Le crève-cœur des enfants disparus

N'êtes-vous si tôt venu   
vous le crève-cœur des occasions perdues   
à contempler par la lucarne   
ces dernières lueurs   
celles de nos années advenues     
à consumer   
à consommer   
par le menu.   
 
Il y avait deux mondes   
sur le pourtour du périphérique   
celui des vivants et celui des morts   
dont la frontière   
fossoyait l'inconfort d'un goulot d'étranglement   
prompt d'engendrer
l'instant poétique   
à la fois chair et poussière.      
 
Importe les images   
conjuguer la réalité   
est chose commune   
au sein même des inflexions   
d'un moment notre pain  
de repos fort et beau   
telles trois pièces de monnaie   
effarouchant le dragon de Tombelaine.      
 
Murmures   
à deux   
coulent le visible et l'invisible   
comme paupières du temps qui passe   
garde-barrière se levant   
pour laisser le camion de la raison   
baigner joyeusement le Sens   
d'un horizon disparu.      
 
A jamais le noir   
accompagnera les braises de la vie   
éternel bruit du papier froissé   
illuminant vision et pensée   
dans la doublure d'une veste   
parole biblique élimée   
devant les yeux mouillés   
de la petite fille ma sœur disparue.      
 
A cru   
franchissant la barrière   
une odeur   
une main   
affirmeront haut et court   
la lueur du jour nouveau   
en décalcomanie    
sur le mur de notre enceinte.      
 

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