La vrille des prés

En son obstination elle accroche pâturages et taillis, haies et boqueteaux.

S’intensifie la puissance de la spirale qui nous happe d’un tour de queue habile et vigoureux.

Peur du refus, du refus d’un tel objet dans les prés, si prêt de nous, refus d’une réalité que nous savons comme évidente mais dont nous continuons à nier la présence en un tel lieu.

Enveloppement tenace. Passez, il n’y a rien à voir.

L’insecte qui viendra visiter sa proie n’est pas encore d’actualité. Il attend son heure. Ne le décevez pas quand il vous surprendra. Ne cherchez pas à l’éviter par un agencement intérieur de pacotille ou un voyage aux antipodes. Il saura vous saisir puisqu’il est ontologiquement disposé à être proche de vous ; puisqu’il s’agit de Vous, de votre Etre Profond.

Ne fuyez pas. Vous vous devez à vous.

035

Des serpents sortent de sa bouche

   L’homme bien mis, aux yeux dessinés, aux mignonnes petites oreilles de souris, au nez fin, aux narines dilatées, à la moustache lissée, à la chevelure ramenée sur le front à la romaine, ne montre pas sa bouche .

De cet organe ne s’élèvent pas de chants grégoriens mais jaillissent des serpents, d’illusoires fadaises propres à engendrer le trouble, la tromperie, la plaisanterie graveleuse, les calomnies et autres basses oeuvres .

Les serpents se pourlèchent de contentement. De la vasque aux acanthes académiques le crissement de leurs écailles jettent le trouble chez le passant qui, pressant le pas, cherche sans coup férir à se mettre à l’abri sous le porche silencieux des capacités de surseoir à cette inquiétante rencontre .

034

Qu’est-ce que cette peur tenant au simple fait que je me sens infini et qu’en même temps je refuse ?





Pourquoi vouloir se maintenir dans mon illusion d’être petit et limité, limité à l’intérieur d’un corps physique si petit dans ce vaste univers et à l’intérieur d’un corps subtil étroit, tellement étroit ?

Pourquoi ce minuscule ego nous cache-t-il l’infini et l’immensité du Tout

033

Le commencement de l’écriture poétique

Ce moment d’on ne sait d’où.   

Une situation de désarroi inaugurale.   

Des mots surgissent et se coordonnent à l’instar d’une logique immédiate.    

L’intuition de la profondeur se marie avec la raison pour convoler vers la totalité de l’Être.   

Quand la musique des mots prend forme par la parole ; constater le néant, s’y tenir.   

La Forme et sa suite : le Son.  

Dans la profondeur du Son l’unité émerge et la Forme est là ; rythme, assonances, harmonie.    

Forme et Son comme tels ; d’une signification immédiate.   

Deux univers aux puissantes ondées se rejoignent.   

Au delà du bougé la contemplation devient reine.   

032

Une hutte pleine aux fonds des bois

  Les écailles de tortue exposées longuement aux intempéries délivrent à qui sait lire de précieux enseignements de connaissances, d’expériences, de sagesse, de cœur et d’intuition mêlés .

Les signes du Mystère .

Ne te rebelle pas contre la peur ; elle deviendrait terreur, t’emporterait, et ce serait faire une offense à la vie car il te faut grandir, nommer qui tu es et transmettre le Message .

Sois en mutation vers les tendres rivages de l’Amour .

Il se pourrait que nous naissions .

031

En nos temps de crise

Il est essentiel de retrouver les racines de nos êtres et nos énergies fondatrices .

Le manque de sens qui caractérise nos sociétés actuelles nous conduit à la confusion .

Il ne s’agit pas d’édifier de nouvelles chartes plus ou moins éthiques pour la conduite des affaires mais de se poser la question : comment retrouver cette dimension de l’être qui dépasserait les petits jeux sclérosants et pervers de l’ego ?

Car si les passions prennent le dessus, le chaos s’installera .

030

Se mouvoir dans le voilage des apparences





 Etrange reptation entre somnambules où la ruine des cités devient la proie des flammes .

Se multiplient les solutions bien pensantes – ” père garde-toi à droite ! “, ” fils n’oublie pas le pas de côté ! ” – que les marchands du temple s’empressent de prodiguer au nouveau venu .

Alors que nous n’avons besoin que de vigilance active et de simplicité bienveillante .

Apparaîtra le libérateur qui, de l’épée à deux tranchants, traçera dans la poussière du sol le plan centrifuge de l’oeuvre à venir .

Puissions-nous voir et nous mettre en chemin .

029

Le vigilant

 Le chaperon rouge de l’auguste prairie a froissé ses couettes pour, corolles ouvertes aux caresses du vent, attendre patiemment, puis atteindre en la cible l’insoupçonné souffle de vie que les insectes pollinisateurs, par leur ivresse prophétique et poétique, offrent à la démesure d’une nature où l’émerveillement silencieux le dispute à l’exubérance de la joie .

028

Tout un pan de réalité s’effondre

 L’accès à la connaissance des univers du sens est bloqué. Les dimensions de l’âme se voilent. Les raisons de vivre et d’espérer s’amenuisent. La nature devient un objet qu’on utilise et salit. Les rapports entre les êtres humains s’individualisent à un point tel que l’esprit fraternel et communautaire peine à s’exprimer .

Les cadres de la morale à trop se rigidifier n’attrapent plus que les alouettes, petits oiseaux des plateaux venteux dont les trilles vertigineuses séduisent les sectaires de l’ordre au pas de l’oie nous conduisant vers les errements de l’organisation inhumaine .

La Sagesse ou l’itinéraire spirituel accompli ont leur fonction noétique propre. Ils nous ouvrent un accès à une région de l’Être que nos sens et la raison ne peuvent nous donner .

027

De l’individu à la personne

Conditionné, mis au pas, obligé à la quadrature du cercle,lindividu vivote en périphérie de son chemin .

Passent parfois les libres oiseaux de son intuition qu’il accueille avec l’oeil du coeur. Se dessinent alors de riches contrées où bonté, joie, paix et amour scintillent sur l’arc-en-ciel aux mille yeux .

C’est qu’il est alors temps de se connaître, സോയി, de bien vivre pour s’accomplir, en affirmant sa singularité, au contact des autres .

C’est ainsi que jaillitla personne tout à la fois Roi, Prêtre et Prophète .

025

La présence à ce qui s'advient