Category Archives: TAOM- 2024

Mélusine la rouquine

Frais neigeux   
À la mode des perce-neiges   
Que rencontre le coutre charmant   
Du bleu des terres lointaines.      
 
Chaude brûlante   
Aux assises portée pâle   
La longue capeline   
Comptait ses interludes.      
 
Non loin non voulu   
Le déversoir aux rases sèches   
Restait bloqué à Pierre Blanche   
Au nom de la raison.      
 
Furent-elles de mèche   
Les mines anti-personnelles du Laos   
Perçaient jusqu'à l'os   
Le frêle enfant du bord de l'eau.      
 
Mêlant la sueur et la terre rouge   
Le fleuve jaune coulait   
Rapides à fleur d'écume   
Sur la peau rose de l'ami d'Oz.      
 
De la voix   
D'un tour de main   
Le pagayeur ramena la clarté   
Le long de la berge apaisée.      
 
Épousant du regard   
La jungle silencieuse   
Les morts pouvaient attendre   
Leur sépulture.      
 
Et de narguer la pleine lune   
Les officiants des cultes anciens   
Couraient pieds nus sur le chemin   
À peine caressés par la poussière.       
 
Piquetant quelque rare nourriture   
Les volailles se mêlaient aux entrailles   
Du porc tué la veille   
En Souvenir du Grand Esprit.      
 
La guerre roulait ses souvenirs   
Un ciel rapeux   
Empreint des cisailles de l'hélico   
Portait haut le fléau éternel.      
 
Main posé sur le front   
Il fallait le regarder   
L'homme blond au sourire de misère   
Saisissant la vie de sa harpe irlandaise.      
 
Il y avait rumeur au château   
Près des coteaux aux pampres roux   
À la fenêtre Mélusine   
Laissait voguer sa musique.      
 
( Peinture de GJCG )
 
1390

Belle infante

Gamine des prés sacrés    
À l'étamine courbe   
Que danse et brûle   
La parure du soleil   
Dans ses yeux doux amers   
Luit Lumière   
Et se cache   
Ô surprise   
Le chant des anges    
Ombrant de leurs rondeurs   
Palme océane   
En souvenir des morts   
Ce qui nous rassemble   
Nous les petits hommes de bien   
En Esprit   
Compagnons de voyage   
Suivant légion disciplinée   
Le bourdonnant vol de la Reine   
Que le jour accompagne   
D'un plaisant apparat   
Pour barbes rêches   
Et scories des chemins secs   
Contempler   
D'un baiser d'amour imaginé   
L'évanescence   
Du cou penché   
Jeune fille couronnée   
Déprise de parentèle   
Jaillie comme une fleur
Dans la coudée du coudrier   
Belle infante   
Évaluée au bruissement du chêne   
Brassant ce que le vent dérobe   
Sur les plateaux sableux   
Pour diriger   
Chef oscillant d'une tendre manière   
Les moutons et chèvres de l'Aveu   
Vers les sources de la Vérité.      
 
1389

Silouane et Élise

Silouane   
De loin paraissait   
Le dernier sapin de la lignée   
Pour qu'un peu on le plaigne.      
 
Songeant à la terre noire   
Qu'il quittait à petits pas   
Son bâton toucha la pierre   
Des derniers passants déposée.      
 
Ne jamais admettre   
Que le mal sévissait   
Pour aller quérir    
Le rire et la joie.      
 
Filant grand train   
Dans les halliers   
Le sanglier froissa sa méditation   
D'une bouffée de souffle chaud.      
 
Ne demeurer pas   
Sur le passage de la Bête   
Les poils et la souille étant glyphes sacrés   
Pour le compagnon des terres grasses.      
 
Collines et vallées se succédaient   
Avec parfois un torrent à traverser   
Sous les rais de lumière   
Des feuillages de la rive.      
 
Remonter la pente   
En évitant racines et  branchages   
Augurait du point de vue proche   
Déjà là dans l'effort consenti.      
 
Préférant l'heure qui vient   
À l'avenir à tout prix   
Il demeurait devant les portes d'airain   
Cet inconnu à l'âme assoiffée.      
 
Aux frontières du désordre assumé   
Lui, l'indompté des terres basses   
Ne pouvait reprendre haleine   
Que dans un aveuglement circonstancié.      
 
Et de rencontrer le bâtisseur   
Et de guider voiles serrées   
La barque vers le doux savoir   
Du langage des êtres purs.      
 
Pleine et délicate   
La lune en montée graduelle   
Gardait par devant elle   
Quelques nuages de défiance.      
 
Pour maintenant   
Charmante Élise   
Boitiller bas derrière le dernier fils   
Silouane, de céleste portée.      
 
1388

Qu’écrire

Qu'écrire   
Si la lune est blanche   
Et le bois noir   
Et que craque sous les pas   
L'espérance d'un visage.      
 
Qu'affabuler   
D'auguste manière   
Quelques mots cachés   
Yeux mouillés   
Sous la couette argentée.      
 
Que prélever   
Parmi les paupières de terre   
La floraison des anémones   
L'odeur d'un dernier champignon   
Sur la trame du papier.      
 
Au pieu   
Captant par la semelle   
La sueur verte des ans   
Je jure de remonter le temps   
Jusqu'au plein entendement.      
 
J'accueille   
La traversée de la prairie   
Dans l'instant d'une marche douce   
Et recueille des moulinets de l'esprit   
Le son de la conque.      
 
Écrire et sourire   
Les deux mains se joignent   
Accord de la lumière et du vent   
Mendiantes colorées   
D'un même feu d'un même cœur.      
 
1370

Blanche-rose

Blanche-rose   
À contenir   
La phrase-bruit   
Au-dessus de la bougie   
Paréidolie d'en paradis.      
 
Définir   
Puis lire   
À pile ou face   
La rigueur inaudible   
De la fusion du mot et de la chose.      
 
Entre la poire   
Et le fromage   
Le vin a coulé   
Poésie aux pieds nus   
Qu'une larme interpelle.      
 
Et d'observer la fourmi   
Entre les gerçures de l'écorce   
À lire une contrefaçon   
Pommade étalée   
En dégringolade extrême.      
 
Les chevaux du langage   
Ont mêlé leurs crinières   
Devant le barde pâmé   
Par tant de jolies phrases   
Posées sur la terre-mère.      
 
Elles boivent elles pensent   
Les tenancières du bistro d'amour   
À parfaire à ronger   
La poussière d'âme   
Des grappes d'images.      
 
1369