorder le piano   
Puis rester en vie   
Le bras tendu à l'antique.      
 
Jouer   
Pour la femme aux cheveux roux   
La traversée des voies ferrées   
Enfant ribouldingue   
Des prairies parsemées   
De fleurs de sang.      
 
À ne plus mettre   
Le vieil homme   
À la porte   
Coups furieux frappés    
Au couple des amants   
Tête bêche à l'instant.      
 
Passagers de l'étrange famille   
À la gravité feinte   
Vous mélangiez les corps   
Chose rare   
À l'enveloppe bienveillante   
Des maîtres-queue de la substance.      
 
Frère et sœur   
Adoptés dans l'évidence   
Dites oui   
Par un trou de souris   
Où faire disparaître   
Et la trame et le fil.      
 
Racines à l'air   
La nuit peut tomber maintenant   
Avant que réflexion n'exaspère   
Tel chien errant   
Reniflant l'épiphanie aveugle   
Des airs de bonne manière.      
 
La peur   
Se l'interdire   
Pour mieux aimer   
Le ciel et la cime des arbres   
Lignage de la raison   
Dos appuyé à l'écorce.       
 
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